+++ to secure your transactions use the Bitcoin Mixer Service +++

 

Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Dans cet article, je continue la démarche de mon article Evolution du nombre de francophones en me penchant sur l’avenir. Pour cela, j’utilise les projections de l’ONU en retenant systématiquement l’hypothèse moyenne. Je reprends donc le tableau de l’article précédent que j’ai complété avec les colonnes 1995 (pour mesurer la tendance), 2030 et 2050.

Part de la population française au sein de l’Europe et du Monde

Année

1400

1750

1801

1901

1995

211

2030

2050

Population française (en millions)

12

24,5

23,36

40,7

57,75

63,13

68,47

72,44

Pop. européenne (en millions)

45

140

187

420

728

739

741

719

Part de la populationfrançaise / européenne (en %)

26;7%

17,5%

15,7%

9,7%

7,9%

8,5%

9,2%

10%

Pop. mondiale (en millions)

420

650

1000

1650

5692

7000

8321

9306

Part de la populationfrançaise / mondiale (en %)

2,85%

3,77%

2,94%

2,47%

1,01%

0,9%

0,8%

0,78%

 En 2030, la population française va poursuivre un double mouvement : un affaiblissement de la part qu’elle représente au niveau mondial (en passant de 0,9% à 0,8%, soit une perte de 8,87%) mais un assez net renforcement au niveau européen (de 8,5 à 9,2% de la population européenne totale, soit une augmentation de 8,2%). En 2050, par contre, on assisterait à un léger affaiblissement du poids démographique de la France au niveau mondial (-5,3%), affaiblissement cependant moins marqué, tandis qu’au niveau européen, la part de la France remonte d’à peu près la même proportion (+8,7%) que pendant les 20 années précédentes.

Francophones de Belgique et de Suisse

Pour se rendre compte de l’importance des francophones au sein de l’Europe, il faudrait tenir compte, en plus de la population de la France, de celle de la population francophone de Belgique et de Suisse. C’est ce que je fais apparaître dans le tableau suivant, en gardant l’hypothèse moyenne de l’ONU et en gardant la même proportion de francophones qu’actuellement. On considère qu’il y a 42 % de francophones en Belgique (soit 4,5 millions) et 1,5 millions en Suisse selon les dernières estimations.

Année :

1995

2011

2030

2050

Population Belgique (en millions)

10,131

10,712

11,242

11,587

Population francophone Belgique

4,26

4,5

4,72

4,87

Population Suisse

7,62

7,664

8,094

7,870

Population francophone Suisse

1,49

1,5

1,75

1,54

 On pourrait évidemment compter les francophones de Monaco, du Luxembourg et d’Andorre mais faute de données fiables, et vu la faible importance numérique de la population concernée, je ne vais considérer que la population francophone de la France, de la Belgique et de la Suisse. Si l’on ajoute ces chiffres à ceux de la France, et rapporté à la population européenne, cela donne :

Année :

1995

2011

2030

2050

Population européenne (en millions)

728

739

741

719

Population francophoneeuropéenne (en millions)

63,5

69,13

74,94

78,85

Part de la population francophoneen Europe (en pourcentage)

dont : part de la population française (rappel)

8,76%(7,9%)

9,35%(8,5%)

10,11%(9,2%)

10,96%(10%)

 On constate donc les mêmes tendances que celles observées pour la population française, bien évidemment, mais avec une plus grande précision quant au nombre de francophones. Il est donc intéressant de voir que les rapports démolinguistiques contredisent les idées reçues sur l’importance supposée des langues. Ainsi, sur la même période de temps, on peut observer un affaiblissement institutionnel du français au sein de l’Europe (part des textes produits en français au sein de la commission qui chute, et généralisation de l’anglais langue étrangère en Europe entre 1995 et 2011) tandis que l’on a une augmentation constante du « français langue maternelle ».

Beaucoup de variables entrent en jeu pour anticiper l’avenir, il faudrait pouvoir observer notamment l’évolution des populations germanophones et anglophones au sein de l’Europe, observer la dynamique du français au sein de la Belgique (renforcement, stagnation ; cf la tâche d’huile francophone à Bruxelles), observer l’évolution économique des pays tels que le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France mais pas seulement. En effet, il est clair que s’il n’y avait que le Royaume-Uni, l’Europe se ferait en français et peut-être aussi en allemand, mais les États-Unis exercent une attraction certaine et influencent donc l’évolution institutionnelle (Europe) et scolaire (choix des langues dans le système scolaire). La crise économique voyant l’émergence des BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) et l’affaiblissement relatif des États-Unis, il paraît difficile d’anticiper le prestige et le pouvoir d’attraction du français. Cependant, comme on peut le constater en Europe, le déclin au niveau institutionnel n’empêche pas l’expansion de l’utilisation du français en tant que langue maternelle. On pourrait donc oser la comparaison avec le latin classique qui à un moment s’est décroché du latin moderne. Parlé par toutes les élites et dans de nombreux pays, mais n’empêchant pas l’émergence d’autres langues (germaniques, latines) différentes de la langue des élites. A notre époque, on assiste cependant à deux nouveaux phénomènes : l’éclatement géographique des locuteurs de l’anglais (États-Unis, Afrique du Sud, Royaume-Uni, Australie…) mais qui gardent une connexion (et donc une certaine homogénéité) par les moyens de communication avec en parallèle l’émergence d »un sabir international, le globish, qui n’est cependant pas l’anglais mais qui imprègne de nombreuses autres langues (franglais…). Par conséquent, on constate que le prestige de la langue internationale n’est pas forcément lié à l’expansion du nombre de locuteurs langue maternelle de cette langue. Si le Chinois n’avait aucune visibilité il y a peu, il est en train de se faire connaître, quand bien même la population qui le parle est vieillissante. Quant au français, c’est l’inverse qui se passe : on assiste à un renforcement du nombre de ses locuteurs langue maternelle, avec en parallèle un affaiblissement au sein des grandes institutions que sont l’Europe, l’ONU et le FMI.

Anticiper les besoins du futur et s’organiser

 Avec l’émergence des populations francophones d’Afrique, on estime souvent que le nombre de francophones s’envolera sous la double influence de la démographie et de la scolarisation dans un cadre francophone (selon les tendances actuelles). Ainsi, l’ONU et l’OIF estime tout à fait possible une population francophone de 700 millions de personnes en 2050, ce qui représenterait 7,5% de la population mondiale contre à peu près entre 1,5 et 2% actuellement pour les locuteurs de français langue maternelle au niveau mondial. Ce constat devrait amener à l’élaboration d’une réflexion sur l’organisation que l’on veut donner à cette communauté de langue, je pense notamment à la multiplication des universités francophones d’excellence telle l’Université Senghor d’Alexandrie en Égypte, mais à d’autres pays, pour former les élites francophones de demain, les rapprocher par des réseaux d’universités de qualité, et permettre la mobilité des étudiants francophones. Ceci ne demande pas forcément d’argent mais plutôt une faculté d’anticipation des besoins et d’organisation. Imaginez un étudiant qui effectue une licence de Biologie à Cayenne et la complète par une année de mastère à Kinshasa, tandis qu’un étudiant de lettres de Rennes complèterait sa formation par une année d’étude à Libreville ou Abidjan. Cela serait une ouverture extraordinaire sur le monde, cela permettrait de faire vivre au quotidien cette communauté francophone à la manière de la génération ERASMUS et cela renforcerait l’échange et le partage des connaissances humaines et techniques. Un rêve ? Non, cela est déjà en route, mais comme bien souvent, cela n’attire pas l’intérêt des médias. En effet, on voit les prémisses de cette organisation grâce à la multiplication des pôles d’excellence AUF. Il faudrait que ce système soit approfondi, plus connu et mieux mises en réseau avec les universités des pays francophones du Nord. Bien sûr, cela doit être pensé, planifié et de nombreuses choses sont déjà faites au niveau de l’OIF, comme la création des chaires Senghor et la multiplication des pôles d’excellence AUF. Pour planifier et réfléchir sur le destin que l’on veut donner à notre communauté francophone, on assiste également à une multiplication des chaises Senghor à travers le monde, à l’initiative de l’Université de Lyon. En effet, s’il n’existe aucun lieu où l’on élabore et transmet une vision commune, celle-ci a très peu de chance d’exister. Beaucoup de projets à suivre donc !

Voir aussi mon article :

Evolution du nombre de francophones

Ressources en ligne:

http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9mographie_de_la_Belgique#Migration_et_composition_culturelle

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ais_de_Suisse

http://www.usenghor-francophonie.org/

 

Tag(s) : #Données sur la francophonie
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :