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Carnet de guerre d'Agricol DARIER

Armurier au 159e r�giment d'infanterie

 

Mise � jour : f�vrier 2019

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" Fait � Fr�villers, Pas-de-Calais, pour les morts du 159 � Carency, souvenir du monument �lev� par les armuriers du 159e RI "

Agricol DARIER � gauche.

 

Pr�lude

 

Agricol DARIER, n� en 1890 � Grenoble, commence son service militaire au 159e RI du 1er octobre 1912, un peu en retard, car il �tait � class� 5e dans la liste pour faiblesse ï¿½.

Il est serrurier dans le civil, donc logiquement affect� comme armurier au train de combat du 159e RI, jusqu�en ao�t 1914.

Il se trouve donc th�oriquement en arri�re des premi�res lignes, mais pas � l'abri des bombardements ou aux remplacements en tranch�es.

Le train de combat �tait l'ensemble des moyens n�cessaires � un r�giment pour plusieurs jours de combat : vivres, munitions, armurerie, forge, cuisine roulante, outils, ambulance... (Une cinquantaine de voitures hippomobiles).

 

Pour une meilleure compr�hension du r�cit, le texte a �t� volontairement modifi� : noms de lieux corrig�s, ponctuation retouch�es, orthographe corrig�e.

J�ai ajout� du texte en bleu pour la compr�hension de certains termes et pour aller � plus loin ï¿½ dans l�analyse du r�cit. Certains noms de village ont �t� soulign�s volontairement, il s�agit des lieux o� passe r�ellement Agricol DARIER.

 

Merci � Violette pour le carnet de son grand-oncle : son blog : http://romieu.canalblog.com/

Merci � Patrick et Christophe pour la recopie.

Merci � Philippe pour quelques corrections et ajouts d�explications.

 

Sa fiche matriculaire est visible ici, page 40.

 

Ce carnet a �t� �tudi� en 2014 par des �l�ves du coll�ge Fran�ois MITTERAND, voir >>> ici� <<<

 

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Le 159e RI est un r�giment d'infanterie alpine form� � 4 bataillons. Initialement affect� � la d�fense des Alpes, avec 2 bataillons de Chasseurs, il est finalement affect� � 44e division d�infanterie, de l'arm�e d�Alsace, apr�s que la neutralit� de l�Italie s�est r�v�l�e, mi-ao�t 1914

 

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D�but du carnet

 

 

 

Du 1er ao�t au 15 j'ai �t� mobilis� � Brian�on.

Le 15

A 2h du matin, d�part pour la fronti�re de l'est mais � Savines.

Nous avons un tamponnement, nous avons 2 morts et 38 bless�s. (1)

Mon voyage se poursuit par Grenoble, Chamb�ry, Bain, D�le, Besan�on, Baume-les-Dames, Montb�liard, H�ricourt et enfin Belfort, nous y sommes arriv� le dimanche � 8h du soir.

Maintenant voil� les noms des pays o� nous avons cantonn�.

 

(1) : Le 15 ao�t, le 159e RI embarque dans 5 trains. Le 2�me train subit un accident � Savines-le-Lac � 05h30, occasionnant 25 bless�s. 8 bless�s plus s�rieusement sont dirig�s vers les h�pitaux de Gap et de Grenoble

Le 17

A Boron

Le 18

D�part � 5h du matin.

A 8h, nous passons la fronti�re.

Les routes sont boueuses, il pleut et c'est par un temps triste que nous arrivons � Saint-Ulrich, c'est notre 1er cantonnement en Allemagne.

Le 19

Au matin, d�part.

Nous nous mettons en route de bonne heure, les personnes que l'on rencontre nous font f�te.

 

Vers 9h, nous arrivons devant Altkirch que nous traversons sans aucun accident, mais � 4 km plus loin, nous commen�ons � entendre la fusillade.

Le r�giment commence � prendre position et nous avan�ons tr�s lentement.

 

Enfin � 11h, on aper�oit les premi�res patrouilles allemandes, ce sont des Hulans. Le r�giment prend alors contact et la bataille s'engage s�rieusement.

La journ�e a �t� dure pour nous, nous avons laiss� sur le champ de bataille 800 hommes morts ou bless�s. (*)

Comme officiers morts dans cette journ�e, nous avons eu le g�n�ral Pellissier, commandant la division, tu� d'un �clat d'obus, le commandant Ducret du 4�me bataillon, 4 capitaines et 8 lieutenants. Mais malgr� les pertes que nous avons eues, les Allemands sont repouss�s. Voil� comment s'est pass� pour moi la journ�e o� j'ai re�u le bapt�me du feu.

 

(*) : Le JMO indique les pertes : 7 officiers tu�s, 10 bless�s, 1 disparu et 700 hommes tu�s, bless�s ou disparus.

Le 20 et 21 ao�t

Nous nous sommes maintenus sur les positions et le 21 au soir nous recevons l'ordre de retourner en arri�re, nous sommes remplac�s par une division de r�serve.

Au retour, nous arrivons � Foussemagne, village fran�ais qui se trouve � 700 m�tres du poteau fronti�re.

Le 22 ao�t

D�part de Foussemagne � 2h du soir, nous arrivons � Morvillars � 7h, et � 9h nous nous embarquons, mais � Saint-Laurent, une gare apr�s �pinal.

Nous avons un tamponnement, la 11�me compagnie est compl�tement an�antie, nous laissons 82 morts et 87 bless�s. (*)

Enfin, nous d�barquons � Bruy�res (Vosges).

 

(*) : Le train du 3�me bataillon est tamponn� par un train d�artillerie, pr�s de Saint-Laurent d��pinal. Dans cet accident, le bataillon perd 85 tu�s et 75 bless�s.

Le 24 ao�t � 5h du matin

Nous passons la journ�e dans les casernes du 158�me.

Toute la journ�e, le canon a tonn�.

Le 25 ao�t

Le r�giment part � 6h du matin pour aller prendre position, mais le chef armurier et moi nous partons � 11h, mais � 5 km avant Autrey, nous nous arr�tons pour passer la nuit, nous couchons dans un champ avec la pluie sur le dos toute la nuit.

Nous voyons d�filer des pleines voitures de bless�s.

Le 26

Nous arrivons � Autrey, nous y passons la nuit avec la pluie sur le dos, nous �tions en pleine for�t.

Le 27

Pass� la nuit � Saint-Beno�t-la-Chipotte, le combat ne s'arr�te pas de la nuit. (*)

 

�(*) : Le r�giment subit encore de nombreuses pertes au combat de Sainte-Barbe. Il semble avoir eu des moments de panique, avec une partie du 97e RI, le mot n��tant pas prononc� dans le JMO, mais on le ressent au travers du r�cit.

Le 28

Retour � Autrey, le combat continu.

Le 29

Nous passons la journ�e � Fr�mifontaine, dans le bois.

L�, nous y restons jusqu'au 3 septembre.

Le 3 septembre

D�part de Fr�mifontaine. Nous arrivons � Saint-Beno�t-la-Chipotte � 11h du soir, nous finissons la nuit dans un bois. Il ne fait pas chaud.

Le 4

D�part de Saint-Beno�t-la-Chipotte pour Fraispertuis mais nous ne pouvons y rester, les Allemands bombardent le pays.

Nous quittons Fraispertuis � minuit pour aller � Fr�mifontaine.

Le 6

D�part de Fr�mifontaine pour Pierrepont.

Le 8

D�part avec le chef armurier et Biot pour �pinal chercher de la graisse d'arme, nous revenons le 9 septembre.

Dans la nuit, le chef armurier tombe malade et 6h apr�s il �tait mort.

Le lendemain, on l'enterre au cimeti�re de Pierrepont-sur-l'Arent�le.

Le 11

D�part de Pierrepont � midi pour Grande Suie (*), nous passons la nuit la pluie sur les reins et couch�s dans un marais.

 

 

(*) : Grande Suie ne semble pas exister. Le JMO parle de scierie pour le 3e bataillon avant que 2 Cies partent � midi pour le col de Barr�mont (� c�t� de Tibonpr�). Comme d�une part les anciennes cartes montrent la pr�sence de plusieurs scieries dont une grande le long du ruisseau de Chilimont proche de Villaume-Fontaine o� cantonnait le 1er Bat, et d�autre part Agricol n��tant pas en premi�re ligne, il a pu se rendre sur l�emplacement du 3e bataillon � la scierie.

Aussi, nous pensons qu�il s�agit d�une grande scierie (au lieu de Grande Suie). Voir ses �crits pour un d�chiffrage �ventuel !

Le 12

Marche en avant, nous faisons 28 km et nous arrivons � Etival-Clairefontaine � 7h du soir.

Les nouvelles sont bonnes, les Allemands battent en retraite en abandonnant leurs armes et leurs munitions.

Depuis le 12 que nous sommes � Etival-Clairefontaine, nous sommes aujourd'hui le 24, il est 10h du matin et l'on vient de recevoir l'ordre de partir en avant, nous partons pour Moyenmoutier, un village 4 km plus avant.

Les Allemands eux, se sont retranch�s � Senones, le dernier village fran�ais avant la fronti�re. Il est question que nous devons embarquer mais ce n'est pas officiel.

Nous voil� � Moyenmoutier.

Depuis midi on est cantonn� dans le ch�teau, nous entendons tr�s bien la fusillade mais c'est relativement calme.

Le 24, 25, 26 et 27

Nous menons une vie tranquille, le r�giment est dans les tranch�es mais nous avons relativement peu de pertes.

Le 28

Journ�e m�morable.

Le r�giment re�oit l'ordre de se replier, nous devons embarquer mais comme toujours pour une direction inconnue.

Nous nous mettons en route � 6h du matin, nous marchons toute la journ�e, toute la nuit et nous arrivons enfin � Thaon-les-Vosges, le lendemain � 10h du matin, apr�s avoir parcouru 59 km coup� seulement de 3h de grande halte de 11h du soir � 2h du matin. (*)

Not� que le r�giment sortait des tranch�es � 1h de l'apr�s-midi.

 

(*) : C�est exact, le JMO indique que les hommes ont parcourus 60 km, � pieds, par nuit noire, sous une pluie fine, dans la brume vosgienne, avec leurs �quipements complets et qu�ils arrivent � l�extr�me limite de fatigue � la gare de Thaon. Entre le 27 � 16h et le 29/09 � 9h00, le r�giment a fourni 5h de combat et 18h de marche.

 

Le train part de Thaon-les-Vosges, nous voyageons toute la journ�e toute la nuit.

Le lendemain � 5h du matin on s'arr�te dans une gare pour boire le jus.

Depuis je ne quitte plus la porti�re car on doit passer � Paris et je veux voir le plus possible.

 

Enfin � 11h du matin, on commence � voir la tour Eiffel puis c'est Montmartre que l'on aper�oit. Nous passons � Saint-Denis, Pantin, Villeneuve-Saint-Georges etc., etc., enfin on prend la ligne de ceinture et nous faisons une entr�e sensationnelle � Paris � midi.

Nous y restons 1h. Le monde se bat pour nous apporter de quoi manger.

 

Enfin nous repartons.

Nous arrivons � Creil � 4h du soir, l� nous prenons la campagne du Nord � 6h.

Nous passons � Amiens et le lendemain 30 septembre nous arrivons � Arras.

En arrivant on nous conduit � la caserne Levis.

Tout le r�giment y est, on se case tant bien que mal.

 

Le matin vers les 8 heures, je sors en ville avec le chef pour faire des achats pour l�ordinaire, les habitants d�Arras nous entourent et c�est � qui nous feras boire ou manger.

Jamais depuis que nous sommes en campagne nous avions �t� re�us comme �a.

Mais le soir tout le r�giment part prendre position � Monchy (*) � 6 km en avant d�Arras mais il est surpris par les Allemands, nous avons de grosses pertes.

Le train de combat, nous sommes rest�s � la caserne Levis.

 

(*) : Monchy est Monchy-le-Preux � l�est d�Arras (JMO)

Le 2, 3, 4, 5

Je m�ne une vie tranquille, la vraie vie de garnison.

Mais le 6 au matin,

Les Allemands commenc�rent le bombardement de la ville, nous sommes oblig�s de quitter la caserne pr�cipitamment et c�est sous une v�ritable gr�le d�obus, tout flambe et s��croule autour de nous que nous quittons la ville.

Jamais jusqu�� pr�sent je n�avais �t� �motionn� comme ce jour-l� dans les rues. Tout le monde courait en s�appelant. Ici une vieille femme, les cheveux blancs, les yeux hagards appelait � grands cris ses petits. Plus loin une jeune maman qui est � genoux par terre devant son petit qu�un �clat d�obus vient de tuer.

Mais ce qui m�a le plus �motionn�, c�est une marmite qui tombe sur la place du th��tre d�molit compl�tement la maison de F�lix Potinet, tue une dizaine de personnes.

Celui-l� je l�ai vu tomber � 20 m�tres de moi, jamais je n�ai ressenti une commotion pareille.

 

Tout � coup, je vois arriver une jeune femme en courant et qui pleurait, elle vient vers moi et me dit qu�elle vient d��tre bless� et elle me montre son cou, la malheureuse avait une affreuse entaille.

Je la conduis � un magasin et je file le plus promptement possible.

J��tais rest� avec Oreille, un secr�taire, comme arri�re-garde pour faire serrer le convoi.

Enfin, c�est miracle que le convoi n�ait pas �t� touch�.

Nous quittons enfin la zone dangereuse et nous allons � Anzin-Saint-Aubin distant de 2 km.

L�, les 6, 7, 8

Le canon ne s�arr�te pas de tonner nuit et jour.

Le soir on voit Arras qui flambe.

Jamais je n�ai vu chose pareille, c��tait beau et sinistre, les flammes montaient au moins � 10 m du dessus des maisons et on entendait continuellement le sifflement lugubre des obus qui tombaient sur la ville.

Du 7 octobre jusqu�au 17

Nous restons � Anzin-Saint-Aubin.

Le combat est plus violent que jamais, le r�giment a �t� oblig� de se r�fugier devant Saint-Laurent, un faubourg d�Arras.

Le 17 � 3 heures de l�apr�s midi

Nous recevons l�ordre de partir, nous devons aller � Sainte-Catherine, un faubourg d�Arras.

Nous sommes mal log� et en plus de �� les obus allemands nous passent continuellement sur la t�te, car ils tirent sur nos batteries qui sont en arri�re de Sainte-Catherine, la zone est extr�mement dangereuse pour nous et le convoi car nos 180 mulets sont parqu�s et les a�roplanes allemands ne font que survoler le parc.

Nous restons � Sainte-Catherine le 18, 19, 20, 21, 22 et 23 octobre.

 

Le 21 octobre, � 17h30, un ordre arrive de la brigade pour � reprendre co�te que co�te et quelles que soient les pertes ï¿½ des positions perdues dans l�apr�s midi. � Le capitaine commandant la 3�me compagnie, impressionnable s��tait replier sans attendre le choc ï¿½ et � les Allemands peu g�n�s par cette r�sistance insuffisante, prennent pied dans la tranch�e ï¿½.

Trois sections seront perdues (2 prisonni�res et une d�truite) dans cette affaire.

Le 23

Nous �tions en train de dormir quand � 11 heures du soir nous recevons l�ordre de partir.

A minuit nous quittons Sainte-Catherine.

A 2 heures du matin, nous arrivons � la ferme Baudimont � 2 km d�Arras, nous finissons la nuit la route � fumer des pipes.

Le 24, � 6 heures du matin

Nous nous mettons en route pour Duisans, un village � 7 km d�Arras, nous y arrivons � 8 heures du matin.

Nous sommes bien cantonn�s, on est dans une �cole, mais malheureusement on n�y reste pas.

Le lendemain 25

Un dimanche nous recevons l�ordre de retourner � Anzin-Saint-Aubin.

 

On se met en route � 7 heures du soir, nous y arrivons � 10 heures.

Il pleut.

Le lendemain 26

Les Allemands commencent � bombarder le pays.

Dans une ferme, un obus tue 14 zouaves dont un capitaine et en blesse 28.

Un autre tombe sur le poste de secours du 1er bataillon du r�giment et l�an�anti compl�tement. Un autre tombe en plein sur un brancard port� par 2 infirmiers du 159e, dessus il y avait un zouave bless� et bien on ne retrouvera rien d�eux.

Ils �taient tous en bouillie.

Je vous assure que l�on n�est pas tranquille � chaque obus que l�on entend venir.

On se demande si nous n�allons pas le prendre sur la t�te et c�est dans cet �tat d�esprit que nous passons le 23, 27, 28, 29, 30.

Le 31 � 8 heures du matin

Nous recevons l�ordre de retourner � Duisans.

Enfin on respire, nous nous mettons en route, mais nous avons fait 3 km que nous sommes bombard�s ; heureusement que c�est leurs 77mm sans quoi nous y restions tous. Nous nous mettons � l�abri derri�re une ferme et � heure apr�s nous repartons en ayant soin de longer le talus.

Les Allemands nous voyant plus, cesse leur bombardement.

Nous arrivons enfin � Duisans. Encore une fois nous l�avons �chapp� belle. Nous avons la chance de retrouver notre cantonnement, quelle joie, nous souhaitons d�y rester le plus possible.

Le 1er novembre, jour de la Toussaint

Je pense bien � vous tous. Si la guerre n��tait pas arriv�e nous serons tous r�unis.

Ici il fait un temps triste, il pleut et il fait froid. Ici, on entend tr�s bien la canonnade mais nous sommes trop loin pour entendre la fusillade.

Enfin la journ�e finie et sur la tomb�e de la nuit, la pluie commence � tomber.

Le 2

Le temps est � la pluie, il fait froid. Il vient d�arriver des fusils en r�paration et je vais me mettre au travail.

Toute la journ�e, j�ai travaill� et � 8 heures du soir je me couche.

Quand est-ce que cette guerre sera finie ?

Les 3, 4, 5, 6, 7, 8

Nous sommes � peu pr�s tranquilles. Nous ne risquons plus les obus.

Tous les jours on travaille un peu, enfin, c�est supportable.

 

Mais le 9, le lieutenant Pirat re�oit l�ordre du g�n�ral commandant la division que tout le train de combat devait aller 24 heures dans les tranch�es. On nous divise alors en 4 groupes. Je fais partie du 1er groupe.

Nous quittons Duisans le 9 novembre � 5 heures du soir.

Nous arrivons devant Saint-Nicolas � 6 heures �, l�, on nous donne une trousse de cartouches, soit 8 paquets, puis en route pour les tranch�es.

 

En quittant Saint-Nicolas, on commence � prendre le boyau, nous marchons � la file indienne en faisant le moins de bruit possible, �a dure environ 1,5km.

Tout d�un coup on tourne � droite, on fait � peu pr�s 500m et nous arrivons aux tranch�es. En arrivant, un lieutenant d�signe Brillet et moi comme sentinelles et il nous m�ne � notre emplacement, c�est � peu pr�s � 30m en avant de la tranch�e et une dizaine � droite.

Nous y restons 1h, on y voit pas grand-chose, il y a le brouillard et de temps en temps vous entendez quelques coups de fusils.

Enfin, on vient nous relever et je finis la nuit dans la tranch�e, mais je ne peux pas dormir de la nuit tellement que j�ai froid aux pieds. Mais nous sommes tranquilles jusqu�� midi.

 

Dans la matin�e, on fait des tranch�es mais les Allemands ne peuvent nous voir car le brouillard est toujours aussi �pais.

 

Vers le midi, il se dissipe, les boches en profitent pour attaquer.

La fusillade dure � peu pr�s � heure, mais nous nos 75 et 220 y mette le haut-l� et tout rentre dans l�ordre.

L�apr�s-midi a �t� calme et le soir � 8 heures nous �tions relev�s.

 

Nous faisons les 9 km qui s�parent Saint-Nicolas � Duisans le plus vite possible et nous y arrivons � 10 heures du soir tous sains et saufs.

Que je plains donc ces pauvres malheureux qui sont continuellement dans les tranch�es, qui endurent le froid et risque une balle � chaque instant, r�ellement ce n�est pas une vie et �a serait bien temps que �a finisse.

Malgr� �a, ils sont tout contents de leur sort et ne se plaignent pas. Mais moi qui n�y suis pas habitu�, il me semble que je n�y resterais pas, aussi je peux m�estimer heureux d�avoir mon emploi.

Jamais je n�aurais cru qu�il me rendrait un pareil service.

Nous restons � Duisans le 10, 11, 12, 13, 14, 15.

Le 16

Nous quittons ce pays. Nous allons � Fr�vin-Capelle, un village � 8 km de Duisans.

Nous y arrivons � midi, il fait un temps �pouvantable, il pleut en plus de �a, un vent qui vous traverse.

Nous sommes cantonn�s dans une ferme, nous couchons dans une �curie. Quel changement avec Duisans.

Nous gelons de froid.

Mais les gens de la ferme sont bien gentils, ils nous ont c�d� une cuisine, comme �a on peut se chauffer un peu.

Apr�s souper, comme j��tais de garde, la m�re me voit et elle m�a invit� � venir boire le caf�. J�ai donc pass� la soir�e avec eux. Elle m�a racont� qu�elle avait un fils au r�giment et qu�il �tait actuellement en Belgique.

Moi, j�ai un peu parl� de vous et je vous assure que �a m�a fait plaisir et � 9 heures du soir, je suis �t� me coucher.

Le 17 et 18

Toujours le m�me temps, il fait un froid du diable et il pleut.

Nous n�avons pas grand-chose � faire, le r�giment a chang� de secteur, il occupe La Targette, 8 km avant nous.

Ici, nous avons relativement peu de pertes, mais les hommes souffrent beaucoup du froid.

Le 19 � 7 heures du matin

La neige fait son apparition, elle tombe toute la journ�e et avec �a, il fait un vent terrible. Jamais je n�ai vu le vent si fort.

C�est vrai que rien ne l�arr�te, c�est plat comme un billard et nous sommes qu�� 45 km de la Manche.

 

L�apr�s-midi, nous avons le nouveau colonel Desvoys qui doit venir nous voir.

On se fait propre le plus possible.

 

A 3 heures, il arrive nous passer en revue, il est content. Il nous demande alors si nous serions contents de d�molir quelques boches, le lieutenant lui dit que nous y sommes all�s ; �a � l�air de lui faire plaisir.

Puis voil� textuellement ce qu�il nous a dit.

� C�est bien mes enfants, il faut tenir jusqu�au bout, en attendant le moment que j�esp�re est proche o� nous chasserons ces cochons chez eux. ï¿½

 

Puis il nous fait un petit speech nous disant qu�il �tait fier de commander le 159e car c��tait un r�giment d��lite et que c��tait gr�ce � lui si Arras n�avait pas �t� pris.

Mais ce qui ne se doute peut �tre pas c�est que pour la d�fense d�Arras, le 21, 22 et 23 octobre, il est tomb� 1 300 hommes du r�giment, sans compter les S�n�galais qui eux dans une nuit en ont perdu 900 et 60 officiers.

Voyez par l� qu�Arras nous a co�t� cher.

Le 20

Toujours le m�me temps froid, il ne neige plus, mais on ne pas se tenir droit tant c�est gel�. Toujours pas beaucoup de travail.

Je me suis couch� � 6 heures car j�ai pris la garde de 11 heures � minuit.

Le 21

M�me temps qu�hier.

Dans la nuit, 3 hommes ont eu les pieds gel�s dans les tranch�es (1).

 

Vers 8 heures du soir, nos batteries ont an�anti un convoi de ravitaillement boche. Nous nous attendons d�un moment � l�autre � un coup de chanffrin.

 

�(*) : Le JMO signale une m�t�o pluvieuse depuis le d�but novembre, puis chute de neige importante le 20, forte gel�e les 20 et 21.

Une distribution de th� chaud a �t� d�cid�e trois fois par nuit pour les tranch�es (que la nuit).

Le 22

Toujours le m�me temps. Que je plains les malheureux qui sont dans les tranch�es. (*)

Rien de nouveau au r�giment, c�est calme.

Comme c�est aujourd�hui dimanche, il y a une messe � 9 heures pour les soldats morts, il y avait que des soldats dans l��glise.

Tous les officiers y assistaient, c�est un cur� qui est mobilis� comme brancardier qui a dit la messe.

Il a fait un sermon �patant. Je vous assure que c��tait impressionnant � voir tous ces soldats droits dans cette �glise o� l�on n�entendait pas un bruit, si ce n�est que le sifflement des obus que les Boches envoyaient sur le bout du village.

Enfin, la messe finie, nous sommes rentr�s au cantonnement tout chose, �a nous avait tout �motionn�s.

 

Le soir, j�ai pris la garde de 8 � 9, il faisait un froid de loup.

 

(*) : Il a raison, lui qui est au chaud ! Le JMO indique qu�avec le l�ger radoucissement un certain nombre de parapets et de tranch�es se sont �croul�es.

Le lundi 23

Il fait froid mais il ne pleut pas.

 

Le matin, j�ai un peu travaill� et l�apr�s-midi, je suis all� � Saint-Eloi au bureau de commandement chercher le matricule des mulets de la 4�me section de mitrailleuse. A Saint-Eloi, il y avait 2 tours de 74 m de hauteur.

Du haut, on voyait Lille, Saint-Pol et les Allemands les ont compl�tement d�molies avec leurs marmites. Je suis rentr� � Fr�vin-Capelle, le soir � 6 heures.

Le mardi 24

M�me temps qu�hier. J�ai travaill� toute la journ�e.

Sur le front, c�est calme.

Le 25

Je suis �t� � Aubigny, c�est un petit pays � 3 km de Fr�vin.

Le chemin de fer y passe, c�est sur la direction de Boulogne-sur-Mer. J�ai �t� achet� de la toile �meri.

Dans la soir�e, la pluie c�est remise � tomber, il fait froid.

Le 25

Le temps est gris, il pleut. Il est arriv� un d�tachement des jeunes de la classe 14 ils sont 280. (*)

La journ�e a �t� calme, quelques escarmouches sans importance.

 

(*) C�est presque exact : le JMO indique l�arriv�e d�un officier et de 299 hommes de la classe 14 (20 ans)

Le 27

J�ai travaill� toute la journ�e apr�s mes fusils mais c'est un travail car les fusils que l'on r�pare en ce moment ce sont des fusils que l'on ramasse d'entre les tranch�es et ils sont tout rouges et plein de terre car ce sont les fusils des hommes qui vont en patrouille et qui tombent bless�s ou morts.

Le 28

Le r�giment a attaqu�, mais nous avons peu de pertes, par contre les boches ont fait 4 contres attaques qui ont toutes �t� repouss�es avec beaucoup de pertes, l'attaque s'�tant faite � 6h du matin.

Le reste de la journ�e a �t� calme.

Sur le soir, il a plu, j'ai pris la garde de 11h � minuit, il ne fait pas chaud.

Le 29

Ce matin il pleut.

J'ai travaill� apr�s des fusils en r�paration pour la 11�me compagnie.

C'est calme, m�me trop calme, s�rement qu'il se pr�pare quelque chose.

Le 30

D�s le matin il arrive de l'artillerie, nous nous attendons � prendre l'offensive.

Cet apr�s-midi il est arriv� une division de cavalerie, je crois que �a ne va pas tarder � chauffer.

M�me temps, il pleut.

Le 1er d�cembre

Ce matin en me levant, j'ai vu arriver le 1er d'artillerie avec des pi�ces de 155 long, ils viennent de Dunkerque et n'ont pas encore battue car ils �taient pour la d�fense de la ville.

Il est arriv� 36 pi�ces. Je crois que sous peu, nous allons assister � un concert plut�t lugubre.

Ces pi�ces vont se mettre en batterie en avant du village, 2 km en avant de Fr�vin-Capelle. Sur le front aujourd'hui c'est calme, pas d'attaque.

Mais toujours la pluie, quelle pur�e, on est sale comme des cochons. (*)

 

(*) Le JMO indique : � Le ravitaillement fonctionne d�une mani�re parfaite. Les hommes sont abondamment pourvus d�effets chauds provenant d�envoi nombreux. Cependant les effets d�habillement et en particulier les pantalons et chaussures n�cessitent un remplacement urgent ï¿½

Cela me parait �vident pour des hommes qui pataugent dans l�eau et la boue !

Le 2

L'artillerie est en train de faire les plates-formes mais le terrain ne s'y pr�te pas, les champs sont tout d�tremp�s et les plates-formes

C'est vrai que le canon n'est pas l�ger : 6700 Kg.

A la tomb�e de la nuit, le 226�me d'infanterie a attaqu�, ils ont pris Carency mais ils ont eu 480 hommes hors de combat. (*)

Toujours la pluie.

J'ai pris la garde de 11h � minuit.

 

(*) : 2 d�cembre 1914 : l�attaque du 226e RI a eu lieu selon son JMO le 6 d�cembre avec 112 disparus. Seule une tranch�e a �t� prise (et non tout Carency) sans pouvoir s�y maintenir.

Le 3

Aujourd'hui il est arriv� 8 bataillons de Chasseurs � pieds de renfort ce qui confirme mon id�e. Je crois que nous ne tarderons pas � prendre l'offensive.

 

Cet apr�s-midi, les 155 ont commenc�s � cracher, �a fait un sacr� raffut. Parait qu'ils tirent sur les ouvrages boches.

Je viens d'apprendre � l'instant qu'ils viennent de d�molir une batterie de 240, tant mieux c'est toujours �a de moins.

Aujourd'hui je n'ai pas beaucoup travaill� car avec le chambard que l'on entendait �a m�a enlev� le go�t de continuer les r�parations des armes.

Je suis toujours en bonne sant� et malgr� la pluie et le froid je ne me suis pas encore enrhum�.

Le 4

Ce matin il vient d'arriver 3 bataillons de chasseurs alpins, le 54�me, le 24�me et le 7�me.

On ne sait plus o� se loger tellement qu'il y a de la troupe.

Ce matin de bonne heure, on a fusill� 5 civils � St-Eloi, ils ont �t� pris comme espions, para�t qu'ils renseignaient les boches sur le mouvement des troupes et l'heure de la rel�ve, �a fait que les boches en profitaient pour nous arroser de marmites toujours le m�me temps.

Encore la pluie.

Le 5

Calme complet.

Nous avons beaucoup de travail. Suis toujours en bonne sant�.

Le 6

Enfin aujourd'hui il ne pleut pas, mais par contre il fait un vent �pouvantable.

Rien � signaler sur le front.

Le 7

Aujourd'hui nous avons aper�u le soleil mais pas longtemps, dans la soir�e la pluie a recommenc� � tomber.

Toujours beaucoup de travail.

Le 8

Ce matin, je suis all� � Acq r�parer des fusils � la 8�me compagnie. Les hommes ont bon courage mais rousp�tent tous contre cette maudite pluie. (*)

J'ai vu Polycard, il est toujours en bonne sant� quoique maigre.

J'ai bien parl� de notre beau temps � Brian�on et de toi maman, �a m'a bien fait plaisir. J'esp�re qu'il s'en tirera sain et sauf mais comme il m'a dit ce n'est malheureusement pas fini et j'ai le temps encore de me faire tuer.

J'ai d�n� avec lui et je suis rentr� � Fr�vin-Capelle, le soir � 4h.

 

(*) : Le JMO indique � la date du 8 au 15 d�cembre : � Les pluies intenses rendent � peu pr�s intenables les tranch�es, la circulation dans les boyaux est tr�s p�nibles (�) ï¿½ et � La situation de la troupe est rendue p�nible par les pluies persistantes ; les hommes n�arrivent plus � faire s�cher leurs effets. Le moral se maintient n�anmoins excellent ï¿½

Le 9

Toujours la m�me vie. Je continue � travailler.

L'artillerie a donn� toute la nuit mais je ne sais pas le r�sultat.

Le 10

Journ�e calme, temps clair.

Les a�ros volent toute la journ�e aussi on se tient cach�s le plus possible. J'ai pris la garde de 7 � 8 heures du soir.

Le 11

Aujourd'hui le r�giment a re�u l'ordre de rentrer tous dans les tranch�es, tous les cuisiniers, ordonnances, enfin tous les hommes n'ayant pas un service � assurer sont rentr�s dans les tranch�es.

Le drapeau qui �tait � St-Eloi chez le colonel, on nous l'a apport� car le bureau de commandement y est aussi.

Le colonel et Barbot, le g�n�ral lui-m�me, il a renvoy� son ordonnance avec ses deux chevaux chez nous en lui disant de ne pas revenir avant qu'il le fasse appeler.

La fameuse attaque est enfin arriv�e.

Tant mieux mais combien vas-t-il encore tomber de pauvres malheureux. Chez nous, le lieutenant nous a fait emballer nos outils. Nous sommes pr�ts � partir.

Enfin, il faut attendre les �v�nements.

Le 12

Rien de nouveau, nous sommes l� � attendre, c'est calme.

Le 13

Comme hier, la journ�e s'est �coul�e sans changement, seul le canon a tonn�.

Il pleut.

Le 14

Sans changement, je ne sais pas ce qu'ils attendent pour attaquer.

Le 15

Toujours rien.

Le r�giment est toujours au complet dans les tranch�es.

Voil� 4 jours qu'ils y sont et toujours pas d'attaque.

Le 16

Para�t que le g�n�ral Joffre est ici et qu'on l'attendait pour mener l'attaque.

Pour aujourd'hui, rien encore.

Les copains et moi nous attendons les �v�nements en fumant des pipes car on ne peut plus travailler, tout est emball�.

Le 17

Rien encore, ce n�est peut-�tre pas pour cette ann�e.

Le 18

Le r�giment viens de recevoir l'ordre de se replier, l'attaque n'a pas lieu encore, �a n'a servi qu'� faire passer 6 jours et 6 nuits � tout le r�giment.

Aujourd'hui nous avons remont� notre bo�te, et se remettre au travail.

Le temps est toujours � la pluie.

Le 19

La journ�e a �t� calme, duel d'artillerie dans la soir�e.

Le 20

Au matin les Boches ont fait 2 attaques qui ont �t� repouss�es avec de grosses pertes pour eux.

Le reste de la journ�e a �t� calme.

Le 21

Rien de nouveau.

Je crois que nous passerons l'hiver � Fr�vin-Capelle.

Le 22

La 5�me compagnie nous a apport� des fusils � r�parer. Nous avons eu beaucoup de travail.

Toujours la m�me vie.

Il pleut.

Le 23

Rien de nouveau.

A part quelques coups de canon. On ne se croirait pas en guerre.

Le 24

La journ�e m'a paru longue.

J'ai le cafard.

Dire que si cette guerre n'�tait pas arriv�e, nous serions en train de passer de bonnes f�tes tous r�unis.

Enfin vivement que �a finisse et si j'ai le bonheur de revenir, on se rattrapera.

Le 25 (*)

Jour de No�l.

Aujourd'hui je n'ai pas travaill�. Je suis rest� dans l'endroit qui nous sert de chambre toute la journ�e.

J'avais le cafard.

 

(*) : Des fraternisations entre soldats fran�ais et allemands ont exist�s dans ce secteur � cette date.

Il est curieux qu'Agricol ne les ai pas sus et mentionn�s dans son r�cit. Comme il n��tait pas en premi�res lignes, peut-�tre n��tait-il pas au courant.

Pourtant les fraternisations ont �t� plut�t massives et dans plusieurs r�giments de la 70e division voisine, et dans les rangs anglais.

Elles ont �t� relat�es dans certains journaux des marches des r�giments et dans des carnets de guerre de soldats pr�sents.

 

Voir ici quelques documents officiels d��poque relatant les faits.

Le 26

Ce matin, je me suis remis au travail, mais sans go�t. Je pense � vous tous et voudrais bien �tre parmi vous.

Le 27

La journ�e a �t� calme, aucune attaque de part et d'autre.

On attend.

Le 28

Ce matin, il pleut, notre artillerie tire sur leurs tranch�es et les d�molissent, mais toujours pas d'attaque.

 

Le JMO indique : � une temp�te qui marque cette nuit ï¿½ (�) � cr�neaux et parapets s�affaissent en boues dans les tranch�es garnies d�eau et de boue liquide jusqu�a-� mi-jambe, en certains endroits jusqu�au genou ï¿½ (�) � Malgr� les couvre-pieds et toile de tente utilis�s en guise de manteaux, les hommes sont enti�rement tremp�s et le vent d�ouragan les soumet � un refroidissement violent ï¿½

Le 29

Suis all� � Aubigny chercher de l'acide.

Rien de nouveau sinon qu'il fait froid.

Le 30

Toujours la m�me vie, on commence � s'abrutir, voil� trop longtemps que nous sommes dans le m�me patelin.

Sur le front, c'est calme.

Le 31

Journ�e calme.

Dans la soir�e, l�g�re fusillade mais notre 75 y arr�te le haut l�.

Le 1er janvier 1915

Voil� le 1er jour de l'ann�e, ch�re maman Louise et Christine, je pense bien � vous ainsi qu'au Fernand et l'�mile.

Je souhaite que nous soyons tous en bonne sant� et que la campagne se termine le plus t�t possible.

Sur le front la journ�e a �t� calme.

Le 2

Toujours comme la veille, nous avons beaucoup de travail.

Le 3

Je viens de voir arriver le 158�me, j'ai bien regard� si je voyais l'Edmond, je ne l'ai pas vu, �a m'aurait bien fait plaisir de le voir, mais je ne d�sesp�re pas car il est dans notre secteur et un jour ou l'autre je le verrai.

Le 4

Ce matin, il pleut, pour changer.

Toujours la m�me chose.

Le 5

Rien de nouveau.

Le 6

Ce matin, on nous a distribu� des pantalons bleus comme mes bleus que je travaille, ce n'est pas malheureux, les autres sont tous d�chir�s.

Le 7

Rien � signaler si ce n'est qu'il pleut.

 

 

Fin du r�cit

 

 

Agricol a-t-il continu� � �crire ? Nul ne le sait. Rien n�a �t� retrouv�.

Il est rest� au 159e RI jusqu�� la fin de la guerre.

 

Il obtient une citation �logieuse au r�giment en d�cembre 1918 : �  Soldat d�vou� et courageux, a assur� avec un m�prisable danger les ravitaillements en munitions des unit�s en premi�re lignes pendant les combats particuli�rement p�nibles du 14 octobre 1918 au 2 novembre 1918. ï¿½

Croix de guerre, �toile de bronze.

 

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