Mise � jour : f�vrier
2021
MARCOUIRE Roger
est n� en ao�t 1896 � Vincennes. � ses 20 ans, �tudiant en m�decine, il est
incorpor� le 1e septembre 1916 au 33e r�giment d�infanterie de Bellac (85) au
sein duquel il fait sa formation. Il part aux arm�es en avril 1917 et int�gre
le 72e RI en juillet 1917�et la suite vous le d�couvrirez en lisant ses
�crits.
J�ai ajout� du
texte en bleu pour la compr�hension de certains termes et
pour aller � plus loin � dans l�analyse du r�cit.
Merci � Dominique
pour le carnet de son grand-p�re.
Merci � Isabelle,
Martine, Marl�ne, Bernard pour la retranscription du carnet.
Merci aussi �
Philippe pour la relecture et corrections d�erreurs diverses.
Incorporation :
1er septembre 1916. 33e d�infanterie � Bellac. Ville triste sans amusements.
Existence assez
monotone.
Petite f�te donn�e
par le 33e.
Je m�exerce au talent
d�acteur. Je fais le r�le d�huissier Dans � un client s�rieux �.
Beaucoup de promesses, Entre autres, une permission de 48h que je n�ai pas eue.
Je me suis bien amus� dans ces trois � repr�sentations �.
Artistes
d�occasion, nous avons fait quelques gaffes. Beaucoup de mal pour reprendre le
cours de la pi�ce.
Voyage � Limoges.
Limoges est une
ville charmante, mais malheureusement je laisse mes finances � Bellac. Tr�s ennuyeux
d��tre sans le sous dans une grande ville ou pendant ces quelques jours
j�aurais pu me distraire.
Je loge dans un
ancien couvent de b�n�dictins tr�s peu confortable, mais combien de surprises
amusantes. Il n�y a pas assez de couvertures. Ce sont de v�ritables ruses
de peaux rouges pour trouver de quoi se couvrir. Beaucoup d�h�tes tr�s
d�sagr�ables dans les paillasses.
Bref au bout du
troisi�me jour je suis tr�s content de retourner � Bellac, le dimanche pass�
dans ces conditions, � Limoges, ne me plaisant pas du tout. Quant � l�examen,
il s�est assez bien pass�.
L�Angleterre est
un peu vague mais enfin !�
Permission
agricole de 15 jours.
Je passe 4 jours �
Paris et 10 jours � Sergines (*). Je reprends un peu le m�tier de
cultivateur. Je revois C.E.
Je joue un peu au
billard, ma permission ne se passe pas mal.
Paris est tr�s
anim�, l�on s�aper�oit peu de la guerre. Beaucoup de jolies femmes, de soldats
et� de civils, avides de plaisir. Les grands boulevards tout noirs de monde.
Les cin�mas les th��tres sont pleins.
Je trouve Bellac
bien triste en rentrant. Je suis le peloton des E. C. (**)
La No�l est assez morne. Petite soir�e avec mes camarades.
(*) : Sergines est une commune de l�Yonne, travers� par l�Yonne
(**) : �l�ves-caporaux. Il a donc suivi le stage pour �tre
caporal. Il y sera que le 2 juin 1918�
Permission de 48h.
Je passe deux
jours � Paris. On s�aper�oit tr�s peu de la guerre dans cette ville.
Je quitte les E.
C. avec la mention � apte � faire un chef de section � (*).
Dirig� sur le
centre des mitrailleurs de la Courtine dans la Creuse.
Voyage tr�s jolie.
Passe la nuit � Ussel.
Je fais
connaissance d�une demoiselle Andr�e. Jeune fille assez gentille.
Le pays est tr�s
froid. 50 cm de neige. La nourriture est d�abord tr�s bonne puis petit � petit
devient mauvaise. Les journ�es du 20, 21 et 22 sont tr�s froides. 25� au
dessous de z�ro. Il fait un froid terrible. Le pain est gel�. Il faut une hache
pour le couper. (**)
J�ai une grippe
infectieuse, avec une fi�vre assez forte. Je me trouve mal � l�exercice et je
suis conduit � l�infirmerie o� je reste trois jours.
Je fais un
deuxi�me stage comme armurier.
(*) : Un chef de section a le grade de sergent.
(**) : L�hiver 1917 fut un des hivers les plus froid du 20e
si�cle. La Seine � Paris �tait gel�e pendant 15 jours emp�chant le
ravitaillement. Des temp�ratures entre � 15 et � 20 ont perdur�es pendant pr�s
de 3 semaines � Paris.
Je pars en permission
de 4 jours � Paris. La ville n�a pas chang� comme aspect, mais les conditions
de
vie ne sont plus
les m�mes. Les parisiens commencent � s�apercevoir de la guerre. Il n�y a
presque plus de charbon. Le pain est rassi. Les
p�tisseries sont ferm�es le mardi et mercredi. Les th��tres et cin�mas sont
ferm�s 4 fois par semaine.
Deuxi�me stage.
Tr�s heureux. J�ai
un bon camarade professeur de math�matiques avec qui je repasse mes
connaissances g�n�rales. Il fait beaucoup moins froid. De bonnes promenades
dans les bois environnants.
Je quitte la
Courtine avec la mention � tr�s apte �. Tr�s content.
Je retourne �
Cognac avec tous les � vieux � du 33.
Le voyage est tr�s
long, 3 jours et deux nuits. Je couche � Angoul�me et Limoges. Je visite les
ruines de l�abbaye, le ch�teau de Montaigut.
Bref je suis
abruti en arrivant. Mais il parait que je n�ai pas assez pris le train.
J�arrive � 7h, � 7h et demi on me signe une permission de d�tente et je
pars le soir pour Paris.
Quelle bonne
permission ! Comme c�est bonde se retrouver pour 10 jours chez soi.
Le lit semble bon et doux.
La vie � Paris est
toujours la m�me. Un peu plus de restrictions. Mais les parisiens s�en fichent.
Les diners, Deux plats. Ils sont un peu plus gros !
Je suis tr�s
content de revoir L�on. Il a chang� et bien maigri. Le dimanche petite
promenade au jardin des plantes. �a aussi n�a gu�re chang�.
On dresse de
jeunes fox-terriers � chasser des rats, pour les tranch�es. Les petits ne sont
pas bien braves.
Un peu de musique
me fait plaisir. J�ach�te des chansons, souvenirs de La Courtine, et je les
apprends. Elles font surtout le plaisir de Titine.
Il est dommage que je ne puisse rester jusqu�� P�ques.
Paul, Gaston et le
petit Samson seront l�. Je rate de bonnes parties.
Papa trouve que
j�aurais du demander ma permission un peu plus tard. Il croit que �a se fait
comme �a, au r�giment. Il n�a pas bien l�air de se douter de la fa�on dont le
r�giment est organis� actuellement.
C�est
malheureusement une s�rie d�ennuis et de tracasseries pour le soldat. Ah !
C�est tr�s chic de d�fendre servir son pays ; mais pas vu sous ce jour-l�.
Nos charmantes
parisiennes qui envient le sort de nos poilus, en auraient vite assez si elles
� go�taient � un peu. Enfin ma permission se termine.
Je prends le train
le 3 au soir et j�arrive dans de bonnes conditions � Cognac. J�y reste 10
jours. Jours heureux et paisibles ! Je travaille au bureau, puis on me
bombarde garde-magasin. C�est vraiment ma cr�ation !
Il est dommage que
je n�y sois pas rest� toute la guerre, je me serais fait du lard. Il y a
beaucoup de femmes au magasin du corps, et la vie est gaie.
Malheureusement je
suis arrach� de ce lieu de d�lices pour �tre exp�di� dans la zone des arm�es.
Habill� de neuf. Tout me va, par hasard tr�s bien.
Je voyage en train
sp�cial, et pas mal ma foi. Mais quel d�tour ! De Cognac : Limoges,
Orl�ans, Juvisy, Noisy, Gretz et la Fert�-Gaucher.
Je n�ai
malheureusement pu aller chez moi � Noisy. C�est rageant passer si pr�s et �tre
clou� l�. J�arrive � la Fert�-Gaucher.
Ville assez gaie.
Beaucoup de civils. Je loge dans un grenier. Exercice d�abord assez dur.
Je commence un
stage de signaleur. C�est un deuxi�me filon ! Je vais � l�exercice sans
sac. J�apprends le � morse au son �.
Je pars en
permission.
Permission
toujours tr�s bonne, mais la vie � Paris a bien
chang�. Impossible de trouver quoi que ce soit. Sucre, lait, beurre charbon.
Rien. Le pain commence � �tre bien gris.
Je passe quelques
bonnes soir�es � Paris. Quelques jours pass�s avec Gaston et le cousin Michel
passent tr�s vite.
Je
rejoins HABIDUSSE avec qui je fais une petite bombe. �a change ! (*)
Bref je prends mes
pr�cautions pour me retrouver avec Gaston, Georgette, Melles BEAU et
FRAN�� Sergines et � Paris � ma prochaine permission. Je songe d�j� la
suivante ! En rentrant je continue mon stage. Toujours tranquille.
Je pars �
Jouy-sur-Morin. Je suis v�ritablement bien dans cette ville. La nourriture est
excellente. Pas grand-chose � faire. J�apprends la TSF. Tr�s int�ressant�
Encore bien plus
int�ressant. Il y a de gentilles ouvri�res qui travaillent � une usine toute
proche. Je fais la connaissance d�une charmante blonde, B.M. que je vois
bient�t midi et soir.
Avec quel regret
je quitte Jouy. Je me promets de venir retrouver ma petite B. souvent.
A la Fert�, je
suis signaleur permanent et suis propos� pour la T.S.F. au 8�me g�nie. Je
prends les messages de la tour. Je suis instructeur pendant quelques temps.
Bref c�est
l�embusquage complet, quand
le 7 juillet je pars en renfort au 72e d�infanterie.
Je � l�ai
mauvaise �. Partir dans les tranch�es ne me souris pas du tout. Enfin je
pars pour destination inconnue. Bon dieu, que le sac est lourd.
(*) : Faire une bombe = Faire la f�te.
Le 7 � midi
j�arrive � Noisy. Ma foi c�est plus fort que moi !!
On m�annonce que
le renfort va rester tout le tant�t � Noisy. Je fais 1 km � pieds sur les
voies. Je passe sous des wagons, je monte dans une locomotive qui fait la
man�uvre et apr�s avoir saut� une barri�re, je tombe sur le tram � Raincy � Paris � qui passe. Je saute dedans et���j�arrive
chez moi en trombe o� je reste 2 heures.
Surprise,
exclamations. Je garde le bouc � la suite d�un pari. Il para�t que �a me va
mal. Je m�en doute !
Apr�s 2 heures, je
reprends le chemin de Noisy. J�arrive sans encombre � 8 heures. J�embarque pour
destination toujours inconnue. Voyage de nuit. Je m�installe avec 4 camarades
dans un wagon de 1�re classe.
Arriv�e au front
avec le 72.
Le sergent nous cherche
et se demande o� nous sommes pass�s. Il nous retrouvera une fois arriv�s au bout du voyage ! A 6 heures du matin, arriv� dans
un pays nomm� Bazoches. (*)
Le canon commence
� se faire entendre. Nous partons � pieds, c�est �reintant, j�en ai plein le
dos�.c�est le cas de le dire. Apr�s 3 h de marche, arriv� � Fismes au D.D. (**)
Diable, le canon
tape dur !
Nous restons sous
un hangar toute la journ�e. Nous bouffons avec nos vivres de r�serve.
Le lendemain,
toujours au D.D.
Visite � un
ch�teau qui est compl�tement d�moli. Nous montons dans une tour � moiti�
d�molie. De l�, le front s�aper�oit distinctement. Qu�est- ce qu�il y a comme
avions. Le canon est calme actuellement.
(*) : Bazoches-sur-Vesle (02) qui poss�de une gare.
(**) : D�p�t divisionnaire.
Je quitte le D.D.
Je n�y suis pas rest� longtemps.
Une journ�e de
marche. Je vois du pays. Arriv�e � Braine. Il n�y a presque plus de maisons
debout.
Nous sommes log�s
dans une cave � vin. Il y a d�immenses cuves. Je suis log� dans une. Vers� � la
3�me compagnie.
Nuit calme.
Toujours couch� sur la paille.
Le 72e r�giment d�infanterie a �t� retir� du front le 2 juillet.
� la date du 8 juillet, il est cantonn� � Braisne
(pour le 1e bataillon) et � Chassemy (pour le reste du r�giment).
Je suis vers� � la
1�re compagnie.
Je couche cette
fois dans un grenier, assez mal install�. Le village est tr�s mouvement�. Il
passe continuellement des troupes. Camions, autos et avions.
A 10h, premi�re �motion, les boches bombardent. Le rapport est interrompu,
puis est repris quelque temps apr�s.
Le 72 a �t� l�g�rement � amoch� � au chemin des Dames. La premi�re
compagnie est redescendue avec un effectif de 8 hommes !
A part �a, nous
n�avons pas eu de pertes.
C�est d�go�tant.
Impossible de dormir !
Les Allemands
bombardent continuellement. Une premi�re fois � 1h du matin et ensuite � 3h.
Brrr ! Quelle sale impression. Toute la maison tremble. On s�attend toujours �
recevoir une bombe ou un obus sur la t�te.
La journ�e est
calme. Bombardement intermittent.
Je suis mis dans
les F.M. (*) comme c�est
ma partie. Je n�y connais rien du tout, mais �a ne fait rien. J�apprendrai.
C�est bien de
l�administration fran�aise. Il fallait un infirmier, un ajusteur m�canicien a �t�
nomm�. C�est toujours la m�me histoire. (**)
Nourriture bonne.
(*) : Fusils mitrailleurs.
(**) : On rappelle ici que Roger MACOUIRE est �tudiant en
m�decine.
La nuit toujours
mouvement�e.
Dans la journ�e, rien
� faire. Le r�giment qui revient d�Alg�rie (*) va peut-�tre partir � Salonique. En attendant, il faut aller se
reformer au grand repos.
(*) : En effet, le 72e RI est parti en urgence en Alg�rie en
d�cembre 1916 pour y effectuer une action de police contre des soul�vements
� indig�nes �. Il rentre en France en mars 1917.
Toujours
bombardement. J�en ai plein le dos.
D�cid�ment, je
n�ai pas �t� tranquille cette nuit. Une escadrille d�avions et les canons
lourds boches nous ont tap�s dessus. Quel vacarme. L�artillerie fran�aise
r�pondait. Les mitrailleuses tiraient sur les avions, puis par-dessus tout, le
bruit formidable des bombes. Tout le monde est debout. Quelques-uns ont eu
r�ellement peur para�t-il. Je suis bien content de quitter Braine.
Voyage toujours �
pieds. Arriv�e � midi � Acy.
L�, nous sommes
tranquilles.
Nous sommes log�s
chez l�habitant.
Oh ! Il n�en reste
pas beaucoup, mais c�est plus retir� et ils sont revenus. Nous touchons une
bouteille de champagne pour 4. Nourriture excellente ce jour-l�.
La musique joue
quelques morceaux. C�est tout comme distraction.
D�part de
permissionnaires.
La nourriture est
moins bonne, mais nous sommes tranquilles. Repos toute la journ�e.
La nuit, il pleut
bien un peu sur la t�te. Mais il ne faut pas �tre trop difficile. Une
escadrille d�avions a bombard� les environs mais ne nous a laiss� aucun �
souvenir �. Toujours beaucoup d�avions fran�ais. Bombardement assez fort dans
les lignes. Beaucoup de fus�es et de saucisses. Mais ici, nous sommes assez
loin.
Je fais
connaissance d�un camarade avec qui je m�entends bien. Nous allons faire des
promenades dans les bois et nous nous enfilons des cerises et des fraises � en
avoir une indigestion.
J�ai �t� visiter
une escadrille qui se trouve tout pr�s d�Acy. C�est une escadrille de
rep�rages. J�assiste � la premi�re ascension d�un � sidi �. Le pauvre diable a
bien peur.
Les hangars des
avions sont bombard�s par les canons ennemis. Des 210 qui font pas mal de
bruit. Heu ! Il en est tomb� un tout pr�s. �a fait un trou �norme. On peut
facilement y mettre un cheval.
Visite d�avions
allemands.
D�part brusque. �a
doit mal aller par l�. Le canon tape dur.
Bonne �tape 20 km.
Nous nous arr�tons � Villers-H�lon. Nous sommes log�s dans une grande ferme. Il
n�y a que des grandes fermes dans cette contr�e. Ce sont des champs � perte de
vue.
Pour la premi�re
fois, je vois man�uvrer des charrues automobiles. Nous sommes tr�s � l��troit
dans le grenier de la ferme. Je prends tout mon � barda � et je vais coucher
sur un tas de paille que j�avais rep�r� sous un hangar. Je me fais un trou dans
la paille et je passe une bonne nuit.
Nous repartons.
Nouvelle �tape de
20 km. Je commence � sentir des picotements dans les pieds. Diable,
l��quipement commence � peser apr�s 3 h de marche. Nous arrivons �
Passy-en-Valois. Hameau situ� � 6 km de la Fert�-Milon.
La 1�re compagnie
seule est cantonn�e ici. Nous sommes log�s dans une ancienne��porcherie. Mais
il ne faut pas se plaindre. C�est tout neuf et tr�s propre. Notre cantonnement
se compose d�une grande cour rectangulaire sur laquelle donne une cinquantaine
de petites portes qui donnent acc�s � autant de petites cabines pouvant contenir
cinq � six hommes. Comme couchage, de la paille.
Vivement les
permes pour coucher dans un lit. Nourriture d�testable.
Me voici install�.
Nous sommes 6 bons
camarades qui s�entendons tr�s bien dans une � chambre �.
De mieux en mieux.
Nous avons pu avoir des poires pour dessert et une brave femme nous vend de la
salade.
Cela semble bon.
Repos.
Nous faisons un
peu d�exercice. Oh ! Pas beaucoup, � la bonne franquette. On entend tr�s peu le
canon � cette distance.
J�ai visit� ce
soir un poste d�observation contre avions. Ce poste est tenu par des
auxiliaires. Aux moyens d�appareils sp�ciaux, ils entendent les avions de tr�s
loin et les signalent � la batterie voisine. Ils nous disent qu�ils entendent
tr�s bien le canon et qu�ils voient la lueur produite par les fus�es et
l��clatement des obus. Ils se croient au front quoi !!
Les � pauvres
diables �.
Je voudrais bien
les voir en ligne, surtout celui qui nous cause .Il n�a jamais �t� au front et
est tout effray� de se trouver � 20 ou 25 km des lignes .Il nous demande ce que
disent les prisonniers. Fichtre ! Il se figure que les prisonniers se font
comme �a. Si il avait re�u les obus sur le nez et vu le 72�me rentrer en si
piteux �tat, il aurait vu qu�il est d�j� souvent bien difficile de se d�fendre,
� plus forte raison de faire des prisonniers.
Quand il a 15
jours, j�ai �t� par deux fois � Viel-Arcy et Pont-Arcy � 2km des lignes et que
les boches bombardaient nos cantonnements ou qu�ils ex�cutaient des tirs de
barrage pour emp�cher d�envoyer des renforts. J�en avais gu�re la t�te � moi,
je l�avoue, et je ne pensais pas � faire des prisonniers !
Jusqu�au 25, repos calme. Nous sommes tranquilles.
Quatre jours
d�enfer.
Quatre jours
pass�s dans les tranch�es au Chemin des Dames. Comment je ne suis pas devenu
fou !
Parti le 25 au
soir en autobus. Arriv� dans la nuit � Bourg-et-Comin. Canon tonne
terriblement. Nous avan�ons en tirailleurs. Tirs de barrages. Le r�giment
s�arr�te � 2 ou 300m des premi�res lignes. Le 1/3 est hors de combat.
C�est un
bombardement effroyable. Les hommes volent en l�air comme des mannequins en
baudruche.
Je reste avec
LENOIR tireur et mon premier pourvoyeur dans un entonnoir. (*)
Le deuxi�me jour
le premier pourvoyeur est tu� par. Une boite de singe.
Enterr� 3 fois.
Le sang me sort
par les oreilles et par le nez. Je sens que je deviens fou. Cette vie d�enfer
dure jusqu�au 29.
Dans la nuit un
agent de liaison vient me chercher. Je pars en permission et de l� � Grenoble
au 140i�me. Je ne sais plus o� j�en suis. L�agent de liaison disparait.
Je fais des bons
d�sordonn�s d�un trou d�obus dans un autre. Les �clats sifflent autour de moi.
Tout d�un coup une fus�e. Je fais un saut dans un trou .J�aper�ois un trou noir
.Je me pr�cipite et rentre t�te baiss�e dans un lieutenant qui sortait .Il me
demande si je suis fou .Je lui r�ponds que je vais en permission .Il veut
m�emp�cher de sortir.
Nous sommes
interrompus par un tir de barrage qui nous jette � terre. Je sors du trou le
tir de barrage fini. Je fais quelques bonds. Un obus �clate devant moi. Je suis
rejet� du trou d�obus d�o� je sortais.
J�ai tellement
peur que je reste au moins un quart d�heure sans pouvoir sortir du trou ou je
me trouve. J�arrive enfin apr�s cinq heures d�efforts � Vendresse. Je suis habill�
� nouveau et exp�di� en permission.
C�est le 30
juillet, c�est-�-dire beaucoup plut�t que je ne le d�sirais.
(*) : On pourrait croire qu�il est mitrailleur.
Arriv�e � Paris.
Mes parents
partent le lendemain � Sergines. Je fais changer ma permission.
Permission pass�e
� Sergines. Sans grand amusement.
Je vais avec
Georges DANGU et Andr� BARR�. Je soupe le soir chez Henri DANGU en compagnie de
Maurice TH�NARD.
Je retrouve une
demoiselle �lisa qui reste � Sergines. Je passe agr�ablement ma derni�re
journ�e et ma derni�re nuit.
Bref la permission
est assez morne.
Je pars le 11.
Je reste quelques
instants avec mon p�re et Suzanne. Je d�jeune chez Mme DELECOURT.
Selon sa fiche matriculaire, Roger MARCOUIRE est pass� au 175e
r�giment d�infanterie le 11 ao�t 1917. Le r�giment est parti de France en Gr�ce
depuis mi-1915.
J�arrive �
Grenoble apr�s 24 heures de voyage.
Je reste �
Grenoble jusqu�au 21.
Je ne fais
absolument rien. Grenoble est une jolie ville. Je vais au cin�ma et au th��tre.
J�ai un sacr�
cafard. Savoir tout le monde l�-bas en train de s�amuser et �tre clou� l� tout
seul.
C�est emb�tant.
Arriv�e �
Marseille apr�s avoir �t� habill� � neuf. Voyage r�ellement joli. Nous sommes log�s
au camp Mirabeau � 10 km de Marseille. Le pays s�appelle L�Estaque.
Nous sommes
extr�mement libres. Le capitaine � nous laisse la bride sur le
cou �. Il est tr�s chic notre capitaine. C�est le fils du g�n�ral PAU et
tient � faire honneur � son nom. Seulement il y a des bagarres tous les jours �
Marseille ; des bless�s, quelquefois des morts. I y a surtout certaine rue dans
Marseille o� il ne faut aller que bien arm� et � plusieurs. Je ne puis avoir la
permission de quatre jours que l�on m�avait promise.
Si j�avais
su ! Ce que je l�aurais pris les 4 jours � Grenoble. Mais tant pis, ce qui
est fait.
D�part de
Marseille. A partir de ce jour, je fais r�ellement partie des troupes d�Orient.
Nous partons � 4 h
du matin
Le 29, nous
passons � Toulon, Nice, Cannes, Monaco.
Le voyage est
joli. Je suis dans un wagon de marchandises et je suis tr�s bien. A la
fronti�re tout le monde nous applaudit. Vintimille ; nous changeons de
wagon, Nous nous arr�tons aussi � San-R�mo.
Je me r�veille �
minuit � G�nes.
Nous arrivons
� Livorno. Couche dans une caserne italienne. Je
me prom�ne dans Livorno. Les Italiens nous
ach�tent nos boites de singe, nos chaussures, tout !
Mes camarades
vendent tous leurs effets. Ah ! Elle est belle l�arm�e
� SARRAIL ! (*)
(*) : Le g�n�ral SARRAIL est le commandant en chef des arm�es
alli�es d�Orient depuis janvier 1916.
Le voyage continue
Civita-Vecchia.
Nous arrivons �
Rome dans la nuit. Les romains nous font une tr�s belle r�ception�4h d�arr�t.
Visite un peu la ville. Malheureusement, ce n�est pas assez.
Au d�part, un
incident � un arr�t de train, quelques camarades descendent et cueillent des
raisins dans une vigne. Un italien tire sur eux avec un fusil. Il a de la
chance que nous n�ayons pas de fusils.
Enfin le train
repart.
Nous quittons la
cote un peu avant Naples. Passons � Bari le soir. Nous avons travers�
toute la Calabre. Quelle triste contr�e ! Pas une maison. Rien que des
plaines d�sertes. De temps quelques affiches sur lesquelles on aper�oit le mot
� banditto � et � calabro � Faggio.
Distribution de
caf� ! Deux heures d�arr�t.
Nous nous
promenons un peu dans la ville. Continuant � voyager toute la nuit.
5h du matin.
Arriv�e � Tarente.
Une tr�s jolie
rade. Des cuirassiers italiens et fran�ais. Nous prenons un bain et couchons
dans une guitoune ou il y a pas mal de puces.
Embarquons � 10h
du matin sur le croiseur-cuirassier � Jules-Ferry �. .
Partons � 2h. Nous
sommes accompagn�s du croiseur � Ch�teau�Renaud � et de quatre torpilleurs.
La rade de Tarente est magnifique. Nous passons devant l�escadre italienne dont
tous les marins sont sur le pont et saluent.
Les habitants nous
disent au revoir.
Jusqu�au soir nous
voyageons dans le golfe de Tarente. La mer est calme. Je visite le cuirass�,
tr�s int�ressant.
De grosses pi�ces
sont mises en batterie. Les tourelles point�es vers le large.
Dans la nuit nous
traversons l�Adriatique � toute vitesse et tous feux �teints.
Pench� sur le
bastingage, je distingue la silhouette du Ch�teau-Renaud un peu en arri�re. De
temps en temps des �tincelles sortent des chemin�es. Tous mes camarades sont
endormis. Le calme est impressionnant.
Vers minuit bruit
de voix. Des signaux sont �chang�s entre les navires.
Le Ch�teau-Renaud
disparait et r�apparait alternativement. Les navires marchent en diagonale. Je
m�endors.
Arrivons en vue
des c�tes grecques. Nous p�n�trons dans le golfe de Corinthe. Il n�y a plus de
danger.
Longeons les c�tes
grecques jusque vers 4 heures. D�barquons � It�a. (*)
Tr�s bon raisin.
Restons sous les tentes jusqu�� 8 h du soir.
A 8 h, embarquons sur les autres camions. Il fait noir. La route est b�tie � la diable.
A 11h arr�t. La deuxi�me voiture dans un tournant est partie dans un ravin.
Trois morts et
quelques bless�s. Du coup, personne ne veut repartir. Nous couchons dans la
montagne jusqu�au jour.
Vers 4 heures, le voyage reprend. Il faut �tre enrag� pour
aller en auto dans des routes pareilles. Jamais un voyageur ordinaire ne
voudrait passer dans des chemins pareils. Les camions prennent les montagnes
v�ritablement d�assaut. Nous montons en serpentant. La route b�tie � flanc de
coteaux est bord�e de pr�cipices. C�est r�ellement magnifique.
Mais quand le
tournant est brusque, on a toujours le trac d��tre pr�cipit� dans le vide.
Apr�s 60 km de
chemins enrag�s, nous d�bouchons dans la plaine. �a descend raide ! Nous sommes
pleins de poussi�re. Je me suis couvert la t�te avec une musette. Je dois �tre
beau.
Arriv� � Bralo.
(*) : It�a est une ville grecque portuaire situ� dans le golfe
de Corinthe. Les troupes d�barquent dans ce port pour rejoindre, � travers la
montagne, la ligne de chemin de fer � Bralo qui am�ne
� Salonique. Voir la route actuelle ici.
Voir cette carte de
la Gr�ce.
Bralo est un pays
perdu, mais il y a un chemin de fer. C�est tout ce qu�il nous faut.
Le soir, je visite
le patelin. Toutes les femmes se sauvent � notre approche. Celles qui restent
sont voil�es. Nous avons la chance de nous trouver au moment d�une f�te de
conscrits. Pas ordinaire.
Ils se suivent
tous en se donnant la main et le premier danse un pas bizarre en sifflant de temps
en temps et en poussant des exclamations gutturales. Comme musique, une esp�ce
de biniou rappelant la � nouba � des S�n�galais.
On croirait un
village n�gre.
Prenons le train
pour Salonique.
Le voyage est
toujours tr�s joli. Nous sommes toujours dans les wagons � marchandises, ce que
je ne regrette pas car il commence � faire chaud. Nous escaladons toujours des
montagnes. Ce qui est joli, c�est que nous montons toujours � flanc de coteaux.
A notre droite,
nous dominons la plaine de Bralo. On se croirait en a�roplane.
A 6 h du soir, nous d�bouchons dans la plaine de Larissa.
Toujours des descentes endiabl�es. C�est r�ellement merveilleux comme voyage.
Quoiqu�il arrive, je ne regretterai pas l�Orient.
A Larissa,
distribution de vivres.
Arrivons �
Salonique au matin. Campons hors de la ville au camp des alli�s (ou Zeitenlik).
Il y a de tout
dans ce camp. Des Fran�ais, des Anglais, de Italiens, des Russes, des Serbes,
des Grecs et des �.puces ; impossible de dormir.
La nuit, nous allons
dormir hors des baraques. Les premiers jours, nous allons visiter les r�fugi�s
grecs et serbes qui dorment aux environs du camp. Il y a un marchand de vin qui
vend du Sammos, un vin �patant. Seulement, il monte vite � la t�te et tous les
soirs occasionne des batailles entre les alli�s.
Les Grecs ne nous
aiment pas beaucoup. Ils n�aiment gu�re les V�niz�listes
aussi. Si tous les Grecs sont ainsi, nous pouvons avoir confiance en eux.
Je visite
Salonique, tous les beaux quartiers sont br�l�s. L�incendie a r�ellement �t�
formidable. (*)
Nous allons du
c�t� de la tour Blanche. Le coin de la ville est tr�s anim�. C�est le seul de
la ville europ�enne qui est �chapp� au d�sastre. Les animaux de Grecs cherchent
� nous voler.
Pour d�ner en
ville, il faut au moins payer 7 � 8 f par t�te. C�est pour rien.
L�avant-dernier soir de notre s�jour � Salonique, nous
allons au fameux vendeur de Sammos. Malheureusement, nous en buvons un peu trop
et � moiti� gris, nous jouons un tour pendable au malheureux Grec. Nous �tions
assis pr�s d�un tonneau d�une cinquantaine de litres. Un Italien nous fait
signe de l�emporter.
Aves quelques-uns
de ses camarades et mes trois copains habituels, nous enlevons le tonneau et
nous nous sauvons vers le camp. A moiti� chemin, nous nous arr�tons pour vider
le fameux tonneau qui contient de la bi�re.
Malheureusement,
le Grec nous court apr�s. Il veut son tonneau. Pour couper court � toutes
explications, nous lui fichons une vol�e, ainsi qu�aux deux grecs qui sont avec
lui. Puis nous rebuvons. Mais les Grecs arrivent en nombre. Les Italiens se
sauvent et sous peine d��tre massacr�s, nous devons en faire autant.
De rage, nous
renversons le tonneau. Il faut tout de m�me �tre rosse.
(*) : Le grand incendie de Salonique en ao�t 1917 a d�truit 1/3 de
la ville, presque 10.000 b�timents auraient �t� d�truits.
D�part de
Salonique.
4 heures du matin.
Voyageons toujours dans wagon � marchandises. Tr�s serr�s.
Dans la journ�e, je
prends le parti de monter sur le toit. Il y fait de l�air. Tr�s chaud.
Quelques-uns ont la fi�vre et sont �vacu�s. Voyageons toute la journ�e et toute
la nuit.
Arrivons � 10 h � Ostrovo.
Situation
de Salonique et d�Ostrovo � Cliquer sur la carte.
Les habitants
ayant vu les Bulgares aiment un peu mieux les Fran�ais. Ils sont bombard�s
para�t-il de temps en temps. Le train s�arr�te des heures enti�res dans chaque
gare. Je m�informe de l�heure. Les a�rostiers sont plus pr�s du front.
Contournons tout
le lac d�Ostrovo. Tr�s joli.
Descendons de
wagon � Florina. Campons sous les
guitounes. A partir de maintenant, nos toiles de tente seront nos demeures.
Situation
de d�Ostrovo et de Florina
Je monte ma maison
en compagnie de trois camarades qui ne me quittent gu�re. Ce sont COUD� dit � Fantomas � ; PLAZA (*) dit � toto � ; CHANOINE dit � Quiqui �. Quant
� moi, je m�appelle � Taufan �.
Visite d�avions
boches ou bulgares. Ils ne sont pas m�chants et ne nous laissent pas de
souvenir.
(*) : Jean PLAZA sera tu� en octobre 1917.
La nuit a �t� tr�s
fra�che.
Il y a dans ces
montagnes une grande diff�rence de temp�rature entre le jour et la nuit. Nous
nous sommes lev�s � 3h du matin pour faire du feu et du chocolat. Visite
d�avions boches. Toujours pas m�chants.
La journ�e est
tr�s chaude.
Passons une
deuxi�me nuit meilleure que la premi�re, nous avons pris nos pr�cautions contre
le froid.
D�part � 5h du
soir � pieds � travers la montagne. Les sacs dans des voitures. Florina est une
ville assez monotone et pas du tout moderne malgr� ses 15.000 habitants.
Halte � 8h du soir
au kilom�tre 6 en pleine montagne. Passons la nuit sous nos guitounes.
Nota : Selon sa fiche matriculaire, Roger MARCOUIRE est
pass� au 176e r�giment d�infanterie le 18 septembre 1917. Le r�giment est parti
de France depuis mi-1915.
Reprenons la
marche. Bonne �tape. 25 km dans la montagne.
Mes trois
camarades et moi nous sommes d�brouill�s. Nous avons pris un camion qui nous a
men� jusqu�� Zenovah
(J�lova)
Vraiment, les
routes ne sont pas �patantes et il faut �tre forc� pour passer dans des
endroits pareils. Tous les jours, des camions tombent dans des ravins.
Le n�tre contient
des barriques de gnole qui se sauve par endroit. Nous y go�tons.
Couchons toujours
� la belle �toile.
Partons de Zenovah
(J�lova) le matin. Je fais l��tape � pieds. Pas
longue, une quinzaine de kilom�tres. Marche tr�s fatigante faite en plein midi.
Je jure de ne plus faire un kilom�tre � pieds. Couchons � Smrd�s. (*)
(*) : Smerdech sur les plans fran�ais
; s�appelle maintenant Krystallopigi.
Repartons � pieds.
Les Russes
occupent tous ces villages. On se croirait presque en Russie. Ces animaux-l� ne
veulent plus marcher et ne sont bons qu�� se pr�lasser � l�arri�re. (*)
Je puis enfin avoir
un journal de France. Il date du 18 ao�t !
Quel pays.
Impossible de rien avoir. On se croirait en pleine Alg�rie. Les montagnes sont
calcin�es par le soleil. Il n�y a aucun arbre fruitier, pas de vigne, pas de
culture.
Prenons un camion
qui nous conduit au g�te d��tape � Zemlak.
Nous sommes � 1500
m�tres d�un patelin, toutes nos guitounes mont�es capricieusement � flanc d�un
coteau, un d�sert aussi d�pourvu de v�g�tation que les sables du d�sert. Malgr�
la fatigue de la marche et la chaleur, je me porte bien. J�oubliais de dire que
l�on nous donne deux comprim�s de quinine par jour et dans les marches toutes
les fois que l�on en d�sire.
Nous avons ici une
journ�e de repos.
�a ne nous fait pas de mal.
(*) : La 1e division russe occupe le
secteur.
Reprenons la
marche le matin � 4h. J�ai la chance de rencontrer un camion qui me conduit
jusqu�au g�te d��tape qui se trouve pr�s du village de Zwesda (Zvewda). Passons la journ�e au camp. (*)
Rien d�anormal.
(*) : L��tat-major de la 124e division d�infanterie (qui
comprends entre autres le 175e r�giment d�infanterie) se trouve dans ce village
de Zvewda.
Repartons au matin.
Je me suis d�brouill� pour faire porter mes sacs en camion. Je pars � pieds
avec quelques camarades. Nous nous trompons de route et allons jusqu�au lac de
Prespa. Il faut retourner.
Prenons un camion
conduisant des boules de pain qui nous conduit jusqu�� Podgaric.
Passons la journ�e � Podgaric. Pays toujours d�sert.
Repartons � 3h
matin. Nos sacs sont port�s par des arabas. Je monte dans une.
Arrivons le soir �
Pogradec. Nous y trouvons enfin le colonel du 176.
Depuis 140 km que nous courons apr�s lui, ce n�est pas un malheur.
D�part de
Pogradec.
JMO
du 176e RI annon�ant l�arriv�e de 3 sous-officiers, 5 caporaux et 138 soldats
dont Roger.
Nous montons en
ligne � 5h du soir. Il faut faire 9 km dans la montagne.
Arrivons � 9h du
soir aux cuisines. On nous donne � manger. J�oubliais : je suis affect� � la
10�me compagnie
Mes trois
camarades sont s�par�s. Ils sont � la 2�me, 6�me et 7�me. Suis affect� � la
15�me escouade avec deux camarades de renfort. Arrivons aux positions dans
l�apr�s-midi du 27.
La 4�me section
tient un mamelon qui est assez mal d�fendu. A notre droite, le capitaine et 2
sections, � notre gauche une compagnie de mitrailleuses. Nous sommes entour�s
de ravins de tous c�t�s. Les Autrichiens sont sur les cr�tes faisant face � 4
ou 5 km. Comme ligne, c�est tranquille. Un bombardement de temps en temps,
c�est peu.
Montons notre guitoune � nous trois. Nous creusons le sol puis nous la camouflons avec des branches.
Secteur o� se
trouve Roger MARCOUIRE - Au nord-est de Hom�s - Piton
de Sherlock -
Allons poser des
fils de fer. Pas un coup de canon la journ�e. Nourriture compl�tement
insuffisante.
Je prends la garde
dans la nuit du 28 au 29.
Journ�e assez
calme.
Bombardements
intermittents avec des 77 et des 88. Nous prenons la garde toutes les nuits.
Dans le tant�t
alerte. Une patrouille arrive jusqu�au petit poste et tire des coups de feu.
Pas de suite si ce n�est une demi-heure de bombardements assez violents. Je
suis de garde et pas tr�s rassur�. Je me baisse derri�re les pierres quand je
sens arriver les obus sur moi. Pas de bless�s.
Tout le monde
travaille dans la nuit. Le capitaine a peur d�une attaque. Fortifions la
position. Pas tr�s rassur�s au sujet de l�ennemi. Je prends la garde de minuit
� 2h.
Pas d�incidents
nuit calme aujourd�hui.
Repos.
Violents
bombardements � 11h et 5h du soir. Les obus tombent en plein sur nos guitounes.
Garde de nuit 10h � minuit. Pas d�alerte.
Journ�e calme.
Garde de 8h � 10h.
Calme.
Journ�e calme.
Prends la garde au
petit poste. Observons une patrouille avec le guetteur. Je suis photographi�.
Nous sommes
relev�s le soir. Allons au repos � 2 kilom�tres en arri�re.
Journ�e pass�e au
repos. Couchons dans hutte en feuillages.
Toujours petit
repos. Changeons de secteur.
Partons demain
pour Florina au grand repos.
Toujours petit
repos. Pars ce soir.
Passe � Pogradec.
Arrivons � 2 km d�Okrida� � 2h matin.
Beaucoup de
ch�taignes. Trouvons des �quipements que les Autrichiens ont laiss�s dans leur
fuite.
� propos, nous
�tions en ligne au piton Sharlock
(cote 1700).
Repartons le soir.
Marche extr�mement
fatigante.
Partis le soir �
6h, arriv�s � 4h matin. March� toute la nuit. Cantonn� en pleine montagne.
Passons la journ�e. Beaucoup de ch�taignes. Apprends la mort du pauvre RUBENS
par Ren�. �moi, le cafard toute la journ�e.
Repartons le soir
pour Podgori. Ces marches
sont tr�s fatigantes. J�arrive ext�nu�.
Pars le soir,
c�est-�-dire le lundi 8. La journ�e est calme.
Arrive le matin
apr�s 9h de marche tout pr�s de Vraneste, avons pass�
� Zwezda sans s��tre arr�t�.
Je passe la
journ�e du 9 dans un repos bien gagn�.
Repos au m�me
endroit.
Mange pour la
premi�re fois de la tortue et une omelette d��ufs de �tortue. Tr�s bon.
Vraiment il faut venir en Orient pour manger de ces bestioles. Il est vrai que
la nourriture est maigre, chacun se d�brouille comme il peut.
Nous allons le
soir 1 km plus loin. Nous allons probablement y rester un certain temps.
Nous sommes dans
un bois. Tr�s bien.
Rien � signaler.
D�part brusque.
Marche sous une
pluie battante. Oh ! La sale journ�e. Nous faisons 30 km rinc�s jusqu�aux os.
J�arrive ext�nu�. Un de mes camarades est malade.
Il reste un peu en
arri�re. Je reste avec lui avec le troisi�me copain habituel. Le
lieutenant-colonel vient � passer. Il nous demande pourquoi nous restons
derri�re, puis se met � nous � habiller � en termes peu choisis. Vraiment, il y
a des moments o� le m�tier militaire est �c�urant. Un homme est moins regard� qu�un
chien. Ce colonel n�a donc pas d�enfants pour causer de la sorte.
Arrivons sur le soir compl�tement tremp�s. Couchons dans une maison. Nous nous faisons ouvrir une porte pas de bon gr�, naturellement, et nous passons une nuit potable.
D�part de Podgori le matin � 10h. Je vais commencer � conna�tre la
route. Marche sans incident. Temps beau.
Arriv�e � Sterova, sur les bords du lac
Okrida. Couchons encore dans les maisons.
� 11h du soir,
alerte. Les Autrichiens d�barquent sur les rives du lac. Nous tirons quelques
coups de fusil et�restons toute la nuit � nous geler au bord de l�eau. Au
matin, nous rejoignons Mumulista
� 10 km de notre emplacement. En arrivant, je suis ext�nu�.
Cela fait 360 km �
pieds que je m�envoie depuis le d�part de Florina. (*)
J�en ai plein le
dos. Je suis r�ellement � bout. Nous sommes ici par crainte d�une attaque
autrichienne. Nous devons y rester 12 � 15 jours puis revenir o� nous �tions, �
moins qu�il n�y ait une attaque.
Je passe enfin une
nuit � peu pr�s. On entend des coups de fusils, grenades ou canons presque
toute la nuit. Je suis tellement fatigu� que �a ne m�emp�che pas de dormir �
poings ferm�s.
Heureusement que ce n�est pas � notre compagnie � marcher, sans cela nous nous serions encore mis la ceinture comme repos.
(*) : C�est la ville (terminus du
train) o� il a d�barqu� le 16 septembre.
Nous sommes donc
revenus au point o� nous �tions le 6, c�est-�-dire tout pr�s des lignes.
Prenons la garde au bord du lac.
Nuit calme.
Rien � signaler.
Partons au matin
dans la montagne pour travailler. 4 outils par section.
Pas le temps
d�arriver au lieu de travail, il faut redescendre. Total rien de fait. Il faut que
le travail soit fait dans deux jours pour une attaque probable. Si �a va comme
�a, le chemin sera fait.
Remontons tant�t.
Tout est pr�t.
Attaquons demain avec le 176, le 1er RMA (*) et 372, ainsi qu�un bataillon d�Annamites.
Nous devons d�gager
le lac Okrida et prendre un piton qui parait-il sera assez dur.
(*) : RMA : R�giment de marche d�Afrique. Les Annamites
sont des Indochinois.
Partons � 2h matin
Arrivons en
premi�re ligne � 6h matin. Toute la journ�e attendons.
Le bataillon est en r�serve et nous entendons l�attaque men�e par les 1er et deuxi�mes bataillons. Les deux attaques sont
malheureusement manqu�es. Les Autrichiens sans doute pr�venus fauchent nos
vagues d�assaut.
Vers le soir
quittons nos positions, nos bless�s d�filent.
Arriv�s � 3km nous
retournons en arri�re le passage n�est pas praticable.
Enfin au soir,
nous apprenons que l�attaque est suspendue la position autrichienne �tant
imprenable. Couchons dans un ruisseau. Au matin sommes r�veill�s par la pluie.
Reprenons nos positions de la veille.
Je suis
compl�tement tremp�.
Jusqu�� 11h00,
nous sommes transis de froid. Impossible de monter ces montagnes sans se casser
la figure. La pluie cesse un peu. Nous montons notre toile de tente un peu plus
solidement et attendons.
Pour aller
chercher la soupe, on tombe � chaque instant et les Autrichiens, pour nous
remettre, nous envoient des obus. La pluie retombe � torrent vers 5 heures.
L�attaque est rat�e.
Les Autrichiens
sans doute pr�venus mitraillent les n�tres � 800m. Une centaine de bless�s pour
les 1er et 2�me bataillons.
Toujours m�me
endroit. Rien � faire si ce n�est se faire mouiller. Les boches attaquent par
deux fois et tombent sur un � bec �
Allons travailler.
Sommes aper�us sur
la cr�te par les Autrichiens qui nous rep�rent. Un peu meilleur temps.
Vers le soir apr�s la soupe, nous sommes bombard�s violemment. Les 100 de marine tombent sur nous. Personne n�est bien fier, car nous n�avons pas d�abri et c�est ces � gros noirs (*) � �clatent bien. La position ne devient plus bonne.
(*) : L�explosion produit un nuage noir.
Dans la nuit � 2h
matin, les Autrichiens attaquent. Violent bombardement. On nous disait qu�ils
n�avaient pas d�artillerie ! Je crois qu�ils en ont plus que nous. Les
mitrailleuses p�taradent.
Vers 3h tout
rentre dans le silence.
Violent
bombardement toute la journ�e.
Allons travailler
� la piste. Temps pluvieux.
Bombardement
intermittent.
Notre tente est
travers�e par un obus �clat d�obus. Personne de bless�. Un mulet a le
ventre ouvert.
Repos toute la
journ�e. Beau temps.
Les deux camarades
qui montaient la tente avec notre trio habituel retournent en France dans la
marine. Nous h�ritons de leurs toiles de tente. Nous voil� mont�s pour l�hiver.
J�oubliais :
depuis trois jours nous avons la soupe le soir � dix heures. La fum�e �tant vue
des autrichiens qui nous bombardent. C�est amusant.
La nourriture
devient d�ailleurs totalement insuffisante. Pas de l�gumes, du singe, et
1/3 de boule par homme pour toute la journ�e. Parfois, nous avons des biscuits.
Avec ce r�gime on peut engraisser.
D�cid�ment les
mauvaises nouvelles se suivent. J�apprends la mort de ce pauvre PLAZA (*), tu� � la derni�re attaque. Venir de si loin
pour se faire tuer.
Je re�ois une lettre de Sergines en date du 28 ao�t.
(*) : PLAZA Jean Jos�, 21 ans, du 176e r�giment d�infanterie est
mort � l�h�pital d�Holm�s (Serbie). Il �tait d�Oran en Alg�rie. Voir
sa fiche.
Journ�e calme sans
bombardement. Passent quelques bless�s et malades et pieds gel�s !
Nourriture de plus en plus rare.
R�veil a deux
heures du matin. Nous d�m�nageons. La soupe est pr�te � 2h matin on la mange de
suite.
Jusqu�au soir, 8
ou 9 heures avec cette soupe dans le ventre. C�est amusant. Les chemins sont
impossibles ; la colonne est continuellement coup�e. On peut � peine
s�arracher de la boue. Un homme reste derri�re.
Le capitaine lui
demande pourquoi. Le soldat est fatigu�. Il faut marcher ou
� crever � r�pond le capitaine, tu auras 8 jours de prisons. C�est
�c�urant. Le ventre vide il faut marcher tout de m�me. Les hommes ici sont
men�s comme des b�tes de somme.
Arrivons � la cote
1857. Jolie hauteur.
Neige sur les
montagnes environnantes.
Cassons quelques
piquets puis repos.
� 1h plions de
nouveau bagage.
Revenons en avant,
en lignes pour les organiser. Montons nos guitounes � flanc de montagne.
Le matin repos.
Une nouvelle. Les
Russes ne marchent pas trop ici. Ils restent en ligne, parce qu�ils sont�
forc�s. Pour la premi�re fois nous avons un journal, dat� du 3 octobre. Nous
nous pr�cipitons sur ces nouvelles, fraiches pour nous. Les Russes reculent en
France.
On parle de
trahisons. Un nomm� BOLO. (*)
Je suis tout
�tonn� d�apprendre que le minist�re est chang� ! Que nous vivons en sauvages !!
On parle de paix. Viendra t-elle cet hiver ?
Notre artillerie
divisionnaire est partie en Syrie. Il parait que notre division, la 156, la
plus vieille d�Orient, doit �tre relev�e et partir l�-bas. � ? de voyage.
Nourriture
toujours mauvaise et insuffisante.
Hier soir � � 9h
du soir � un morceau de viande immangeable et un quart de � jus �. Tous les
jours il manque quelque chose.
J�attends des colis avec impatience.
(*) : L�affaire BOLO Paul Marie a secou� la France de cette
ann�e 1917. Durant le premier conflit mondial, il convainc l'Allemagne de
corrompre la presse fran�aise pour y publier des articles pacifistes destin�s �
atteindre le moral des Fran�ais. Arr�t� en septembre 1917, apr�s avoir re�u sur
son compte 11 millions de marks en provenance de la Deutsche Bank, Bolo (dit
Pacha) est jug� par le conseil de guerre en f�vrier 1918 et condamn� � mort. Lire ici.
Allons creuser des
tranch�es. Il fait tr�s froid au matin. Sur le soir le temps se radoucit. Le
front est tr�s calme ces jours-ci. On n�entend ni coups de canon, ni coups de
fusil.
F�te de la
Toussaint. Quelques piquets et c�est tout. (*)
Il y a un an,
j��tais en permission. Que de diff�rence ! Dans un an, o� serais-je ?
Pluie intermittente. Le soir de 7 � 9, alerte. Les Autrichiens attaquent.
(*) : Ils plantent des piquets avec du fil de fer barbel�s.
Repos toute la
journ�e.
Travaux de
tranch�es. Notre guitoune br�le � moiti�. Tout va mal apr�s. On nous vole notre
viande, les haricots ne sont pas cuits etc.� le vin chaud est ex�crable.
Mon oreille
recoule.
Il me faut y aller
tous les jours � la visite. Mes deux camarades prennent la garde dans la nuit.
Je vais me faire
soigner.
Camouflage des
guitounes. Nous nous prot�geons contre la neige.
Les premi�res
lignes doivent �tre ramen�es en arri�re, � l�endroit o� sont les tranch�es, le
11, je crois. Les travaux sont donc press�s. Je ne fais rien.
Le major parle de
m��vacuer. Dr�le d�histoire, � laquelle j��tais loin de m�attendre.
Mon oreille va
mieux.
Les nouvelles
venant de France sont assez graves.� Il
circule des bruits extraordinaires. On parle de trahisons. BOLO, FUNNEL, MALVY,
Charles HUMBERT seraient emprisonn�es. Quel grabuge �a doit faire en France. (*)
Il paraitrait
aussi que les Italiens se sont rendus et qu�ils ont laiss� 80 000 hommes aux
mains des Autrichiens. (**)
Tout ce chambard
sent la fin.
Ce que je rage d��tre
enterr� ici et de ne saisir aucune nouvelle. Il est vrai que sur le front
fran�ais on les sait de trop pr�s.
Depuis 15 jours, nous avons comme l�gumes, lorsqu�il y en a, des haricots pas cuits. Je commence � en avoir plein le dos des � fayots �.
(*) : Affaire politico-financi�re-espionnage. Voir ici.
(**) : La bataille de Caporetto (octobre-novembre 1917) a �t�
perdu par l�Italie face aux Austro-Hongrois-Allemands. Bilan pour l�Italie
30.000 morts et bless�s et 260.000 prisonniers. On est loin des renseignements
de Roger MARCOUIRE ! Cette bataille a entrain� l�envoi massif de troupes
fran�aises sur le front italien.
Hier nous avons
re�u chacun un colis. Ces envois nous mettent le c�ur de l�estomac en joie.
L�ordinaire est vari�.
Nous nous couchons
de bonne humeur. Pas de bougie un rem�de : un bocal tremp� dans de la graisse
d�arme procure une lumi�re assez fumeuse et sans trop mauvais go�t. Je ne serai
plus embarrass� dans le civil ! Rien autre de nouveau aujourd�hui.
Pluie
torrentielle. Toute la nuit. Il fait humide.
Nous devons
quitter le bivouac dans la nuit du 12 au 13, parait-il. Nous ne savons pour o�
aller. Certains disent que nous allons en arri�re, d�autres que nous allons
occuper les tranch�es faites en arri�re de�
nous�
Les lettres et
colis arrivent r�guli�rement ces jours-ci.
Pas de changement.
Toujours de la pluie.
S�rieux coup de
main de main pour les boites de conserves.
Depuis quelques
jours, je ne vais plus travailler. Je suis sens� me faire donner des soins pour
mon oreille. Tant que �a durera.
J�ai oubli� de
mettre les noms des deux camarades qui forment notre trio depuis quelques
temps. Ce sont GUEYLARD de Bordeaux et MOREAU des environs de Ruffec. Mon
sergent travaille � la bijouterie AGNEAUX au 78.
D�part le soir �
minuit au milieu d�une pluie battante.
Je crois que je me souviendrai toute la vie de cette marche � travers
la pluie. Les pistes n��tant plus�
praticables il nous a fallu passer � c�t�. Impossible de voir l�homme
qui se trouve devant soi. Nous ne faisons tous que tomber dans l�eau et la boue
qui nous vient jusqu�aux genoux.
Ce ne sont plus des hommes qui arrivent du c�t� de la 1704 � 8h du matin.
Ce sont des masses de boue qui peuvent � peine se trainer.
La pluie tombe � torrent jusqu�� 11h. Nous grelottons de froid. Le bois
est mouill�, impossible de faire du feu.
La soupe arrive � 5h. Le bouillon nous r�chauffe.
Vers le soir la pluie cesse. Nous faisons un bon feu devant la guitoune
et un coup de main sur les conserves.
Nuit tranquille.
Matin�e
tranquille.
D�montage des guitounes � 11h. D�part � 12h. Temps meilleur.
Arriv�e en ligne �
4h
Nous relevons le
175. Le piton o� se trouvent les tranch�es s�appelle � Piton
chevelu �. Notre section est en r�serve. Le bombardement est violent toute
la journ�e, il ne cesse que vers le soir, au moment o� la pluie recommence.
La soupe arrive � 9h.
Il faut faire 6km pour la chercher.
Mon copain MOREAU
qui a �t� la cherch�, s�est perdu dans la montagne et revient de fort mauvaise
humeur.
Je re�ois un colis
contenant du chocolat, un peigne, des �pingles et un journal en date du� 7
d�cembre 1914.
Moi qui voulais
des nouvelles fraiches, je suis servi ! J�oubliais nouveau coup de main sur les
conserves et le chocolat. Le pain manque un peu.
Nuit calme.
Vue sur le piton Chevelu de nos
jours
Pluie toute la
matin�e.
Nous avons un mal
de chien pour allumer du feu. Nous arrivons au moyen de la graisse d�arme de
deux bouts de bois qui tenaient� mon
peigne et d�une boite en fer. Tant�t calme. Bon feu
Am�nagement de la
guitoune.
Bombardement 4
coups de 65.
Journ�e de
brouillard et tr�s calme. Pas un coup de canon.
Les artilleurs se
rattrapent. Ils nous marmitent toute la journ�e. La canonnade et la� fusillade ne discontinuent pas� jusqu�au soir. Les fran�ais tirent avec des
120 sur Okrida.
Il ne va plus rien
rester de la ville.
Journ�e un peu
plus calme. Un peu de brouillard. Quelques fusillades et c�est tout.
Toujours assez
calme. Il fait aujourd�hui tr�s froid.
Toujours froid et
calme.
Temps splendide,
le vent est froid mais il fait un beau soleil. Les boches devaient attaquer
hier, nous avons �t� alert�s toute la nuit et toute la journ�e, tout �tait pr�t
pour les recevoir et�ils n�ont pas tir� un coup de canon. Je crois que si nous
ne les emb�tions pas, ces gens-l� ne diraient jamais rien.
J�ai re�u trois
lettres successives de C�line, dans lesquelles, elle me met des coupures de
journaux.
Forte offensive en
France, parait-il.
Le m�me bruit
court toujours que nous devons �tre relev�s. Finira t-il par se r�aliser ?
Toujours calme.
Les Fran�ais ainsi
que les Autrichiens font beaucoup sauter de mines, pour faire des tranch�es et
des routes.
Prenons les
tranch�es.
Un avion
autrichien fait du rep�rage pendant une demi-heure. Journ�e calme.
Avons pris la
garde cette nuit avec MOREAU. 4h c�est diablement long. Il fait assez froid.
Nous la prenons dans un trou en avant des tranch�es, contre les barbel�s. Nuit
calme. Le secteur n�est pas si bon qu�au Sherlock.
Il faut mettre une
heure pour aller � la soupe. 4h de garde de nuit et 2 de jour.
Il faut travailler
par-dessus le march� et aller faire des patrouilles. Nous en avons fait une la
nuit derni�re, mais il nous a �t��
impossible de trouver la � Chicane � et ma foi, nous sommes revenus,
sans aller plus loin. Nous avons pris la garde en revenant. Nous nous sommes
serr�s dans notre trou, la couverture sur la t�te.
De temps un temps,
un petit tressaillement, ce ne sont pas les Autrichiens qui nous d�rangent,
mais les � totos �. Sales b�tes !!! Il y en a d�ailleurs pas mal dans notre
gourbi. Il faut �tre esquint� pour y dormir.
D�s qu�on y fait
du feu, le gourbi s�emplit de fum�e, c�est irrespirable, nous sommes des rats,
enfum�s dans le sol.
Journ�e calme.
Patrouille la nuit
de 2h � 4h.
Toujours calme.
Garde et
patrouille.
Vive fusillade
toute la Journ�e. Moreau part aux mitrailleurs. Je reste seul. Hommes relev�s
le soir � 10h. Pendant ces quatre jours de ligne nous avons entendu 3 coups de
canon.
Marche tr�s dure.
Arrivons dans un
petit pays � 6km au nord de Pogradec.
Totalement
esquint�. Le capitaine compl�tement ivre, nous fait faire du maniement d�arme.
Arriv�e � Podgori.
Logeons toujours
dans habitations. L�int�rieur des Albanais est pauvre. Pas de meubles. Hommes
et femmes dorment et mangent dans la m�me pi�ce. Je go�te leur pain. Il est
fait avec du ma�s. Pas mauvais go�t, mais tr�s serr� et indigeste.
Repartons au matin
de� Podgori.
Grand�halte � Sousda (Zvezda).
Le lac Malik a d�bord� et est au bord de la route.
Arrivons vers 4H �
Cangoni (Tsangoni).
Couchons sous les guitounes sous pr�texte qu�il y a la peste au village.
Repartons au
matin.
Arrivons �
Biklista (Biklichta), village assez important o� l�on trouve quelques boutiques
et quelques articles vari�s. Le pain naturellement est introuvable.
Logeons dans les
guitounes.
Repos.
Attendons le reste
du r�giment. Dans la nuit : alerte. Sacs mont�s pr�ts � revenir en lignes.
Ce n�est heureusement qu�une
fausse alerte.
Restons encore � Biklista.
Tous les mouvements de troupe
sont arr�t�s. J�ignore la raison.
Partons le soir et allons
loger dans Biklista m�me.
Ma demi-section est toute
enti�re dans une maison. Ne sommes pas mal. J�apprends pourquoi nous restons
ici.
Les Russes ont sign� un
armistice avec les Allemands et ne combattent plus. Restons derri�re les lignes
au cas o� ils ficheraient le camp.
Ils ont fraternis� avec les
Autrichiens dans la nuit du vendredi au samedi, ce qui a caus� l�alerte dont
j�ai parl� !
Retourne voir le major pour
mon oreille. Nourriture sensiblement meilleure.
Rien de nouveau.
Toujours rien de nouveau.
Repos. Rien � faire. Les
Russes ont sign� un armistice et sont relev�s.
Je fais le bucheron ces
jours-ci. Nous partons avec des camarades et de petits chevaux albanais dans la
montagne et nous abattons des arbres pour nous chauffer.
Toujours au repos
� Biklista.
Nous devons aller � Doiran par crainte d�une attaque, � la suite du l�chage de
la Russie. Il n�y a plus rien � craindre parait-il. Nous restons ici, je ne
sais jusqu�� quand. Le courrier va tr�s mal. Il neige fort ces temps-ci. Les
camions tombent dans les ravins.� Je n�ai
pas re�u de nouvelles de la maison depuis que je suis � Biklista (Biklichta).
La nourriture qui s��tait
am�lior�e est redevenue subitement tr�s mauvaise. Il faut serrer la ceinture.
Enfin esp�rons qu�avec le
minist�re CLEMENCEAU la guerre va se terminer. Il parait que nous devons �tre
rentres chez nous pour le mois d�octobre 1918.
Nous avons le temps
d�attendre.
Repos.
Pendant la journ�e du 19, nous avons fait rester la femme de notre logeur pendant 4 heures dans les W-C. Le bonhomme ne voulait pas que nous voyions son �pouse. Il a des m�urs toutes musulmanes.
D�part inattendu. Les Russes
ont sign� la paix. Il faut aller les relever � Lescoveck.
Arrivons le soir � Swesda (Zvezda). Logeons sous les
guitounes. Il neige toute la journ�e.
D�part. Beau temps.
Arrivons sur les bords du lac
Prespa. Logeons dans les maisons de Gloubec (Glombotch).
Arrivons en lignes apr�s 3
jours de marche tr�s durs.
Couchons sous les guitounes
dans la neige. Il fait un froid du diable.
Partons le soir.
Arrivons � 2h du matin en
lignes.
Il y a un travail formidable
de fait. Tout un r�seau de tranch�es creus�es en plein roc. Il y a des
escaliers pour y monter car elles sont sur une pente rapide.
Restons toute la nuit dans la tranch�e.
(*) : Il se
trouve dans la r�gion de Lescoveck (L�shov�ts).
Positions
fran�aises (en rouge) et russes (en marron) juste avant le d�part des Russes en
janvier 1918.
Roger
MARCOUIRE se trouvait donc dans la r�gion de Lescoveck (L�shov�ts)
entre les lacs d�Okrida et de Prespa.
Journ�e tr�s calme.
Les boches nous dominent et
plongent dans nos tranch�es. C�est �tonnant qu�ils ne nous bombardent pas.
Violent bombardement. Les
boches ont un crapouillot qui nous a rep�r�.
Qu�est-ce que nous
prenons ! Un 105 tombe entre mon abri et celui du fusil-mitrailleur. Nous
sommes trois l�-dedans renvers�s les uns sur les autres. Le gourbi est d�moli.
C�est irrespirable. Je me sauve dans l�abri�
de bombardement.
Sur le soir, je suis appel�
par le lieutenant comme agent de liaison. Bon gourbi pr�s de lui. Les boches
peuvent bombarder.
4h du matin.
R�veil en fanfare.
Crapouillotage. Les Allemands tentent un coup de mains. Je suis oblig� de
chercher le lieutenant sous les obus. Qu�est ce qui tombe ! Les FM ne
marchent pas. J�essaie d�entrer en liaison avec la 2i�me section. Un poilu
bless�, il a l��il enlev�, se fiche dans moi et me dit
que les Allemands sont dans le boyau.
J�avance : personne. Ni
Fran�ais ni Allemands.
J�arrive � la 2nde section.
Une torpille �clate au-dessus de ma t�te. Je suis jet� � terre. Une pierre me
coupe un peu l�oreille, la 2i�me n�a plus de grenades. Je reviens le dire au
lieutenant.
Enfin vers 7h tout cesse.
Mon escouade est d�membr�e. Trois bless�s assez gri�vement. Un disparu. (*)
Les Allemands ont laiss� un des leurs aux fils de fer. Ils n�ont pas pu l�emporter.
(*) : Le coup de main allemand fait 1 tu�, 10 bless�s et 12
disparus. Les faits et les causes de l�action allemande sont relat�s dans le
JMO de la 156e division d�infanterie. Voir
ici.
Le tu� est �MIE Andr� Joseph (sa fiche). 2 bless�s
mourront ensuite : CHAMIGON
Charles et SAGETTE
Ferdinand.
Journ�e calme. L�ger bombardement.
Le soir l��quipement du
disparu est retrouv�. Les Allemands ont laiss� une centaine de grenades, des
b�rets, un revolver. Ils ont d� se retirer pr�cipitamment.
Nuit et journ�e calmes.
Il pleut.
Journ�e calme.
Alerte dans la nuit. Les
Allemands coupent les fils de fer. Tir de grenades et de FM. La nourriture est
insuffisante. Le ravitaillement n�arrive pas. Pour la 1i�re fois depuis
Biklista, je re�ois du courrier. Les lettres se perdent beaucoup.
Tr�s froid. Impossible de se
r�chauffer les pieds.
Nuit calme.
Pas d�rang�. Encore le m�me
bruit dans la nuit. C�est la gel�e. Les fils de fer sont bien coup�s mais par
nos grenades.
Depuis 4 jours je suis
mouill�. J�ai r�ussi juste � me s�cher aujourd�hui. J�ai enlev� mon chandail et
comme je n�en ai pas de rechange, je suis rest� sans chemise ni chandail.
Vivement que la guerre finisse.
Je n�aurais jamais cru mener
une pareille existence. Les pieds et le corps dans l�eau, plein de totos, rien
� se mettre sous la dent et � peine de courrier.
Journ�e calme.
Beau temps. Froid. Re�u
lettre de Suzanne. J�ai le cafard !!
Re�u colis de grand-m�re.
Pluie. La boue va
recommencer. Un Allemand s�est rendu la nuit derni�re. Bombardement.
Nouveau coup de main allemand
dans la nuit � 4h du matin. D�cidemment, ils veulent � toute force nous emmener
� Berlin.
�a n�a rien � faire. Ils sont
encore rest�s au fil de fer. Ils en ont coup� quelques m�tres. Mais j�ai eu un
moment de trac. La mitrailleuse ne marche pas. Plus de grenades. Le lieutenant
reste seul avec un poilu et moi. Il m�envoie en vitesse cherch� des grenades au
PC du capitaine et tire des coups de fusil en hurlant comme un beau diable.
Arriv� au capitaine, on me
dit de ne pas trop tirer l�-haut. Qu�il ne faut pas se presser ni s�affoler. Il
n�y a plus de grenades. Ah ! Ils sont charmants ! Sentir les
Allemands sur les fils de fer, pas de quoi les recevoir et pas s�affoler !
Je remonte avec une caisse
de VB (*).
Autre histoire :
Tout le monde me fuit comme
un pestif�r�. Ils ont peur qu�un obus tombe sur la caisse et qu�elle n��clate.
Je reste seul � m��vertuer � l�ouvrir, me fourrant le plus possible dans le
pare-�clat. Enfin un sergent vient m�aider et les VB partent.
Tout rentre dans le silence.
� 5h1/2, nouvelle alerte.
Sans importance.
Journ�e froide et pluvieuse.
Calme.
Tous mes anciens copains sont �vacu�s. Je reste seul. Mon tour va-t-il venir ?
(*) : Le syst�me VB (Viven Bessi�re) est un syst�me de lancement
de grenade par fusil. Voir ici.
Nuit et journ�e calme. Suis
toujours agent de liaison.
2i�me demande d�aspirant appuy�e par mon lieutenant. R�ussira-t-elle ? Pour le 11 f�vrier pas longtemps � attendre.
Nuit et journ�es calmes.
Les Allemands sont venus essayer
de couper les fils de fer. On leur a flanqu� une charge sur la figure et ils
sont partis.
J�ai fait avec mon lieutenant
les plans des tranch�es et leur relev� exact. Le lieutenant est charmant pour
moi. C�est un v�ritable camarade. Il sait que je suis �tudiant et nous sommes
une paire d�amis. Je voudrais bien rester agent de liaison tant que nous serons
en lignes.
Temps magnifique. Nourriture
meilleure. Je mange mieux qu�� la section.
Journ�e calme.
Bombardement assez violent
sur le soir. Ce matin en montant sur la tranch�e pour aller satisfaire un
besoin pressant les bulgares m�ont tir� dessus. �tonnant de leur part.
Changeons de secteur.
Appuyons un peu plus � droite.
Je retourne � ma section. Ce
qui ne me plait gu�re. Il faut reprendre la garde.
Alerte dans la nuit. 6H30. Je
tire quelques coups de fusil, je ne sais trop sur quoi.
Journ�e calme.
Journ�e calme.
Temps magnifique.
Toujours calme.
Brouillard. Je me prom�ne sur
les parapets. Je trouve quelques grenades.
Bombardement assez violent
dans l�apr�s-midi.
Calme.
L�ger bombardement.� Temps toujours tr�s beau.
Journ�e et nuit calmes.
Violent bombardement.
Journ�e calme. Temps beau
mais un peu froid.
Le secteur de la section est
rallong�. Je m�attends tous les jours � nous voir faire prisonniers. Nous ne
sommes pas le 1/4 du monde n�cessaire. Si les Allemands tentent un coup de main
un peu important, nous sommes flamb�s. Ma foi, j�irai faire un petit tour �
Berlin.
La nourriture est bonne mais
insuffisante. Courrier n�arrive pas.
Je crois que ma demande
d�aspirant est dans le lac. Il y a d�j��
10 jours. C�est un peu tard. Tant pis.
Rien � signaler.
Je pars comme observateur
d�artillerie. Arriv� au colonel, on m�apprend que ma demande a r�ussi.
Je pars en France comme aspirant.
J�arrive � la maison fronti�re. (*)
(*) : Maison fronti�re entre la Serbie et l�Albanie.
En arabas (*), � pied puis en auto jusqu�� Smrd�s.
(*) : Un araba est un v�hicule hippomobile sans caract�ristiques
particuli�res, tract� par des chevaux ou des b�ufs, utilis� dans les pays du
Moyen-Orient. Il est g�n�ralement lourd et sans ressorts, et souvent couvert.
G�novah (J�lova), Florina,
Salonique.
Nous sommes deux du 176.
D�part � Salonique.
Petite bombe avec les E
A de L�A F O. (*)
Presque tous sergents ou caporaux-fourriers. Beaucoup de changement comme intellectualit� avec le 176.
(*) : �l�ves-Aspirants de l�Arm�e Fran�aise d�Orient.
D�part de Salonique. Serr�s
comme des sardines.
Soupe � Larissa.
Arriv�s � Bralo.
D�part le soir m�me en
camions. La route est meilleure qu�au d�part. Le moral est meilleur
aussi ! Couchons sous les marabouts.
Avons pass� pr�s du temple de
Delphes.
S�jour � It�a.
Embarquons sur le
� Guichen �, croiseur dans le genre du � Jules Ferry �. Le
convoi comprend aussi le � Team Gat �, bateau
marchand.
Arrivons la nuit � Corfou o�
nous faisons escale � cause des sous-marins.
Avons vu � It�a la tombe du
lieutenant, commandant l�UC38, qui a coul� le Ch�teau-Renault. Il s�appelle
Bock. (*)
Sous-marins.
(*) : Le 14 d�cembre 1917, en mer Ionienne, le
� Ch�teau-Renault � re�oit deux torpilles lanc�es par le sous-marin
allemand UC 38. Les marins avaient tous �t� �vacu�s avant le naufrage.
Journ�e pass�e � bord du
� Guichen � en vue de Corfou.
D�part le soir. Nous devions
�tre � St Cyr. L�ger retard.
Travers�e bonne. Temps admirable.
Pas de sous-marin.
Je repars � 5h.
Journ�e pass�e en chemin de
fer.
Bari, Foggia, le V�suve.
Civitavecchia, Rome et
Livourne le lendemain � 4h du matin.
D�part de Livourne � 11h
Arriv�s au jour avant San
R�mo, Vintimille. Bonjour aux annamites qui gardent la fronti�re.
Arriv�s � Marseille � 6h
matin. Amerikan Park jusqu�� 9h. Fort St Jean.
Prends le train � 12h50.
Express, �a me change.
D�raillement avant Tonnerre (Yonne). Changeons de train.
Arriv�e � Paris � 1h de
l�apr�s-midi. Apprends les d�g�ts commis par le � Gothas �. (*)
(*) : Ce sont des avions allemands qui survole et bombardent
Paris pour terroriser la capitale.
Repars pour St Cyr.
Arriv�e � 2h apr�s-midi.
Exercice continu mais pas dur. Travail int�ressant. Nourriture bonne. Attends
dimanche avec impatience.
Visite des Gothas sur Paris. Alerte dans la nuit du 8 au 9, 13 morts et une cinquantaine de bless�s.
Pas encore d�offensive au
front fran�ais. La guerre avec le minist�re Cl�menceau est men�e
vigoureusement. Des restrictions en quantit�. Pain rare. Plus de g�teaux ni
bonbons ni cr�mes.
D�fection compl�te des Russes. Intervention probable du Japon. Roumanie �cras�e. On commence � voir un certain nombre de soldats am�ricains. Paris toujours tr�s anim� malgr� les Gothas.
Nouvelle visite des Gothas
dans la nuit du 11 au 12. J�ignore encore le nombre de victimes. 14 escadrilles
ce qui fait 60 gothas. 60 morts et quelques morts. 170 bless�s.
L�usine d�explosifs de la
Courneuve saute. (*)
(*) : L�usine de grenade a explos�e le 15 mars 1918.
Visite des gothas en plein
jour ce matin.
Alerte de 8h � 12h.
(*) : Une alerte a bien �t� d�clench�e
� Paris vers 8h30 (les gothas allaient bombarder Compi�gne) mais le soir et non
le jour : je n�ai pas retrouv� de raid gothas de jour sur Paris (voir Paris
bombard� par zeppelins, gothas & berthas / Maurice Thi�ry
| Gallica (bnf.fr). Ce n�est pas le 22 avril car
pas de raid retrouv� ce jour et la � Bertha � �tait alors rest�e silencieuse
(livre p197).
D�part � Poitiers.
Je vais faire un stage de
chef de section de mitrailleuse pour un mois. Tr�s bien log� et pas mal nourri.
Libert� compl�te. La ville elle-m�me est jolie mais � province �. Les environs
sont charmants. Les � Pictaviennes � sont charmantes mais ont peur des cancans.
Un canon � longue port�e a
bombard� Paris pendant quelque temps mais est d�truit. Les gothas viennent de
temps � autre. Nous avons �t� faire des man�uvres � Cernay. Coin charmant. Nous
nous sommes pas mal amus�s.
L�existence est plus gaie comme E.O. (�l�ve-aspirant) qu�en Albanie.
Pas d��crit entre ces 2 dates. Roger
MARCOUIRE devient caporal le 2 juin, puis sergent le 2 juillet.
Toujours � St Cyr.
Le cours se termine dans 13
jours. Je ne sais pas encore si je serai nomm� aspirant.
Trois grosses offensives boches qui avancent jusqu�� la Marne. Contre-offensive victorieuse de Foch qui les repousse vers le Nord. Canon et gothas bombardent toujours Paris de temps � autre.
Suis nomm� aspirant.
Pars en permission d�un mois.
Vais tous les dimanches � Paris, reste la semaine � Sergine. Deux bombardements
pendant ma permission. Offensive boche arr�t�e.
Il repart en Orient.
Repris Agde � la fin de ma
permission. Sale patelin, je m�ennuie pendant 15 jours en compagnie de DEMONT.
D�part d�Agde avec un sergent
armurier MARTINET. Arr�t � S�te, Tarascon, 3 jours � Marseille.
J�arrive � Puget � sec. 4
jours � Puget.
D�part du camp avec un convoi
et 18 aspirants. Passage de la fronti�re le 20 septembre. Comme �a m�ennuie pas
mal de suivre le train, je passe 2 heures � Cannes en compagnie d�un copain
(aspirant GUILLEMAIN) et�nous ratons le train. Tr�s chic voyage.
Arr�t � Vintimille.
Tr�s bon restaurant. Bon
repas. Jolies servantes, nuit encore meilleure.
D�part � 6 heures dans rapide
G�nes. Journ�e pass�e � G�nes. Jolie ville, beau port. Reprenons le train.
Arrivons � Livourne. Le convoi a quitt� cette ville la veille. Arriv�e �
Naples. Quelques quartiers sont beaux. Presque toute la ville est pauvre et
p�le.
Je me suis arr�t� �galement
quelques heures � Rome. Malheureusement, je n�ai pas eu le temps de visiter la
ville. Arriv�e � Tarente. Personne ne s�est aper�u de notre absence.
Nous embarquons le lendemain.
Sur � l�Amazone �,
tr�s joli paquebot.
2 jours de travers�e. Beau
temps. Nouba pendant tout le parcours.
Restons 2 jours � It�a.
Prenons une barque, allons dans un petit patelin � c�t� pour y trouver une
bo�te o� l�on s�amuse. Malheureusement, les renseignements �taient faux et
c��tait un marchand de dentelles.
D�part d�It�a. Camions jusqu�� Bralo.
Jusqu�� Plati. De l�
direction Vodena. Reste un mois �
Vodena.
(*) : Les villes soulign�es sont visibles sur cette carte.
Suis nomm� adjudant de bataillon
au bout de deux jours. Tr�s bonne popotte. Ville peu int�ressante.
Au bout de quelques temps,
les noubas succ�dent aux noubas.
Suis affect� au 175 le 10
novembre. (*)
(*) : Selon sa fiche matriculaire, Roger MARCOUIRE est pass� au
175e r�giment d�infanterie le 24 octobre 1918.
Pars pour Monastir. Je
dois rejoindre le r�giment qui est � Prilep.
Mais c�est trop loin. Je
l�attends � Monastir. Deux ou trois bombes pendant ces quelques jours font
passer le temps.
Le r�giment arrive � Monastir
le 12. Suis affect� � la 11e Cie.
Quittons la ville le 18.
Prenons le train jusqu�� Verria.
Voyage pas tr�s charmant. Tous les hommes sont saouls. Mon commandant de
compagnie est parfaitement abruti. Faisons 15 km en pleine montagne. Je suis de
garde de police.
Le capitaine fiche le camp et
me dit de le rejoindre sans me donner d�indications.
� 9h du soir suis perdu en
pleine montagne. Me dirige vers une lumi�re. Trouve un gardien de moutons qui
me conduit vers Dolgeani (*) � Mes hommes n�en peuvent plus.
(*) : Pour info, Dolgeani est un peu �
l�ouest de Verria.
Restons 15 jours � Dolgeani. M�y ennuie copieusement.
Le bataillon est dissout.
Suis affect� � la 5�me, meilleure compagnie.
Restons 20 jours � Verria.
Partons pour Salonique et
embarquons sur le � Dobroudja � le 20. Un inf�me cargo.
Ai le mal de mer en passant
au large de Lemnos � Les vagues passent par-dessus le pont. Travers�e
des Dardanelles tr�s calme. Arr�t d�une journ�e devant Constantinople.
Visite la ville � tr�s jolie
mais sale. Je me perds dans la ville en compagnie de quelques camarades et nous
avons juste le temps le lendemain matin de sauter dans une barque de p�cheurs
pour rejoindre le bateau.
Pass� en mer. C�est le plus
mauvais que j�ai pass� jusqu�� pr�sent. Mer un peu agit�e.
Arriv�e � S�bastopol le 27.
Sommes log�s aux casernes de
la Marine. Jolie ville. Femmes charmantes. Jamais vu une ville aussi d�prav�e.
Sommes log�s en ville le 6.
H�tel Roerberg, en plein centre.
Existence �patante. Le change
est � 170 ce qui fait pas mal d�argent.
La vie est ch�re par exemple.
Surtout les v�tements. 1500 roubles un costume, 300 roubles une paire de
chaussures.
Faisons une bringue effr�n�e.
Puis arr�t pendant quelque temps. Prend la garde � l�h�tel Rist. Tr�s jolies
femmes. Ne couche jamais tout seul.
Sale histoire.
Apr�s une soir�e rentre dans
la chambre d�une copine, avec un camarade et une autre femme. Celles-ci un peu
ivres touchent � mon browning et tirent un coup de revolver.
Branle-bas dans la maison.
Nous sortons un voisin qui �tait venu voir. R�sultat la bonne femme est fichue � la porte.
Passe � la C.H.R. au S.R. du
r�giment.
Loge au Grand-H�tel � Suis
g�rant du foyer du soldat.
Existence calme. Nous nous
endormons dans les d�lices de Capoue. Pendant ce temps les bolcheviks avancent.
(*) : CHR = Compagnie hors rang. SR = section de renseignements.
Passe au S.R. de la brigade �
Service int�ressant. Perquisitions � trouvons deux d�pots
de munitions. Me voici devenu d�tective amateur � Prends les passeports.
Alerte.
Les bolcheviks sont devant
S�bastopol. Toutes les troupes remontent aux casernes. Une Cie et le S.R.
restent dans la ville � l�h�tel Roergberg.
Les bolcheviks prennent le
mamelon vert.
Nous leur reprenons.
La marine ex�cute un tir de
barrage sur les lignes ennemies. Les bolcheviks ont 300 tu�s ou bless�s.
Vais faire le soir une
perquisition. Je rencontre un lieutenant qui avait un poste pas loin.
Il vient avec moi. Nous
trouvons une chique maison, de jolies femmes, pas d�armes. Ces dames nous
offrent le th� et la nuit se finit fort agr�ablement.
(*) : La marine fran�aise d�fendait S�bastopol contre les
bolcheviks (les rouges) qui attaquaient les � Blancs �
R�volte de la marine.
Les marins du
� Vergniaud �, de la � France � du � Jean-Bart �
et de la � Justice �, parcourent les rues de S�bastopol en chantant
l�internationale et arborent le drapeau rouge
sur les navires. Un comit� des marins s�installe � bord des navires.
Le mouvement ne durent heureusement que trois jours et tous rentre dans l�ordre. (*)
(*) : La mutinerie des marins fran�ais est peu connue. Pourtant
elle a pr�cipit� le d�part des troupes fran�aises de Russie.
Le 19 avril 1919, les marins du b�timent de guerre � France �, ancr� pr�s du port de
S�bastopol en Mer Noire, se sont r�volt�s contre des ordres de d�placer 700
tonnes de charbon durant le week-end de P�ques.
Le commandement fran�ais avait envoy� sur la c�te de la Crim�e
une flotte dont les milliers de soldats et d'hommes d'�quipage �taient �puis�s
par la guerre, certains �taient en service depuis 1915. L'objectif �tait
d'apporter une aide mat�rielle et militaire aux arm�es blanches sous le
commandement du g�n�ral Anton Denikine qui se battaient contre les
bolcheviques. Cela a provoqu� un �norme m�contentement parmi les conscrits
fran�ais, de janvier � avril, plusieurs unit�s fran�aises stationn�es dans le
sud de l'Ukraine ont refus�es de combattre, et les blancs ont d� �vacuer
Odessa.
Quand les marins du France
ont re�u l'ordre de charger du charbon � la pelle, la discipline militaire
�tait tr�s mauvaise dans toute la flotte. Quand les
drapeaux ont �t� hiss�s le matin du 19 avril, une partie de l'�quipage a refus�
de saluer. Puis des centaines de plus se sont rassembl�s sur le pont dans la
matin�e pour demander un jour de cong�, et ils ont commenc�s � chanter l'hymne
sociale, l'Internationale.
Bient�t les marins d'un autre navire de la flotte stationn� �
proximit�, le � Jean-Bart �,
se sont joints au chant.
Quand les officiers sont arriv�s sur le pont, et ont demand�s
aux marins de se disperser, ils ont �t� accueillis par des moqueries et des
menaces. Un officier a promis de transmettre les demandes des marins au
capitaine. D'apr�s Andr� Marty, l'un des meneurs du mouvement en Mer Noire, les
marins ont alors demand� � Qu'est-ce
qu'on fait en Russie ? On ne veut pas se battre contre les ouvriers qui sont nos
fr�res, on veut partir �, les marins du France ont envoy� une
d�l�gation au Jean-Bart et ont
demand� quelles �taient leurs demandes. Leur r�ponse fut � rentrer � Toulon ! Plus de guerre avec la Russie ! �
Malgr� un sermon de l'amiral de la flotte sur les m�faits du
bolchevisme, les marins des deux navires ont d�barqu�s le lendemain, et ont
rejoint une manifestation des ouvriers de S�bastopol contre la guerre. Des
marins d'autres navires les ont rejoint �galement mais
des soldats fran�ais et grecs stationn�s � proximit� ont ouvert le feu contre
la manifestation, tuant et blessant des dizaines de personnes.
La flotte fran�aise a �clat� de col�re et des mutineries ont
commenc� sur d'autres navires durant tout le mois qui a suivi. La pr�sence
fran�aise en Mer Noire est devenue impossible � maintenir pour l'arm�e et la
flotte a d� rentrer en France en mai.
Le m�contentement des mutins trouvait sa source dans les rations
r�duites, la d�livrance hasardeuse des courriers, le manque d'autorisations de
descendre � terre, et la brutalit� de la discipline impos�e par les officiers.
Mais c'�tait en particulier l'engagement d'une nouvelle guerre qui les a
radicalis�s. La propagande bolchevique a jou� un r�le crucial dans la
mutinerie. Les bolcheviques ont �dit� un journal en fran�ais intitul� Le
Communiste qui reprenait les demandes des marins et les informait sur
l'objectif des bolcheviques d'une r�volution mondiale.
(Article paru en anglais le 16 avril 2019).
Armistice conclu avec les
bolcheviks pour 8 jours.
Un gouvernement des soviets
s�installe dans la ville � Le drapeau rouge flotte sur l�ancien h�tel Ranine.
Continuons � donner des passeports. Un d�l�gu� des Soviets vient me
demander de ne pas en donner. Je le
menace de le faire mettre en prison.
Fait connaissance Madame
KALEDINE. C�est le chef du parti bolchevik de la r�gion. Tr�s jolie femme.
Perquisitionne dans 20 maisons
de la Rarabelnaya. Faubourgs de S�bastopol.
Trouve un peu de tout. Des
fusils fran�ais, russes ou japonais, des bandes de mitrailleuses, des bombes et
une maison o� nous trouvons --- une quinzaine de femmes nues qui nous invitent
� entrer.
Malheureusement elles sont
d�une salet� repoussante.
Perquisition dans l�imprimerie du Volnei Youg. Trouvons des tracts pr�ts � �tre distribu�s
aux matelots. Emboitons l�imprimeur, sabotons les machines, puis nous mettons
tous les casiers au milieu de
l�imprimerie.
Repartis en auto avec une
interpr�te � l�imprimerie pour y mettre les scell�s.
Je suis remarqu� et le
lendemain, ces messieurs du C. des S. (*) m�envoient une lettre de menaces.
Ils ont de la veine qu�on n�y
soit pas rest� plus longtemps. Je leur en aurais foutu des menaces.
(*) : Comit� des Soviets
Rien de marquant.
Distribue les derniers
passeports et derni�re vengeance, me paie la femme du maire pendant ces trois
nuits.
Les troupes alli�es quittent
S�bastopol. Tout se passe tr�s bien.
J�embarque sur le � Rodosto
�. Je n�ai jamais vu un si grand nombre de navires. 6 gros fran�ais � 2
cuirass�s et 2 destroyers anglais, un cuirass� am�ricain et 1 grec, 1 cuirass�
russe men� par les Anglais. Une quinzaine de torpilleurs ou contre-torpilleurs,
cinq sous-marins, 14 transports de troupes et 2 navires h�pitaux fran�ais et un
russe.
J�ai oubli� de dire dans la nuit du 16, les Bolcheviks avaient plac� 5 bombes sur le navire h�pital. Il y eut une vingtaine de morts et 80 ou 100 bless�s.
Du � Rodosto
�, nous voyons les Bolcheviks p�n�trer dans la ville. J�ai mal au c�ur d��tre
oblig� d�abandonner la ville � ces gens-l�. Enfin, il para�t d�apr�s les
derniers tuyaux que ce ne sont plus les pillards du d�but. Peut-�tre vont-ils
finir par donner � la Russie un gouvernement stable.
Les troupes �vacuant S�bastopol �taient les suivantes : 1 r�giment fran�ais, 2 bataillons indig�nes, deux r�giments grecs et un bataillon tch�coslovaque. Comme artillerie un r�giment fran�ais.
Une partie des cuirass�s
reste encore quelques jours pour finir la r�paration du � Mirabeau �.
Le change �tait mont� � 1000 � la fin de l�occupation.
Deux jours de travers�e, mer
calme. Nous d�barquons � Constantza, ville peu int�ressante. La monnaie
change.
Apr�s les roubles, ce sont
les leis.
Carte de
situation des villes cit�es
R�embarquons le 3 mai sur le � Sadko �. Nous remontons les rives fleuries
du Danube. Elles sont bien laides. Peut-�tre est-il plus beau du c�t� de Vienne
? 24 heures de voyage. Arrivons � Galatz. 2 jours encore pass�s.
Ville gu�re plus int�ressante
que Constantza. Prenons le train le 7. Restons deux jours en chemin de fer. Pas
de ville importante.
P�n�trons en Russie � R�ni.
Voyageons 24 heures en Bessarabie.
Descendons le 9 � Passarewka, petit patelin � une vingtaine de kilom�tres du Nuiester.
Nous nous installons � Masnnburg, colonie form�e enti�rement d��migrants
allemands. Cette existence tranquille va me reposer de l�agitation des jours
pr�c�dents. Passe au bout de quelques jours secr�taire du colonel. Je deviens
un enrag� du football. C�est notre seule distraction avec l�harmonium. Il y en
a un dans toutes les maisons.
Le 176 et le 1er RMA (*) sont � Akkerman sur les bords du Dniester (**) et sont en contact avec les Bolcheviks. C��tait bien la peine de faire un tout pareil pour revenir � 70 km d�Odessa. Je suis propos� pour une d�coration roumaine. J�ai oubli� de dire que j�ai une proposition de S/lieutenant depuis le 26 avril. Je re�ois peu de lettres de la maison pendant ce laps de temps. Ai re�u 20f de Suzanne.
(*) : 1e r�giment de marche alg�rien
(**) : Voir la
carte.
Pas d��v�nements notoires, si
ce n�est la dissolution d�un bataillon. Le r�giment est r�duit � l��tat de
squelette. Il est compos� actuellement d�environ 400 hommes. Le 176 et le 1er
RMA sont dans le m�me cas. Le r�giment va �tre dissout ces temps-ci. Je ne sais
pas ce que je vais devenir.
Peut-�tre tirailleur alg�rien
? Quelle dr�le de t�te j�aurais sous la chechia.
Le 175 est
dissous.
Il est transform� en r�giment
de marche m�tropolitain (RMM) et la 156e�
division d�infanterie en division coloniale. (*)
On parle de repartir vers,
encore une fois, destination inconnue � Buda-Pest ou ????
(*) : C�est exact. Voir
ici.
RMM dissout transform� en
bataillon de marche du 4�me zouaves. Nous portons une
chechia et le costume kaki.
Morne. Rien d�extraordinaire.
D�part pour Varna
(Bulgarie) par chemin de fer.
Arriv�e � Djudjulesti
(*). Restons
2 jours.
(*) : Pour info Djudjulesti
est au confluent du Prout avec le Danube ~15km � l�est de Galatz.
D�part � 4 heures du matin �
pieds pour Galatz.
Arrivons � 2 heures de l�apr�s-midi.
Ville assez gentille. Quelques maisons d�truites par les Allemands. Devons
repartir dans quelques jours en direction Razgrad.
2�me proposition S/lieutenant
partie le 24. Vais probablement me faire rapatrier en ao�t.
Beaucoup de travail actuellement.
Restons � Galatz
jusqu�au 2 ao�t.
D�part pour Reni �
pieds. Sommes assez mal log�s. Ne trouvons que de l�eau sal�e. Restons jusqu�au
4 � Reni.
Embarquement � bord d�une
p�niche. Nous devons remonter le Danube jusqu�� Rouchtchouk
Partons remorqu�s par un
remorqueur. Allure moyenne� 5km �
l�heure.
Nous allons pouvoir examiner
les rives � loisir.
Le fleuve est tr�s joli.
Extr�mement large. 2km en moyenne. Fort courant.
Passons � Tsernavoda
� 1er pont sur le Danube.
(*) : � l��poque c�est le premier pont
avant la mer. Il �tait ferroviaire. Il est toujours ferroviaire, mais c�est le
second de nos jours. Voir.
Toujours navigation
tranquille. Sommes mang�s par les moustiques. Nous logeons � fond de cale.
Impossible de manger sans �tre piqu�.
Sur le soir, il pleut. Tous
les moustiques rentrent � l�int�rieur. C�est intenable. Tout le monde remonte
sur le pont. Puis nous faisons br�ler des vieux chiffons et du foin mouill�.
Au bout de deux heures, nous
pouvons enfin rentrer et dormir � peu pr�s tranquilles. Il reste bien encore
les puces mais il ne faut pas �tre trop difficile.
Voyage toujours tranquille.
Passons � Silistrie.
Aucun incident.
Arrivons � Rouchtchouk. Ville assez jolie. La vie y est ch�re.
Seulement le change �tant �
400, nous pouvons nous en tirer.
Les d�mobilisables des
classes 13, 14 et 15 quittent Rouchtchouk pour
la France. Mon tour va venir d�ici quelques jours. Le R.M.M est dissout. Le
reste du r�giment va passer au 14�me R.T.A, les d�mobilisables partis.
Beaucoup de travail au
bureau. Je ne puis sortir.
Sans changement.
Sans changement. Rouchtchouk est une ville assez gentille, mais sans
amusement.
D�part de Rouchtchouk
comme d�mobilisable en direction Varna. RMM dissout.
Arriv�e � Varna.
Voyage sans incident.
Voir la carte de son p�riple sur le
Danube.
Visite Varna. Ville
gentille.
Les Fran�ais ne sont pas
aim�s. Esp�re partir en direction de Constantinople le 23 sur le
� Tigre �.
Sans changement. Sais prendre
des bains de mer. Le temps est splendide. J�esp�re aussi ce temps pour la
travers�e.
Embarquons sur le � Tigre �,
bateau moyen. Suis log� dans une cabine de 1�re cl.
Nourriture passable. Confort pas moderne. D�part � 16 heures de Varna.
Arrivons � Constantinople.
D�barquons � 14 heures.
Rembarquons sur le
� Tigre � imm�diatement. Une �pid�mie de chol�ra s�vissant, il est
d�fendu de d�barquer.
Restons en rade. Le bateau
fait du charbon et embarque des vivres et de l�eau pour 8 jours. Partons le
soir � 20 heures en direction Marseille.
Beau temps, tr�s chaud, mer
calme. Passons au large des �les ioniennes.
Mer calme. Temps splendide.
Doublons le cap Matafan � 11 heures. Piquons droit sur le d�troit de
Messine � 2 heures. N�apercevons plus une terre.
Bateau marche r�guli�rement.
Pensons arriver � Marseille vers samedi.
Mer d�serte.
Atteignons le d�troit de
Messine � 16 heures. Traversons le d�troit sans nous arr�ter. Apercevons l�Etna
environn� d�un nuage de fum�e.
Passons devant le Stromboli
vers 10 h. Le crat�re est en flammes. L�effet sur la mer est tr�s joli.
Marchons toute la journ�e
sans apercevoir aucune terre. Mer toujours calme.
Temps tr�s chaud.
�Fin des �crits
Je d�sire contacter le propri�taire du carnet de Roger MARCOUIRE
Voir sa fiche matriculaire (3 pages)
Voir son carnet au format brut
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des photos de soldats du 176e r�giment d�infanterie
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