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BOLLYWOOD, Univers impitoyable
17 f�vrier 99
5 milliards de spectateurs. 620 films produits dans l'ann�e. 750 magazines de cin�ma. Le cin�ma en Inde est une industrie plus que v�n�rable. Au point que Bombay (d�sormais appel�e Mumbai) se surnomme Bollywood.
Il n'y a pas qu'Ast�rix qui essaie de r�sister encore et toujours � l'envahisseur am�ricain. Le probl�me du cin�ma indien c'est que 96% de sa production est inexportable (� part dans les vid�os clubs des quarties hindous des m�tropoles occidentales). Et surtout les studios am�ricains commencent � prendre conscience d'un march� fortement cin�phile.
Etat du cin�ma indien
En 90, 950 films indiens sont sortis des studios de Bombay, Madras ou Hyderabad, le Cannes local. En 98, le chiffre est tomb� � 615. Sur les 115 films produits � Bollywood en 97, seule une poign�e (5%) ont �t� profitables. La tendance s'est confirm�e en 98 (38 flops sur 42 sorties). Presqu'un million de personnes travaillent dans le cin�ma en Inde.
Cette crise latente condamne le star-system sur lequel toute l'�conomie cin�matographique est bas�. Mais l'industrie demande aussi que de vrais sc�naristes s'att�lent � l'�criture de films un peu r�p�titifs... Le public deviendrait exigeant.
La lassitude du public provient d'une part de la paresse des producteurs � ne jamais vouloir remettre en question la recette de leurs films. Mais en Inde, l'apparition des cha�nes satellites, du cable, de la vid�o a boulevers� les habitudes de consommation. La t�l�vision a fait ch�ter les recettes du cin�ma. Classique.
Les films n'ont plus le droit d'�tre mauvais. Les stars n'am�nent plus syst�matiquement leurs fid�les en salles. Toute l'industrie est fragilis�e par ces flops � profusion. Les films de s�rie B et C sont les premiers touch�s.
C�t� acad�mique, depuis la fin de l'�re de Satyajit Ray (mort en 92), seule Mira Nair a repris le flambeau et semble investie d'une reconnaissance internationale (dans les festivals avec Salaam Bombay ou dans les Box Office avec Kama Sutra).
Hollywood menace
Au d�but, tout au d�but, les studios d'Hollywood ont consenti � verser 70% des recettes aux distributeurs indiens. Pour Hollywood c'�tait un test: savoir si le public serait r�ceptif. En Inde, seul 5% des films diffus�s sont �trangers. Et rien n'a invers� la tendance.
Si ce n'est la faiblesse du cin�ma indien lui-m�me. En pleine crise, et tandis que le pays s'occidentalise rapidement, les spectateurs commencent � se lasser des productions nationales.
L� aussi l'effet Titanic a �t� ph�nom�nal. Il arrive au moment o� le cin�ma indien se porte au plus mal. Les cons�quences risquent donc d'�tre d�vastatrices. Titanic a �t� un carton, m�me dans les coins les plus recul�s du globe comme la Chine. L'Inde n'a pas �t� �pargn�e. En quelques mois, il a battu Jurassic Park (premier film US doubl� en hindi, en 94) dans sa version sous-titr�e uniquement. On parle l� d'un Box Office total cumul� de plus de 11 millions de $. Un record. Et une porte grande ouverte pour les films am�ricains. Hollywood ne cherche qu'� conditionner le public pour imposer ses histoires, ses stars, ses effets sp�ciaux. De quoi mettre en p�ril tout Bollywood. On imagine surtout le potentiel: le pays le plus peupl� du monde, apr�s la Chine, mais plus cin�phile que n'importe quelle peuple au monde.
Moindre mal. Mais les distributeurs ne peuvent que souhaiter l'invasion am�ricaine. Face � la d�faillance du cin�ma national, les films am�ricains mettent du tonus dans le circuit. M�me si les "english films" sont projet�s dans 1000 salles, sur 14 000 en Inde. Les salles, pour �viter le piratage, sortent les hits comme Zorro le jour m�me de la sortie am�ricaine. Les films �tant en anglais, ils sont r�serv�s aux grandes villes. Et les scripts imagin�s � Hollywood, � base d'extra terrestres ou de romance shakespearienne ne sont pas forc�ment au go�t d'un peuple habitu� � d'autres traditions.
Le mal est donc enferm� dans certaines poches urbaines, de toute fa�on fortement ouverte sur le monde, par le biais de l'informatique ou d'industries multinationales. A Delhi, Mumbay ou Madras, Nike, Coke, MTV se r�pandent dans la consommation quotidienne. Les satellites apportent la bonne parole mercantile et capitaliste. De quoi changer les d�sirs d'une jeunesse mouvante...
Le cin�ma fran�ais marginal
Faiblement repr�sent�, les rares hits sont d'aspect hollywoodien (Besson) ou � connotation �rotique. Les derniers hits remontent aux ann�es 70, avec l'�re des Charlots. L'ambassade de France � Delhi essaye de faire prendre conscience aux producteurs fran�ais de l'importance du march�, et donc des enjeux audiovisuels de l'Inde. La France n'a pas les moyens ni la taille d'ignorer un tel pays.
Pendant que les Am�ricains investissent du temps et de l'argent pour p�n�trer le march�, les europ�ens en g�n�ral restent timides. Le dernier Festival de Calcutta ne pr�sentait qu'un film fran�ais (En attendant la neige d'Antonio Olivares) dans sa s�lection (contre 8 am�ricains dont X-Files, les Mis�rables...), en plus d'une r�trospective Bernard Bresson. Un Air de Famille a �t� projet� au prestigieux Festival d'Hyderabad, 2 ans apr�s sa sortie fran�aise aux c�t�s des Palmes de Mr. Shutz.
On notera qu'Unifrance n'a pas mentionn� l'�v�nement d'Hyderabad (10-20 janvier 99) dans son calendrier on-line.
La contre-attaque pour r�sister
Pendant ce temps l� l'industrie hindoue s'organise. Les producteurs veulent continuer de contr�ler le cin�ma du pays, et donc les images v�hicul�es. Il s'agit donc d'assainir le milieu, d"arr�ter de produire des films co�teux et sans public, de rduire les salaires et avantages des stars, pusique celles-ci ne sont plus une garantie au Box Office. Comme � Hollywood, Bollywood veut diminuer ses co�ts, et donc son volume de production. Mais alors qu'Hollywood se focalise sur l'expansion internationale, Bollywood pers�v�re � vouloir faire le plein dans le pays.
Il faudrait aussi que cette industrie soit cr�dible; artistiquement les films ne se fondent sur aucun script valable, selon les crit�res occidentaux. Mais pire ces soci�t�s de divertissement n'existent pas pour l'Etat (aucune l�gitimit� officielle) et donc pour les banques. Ce qui a conduit beaucoup de bo�tes de prod � d�poser le bilan avec la crise actuelle.
R�ves. Le cin�ma indien a pourtant de beaux espoirs pour faire rentrer de l'argent ou se faire conna�tre et appr�ci�, bref pour conna�tre un jour sa Nouvelle Vague.
Outre Mira Nair, cit�e plus haut, des cin�astes n'h�sitent pas � quitter l'Inde pour tourner en Occident. Parmi eux, Shekhar Kapur, r�alisateur du flamboyant et color� Elizabeth. Il est l'un des premiers � �tablir cette paserelle entre les genres, entre sa culture et le cin�ma am�ricano-europ�en. Son film Bandit Queen, drame indien, a connu un beau succ�s critique dans le monde en 94-95.
Et puis il y a cette folie de Ramoji.
Citizen Ramoji
Ramoji Rao est milliardaire. A une heure de voiture d'Hyderabad, il a fait construire le plus grand studio de cin�ma du monde, � ciel ouvert, en altitude, Ramoji Film City (RFC). Une v�ritable ville d�di�e au cin�ma. Un travail colossal pour faire �merger un studio id�al. Et envorion 600 millions de francs de d�penser (et 6 000 employ�s � payer). Tout y est "nec plus ultra". la technologie est dernier cri. Tout vise � faire de Ramoji, une capitale du cin�ma. En Asie, il n'y aucun autre endroit aussi bien �quip�.
Pour l'instant on y tourne des spots de pubs (BMW). ce qui ne remplit ni l'h�tel, ni le carnet de commandes. Un studio aussi vaste peut attirer 20 tournages simultan�ment... En pleine crise du cin�ma indien, on parle donc de folie, d'illusion. D'autant que les studios de Madras et Mumbay sont tr�s concurrentiels. Beaucoup de producteurs ruin�s ou financi�rement fragiles n'ont pas les moyens de se payer le luxe de RFC. Ceux de Mumbay n'ont pas d�sert� Bollywood comme pr�vu.
Espoir ou illusion?. Avec des employ�s non syndiqu�s, un territoire sur-prot�g�, l'absence de paparazzi et de bo�tes de nuits, RFC ne comporte pourtant que des avantages pour les producteurs. Les stars sont plus aptes � travailler, moins capricieuses, et les gr�ves sont impossibles. Mais tous ces "plus" n'ont pas s�duit les Hindous, Tamouls ou T�lougous.
Seuls des producteurs �trangers pourraient �tre int�ress�s par ces infrastructures. Alors Mr Ramoji se vante d'avoir eu la visite de personnalit�s importantes venues d'Hollywood (le producteur Roger Corman par exemple). Ce serait un comp�titeur direct � Pinewood, Cinecitta, Berlin ou Madrid... Avec des co�ts slash�s de 50%, un producteur peut s'offrir des milliers de figurants pour pas cher, comme en Europe de l'Est ou au Maroc.... M�me le Parc d'attraction � la Universal Studios est pr�vu.
Ramoji Film City ressemble pourtant plus � un gigantesque d�cor de film indien qu'� un puzzle de d�cors occidentaux. Id�al pour les productions locales. Mais les producteurs indiens pr�f�rent y voir un lieu de r�ve pour les occidentaux, dont l'argent rejaillirait sur l'industrie nationale enti�re.
Dans tous les cas, cela signifie que l'Inde a d�cid� de pactiser avec le diable Hollywood: pour remplir un studio-symbole, pour remplir les salles de cin�ma, pour compenser le d�clin de son cin�ma, etc... Le cin�ma de Bollywood accepte la pr�sence am�ricaine sous toutes ses formes, pour de multiples raisons. Quitte � le regretter.
FilmIinda.com
Calcutta Film festival
International Film Festival of India
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