Réduire la fracture orthographique
Un débat parlementaire dédié à l’écriture, ce n’est pas tous les jours. Mercredi, à l’occasion d’une séance consacrée aux "pratiques de l’écrit et de l’orthographe", enseignants, experts et parlementaires ont apporté leur contribution à cette problématique. "Les élèves écrivent de plus en plus, mais sans contrôle" Réagissez sur notre forum
- Publié le 18-02-2009 à 00h00
Un débat parlementaire dédié à l’écriture, ce n’est pas tous les jours. Mercredi, à l’occasion d’une séance consacrée aux "pratiques de l’écrit et de l’orthographe", enseignants, experts et parlementaires ont apporté leur contribution à cette problématique. Willy Borsus (MR), auteur du rapport introductif, constate que des écrits de Voltaire ("l’écriture est la peinture de la voix") au SMS de l’ado ("kwa de 9") en passant par la Une accrocheuse d’un quotidien, "nos modes d’écriture semblent dans tous leurs états. Et quels états ? Etat de grâce ou piteux état ?".
A entendre parlementaires et experts, on serait plutôt proche de la deuxième proposition. "Même si le constat de l’affaiblissement de la qualité orthographique doit être nuancé, souligne M. Borsus. Parce qu’il n’est pas neuf et que l’on manque d’outils pour le mesurer."
La rencontre était une belle occasion d’analyser l’impact des nouvelles pratiques de communication écrite. Le SMS ou le chat affaiblissent-ils l’écrit ou sont-ils limités à certains domaines particuliers ? La réponse n’est pas simple (lire ci-dessous).
Autre sujet inévitable, la fameuse réforme de l’orthographe. Dans ce domaine, l’unanimité semble de mise. Tant du côté des politiques que des experts, le message est à la prolongation, certes prudente, de la simplification de l’orthographe. "Afin que chacun puisse la maîtriser. La fracture orthographique ne doit pas accentuer la fracture sociale", lance Yves Reinkin (Ecolo). Pour Anne-Marie Corbisier (CDH), "la langue, moyen de compréhension mutuelle, doit continuer à être vivante. L’imposition de normes ne doit pas nier une culture propre, comme celle des jeunes." Willy Borsus estime, lui, que "la langue fourmille de complications" et qu’il serait dès lors bon "d’apporter de nouvelles clarifications". Pour rappel, la réforme de l’orthographe de 1990 a été intégrée, de manière variable, dans les ouvrages et les enseignements. En septembre dernier, le gouvernement invitait dès lors les enseignants de tous niveaux à adopter la nouvelle orthographe, dans une circulaire accompagnée d’une brochure intitulée "Sept règles pour nous simplifier l’orthographe" (1).
Jean-Louis Dumortier, professeur à l’ULg, approuve. "Il est bon qu’il y ait une obligation d’enseigner la nouvelle orthographe, sinon, il y aura toujours un fossé de générations entre ceux qui pratiquent l’ancienne et ceux qui pratiquent la nouvelle."
Les parlementaires ont encore avancé diverses pistes : une journée de la langue française (Léon Walry, PS); une plus grande "transversalité" de l’enseignement de la langue (pas seulement au cours de français); un renforcement de la formation des enseignants; une meilleure coopération avec les bibliothèques ou avec l’ONE
Web www.languefrancaise.be