Dans la tête d’Anne-Sophie, hyperphage : « Je mangeais les lardons crus à même la boîte »
Salariée, mariée, maman de trois garçons, Anne-Sophie cache à tous son secret, depuis ses années étudiantes : certains jours, elle peut manger des quantités colossales de nourriture.
Sa grande boîte en plastique gris, sur une étagère perchée de la cuisine, contient toutes ses « vitamines ». Le fer, pour lutter contre l’anémie et la fatigue, lui a été prescrit par son médecin. Des capsules de thé vert « contre la cellulite », du charbon, contre les ballonnements et gaz intestinaux, et différents mélanges de plantes destinés à réguler la faim ont été achetés au supermarché, noyés dans le chariot des courses familiales. Anne-Sophie en rougit. Premier signe de ce sentiment de honte qui l’étreint si souvent.
À 42 ans, Anne-Sophie pense souffrir d’hyperphagie boulimique. C’est son secret. Ce trouble des conduites alimentaires peu connu, alors qu’il toucherait 3 à 5 % de la population selon la Haute Autorité de santé, consiste à consommer ponctuellement de grandes quantités de nourriture, sans - c’est ce qui la différencie de la boulimie - compenser la charge énergétique par la prise de laxatifs, des séances de sport épuisantes ou en se faisant vomir.