+++ to secure your transactions use the Bitcoin Mixer Service +++

 

La réforme du congé parental, une « mesure de bon sens » pour les entreprises

Les entreprises pourraient jouer le jeu et compléter l’indemnité légale pour permettre à leurs salariés de prendre un congé de naissance plus court et mieux rémunéré, estime Benoît Serre, de l’ANDRH.

Par Sarah Dumeau

Temps de lecture : 4 min

Lecture audio réservée aux abonnés

Comment « réarmer démographiquement » la France ? Pour Emmanuel Macron, la réponse passe par une réforme du congé parental. Ce congé, que les jeunes parents peuvent prendre pendant trois ans maximum, est actuellement indemnisé à hauteur de 448 euros par mois.

La newsletter Économie

Tous les jeudis à 17h

Recevez le meilleur de l’actualité économique.

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

Dès le 16 janvier, le chef de l'État avait annoncé son intention de le faire évoluer, en le transformant en « congé de naissance ». Il a précisé son idée dans une interview à Elle, parue la semaine dernière. « Le congé parental […] va devenir un congé de naissance, plus court et mieux rémunéré : trois mois pour les mères, trois mois pour les pères, cumulables durant la première année de l'enfant et indemnisés à hauteur de 50 % du salaire jusqu'au plafond de la Sécurité sociale » fixé à 1 900 euros, a-t-il détaillé dans les colonnes du magazine féminin. Il s'ajoute au congé maternité légal de 16 semaines et au congé paternité de 25 jours.

À LIRE AUSSI Parentalité : les contours du futur « congé de naissance »

« Le recours à cette aide [le congé parental indemnisé à 448 euros, NDLR] s'est effondré, ce qui témoigne de la nécessité d'une réforme », a insisté la ministre déléguée chargée de l'Enfance, de la Jeunesse et des Familles, Sarah El Haïry, dans une interview à La Tribune dimanche. Seuls 246 000 jeunes parents – dont 95 % de femmes – ont demandé à en bénéficier en 2020, contre 500 000 en 2013. « On gère un panel de 4 000 bulletins de paie par mois et nous avons une très faible minorité de congés parentaux chez nos clients », confirme Pierre Girard, directeur de French Payroll Services, une entreprise d'accompagnement en ressources humaines et en droit social.

Une mesure « de bon sens »

Côté entreprise, cette mesure, qui devrait être présentée au Parlement à l'automne pour une mise en route en 2025, est plutôt vue d'un bon œil. « C'est une mesure de bon sens qui étend probablement le nombre de personnes qui pourront en bénéficier », juge Benoît Serre, président de l'Association nationale des DRH (ANDRH).

L'allocation sera prise en charge par l'État, mais Emmanuel Macron espère que les entreprises « pourront abonder cette indemnité, et avoir des pratiques mieux-disantes », a-t-il précisé dans Elle. « Je ne serais pas étonné que ça fonctionne bien parce que ça s'inscrit dans un schéma plus général où les entreprises sont plus sensibles aux enjeux de parentalité », estime Benoît Serre, qui tempère toutefois : « Il faut être lucide, c'est aussi une question de capacité économique des entreprises. » « On sait bien que les grandes entreprises ont davantage de moyens que les PME à consacrer à ce type de mesures », confirme Jean-Eudes du Mesnil, secrétaire général de la CPME, qui craint que cela « diminue, encore une fois, l'attractivité des petites entreprises par rapport aux grandes ». À LIRE AUSSI Pourquoi la question des modes de garde est cruciale

Cette mesure s'inscrit aussi en écho avec les évolutions du monde du travail, analyse-t-il. « Aujourd'hui, les parents sont plus âgés qu'ils ne l'étaient par le passé [l'âge moyen à la naissance des enfants est de 30,2 ans pour les femmes et 33,1 ans pour les hommes, NDLR], donc la naissance de l'enfant peut intervenir à un moment de montée en carrière professionnelle. Or, on sait que le congé parental jusqu'à 3 ans pouvait ne pas être pris par crainte de se décaler ou de s'éloigner de l'entreprise au moment où on est en plein boom. Je pense que c'est plutôt une mesure pertinente à ce niveau-là », complète le président de l'ANDRH.

Des « zones d'ombre »

Certains sont toutefois moins enthousiastes. « Il y a un certain nombre de zones d'ombre. Quid de l'articulation avec le congé parental actuel ? Est-ce que le salarié pourra choisir ou est-ce que le congé parental est amené à disparaître ? » s'interroge Jean-Eudes du Mesnil. « Il n'y aura pas de coût supplémentaire pour l'entreprise puisque la rémunération est prise en charge par le système social, mais le problème qui va se poser est celui de l'organisation. Nous avons besoin d'un délai de prévenance suffisant, d'au moins trois mois », souligne-t-il.

De l'autre côté, certaines associations familiales, comme le Syndicat de la famille (ex-Manif pour tous), alertent sur la « quasi-disparition du congé parental », vu la réduction drastique de la durée de celui-ci. D'où l'importance de laisser aux parents qui le souhaitent la possibilité de prendre un congé plus long non indemnisé ou de travailler à temps partiel pendant les premières années de l'enfant, estime Pierre Girard. Selon lui, la mesure doit aussi « s'accompagner d'une réforme des modalités d'accueil en crèche et en formation d'assistante maternelle ». « Chaque année, 160 000 mères renoncent à leur emploi faute d'avoir une solution de garde », a rappelé la ministre Sarah El Haïry, dans La Tribune dimanche. Les discussions doivent s'ouvrir le 15 mai avec les associations familiales et les partenaires sociaux.

À ne pas manquer

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation
Lire la charte de modération

Commentaires (2)

  • Pasidouqueça

    Il semble indispensable d’ouvrir des crèches avant de reformer le congé parental.
    Nombre de femmes n’ont aucun moyen de garde au moment de la naissance de leur enfant, alors pour une fois, il faudrait penser à réformer dans le bon ordre et le bon sens !

  • Rosodendron

    Les femmes doivent aller sur des métiers où il y a une forte demande.