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Espagne : Rajoy dissout le parlement de Catalogne

Le chef du gouvernement espagnol a annoncé la convocation d'élections le 21 décembre en Catalogne, quelques heures après la déclaration d'indépendance.

Source AFP

Mariano Rajoy a aussi annoncé la dissolution immédiate du parlement catalan, en vue de la tenue d'élections le 21 décembre.
Mariano Rajoy a aussi annoncé la dissolution immédiate du parlement catalan, en vue de la tenue d'élections le 21 décembre. © AFP

Temps de lecture : 5 min

La riposte de Madrid se précise et la Catalogne plonge dans l'inconnu. Madrid a décidé de mettre la Catalogne sous tutelle, destituant son exécutif et son parlement quelques heures après sa déclaration d'indépendance et convoquant des élections régionales en décembre pour surmonter la pire crise depuis le retour de l'Espagne à la démocratie il y a 40 ans. Le gouvernement espagnol a tranché face au défi inédit posé par cette région grande comme la Belgique où vivent 16 % des Espagnols : à l'issue d'un conseil des ministres extraordinaire, le Premier ministre Mariano Rajoy a annoncé une batterie de mesures drastiques, dont la destitution du président séparatiste catalan Carles Puigdemont, de son cabinet et du directeur de la police de Catalogne.

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Évoquant une « indépendance déchirante, triste et angoissante », Mariano Rajoy a aussi annoncé la dissolution immédiate du parlement catalan, en vue de la tenue d'élections le 21 décembre. « Le gouvernement a adopté ces mesures pour éviter la prise en otage inadmissible d'une majorité des Catalans et le vol d'une partie du territoire au reste des Espagnols », a-t-il expliqué. Son annonce a été accueillie par les huées des milliers d'indépendantistes massés à Barcelone pour fêter leur « République ». Ils étaient également des milliers rassemblés dans d'autres villes catalanes comme Gérone et Tarragone. Certains ont sablé du cava (mousseux) catalan, d'autres ont brûlé des pièces d'identité espagnoles. Signe de l'inquiétude suscitée par cette crise en Europe, le président de la Commission Jean-Claude Juncker a souligné que l'UE n'avait « pas besoin d'autres fissures ». Washington, Londres, Berlin et Paris, comme l'Otan et l'ONU ont également fait savoir qu'ils soutenaient l'unité de l'Espagne.

Absence de l'opposition

Le président du Conseil européen Donald Tusk a aussi appelé Madrid à choisir « la force de l'argument plutôt que l'argument de la force », alors que beaucoup craignent que la Catalogne ne soit entraînée dans une spirale de troubles et de répression. Carles Puigdemont a d'ailleurs appelé les Catalans à rester « pacifiques et civiques ». Alors qu'une bonne moitié des Catalans sont opposés à la déclaration d'indépendance, la maire de Barcelone Ada Colau a jugé que les indépendantistes au pouvoir avaient « avancé à une vitesse de kamikaze » imposée par des « intérêts partisans ». Lors des dernières régionales en 2015, les indépendantistes avaient obtenu 47,8 % des suffrages.

Symbole de cette fracture, la résolution déclarant l'indépendance a été adoptée en l'absence de l'opposition – qui avait quitté l'hémicycle – par 70 voix pour, 10 voix contre et 2 abstentions. « Ce papier que vous avez rédigé détruit ce qu'il y a de plus sacré, la coexistence » en Catalogne, avait auparavant déclaré en brandissant la résolution qui allait être votée Carlos Carrizosa, élu du parti anti-indépendantiste Ciudadanos. Le texte proclame « la République catalane, comme État indépendant et souverain, de droit, démocratique et social ». Une heure après son adoption, le Sénat espagnol a validé le déclenchement de l'article 155 de la Constitution, permettant une mise sous tutelle de la région, un événement sans précédent en Espagne depuis le retour de la démocratie en 1977. Dans la foulée, Mariano Rajoy a convoqué un Conseil des ministres extraordinaire pour mettre en œuvre les mesures annoncées. La convocation aussi rapide d'élections n'était pas attendue, soulevant la question de la participation ou non des indépendantistes à ce scrutin.

Inquiétude des sociétés

La Catalogne n'en est pas à ses premières tentatives d'éloignement du gouvernement central. Le dernier épisode remonte à plus de 80 ans, quand le 6 octobre 1934, le président du gouvernement autonome de Catalogne, Lluis Companys, avait proclamé un « État catalan dans le cadre d'une République fédérale d'Espagne ». La tentative avait déclenché une proclamation d'État de guerre et des affrontements qui avaient fait entre 46 et 80 morts, selon les historiens. Les conséquences de la déclaration d'indépendance comme de la mise sous tutelle sont incalculables.

Face à l'insécurité juridique, plus de 1 600 sociétés ont déjà décidé de transférer leur siège social hors de Catalogne, agitée depuis des semaines par des manifestations pour et contre l'indépendance. Les banques catalanes accentuaient leur chute vendredi à la Bourse de Madrid, Banco Sabadell en tête (- 4,85 %). La principale organisation patronale en Espagne, la CEOE, a dénoncé le vote du parlement catalan, craignant des conséquences « très graves » pour l'économie.

« Restaurer l'ordre constitutionnel »

Les partis séparatistes présentent comme un « mandat » les résultats – invérifiables – du référendum d'autodétermination interdit du 1er octobre, qui avait été émaillé de violences policières : 90 % de « oui » à la sécession, avec 43 % de participation. L'article 155, délicat à appliquer, suppose un recul important qui rappellerait la dictature de Francisco Franco (1939-1975) pendant laquelle la Catalogne avait été privée d'autonomie. Madrid affirme cependant qu'il en fera un usage a minima pour « restaurer l'ordre constitutionnel ».

Mais la mesure choque d'autant plus localement que c'est justement autour du débat sur les compétences de la Catalogne, meurtrie par l'annulation partielle en 2010 par la justice d'un statut lui conférant de très larges pouvoirs, que s'est nouée la crise actuelle. Les puissantes associations indépendantistes ANC et Omnium Cultural ont déjà prévenu qu'elles mobiliseraient leurs dizaines de milliers d'adhérents pour « défendre la République ». Des « Comités de défense de la République » se disent également prêts à « résister pacifiquement ».

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Commentaires (29)

  • justinien10

    Attention, les précédentes élections régionales ont donné une majorité parlementaire aux indépendantistes catalans avec une... Minorité des voix (47%), grâce à un découpage des circonscriptions électorales qui avantage la campagne, surtout indépendantiste, au détriment de Barcelone, plutôt loyaliste espagnole.
    Comme pour le Brexit, les campagnes ignorent le monde et l'économie, vivent encore comme au XIX ème siècle...

  • justinien10

    Juncker était le candidat du Parti Populaire (centre-droit) aux élections européennes de 2014.
    Son parti étant le premier du Parlement européen (élu au suffrage universel), il est devenu démocratiquement le Président de la Commission européenne (le gouvernement européen) en 2014.
    Rappelons qu'il fut auparavant 18 ans Premier ministre du Luxembourg (redoutable grande puissance militaire... ; -) ), et avant, vingt ans ministre des finances du Luxembourg (qui a le plus haut niveau de vie d'Europe).
    Beaucoup de français ignorent encore les élections européennes, où les partis politiques français ne présentent que des has been en pré-retraite : ils ont tort !
    La France est une partie de l'Union européenne, dirigée par un Parlement européen élu démocratiquement et son émanation, , la Commission européenne.
    Mitterrand disait justement : « la France est notre patrie, l'Europe est notre avenir».

  • MissPic

    Maintenant, la balle est dans le camp des Indépendantistes : vont-ils accepter en personnes responsables des élections transparentes ? On peut en douter étant donnée leur prise de pouvoir éphémère... Quant à l'Etat espagnol, il devra encadrer ces élections sans les excès hérités du franquisme auxquels leur police semble avoir du mal renoncer comme nous avons pu le voir lors de la consultation. Si celle-ci avait pu se dérouler dans le calme, nous n'en serions sans doute pas là. De même le limogeage du chef de la Police Catalane me semble outré car (à moins de reportages orientés) elle ne semble pas avoir fait preuve de toutes ses capacités qui sont grandes comme nous avons pu en juger durant les attentats... Ce responsable est compétent mais coincé entre l'arbre et l'écorce. Enfin, nous verrons.