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Pic de pollution en France ? Condamnez vos cheminées !

VIDÉO. Malgré le ralentissement du trafic routier, plusieurs régions ont connu, ce week-end, un pic de pollution aux particules fines.

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Temps de lecture : 4 min

Les Français confinés ne s'y attendaient pas. Depuis qu'ils sont cloîtrés chez eux, le trafic routier s'est considérablement réduit, la production industrielle tourne au ralenti, les oiseaux chantent et des canards se promènent dans les rues de la capitale… Et pourtant ! Un pic de pollution, modéré certes, a été enregistré ce week-end sur une large moitié nord de la France. « La faute aux épandages agricoles », a aussitôt clamé une poignée d'organisations relayées par les médias, exigeant la limitation « drastique des épandages agricoles », les particules fines et ultrafines de pollution étant accusées de véhiculer le virus dans les voies aériennes, et plus généralement de fragiliser les muqueuses du poumon et des voies respiratoires.

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En premier lieu, l'hypothèse que les particules fines pourraient servir de véhicule pour le Covid-19, émise par un groupe de chercheurs italiens, laisse sceptiques la communauté scientifique et les chercheurs eux-mêmes, qui n'ont en réalité observé qu'une corrélation entre la pollution aux particules fines et l'accélération de l'épidémie, mais sans prendre en compte la densité de population des zones considérées, et alors qu'on ne connaît pas la durée de vie du virus dans l'atmosphère.

Une pollution multifactorielle

En second lieu, l'épisode récent de pollution qu'a connu la France est loin d'être dû aux seuls épandages agricoles, même s'ils ont parfois représenté une part significative : « Plusieurs contributeurs jouent sur ces concentrations », détaille Atmo France, qui fédère le réseau national des Association de surveillance de la qualité de l'air. « Nous pouvons identifier certaines particules créées par la combustion de biomasse ou de fioul fossile, et d'autres qui sont produites du fait de réactions chimiques, en France ou à l'étranger. Le chauffage au bois peut être un contributeur significatif… »

En période de fertilisation des sols et d'épandage d'engrais azoté, comme c'est le cas ces jours-ci, les émissions d'ammoniac d'origine agricole réagissent chimiquement avec le dioxyde d'azote du trafic et conduisent à la formation d'un « aérosol secondaire » de particules fines. Chaque printemps, cette source de pollution, très faible le reste de l'année, connaît un pic certain, que des conditions météorologiques particulières peuvent amplifier. « C'est clairement ce qui s'est produit ce samedi, avec un vent très faible », explique Cyrille Pallarès, responsable de l'unité de surveillance régionale du Grand Est. « Depuis la mise en confinement, les particules émises par la combustion de fioul fossile ont été divisées par deux à Strasbourg, à Reims, à Metz. La combustion de biomasse, essentiellement de bois de chauffage, représente environ 15 % des particules. Mais la part des aérosols secondaires formés à partir d'ammoniac est montée samedi à 35 %. Une partie venait des pays de l'Est », poussée par les vents.

À Paris, la première source de particules fines est le bois de chauffage

En Île-de-France, la situation est différente : « Les particules fines liées à l'agriculture ne sont pas un sujet en temps normal », souligne Anne Kauffmann, directrice études et prospectives d'Airparif. Avant même le trafic routier ou l'industrie, la première source d'émissions de particules fines dans la région de la capitale est le chauffage au bois : aucun pic de pollution n'a jamais réussi à convaincre les Franciliens d'abandonner leurs cheminées. Le pic observé ce week-end « est multifactoriel ». En l'absence de trafic routier (il a baissé de 80 % à 90 %), il est dû à la fois « au chauffage, au brûlage de déchets verts, aux épandages agricoles et à la remontée de nuages de sables provenant du Sahara ».

« Chaque région a ses spécificités, ses facteurs », prévient Serge Zaka, docteur en agroclimatologie pour le centre de recherche ITK. Après avoir recoupé différentes données terrestres et satellites, lui-même estime que « 34 % des microparticules observées lors du pic de pollution du 28 mars provenaient de l'agriculture, et 66 % d'autres sources, notamment le chauffage, l'industrie ou le sable ». Et une part importante arrivait, poussée par un vent de nord-est, « des Flandres, de Pologne et d'Allemagne ».

En cette période de l'année, l'agriculture porte en effet sa part de responsabilité dans les épisodes de pollution atmosphérique. « Mais elle ne doit pas masquer la part prépondérante des chauffages au bois individuels et l'arrivée de pollution venant des industries au charbon de l'Europe de l'Est », insiste le chercheur. Selon les données du Citepa, l'organisme officiel qui inventorie en France l'ensemble des émissions, le secteur agricole a représenté 21 % des particules PM10 et 9 % des particules PM2.5 émises en France en 2018, contre respectivement 33 % et 50 % directement créées… par notre chauffage.

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Commentaires (51)

  • Dizul

    Rappelez vous du temps ou les écologistes prônaient comme seul chauffage admissible, le bois car renouvelable. Oui, carrément. Avant de dénoncer ce mode de chauffage probablement le plus polluant quand on n'est pas équipé d'une cheminée ou d'un poêle récent (donc coûteux), quelques personnes empreintes de bon sens avaient expliquées qu'il faut 50 ans pour qu'un arbre devienne adulte, en mesure d'être coupé. Donc au bout de 10 à 20 ans, se poserait le problème de la ressource... Si c'est pas encore un dogme ça !

  • Dans la paume d'Amitabha

    Cette pollution n'a d'impact que sur une humanité des villes, idolâtre de la mondialisation, qui détruit la biosphère à une vitesse phénoménale.

    Son importance est donc très secondaire.

  • claudev

    Si vous regardez les niveaux de pollution sur le site aqicn. Org, vous constaterez que les pics de pollution des particules fines PM 2, 5 commencent à 18 : 00 et se terminent à minuit, et ce depuis la mi-mars, hors la pollution par les feux de cheminées je ne vois pas d'explication.