Comment Sothys conquiert le monde
Le groupe est présent dans 120 pays. Mais il continue de fabriquer en Corrèze.
Par Jérôme CordelierTemps de lecture : 3 min
"La Corrèze avant le Zambèze !" S'il y a bien une entreprise à laquelle la célèbre formule lancée par le journaliste Raymond Cartier dans les années 50 ne convient pas, c'est Sothys. Car, entre la Corrèze et - bien au-delà du Zambèze - l'ensemble du monde, le groupe Sothys a choisi. Il prend les deux ! Tout en restant ancré dans la terre de ses propriétaires, Sothys est présent désormais dans 120 pays, à travers 15 filiales et plus de 80 distributeurs sous concessions exclusives. On peut trouver ses produits cosmétiques dans 15 000 instituts de beauté et spas sur toute la planète, dont certains dans les hôtels les plus luxueux, et le groupe possède trois vitrines de renom, les instituts de beauté Sothys, sis dans trois points névralgiques de la planète huppée : faubourg Saint-Honoré à Paris, près de la Cinquième Avenue à New York, et à Tokyo. Lors de la première visite officielle du président Hollande aux Etats-Unis, sa compagne, Valérie Trierweiler, a d'ailleurs offert quelques-uns de ces produits cosmétiques à l'épouse du président américain, Michelle Obama. L'export représente plus de 65% du chiffre d'affaires (60 millions d'euros au total en 2011) et plus de 80% des volumes du groupe.
Et sur les 358 personnes qu'il emploie, à travers trois marques, en France - 578 au total dans le monde -, 80% sont en Corrèze. S'il a implanté un centre logistique à Singapour et une usine à Miami pour produire et distribuer aux Etats-Unis et en Amérique du Sud, Sothys continue de fabriquer au "pays". La plupart des produits sortent toujours de l'usine de Meyssac, à deux pas du célèbre village de Collonges-la-Rouge, et sont acheminés partout dans le monde (hors Etats-Unis) via le centre logistique d'Ussac, qui compte 125 personnes - et dont la taille devrait doubler d'ici trois ans. Et tous ses flacons, crêmes, émulsions sont élaborés dans le laboratoire de recherche et développement de Brive - ville en plein coeur de laquelle est installé le siège international du groupe. Sothys vient même de signer un partenariat public privé (PPP) avec le laboratoire de chimie des substances naturelles de l'université de Limoges "afin de valoriser des actifs végétaux issus du biotope limousin".
Racines.
Incarnation même de ce positionnement ruralo-mondial (si l'on peut dire) : son jeune PDG (38 ans), Frédéric Mas, a une mère allemande (qui parlait à ses enfants dans sa langue natale) et une femme japonaise, mais travaille et vit en Corrèze. Son père, Bernard Mas, reste président du conseil stratégique et de surveillance, et son frère Christian exerce à ses côtés, chargé plus spécifiquement de l'animation commerciale de la marque Sothys et de la gestion des grands comptes. Le capital reste à 100% entre les mains des Mas."Nous sommes une petite entreprise familiale mais qui possède les structures d'une grande société", souligne Frédéric Mas. Fidèle à ses racines, Sothys a créé des Jardins magnifiques, prisés des touristes, à Auriac, berceau de la famille au XVIe siècle et où elle a vécu de la terre jusqu'au XXe siècle. C'est de là qu'est parti Henri Mas, le grand-père, pour rejoindre un de ses amis d'enfance blessé pendant la guerre et qui - pour des raisons de santé - s'était installé à Monaco. Les deux hommes ont fondé un laboratoire de produits podologiques distribués dans les pharmacies. Puis, en 1966, Henri Mas a pu acquérir l'institut de beauté Sothys rue du Faubourg-Saint-Honoré à Paris. Son fils Bernard, qui pourtant n'était pas destiné à cet emploi - il a fait des études de philologie à la Sorbonne -, a pris la tête de cet institut, à partir duquel s'est développée l'aventure Sothys.