Jean-Paul Воинот. Ratramne de Corbie. Histoire littéraire et controverses doctrinales. Paris, Études a.ugustiniennes, 1976. Гп-8°, 178 pages.

Ratramne a beaucoup de chance. En 1974, l'un, de ses traités faisait l'objet d'une seconde édition, entièrement refondue,, de J. N. Bakhuizen Van den Brink1. Et voici maintenant une monographie détaillée et d'excellente qualité scientifique par J.-P. Bouhot. Ajoutons que les vues de l'un et de l'autre ne concordent nullement. Le plan de cette monographie peut surprendre puisqu'il n'est rien de moins que chronologique. L'on nous trace d'abord le portrait de Ratramne d'après ď « autres » documents, puis l'on en vient à son traité Sur le corps et le sang du Seigneur... qui est en réalité le premier en date. Ce plan se justifie néanmoins du fait que ledit traité est le plus intéressant et celui qui pose le plus de problèmes et a soulevé le plus de tempêtes au cours des siècles.

Ratramne est donc étudié en premier lieu d'après des documents contemporains : une lettre de Loup de Ferrières, une lettre perdue de Ratramne que nous fait connaître le dossier de ffincmar résumé par Flodoard ; une lettre versifiée de Godescaîc à Ratramne sur la prédestination ; un écrit perdu de Ratramne connu à travers Hincmar, De una et non. trina deitate, enfin le De praedestinatione de Hincmar. Tous ces documents fournissent tin aperçu de la personnalité

Orgueil, Sobriété contre Luxuria, Ratio contre Auaritià, Foi contre Hérésies. La tradition judéo-chrétienne présentait déjà Judith comme Pudeur, puis saint Paul se considère comme miles Christi dont le combat, dans la tradition chrétienne, fut un modèle d'héroïsme. D'autre part, l'histoire du salut repose sur un art militaire moral, qu'il s'agisse d'ascétisme ou de modèles moraux : le Christ modèle de perfection, Abraham type du chrétien fidèle, sous l'influence (croit l'auteur) du De Abraham d'Ambroise. Un dernier chapitre qui me semble devoir presque tout à la dissertation de Mahoney, roule sur le virgilianisme de Prudence, peut-être souvent à travers le Centon de Proba ou les Saturnales de Macrobe.

Le mode de présentation, selon la manière anglo-saxonne, est celui d'une série de conférences agréables, sans une ligne de conclusion générale. L'auteur est pourtant bien informé (sauf pour la bibliographie en français) et émet plus d'une fois des vues personnelles intéressantes. Corriger, p. 258, n. 1, Bernardus Silvestrus.