«LE POING ET LA ROSE» LA SAGA D'UN LOGO

Frédéric Cépède

À l'âge où la communication politique devait remplacer le vilain mot de propagande, le Parti socialiste issu du congrès d'Epinay (1971) afficha un nouveau logo qui stylisait sa double voie: le poing de la tradition militante et la rose laissée en gage par l'esprit de Mai 68. En retraçant les tribulations du « poing et la rose » sous la double présidence de François Mitterrand, Frédéric Cépède retrace l'histoire d'un parti politique à travers le succès puis l'effacement de son emblème.

En janvier 1994, à la faveur d'un changement de maquette, «le poing et la rose», le logo du Parti socialiste adopté aux lendemains du congrès d'Épi- nay, a disparu de la une de Vendredi, l'hebdomadaire des socialistes. Depuis le milieu des années 1980, il signait de plus en plus discrètement les affiches électorales socialistes. Rarement repris dans l'affichage «commercial», il était la plupart du temps réservé aux campagnes militantes1. Le discrédit qui s'est abattu sur le PS a rejailli sur ses symboles, les candidats socialistes négligeant de plus en plus de marquer leur profession de foi d'une

façon aussi identifiable. La mort lente et discrète de l'emblème du PS semblait inscrite dans l'air du temps. Mais, surprise, en septembre 1994, le nouveau premier secrétaire, Henri Emmanuelli, inscrivant l'action de son parti dans une opposition radicale au gouvernement, annonce une rentrée placée pour les socialistes sous le signe du social, et une campagne identitaire «où le logo le poing et la rose sera parfaitement lisible sur tous les tracts et affiches disponibles»2.

D'où vient donc ce logo? Comment s'est-il imposé? Quels rapports le Parti socialiste entretient- il avec son emblème? Comment s'est forgée une nouvelle symbolique socialiste? Quelle histoire racontent les «images» des socialistes? Répondre à ces questions impose au préalable un petit retour en arrière.

La mort des trois flèches ou le parti invisible

Lorsqu'en juillet 1969 le Parti socialiste (c'est son nouveau nom) naît de la fusion d'une partie des composantes de la gauche non communiste, s'opère bien évidemment plus qu'un changement de nom. Pourtant, si le PS-SFIO est vraiment mort,

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