Présidentielle 2022. Nathalie Arthaud, candidate de Lutte Ouvrière : le calme et la révolte

Pour sa 3e campagne présidentielle, Nathalie Arthaud appelle à nouveau les travailleurs à se révolter contre le pouvoir capitaliste. Au-delà des discours : le combat de sa vie.

Nathalie Arthaud défend les idées de Lutte Ouvrière pour sa troisième campagne présidentielle.
Nathalie Arthaud défend les idées de Lutte Ouvrière pour sa troisième campagne présidentielle. (©Carole Gamelin/actu.fr)
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Elle enchaîne sans sourciller. A moins d’un mois du premier tour de la Présidentielle, Nathalie Arthaud, porte-parole et candidate de Lutte Ouvrière, voit défiler tous les médias dans les locaux du parti à Pantin (Seine-Saint-Denis). Elle se déplace aussi sur les plateaux de télé. Son emploi du temps est minuté.

Pour mener sa 3e campagne présidentielle, elle a pris un congé électoral, tel que le définit la loi. Professeur d’économie-gestion dans un lycée d’Aubervilliers, Nathalie Arthaud a mis ses cours de seconde et de première entre parenthèses jusqu’au 11 avril. Les prochaines semaines ressemblent à un marathon. « J’ai dit à mes élèves qu’il y avait un risque que je ne revienne pas après les résultats du premier tour. Mais le risque est limité », plaisante-t-elle.

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Engagée dès 16 ans

Qui veut aller loin, ménage sa monture, dit le proverbe. Entre notre rencontre et son départ pour le plateau de BFMTV, Nathalie Arthaud demande « un quart d’heure pour souffler ». Ce sera dans le taxi qui l’attend déjà quand nous nous séparons, après plus d’une heure et demie d’entretien.

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De Lutte Ouvrière et de son combat, nous repartons avec un message clair : cette campagne est une tribune pour appeler les travailleurs et les travailleuses à la révolte. « Notre but est de renverser la société capitaliste, d’arracher le pouvoir », affirme-t-elle à maintes reprises.

Et de Nathalie Arthaud, qu’avons-nous appris ? Tenue décontractée, fines lunettes rouges, coupe courte, la candidate reste discrète sur sa vie privée.

Originaire de Peyrins, dans la Drôme, Nathalie Arthaud, 52 ans, est fille de garagiste. Elle a 16 ans quand sonne sa première révolte : ce sera contre la famine en Ethiopie. Elle rejoint d’abord la Jeunesse communiste puis adhère, à 18 ans, à Lutte Ouvrière.

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Depuis, elle a fait son chemin au sein du parti. Sans passage en force mais avec une assurance inaltérable.

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(©Thomas Bresson pour actu.fr)

La révolte dans le sang

« Nathalie faisait partie des 21 porte-parole régionaux du parti. Elle est sortie du lot quand est apparu le besoin de prendre le relais d’Arlette. Et pour prendre la suite d’Arlette Laguiller, il fallait y aller ! », résume Jean-Pierre Mercier, le deuxième porte-parole national de Lutte Ouvrière. Sans être intimes, il connaît la candidate depuis plus de 20 ans.

« On a eu le même parcours au niveau de nos responsabilités au sein du parti. En 2009, Lutte Ouvrière en régions, c’était 19 femmes et 2 hommes. C’est Nathalie qui a été désignée. Elle avait la compétence, elle voulait vraiment faire le job. C’est une femme et on tenait vraiment à suivre cette ligne ».

« Nathalie Arthaud, elle ne vit pas de la politique. Elle vit pour la politique. C'est ce qui fait sa différence. »

Jean-Pierre MercierPorte-parole national de Lutte Ouvrière

« Je n’ai jamais voulu faire oublier Arlette », confesse Nathalie Arthaud. « J’ai mis mes pas dans les siens. Je sais que ça en fait ricaner certains mais je pense que c’est une vertu. Nous ne sommes pas des girouettes. »

Bosseuse, n’ayant pas peur du travail et des responsabilités, sérieuse, méticuleuse, révoltée, son entourage dit d’elle « qu’elle a la rage ». « Je ne suis pas carriériste. Chez Lutte Ouvrière, nous ne changeons pas de gamelle en pensant que celle du voisin est meilleure. Alors c’est peut-être à contre-courant mais je suis fière de mes convictions. »

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Les idées avant la victoire

La révolte, la rage, la détermination, « la niaque pour progresser » n’ont toutefois pas fait d’elle une exaltée enfermée dans un discours. Nathalie Arthaud a appris à être à l’aise dans les médias. Ses proches décrivent une femme soucieuse de leurs avis, demandeuse de retours et de critiques sur ce qu’elle fait, proche des autres. Lors de notre interview, elle n’élude aucune question.

« Dans les banquets, elle va vers les gens. Elle est très abordable, elle parle facilement », étaye Jean-Pierre Mercier qui salue « le travail hors norme » fait par la candidate « pour prendre l’habit » et « la solidarité de tous les militants qui voulaient sa réussite ».

Au quotidien, Nathalie Arthaud côtoie, via son métier d’enseignante, des enfants et des familles en grande difficulté. Cette prise directe avec la précarité de banlieue parisienne nourrit aujourd’hui son discours de campagne.

Des ouvriers – son terreau originel – Lutte Ouvrière s’est peu à peu ouverte à d’autres classes. Point commun : toujours se battre contre la bourgeoisie qui concentre tous les pouvoirs.

En rupture avec le discours traditionnel des candidats, Nathalie Arthaud affirme « ne pas vouloir gagner » mais se présenter « pour diffuser les idées de son parti, pour que les travailleurs et les travailleuses se révoltent, prennent le pouvoir et renversent le capitalisme ».

Une stratégie d’infusion qui vise aussi les abstentionnistes.

Agacée quand ça ne tourne pas rond, que les choses décidées prennent du temps à se mettre en place, selon son entourage, Nathalie Arthaud est une fausse calme. On devine le sang qui bout sous une apparence tranquille.

« Elle arrive à garder contact et à être attentive à son entourage malgré un emploi du temps de dingue », conclut Jean-Pierre Mercier. « On a fait un pari tous les deux. J’ai perdu donc je lui dois un resto. Nathalie, c’est où tu veux, quand tu veux! » Le sujet de ce pari ? Top secret.

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