Chronique de Cheese
Personne n’a vu venir
Stromae. Ou plutôt revenir, puisqu’avant d’être l’auteur du
coup de poker « Alors on danse », il était connu
comme rappeur et « beatmaker » dans le rap et le R&B
français. Certes, le texte de ce titre ne fait pas d’ombre à
Jacques Brel que Stromae admire mais son constat désillusionné
allié à un gimmick entêtant a réussi à faire danser le public
sans user de « Ola, Olé ». L’artiste belge
propose en fin d’album une version plus electro-dance de son hit.
Cheese laisse
entrevoir un univers original qui s’affirme dès l’introduction,
avec un « Bienvenue chez moi », sombre et rythmé,
comme l’ensemble de l’album. Influencé par l’eurodance des années 1990, Stromae nous promène, tout au long de cet ovni
discographique, sur la piste de danse. Il n’oublie pas au passage
que ses textes tiennent la route, lui qui a fait partie du groupe de
rap Suspicion. On retient l’ironie de « Summertime »,
un morceau hypnotique qui ne vous lâche plus, chronique d’un été
que l’on a peur de ne pas rentabiliser, quitte à suer et à cramer
pour en profiter. « Sing Hallelujah » chantait Dr.
Alban, « House'llelujah » scande Stromae, prière
dancefloor à Dieu...
Chez Stromae, tout est
revu et corrigé, dans « Te Quiero », vision noire
du recommencement amoureux. « Dodo » est une
berceuse aux synthés interdite aux moins de cinq ans, pour vision
non conforme de la famille, proche de celle de la rubrique faits
divers. Parfois, une répétition mélodique se fait entendre, mais
l’interprétation du rappeur donne une couleur à chaque titre. On
pourrait reprocher à celui qui a un look décalé d’avoir retourné
son pull bleu en col V en posant son flow sur du 100% electro, mais
le propre d’un artiste n’est-il pas d’étonner ? Allez,
Cheese !
Paula Haddad
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