Voir la source de Château de la Ferté-Vidame

== Histoire ==
=== Le château des [[Maison de Rouvroy de Saint Simon|Saint-Simon]] ===
[[Fichier:Fertevidame.jpg|vignette|gauche|Le château avant 1750 par [[Louis-Nicolas Van Blarenberghe]], [[Musée des Beaux-Arts (Boston)|musée des Beaux-Arts de Boston]].]]
Un château est attesté à [[La Ferté-Vidame]] dès [[985]]. 

En [[1374]], le domaine est acquis par la famille de Vendôme qui fait reconstruire le château, famille qui détient le titre prestigieux de [[Liste des vidames de Chartres|vidame de Chartres]]. C'est ce château qui est acquis le {{date|19|mai|1635}} par [[Claude de Rouvroy de Saint-Simon|Claude de Rouvroy, duc de Saint-Simon]], favori de [[Louis XIII]].

Son fils, le célèbre [[Mémoires|mémorialiste]], [[Louis de Rouvroy de Saint-Simon|Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon]], logea dans ce château qui a conservé son aspect médiéval de forteresse cantonnée de huit grosses tours, connu par des gouaches de [[Louis-Nicolas Van Blarenberghe]] peintes vers [[1750]], conservées au [[Musée des Beaux-Arts (Boston)|musée de Boston]]. <br/>Il y écrivit la plus grande partie de ses fameux ''Mémoires'' et vers [[1718]]-[[1719]], fit construire le bâtiment des écuries (actuel « petit château »).
{{clr|left}}

=== Le château de Jean-Joseph Laborde ===
Louis de Rouvroy de Saint-Simon mort en [[1755]], le château passe à sa petite-fille, [[Marie-Christine-Chrétienne de Rouvroy de Saint-Simon]], épouse de [[Charles-Maurice de Monaco]], comte de Valentinois. Le {{date|21|juin|1764}}, celle-ci cède le château et les 900 hectares du domaine au richissime banquier et esclavagiste [[Jean-Joseph de Laborde|Jean-Joseph Laborde]], avec le titre de [[Liste des vidames de Chartres|vidame de Chartres]] attaché à la seigneurie.[[File:Gravure Ferté-Vidame.jpg|thumb|left|Vue du château avant sa destruction en 1793.]]Laborde confie à l'architecte [[Antoine Matthieu Le Carpentier]] le soin de reconstruire entièrement le château, dont il ne conserve qu'une partie du donjon féodal, mais rendue méconnaissable sous les ajouts. Les travaux, achevés en [[1771]], ne durent que trois ans, ce qui est court pour édifier un immense bâtiment de trois étages, qui comprenait, dit-on, {{formatnum:167}} pièces. Le [[musée d'Art et d'Histoire de Dreux]] en conserve une élévation.

Le bâtiment est construit en brique et pierre comme les réalisations de la première moitié du {{s|XVII|e}}, mais dans un style original, qui apparaît comme une sorte de sublimation de la grande architecture classique. Le plan dessinait un trapèze très ouvert. Les pièces de réception étaient situées  au rez-de-chaussée, comme dans la plupart des maisons de campagne, les appartements d'invités (dits « à donner ») occupaient le premier et le second étage. Le pavillon central et les deux pavillons situés à l'extrémité des deux ailes étaient couverts de toits en dômes sur plan carré. 

La façade donnant sur les jardins comportait un avant-corps central de forme ovale manifestement inspiré du [[château de Vaux-le-Vicomte]] qui comme lui renfermait un salon ovale édifié sur deux niveaux et surmonté d'une coupole, à laquelle répondaient les coupoles plus basses coiffant les pavillons latéraux. Les anciennes douves avaient été transformées en fossés gazonnés.

Laborde dépensa à La Ferté-Vidame la somme de {{formatnum:14}} millions de [[Livre française|livres]] et y reçut [[Louis XV]], le futur [[Joseph II (empereur du Saint-Empire)|Joseph II d'Autriche]] et le [[Étienne-François de Choiseul|duc de Choiseul]].

Entre autres œuvres d'art, il aurait acquis pour le décorer quatre allégories de l'architecture, de la musique, de la peinture (1765) et de la sculpture peintes par [[Louis Jean François Lagrenée]] ; les deux derniers tableaux, de forme ovale, furent vendus à sa vente après décès le 14 janvier 1785, puis réapparurent en vente successorale à Paris le 16 février 1999<ref>Reprod. coul. dans ''La Gazette de l'Hôtel Drouot'' n°5 - 29 janvier 1999, p. 1.</ref>.

=== Le château après Laborde ===

En [[1783]], [[Louis XVI de France|Louis XVI]] contraint le [[Louis Jean Marie de Bourbon|duc de Penthièvre]] à lui céder son [[château de Rambouillet]]. En contrepartie, Penthièvre, qui possède déjà de vastes domaines en [[Normandie]] et dans le [[Comté du Perche|Perche]], exige La Ferté-Vidame, que Laborde est contraint de lui vendre le {{date|4|janvier|1784}} pour {{formatnum:5.5}} millions de [[Livre en France (monnaie)|livres]]. Laborde ne conserve que le titre de vidame de Chartres, les meubles et objets d'art et les statues du parc, dont le duc de Penthièvre ne veut pas.

[[file:Ferté-Vidame 21-05-23 - 004.jpg|thumb|upright=1.5|Ruines du château.]]

À la mort du duc en [[1793]], le domaine passe à sa fille, la [[Louise Marie Adélaïde de Bourbon|duchesse d'Orléans]], mais celle-ci ayant [[Émigration (1789-1815)|émigré]], ses biens sont [[Bien national|confisqués]]. Déjà saccagé par des pillards, le château est vendu le {{date|27|mars|1798}} au sieur Cardot-Villers qui, fortement endetté, récupère tous les matériaux qui peuvent l'être, d'où l'état actuel des bâtiments, et saccage la forêt en abattant {{formatnum:31000}} arbres. Ne parvenant pas à payer le prix de son acquisition, il est déchu de ses droits. Le domaine est remis en vente en {{date-|juin 1803}}, mais il ne trouve pas preneur et reste dans le domaine de l'État.

À la [[Restauration française|Restauration]], il est restitué à la duchesse d'Orléans. Lorsqu'elle meurt, en [[1826]], le domaine passe à son fils aîné [[Louis-Philippe Ier|Louis-Philippe]], futur roi des Français. Il reconstitue le domaine, fait relever le mur d'enceinte, remettre en état les pièces d'eau, restaurer et agrandir « le petit château », mais la [[Révolution française de 1848|révolution de 1848]] interrompt cette restauration.

Les [[biens de la maison d'Orléans]] sont confisqués sous [[Napoléon III]] puis en [[1872]] les Domaines vendent La Ferté-Vidame au baron Léon de Dordolot, qui s'y livre à sa passion de la [[Vénerie|chasse à courre]]. 

Il le revend en [[1879]] à un riche [[agent de change]] parisien, Charles Laurent. Ce dernier s'installe au « petit château », agrandit le domaine, entreprend des travaux de restauration. Son fils, Roger Laurent, entretient un équipage de vénerie qui chasse sur le superbe domaine d'environ {{formatnum:6000}} hectares, dont près de {{formatnum:1000}} hectares entourés de murs et formant le parc. Sa sœur Thérèse Laurent a épousé le marquis de Lestrade, autre veneur de Bourgogne à La Grange Arthuis. La chasse à tir y est aussi une des plus belles de France, où se retrouvent le monde de la finance et celui de la politique<ref>Maurice de Gasté, ''L'équipage du marquis de Chambray. Souvenirs de vénerie'', Paris, 1921 ; Évreux, 2001, p. 41.</ref>. 

[[Fichier:La Ferté-Vidame - Chateau (9).jpg|vignette|gauche|Le parc et les communs.]]

En [[1913]], ses héritiers vendent le château et le parc à la Société forestière de Bretagne, qui exploite la forêt jusqu'en [[1921]], avant de revendre le domaine à M. Carpentier, industriel à [[Villers-Cotterêts]] qui le cède en [[1923]] à [[Christian Vieljeux]] ; celui-ci en revend la plus grande partie à la société André [[Citroën]] qui y installe son centre d'essais en [[1938]]. 

En [[1945]], la partie restante est vendue au Ministère de la Justice qui y installe le révérend père Courtois, fondateur de l'œuvre Sainte-Marie-Madeleine, de réinsertion sociale de femmes détenues de droit commun. L'œuvre cesse son activité en [[1979]], au décès de son fondateur.

En [[1991]], l'État cède le château au département d'[[Eure-et-Loir]], qui entreprend des travaux pour le rendre accessible au public. Entre 2001 et 2003, des bénévoles de l'association [[Chantiers histoire et architecture médiévales|Chantiers Histoire et Architecture Médiévales]] participent à un chantier de restauration du château<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Association CHAM {{!}} présentation, historique, chantiers de bénévoles |url=https://www.cham.asso.fr/presentation-cham |site=cham-asso |consulté le=2024-04-12}}</ref>.

En 2020, la [[communauté de communes des Forêts du Perche]] finance l'ouverture d'un musée Saint-Simon sur {{Unité|150|m²}} d'exposition, abrité par le conseil départemental dans le pavillon Saint-Dominique à l'entrée du parc. La « Maison Saint-Simon » pourrait rejoindre à terme le réseau des [[Maisons des Illustres]]<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur= |titre=Le mémorialiste de Louis XIV, Saint-Simon, a sa Maison à la Ferté-Vidame |url=https://www.lechorepublicain.fr/ferte-vidame-28340/loisirs/le-memorialiste-de-louis-xiv-saint-simon-a-sa-maison-a-la-ferte-vidame_13821967/ |site=lechorepublicain.fr |date=9 août 2020 |consulté le=}}.</ref>.