Elbourz

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Elbourz
Carte topographique de l'Elbourz.
Carte topographique de l'Elbourz.
Géographie
Altitude 5 610 m, Mont Damavand[1]
Massif Ceinture alpine
Longueur 1 300 km
Largeur 200 km
Administration
Pays Drapeau de l'Iran Iran
Drapeau de l'Azerbaïdjan Azerbaïdjan
Provinces



Raïons
Azerbaïdjan oriental, Ardabil, Zandjan, Guilan, Qazvin, Alborz, Mazandéran, Téhéran, Semnan, Golestan, Khorassan septentrional
Cəlilabad, Masallı, Yardımlı, Lerik, Lənkəran, Astara
Géologie
Âge Trias
Roches Roches sédimentaires, métamorphiques et volcaniques

L'Elbourz, en persan البرز, aussi écrit Alborz ou Elburz, est une chaîne de montagnes située principalement dans le Nord de l'Iran, de la frontière avec l'Arménie au nord-ouest jusqu'aux abords du Turkménistan à l'est, en passant par le Sud-Est de l'Azerbaïdjan et les rives méridionales de la mer Caspienne. Il culmine à 5 610 mètres d'altitude au mont Damavand, un volcan endormi du centre sud de la chaîne dominant la capitale Téhéran et constituant le plus haut sommet de l'Iran. La chaîne forme une barrière topographique et climatique entre les côtes méridionales de la Caspienne, d'où proviennent les précipitations, et le plateau Iranien, induisant une importante disparité végétale entre les forêts mixtes des versants septentrionaux et les steppes boisées semi-arides des versants méridionaux. La neige qui s'accumule en hiver constitue des glaciers dans le massif de Takht-e Soleyman et sur le mont Damavand, dans l'Elbourz central, et sur le Savalan, à l'extrémité nord-ouest de la chaîne. Sa rapide fonte au printemps alimente des cours d'eau, sur lesquels ont été construits des barrages pour l'approvisionnement ménager, pour l'irrigation et, dans une moindre mesure, pour l'hydroélectricité, essentiellement vers la capitale. La chaîne est issue d'une succession d'événements géologiques : l'orogenèse cimmérienne au Trias, suivie de l'orogenèse alpine avec un raccourcissement crustal entre le Crétacé et le Paléocène, puis un second depuis le Néogène, interrompus par une extension tectonique à l'Éocène. Il en résulte une grande variété pétrographique : roches sédimentaires, métamorphiques et volcaniques s'y côtoient.

Les montagnes de l'Elbourz, peuplées dès le Paléolithique, ont été depuis l'Antiquité, et jusqu'au XVIIIe siècle environ, un refuge et un foyer de résistance face aux vagues de conquêtes et aux changements de dynasties qui ont secoué la Perse. Le zoroastrisme y est longtemps resté très implanté. L'Hyrcanie puis le Tabarestan sont des régions qui ont reflété ces particularités historiques et religieuses, avec une mythologie très développée ; elles ont bénéficié de degrés d'autonomie relativement avancés. La sédentarisation y a été plus précoce que dans le reste du pays et explique les particularités linguistiques de la chaîne. Toutefois, le pastoralisme est longtemps resté ancré avec la présence de populations semi-nomades et les vallées demeurent des lieux d'échanges de productions agricoles d'un versant à l'autre. Quelques routes franchissent désormais la chaîne de part en part, disposant pour certaines de tunnels afin d'éviter le passage de cols élevés et d'assurer le trafic l'hiver. Elles ont contribué à moderniser l'économie et à modifier les modes de vie. Elles ont aussi permis l'essor du tourisme, avec des populations issues des villes du piémont méridional recherchant un peu de fraîcheur l'été aussi bien que les divertissements des sports d'hiver. La chaîne abrite en effet plusieurs stations, parmi lesquelles Dizin, Darbandsar, Shemshak et Tochal à proximité de la capitale. Plusieurs parcs nationaux, monuments naturels nationaux, refuges fauniques et sanctuaires naturels d'État contribuent à préserver l'environnement fragilisé par la pression anthropique.

Toponymie[modifier | modifier le code]

Le nom de l'Elbourz dérive de Harā Bərəzaitī, une montagne légendaire que traverse le Soleil et autour de laquelle gravitent les étoiles, selon l'Avesta, un ensemble de textes sacrés dans le zoroastrisme. Il provient du proto-iranien *Harā Bṛzatī signifiant « montagne rempart » ou « sentinelle élevée ». En effet, *Bṛzatī est la forme féminine de l'adjectif « *bṛzant- », « haut(e) », l'ancêtre de l'actuel persan « boland (بلند) » et de « barz/borz/berazandeh » (« mont »), apparentés au sanskrit « brihat (बृहत्) » ; Harā peut se traduire par « garde, vigie », par la racine indo-européenne *ser-, « protéger ». Harā Bərəzaitī est devenu Harborz en moyen perse, puis Alborz en persan moderne. Il est à rapprocher de l'Elbrouz, point culminant du Caucase, dont le nom est une métathèse. La période d'attribution de ce nom à la chaîne de montagnes iranienne est inconnue mais il est attesté au XIVe siècle par Hamdallah Mustawfi. Aucun nom propre préalable n'est identifié[2],[3].

Géographie[modifier | modifier le code]

Situation[modifier | modifier le code]

L'Elbourz est une chaîne de montagnes qui s'étend sur environ 1 300 kilomètres[4],[5], en ceinturant la rive méridionale de la mer Caspienne[6], principalement en Iran, des frontières avec l'Arménie et l'exclave du Nakhitchevan, au sud de la rivière Araxe, en passant par l'extrémité sud-est de l'Azerbaïdjan, pour son extension occidentale, pratiquement jusqu'aux confins avec le Turkménistan pour son extension orientale[6]. Il couvre ainsi, d'ouest en est, les provinces iraniennes d'Azerbaïdjan oriental, d'Ardabil, de Zandjan, de Guilan, de Qazvin, d'Alborz, de Mazandéran, de Téhéran, de Semnan, du Golestan et du Khorassan septentrional. Il traverse aussi les raïons de Cəlilabad, de Masallı, de Yardımlı, de Lerik, de Lənkəran et d'Astara. Il est bordé par le Petit Caucase au nord-ouest, par le haut-plateau arménien à l'ouest, par le Massif central iranien au sud-ouest, par les monts Aladagh et le Kopet-Dag au nord-est, alors qu'au sud il domine le plateau Iranien[6],[7]. La plaine côtière avec la mer Caspienne n'excède pas quarante kilomètres et se réduit par endroits à moins d'un kilomètre[6].

Topographie[modifier | modifier le code]

Géomorphologie[modifier | modifier le code]

Vue aérienne, crête dominée par un cône volcanique, tous deux enneigés, sous un grand ciel bleu.
Vue de l'Elbourz central, avec le mont Damavand à gauche, depuis le sud-est, dominant la crête enneigée du Dobrar (4 072 m[8]) ; un cône de déjection se devine au débouché de la vallée au centre de l'image.

Le fleuve Sefid Roud, qui se jette dans la mer Caspienne, est le seul cours d'eau traversant l'Elbourz de part en part[9], en formant une cluse[7] selon un axe sud-ouest - nord-est, près de la ville de Racht. Ses gorges sont de ce fait un important point de passage[9] et séparent la partie occidentale de la chaîne, avec notamment les monts Talych, de sa partie centrale[4]. Cette dernière s'étend sur 400 kilomètres[9] et n'excède pas 120 kilomètres de large[5],[9],[10]. Elle présente de nombreuses vallées encaissées : le col Kandevan relie celle du fleuve Chalus au nord à celle de la rivière Karaj au sud, tandis que le col Gaduk relie la vallée du fleuve Talar au nord-est à celle de la rivière Hableh Roud au sud-ouest[9]. Le mont Damavand, point culminant de la chaîne à 5 610 mètres d'altitude[1], se trouve à mi-distance entre ces deux cols, à 75 kilomètres d'un côté et de l'autre à vol d'oiseau ; entre les deux, la crête axiale descend rarement en dessous de 3 500 mètres[6]. En dehors de ce volcan topographiquement isolé, les plus hauts sommets de l'Elbourz central, dont l'Alam Kuh à 4 850 mètres d'altitude[1],[6], se trouvent dans le massif de Takht-e Soleyman[9], à un nœud orographique au nord-ouest du col Kandevan[6]. Au sud-ouest de ce massif, entre les vallées d'Alamut et de Taléghan, qui constituent deux branches du Sefid Roud[6] parallèles à l'axe des crêtes principales[7], se trouve le Kuh-e Alborz, à 4 056 mètres d'altitude[6]. Le Tochal domine Téhéran, située à une altitude moyenne de 1 300 mètres, de ses 3 942 mètres[6]. La chaîne s'élargit dans sa partie nord-ouest. À l'opposé, à l'est du fleuve Tajan, l'Elbourz oriental, appelé pour tout ou partie Shah Kuh, du nom de son plus haut massif[9],[11], s'étend sur 300 kilomètres de long pour 50 à 70 kilomètres de large, selon un axe ouest-sud-ouest - est-nord-est[6]. Il se compose de chaînons imbriqués[6] culminant à 3 767 mètres, avec une altitude qui décroît nettement vers l'est, séparés par quelques cols relativement peu élevés[9].

Dominant les −29 mètres d'altitude de la mer Caspienne, les versants septentrionaux sont plus abrupts et ont un relief plus acéré que les versants méridionaux bordés par le plateau Iranien et ses 1 500 mètres en moyenne[5],[6],[7],[10]. La partie frontale de la chaîne, par rapport à la Caspienne, est relativement régulière, tandis que l'Anti-Elbourz, au sud, présente des chaînons discontinus[5],[9]. Les rivières du versant méridional ont laissé à leur débouché sur le plateau Iranien d'importants cônes de déjection[6].

Principaux sommets[modifier | modifier le code]

Un haut cône volcanique enneigé dominant des reliefs de type alpin plus modestes sous un ciel sans nuage, à peine brumeux à l'horizon.
Vue aérienne du mont Damavand depuis le sud-ouest.
Des montagnes boisées en bas et enneigées plus haut, sous un ciel couvert.
Vue de l'Alam Kuh depuis l'ouest.
Des montagnes aux sommets dans les nuages mais avec des pentes enneigées avec une belle luminosité.
Vue du Savalan.

Les sommets les plus élevés de l'Elbourz sont (par altitude décroissante)[8],[12] :

  • le mont Damavand, 5 610 m ;
  • l'Alam Kuh, 4 850 m ;
  • le Savalan, 4 811 m ;
  • le Shākhak, 4 795 m ;
  • le Khersān, 4 680 m ;
  • le mont Takht-e Soleyman, 4 659 m ;
  • le Siāh-Sang, 4 604 m ;
  • le Heram, 4 587 m ;
  • le Marji-Kesh, 4 580 m ;
  • le Kasrā, 4 577 m ;
  • le Haft-Khān, 4 537 m ;
  • le Chāloun, 4 516 m ;
  • le Siāh-Goog, 4 500 m ;
  • le Siāh-Kamān, 4 472 m ;
  • le Mish-Chāl, 4 470 m ;
  • le Shāneh Kuh, 4 465 m ;
  • le Rostam-Nisht, 4 426 m ;
  • le Kāloo, 4 412 m ;
  • le Gardoon Kuh, 4 402 m ;
  • le Ghobi, 4 399 m ;
  • le Kalāch-Band, 4 392 m ;
  • le Menār, 4 378 m ;
  • le Kholeno, 4 375 m ;
  • l'Azād Kuh, 4 355 m.

Sept sommets sont ultra-proéminents (par proéminence décroissante)[13] :

Hydrographie[modifier | modifier le code]

L'Elbourz est partagé presque intégralement entre deux bassins versants : le bassin aralo-caspien au nord et le bassin du plateau central iranien au sud ; à l'extrémité ouest, la plaine traversée par l'Aji Chay entre le Savalan et le Bozgouch vers Tabriz appartient au bassin du lac d'Ourmia. Toutes les eaux s'écoulant dans la chaîne sont donc endoréiques. Dans l'Elbourz central, la ligne de partage des eaux principale, séparant le bassin de la mer Caspienne du plateau Iranien, a généralement la particularité de passer non pas par la crête axiale de la chaîne mais le long de l'Anti-Elbourz[6]. Hormis l'Araxe, qui longe la chaîne à son extrémité nord-ouest, et le Sefid Roud qui la traverse de part en part entre ses parties occidentale et centrale, le réseau hydrographique vers le nord est généralement constitué de fleuves côtiers[7]. Vers le sud, les cours d'eau se partagent entre le lac Namak à l'ouest et le Dacht-e Kavir à l'est[7].

Petit lac aux eaux turquoises dans une cuvette montagneuse aux pentes enherbées sous un ciel grisâtre.
Vue du lac Tar.

Le lac Neor, dans les monts Talych, est le plus grand lac naturel de l'Elbourz. Situé à 2 500 mètres d'altitude, c'est un lac d'eau douce d'origine glaciaire peu profond, au niveau variable et d'une superficie maximale de 4 km2[14]. Les glissements de terrain sont un facteur majeur de formation de lacs de montagne dans la chaîne ; parmi eux, les lacs Valasht, Chort, Shoormast, Evan, Tar, Havir et Imamzadeh-Ali. Les séismes sont souvent des éléments déclencheurs de ces glissements de terrain. La rupture des barrages naturels constitue un risque pour les populations en aval[15]

Blocs rocheux et cailloux reposant sur un glacier avec des montagnes en arrière-plan.
Vue d'un glacier parsemé de débris rocheux au pied de l'Alam Kuh dans le massif de Takht-e Soleyman.

L'Elbourz abrite trois des cinq régions glaciaires d'Iran (les deux autres étant dans les monts Zagros)[16]. Des glaciers sont présents sur les versants nord et est du mont Damavand (glaciers Siuleh, Dubi-sel, Speleh, Khurtabsar et Yakhar), dans le massif de Takht-e Soleyman (glaciers Septentrional — formé par les glaciers Alamchal, Patakht, Takht-e Soleyman — Occidental, Haft-Khan, Khersan et Merjikesh) où ils constituent un champ de glace relativement étendu (7,5 km2)[6],[16], et sur le Savalan (glaciers Septentrional, Herame-kasra, Herame-kasra Sud-Est et Méridional[16]). En raison de la pente et d'un étage nival plus élevé, l'épaisseur des glaciers sur le mont Damavand, inférieure à vingt mètres, est moindre que dans le massif du Takht-e Soleyman, où elle peut atteindre cinquante à quatre-vingts mètres[16]. De plus, les fronts glaciaires n'y descendent pas en dessous de 3 900 mètres alors qu'ils se situent entre 3 600 et 4 100 mètres d'altitude dans le massif de Takht-e Soleyman et sur le Savalan[16]. Les langues glaciaires sont souvent couvertes par une épaisse couche de débris rocheux[16]. Des pénitents de neige se forment dans les zones sommitales du Damavand et du Savalan[16]. Ces glaciers sont une importante réserve d'eau pour le Nord de l'Iran[16].

Géologie[modifier | modifier le code]

À la fin du Trias, le microcontinent Cimmeria entre en collision avec Laurasia et l'océan Paléotéthys se referme. Si la collision continentale est précédée par une subduction dans la région des monts Aladagh, au nord-est, celle-ci est plus incertaine dans l'Elbourz[4]. Elle semble grandement dictée par la géomorphologie irrégulière de la marge continentale de Laurasia[4] : présence de terranes préalables[4] ou d'un bloc surélevé[17], de prismes d'accrétion, de bassins d'arrière-arc et de failles[4]. La marge continentale présente toutefois déjà l'orientation ouest-est qui caractérise actuellement l'Elbourz[17]. L'accrétion des terranes, composés de séries de roches sédimentaires datant du Précambrien au Trias moyen, entraîne l'orogenèse cimmérienne[4].

Sur la bordure septentrionale de l'Elbourz central, les strates supérieures de roches principalement carbonatées, produites dans une mer peu profonde après le Dévonien, sont partiellement recouvertes par la formation de Shemshak, composée de roches essentiellement siliciclastiques (majoritairement des grès) accumulées dans un bassin d'avant-pays de la fin du Trias au Jurassique. Des basaltes également jurassiques sont présents sur la bordure méridionale[4]. La zone de suture est en revanche bien visible dans l'Elbourz oriental, au sud de Gorgan, où la formation de Shemshak, des calcaires crétacés fortement plissés et des conglomérats paléocènes recouvrent avec une discordance prononcée des stacks de schistes d'âge paléozoïque[4]. Dans l'Elbourz occidental, le complexe de Shanderman est une nappe de charriage de roches carbonifères de type éclogite probablement issues de fragments de croûte continentale varisque au niveau de la Transcaucasie et subductées. Des roches métamorphiques, principalement de l'ardoise, ainsi que de la phyllite et des gneiss, avec des intrusions de granite, de diorite et de gabbro, y sont également présentes, en partie recouvertes par la formation de Shemshak[4].

La collision continentale reprend avant le début du Cénozoïque avec la fermeture de l'océan Néo-Téthys et le rapprochement de la plaque arabique vers la plaque eurasiatique[4],[5],[18], en lien avec l'orogenèse alpine[17]. Ainsi, à la fin du Crétacé, une importante compression d'arrière-arc affecte l'Elbourz, en particulier sa partie méridionale, en lien avec une double subduction de la Néo-Téthys et de sa mer de Nain-Baft, correspondant à la formation du Massif central iranien et des monts Zagros[4],[5]. À l'Éocène, une phase d'extension tectonique engendre un arc volcanique ; l'émission des roches volcaniques de la formation de Karaj, qui surmonte en particulier les conglomérats de l'Elbourz occidental, dépasse 3 000 mètres dans la partie méridionale des monts Talych et perd en épaisseur vers l'est et le nord[4],[5],[17]. Il se produit également une exhumation des roches en domaine extensif[5],[18],[19]. Celle-ci ralentit fortement au cours de l'Oligocène[5]. Les bassins sédimentaires intermontagneux de Taléghan et d'Alamut se mettent en place en lien avec la formation lagunaire à lacustre de Qom dans l'actuel Iran central[18]. Un nouvel épisode de compression est identifié au Néogène-Quaternaire[4]. L'exhumation reprend, hormis une pause à la fin du Miocène, alors que la vitesse de convergence tectonique reste constante. Elle pourrait avoir pour facteurs déterminants une différence dans l'angle de convergence des plaques ou un changement climatique lié à l'isolement de la mer Caspienne et un abaissement de son niveau de base d'une cinquantaine de mètres[5]. Différents processus de sédimentation sont associés à cet épisode compressif : en milieu continental dans l'Elbourz occidental, en milieu marin peu profond ou littoral sur la bordure méridionale avec des gypses et des débris calcaires[4],[5],[20]. En dernier lieu, des alluvions quaternaires comblent les dépressions sur les piémonts[4].

Fumerolles blanches s'échappant de fentes au sommet d'une montagne avec des dépôts jaune pâle à jaune soufré autour, sous un ciel bleu profond.
Vue de fumerolles et de dépôts de soufre sur le mont Damavand.

L'Elbourz absorbe actuellement 30[5] à 40 %[19] de la convergence entre les deux plaques, qui s'élève à près de 22 mm/an[5],[19],[21]. La collision se traduit généralement par un chevauchement dans l'Elbourz central[5],[19] et par des décrochements sénestres dans les parties occidentale[19] et orientale[5],[19] de la chaîne, avec des failles respectivement ouest-nord-ouest et est-nord-est[19]. Les monts Talych font exception avec un plissement nord-sud sur leur frange orientale[19]. L'épaississement crustal, de l'ordre de 35 kilomètres, est anormalement faible pour une chaîne de montagnes des dimensions de l'Elbourz[19],[21], impliquant une racine peu profonde et une asthénosphère relativement superficielle[21].

Le mont Damavand est un volcan dont le cône actuel, âgé de 600 000 ans, présente un volume de trachy-andésite de plus de 400 km3 ; il repose sur les vestiges d'un cône plus ancien qui pourrait dater de près de 1,8 Ma. Dominant l'Elbourz central, son origine semble toutefois indépendante de l'orogenèse de la chaîne. Il pourrait être lié à un point chaud en lien avec une délamination lithosphérique sous l'effet d'un panache magmatique[22].

Les glaciations ont été relativement importantes dans l'Elbourz au Quaternaire et l'érosion associée a laissé des cirques[23], de larges vallées en auge et des gorges épigénétiques[6], c'est-à-dire surcreusées dans les sédiments fluvio-glaciaires.

Carte de répartition de formations géologiques.
Carte géologique de l'Elbourz.
  • Quaternaire
  • Roches volcaniques de l'Éocène (formation de Karaj)
  • Mélange ophiolitique et associations du Crétacé
  • Successions du Jurassique moyen au Néogène
  • Intrusions
  • Groupe de Shemshak métamorphisé
  • Groupe de Shemshak
  • Précambrien à Trias moyen de l'Iran central
  • Précambrien à Trias moyen de l'avant-pays de l'Elbourz
  • Unités déformées antérieures au Trias supérieur
  • Sédiments métamorphisés anté-jurassiques de l'Elbourz
  • Formation métamorphique paléozoïque de Torud
  • Complexes métamorphiques de Shanderman et Gasht
  • Unités du Paléozoïque supérieur de Turan

Climat[modifier | modifier le code]

Vue satellite de la mer Caspienne, avec sur sa rive sud un long liseré vert de végétation.
Vue satellite de la mer Caspienne avec, au sud, le liseré vert correspondant aux versants septentrionaux de l'Elbourz.

Le climat dans la chaîne présente une asymétrie prononcée. Les versants septentrionaux sont généralement soumis à des masses d'air chargées d'humidité en provenance de la mer Caspienne[5],[6],[9],[24]. Elles sont influencées par l'anticyclone de Sibérie, surtout actif en hiver[24]. Les versants méridionaux sont sous l'influence de l'anticyclone subtropical dont l'air est asséché par son passage au-dessus du plateau Iranien[24].

Dans l'Elbourz occidental et central, les versants septentrionaux sont soumis à un régime pluviométrique sub-humide à per-humide ; ils reçoivent plus de 1 000 mm par an sur les piémonts et jusqu'à 1 800 mm à moyenne altitude et au pied des monts Talych[5],[6],[9],[25]. Les précipitations y ont lieu tout au long de l'année, un maximum survenant en début d'automne[6],[25], lorsque la mer est encore chaude[24], avec par exemple plus de 300 mm en septembre et en octobre à Bandar-e Anzali[25]. Dans cette partie du Guilan proche des gorges du Sefid Roud, les masses d'air sont en contact direct et provoquent un front météorologique instable[24]. Un second pic moins prononcé s'observe autour du mois de mars[25] ; il s'explique en partie, notamment sur le versant sud-ouest, par des perturbations venues de la mer Méditerranée[24]. En hiver, les précipitations se produisent sous forme de neige et apportent un important manteau neigeux[6]. Entre 3 000 et 4 000 mètres d'altitude, il fond toutefois en une quinzaine de jours, laissant place à des processus périglaciaires[23],[26]. La circulation atmosphérique se faisant généralement du nord-ouest au sud-est en été[6] et du nord-est au sud-ouest en hiver[6],[24], elle est en grande partie bloquée par les crêtes orientées perpendiculairement, ainsi que par le climat continental plus stable et plus sec qui règne au-dessus de 2 200 à 2 500 mètres d'altitude[6],[24]. Cette circulation atmosphérique hivernale, lorsque les pluies sont les plus propices, explique le gradient pluviométrique croissant de l'est vers l'ouest, là où la surface maritime parcourue est la plus importante[24]. Au cœur de l'Elbourz central, la période la plus arrosée est le début du printemps mais, du mois de juin au mois de septembre, les orages parviennent difficilement jusqu'au fond des vallées et la sécheresse s'installe[24],[25]. Il pleut en moyenne 400 mm par an dans ces régions[25]. Au sud de la chaîne, le phénomène d'ombre pluviométrique tend à abaisser les précipitations à 280 voire 250 mm, avec de grandes variations saisonnières et annuelles[6],[9]. Au barrage de Latyan, dans une vallée au nord-est de Téhéran, la distribution des précipitations ressemble encore à celle des altitudes les plus élevées, mais la sécheresse est plus étalée dans le temps et le régime pluviométrique est semi-aride[25]. Dans la capitale, aride, il tombe mensuellement 40 à 50 mm de décembre à avril mais la sécheresse sévit tout le reste de l'année, avec les mois de juillet à août généralement dépourvus de pluie[25]. Dans l'Elbourz oriental, les précipitations sont moindres que dans le reste de la chaîne et l'aridité se fait sentir jusqu'au versant septentrional, en dehors de quelques îlots humides sur les chaînons les plus élevés[6]. Le pic de précipitations y survient en mars avec 70 à 90 mm, pourtant Gorgan connaît la sécheresse de juin à septembre et à Gonbad-e Qabous, encore plus à l'est, elle perdure environ de mi-avril à octobre ; annuellement, il y tombe respectivement près de 600 et 300 mm[25].

La température annuelle moyenne est de 14 °C au niveau de la mer au nord[27] et de 15 à 18 °C, avec des hivers froids, en bordure du plateau Iranien au sud[28]. Sur les versants septentrionaux, le climat est tempéré. De Bandar-e Anzali à l'ouest jusqu'à Gorgan à l'est, les températures croissent légèrement mais restent relativement homogènes : les moyennes mensuelles sont comprises entre 6 et °C en hiver et entre 25 et 28 °C environ en été. Les minimales moyennes sont de 3 à °C et les maximales moyennes sont de 29 à 33 °C[24],[25]. Durant l'été, une couche d'inversion de température se met en place, maintenant une mer de nuages pendant plusieurs semaines sur le bassin caspien et limitant l'amplitude thermique[24]. À Gonbad-e Qabous, l'amplitude entre l'hiver et l'été est plus importante, avec respectivement °C et 36 °C[25]. Au cœur de l'Elbourz central, à 2 200 mètres d'altitude, les moyennes mensuelles estivales sont comprises entre 17 et 18 °C avec des maximales moyennes à 26 °C. L'hiver, les disparités sont plus importantes selon la position par rapport à la ligne de crête principale : au nord, si les minimales atteignent −7 °C, les moyennes mensuelles restent toutefois légèrement positives ; au sud, en revanche, les moyennes sont négatives de décembre jusqu'à mars et les minimales descendent jusqu'à −13 °C[25]. Ce climat froid en hiver se ressent fortement sur les versants méridionaux, notamment à Téhéran, où les moyennes mensuelles sont de °C en hiver et les minimales moyennes de °C, alors que l'été les températures grimpent en moyenne à 30 °C avec des maximales de 36 °C[25].

Écosystèmes[modifier | modifier le code]

L'Elbourz est partagé entre deux écorégions : les forêts mixtes hyrcaniennes de la Caspienne sur le versant septentrional[27] et la steppe boisée de l'Elbourz sur le versant méridional[28].

La rapidité de la fonte du manteau neigeux à l'étage périglaciaire et l'apport en eau très bref limitent fortement dans le temps le phénomène de solifluxion. De plus, la sécheresse ralentit la météorisation de la roche-mère. Ainsi, les zones de formation d'un sol évolué sont rares, à l'exception des vallées latérales des versants méridionaux et des colluvions argileuses des versants septentrionaux humides[26].

Flore[modifier | modifier le code]

Forêt de feuillus en montagne dans une ambiance brumeuse et nuageuse.
Vue de la forêt hyrcanienne dans l'Elbourz central.

L'écorégion des forêts mixtes hyrcaniennes est constituée par plusieurs étages de végétation[6],[9]. Sur les piémonts jusqu'à 500 à 1 000 mètres se trouve une épaisse forêt relictuelle fragmentée[27] d'âge tertiaire[6] constituée notamment du Chêne à feuilles de châtaignier (Quercus castaneifolia), de l'Orme du Caucase (Zelkova carpinifolia), du Parrotie de Perse (Parrotia persica), de l'Arbre à soie (Albizia julibrissin)[6],[27], du Ptérocaryer du Caucase (Pterocarya fraxinifolia), du Févier de la Caspienne (Gleditsia caspica)[6], du Buis commun (Buxus sempervirens), du Laurier d'Alexandrie (Danae racemosa), du Plaqueminier lotier (Diospyros lotus), du Houx commun (Ilex aquifolium) et du Fragon d'Hyrcanie (Ruscus hyrcanus)[27]. Entre 1 000 et 2 000 à 2 200 mètres se trouve la forêt de montagne caspienne, domaine du Hêtre d'Orient (Fagus oriental