Amsterdam

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Amsterdam
Blason de Amsterdam
Armoiries.
Drapeau de Amsterdam
Drapeau d'Amsterdam.
De haut en bas, de gauche à droite : Damrak, Rijksmuseum, vue de la ville depuis l'Oosterdok, Westerkerk bordée par le Prinsengracht.
Administration
Pays Drapeau des Pays-Bas Pays-Bas
Province Drapeau de la province de Hollande-Septentrionale Hollande-Septentrionale
Bourgmestre
Mandat
Femke Halsema (GL)
2018-2024
Code postal 1000-1109
Indicatif téléphonique +(31)
Démographie
Gentilé Amstellodamois
Population 921 468 hab. (2023[1])
Densité 4 894 hab./km2
Population de l'agglomération 1 654 000 hab. (2022[2])
Densité 3 396 hab./km2
Géographie
Coordonnées 52° 22′ 22″ nord, 4° 53′ 37″ est
Superficie 18 830 ha = 188,3 km2
Superficie de l'agglomération 48 700 ha = 487 km2
Localisation
Localisation de Amsterdam
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Amsterdam
Liens
Site web www.amsterdam.nl/

Amsterdam (Écouter) est la capitale des Pays-Bas, bien que le gouvernement ainsi que la plupart des institutions nationales siègent à La Haye. Sur la base des chiffres de l'année 2023, la commune d'Amsterdam compte un peu plus de 920 000 habitants, appelés Amstellodamois, ce qui en fait la commune néerlandaise la plus peuplée. Elle est située au cœur de la région d'Amsterdam, regroupant environ 1 650 000 habitants. L'aire urbaine, qui rassemble plus de 2 500 000 résidents[3],[4] fait elle-même partie d'une conurbation appelée Randstad qui compte 7 100 000 habitants. La ville est la plus grande de Hollande-Septentrionale, mais n'est cependant pas le chef-lieu de la province, ce dernier étant Haarlem, situé à 19 kilomètres à l'ouest d'Amsterdam.

Le nom de la commune vient de l'ancien nom néerlandais Amstelredamme évoquant les origines de la ville : la digue (Dam) sur l'Amstel. Petit village de pêcheurs au XIIe siècle, la ville connaît une très forte croissance au Moyen Âge, tardive au regard d'autres villes aux Pays-Bas, au point de devenir l'un des principaux ports du monde durant le siècle d'or néerlandais. Le quartier de De Wallen est la partie la plus ancienne de la ville, qui se développe autour d'un réseau concentrique de canaux semi-circulaires reliés par des canaux perpendiculaires, formant une « toile d'araignée ». Au centre de la vieille ville se trouve, sur la place du Dam, le palais royal d'Amsterdam, construit au XVIIe siècle, symbole de l'importance de la ville. Guillaume Ier en fait sa résidence en 1815. Depuis , le quartier du Grachtengordel, délimité par le Herengracht, Keizersgracht et Prinsengracht, figure sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. Dans cette zone se trouve le renommé béguinage d'Amsterdam, cour arborée et bordée d'habitations anciennes — la plus vieille datant de 1528 environ — abritant en son sein une chapelle anglicane.

Amsterdam est l'un des centres économiques majeurs des Pays-Bas et l'un des principaux centres financiers d'Europe. Les sièges sociaux de plusieurs firmes multinationales (Philips, AkzoNobel, ING et TomTom notamment) sont situés dans la ville et d'autres ont leurs bureaux européens basés à Amsterdam (principalement Netflix, Uber et Tesla). La ville est également la première destination touristique et culturelle néerlandaise, notamment du fait de la renommée de ses principaux musées concentrés autour de la Museumplein : le Rijksmuseum, la fondation d'art moderne Stedelijk Museum et le Van Gogh Museum figurent parmi les plus visités au monde. D'autres lieux culturels d'importance sont le musée scientifique NEMO, l'Institut royal des Tropiques, le musée d'art Hermitage, l'institut du cinéma EYE, le musée maritime néerlandais et la Maison Anne Frank.

Divers classements placent Amsterdam parmi les métropoles mondiales offrant le meilleur confort de vie[5], le magazine américain Forbes la positionnant à la première place en 2016 pour les jeunes adultes[6] ; elle est également désignée en 2016 comme capitale européenne de l'innovation. Selon l'Economist Intelligence Unit (EIU), elle est la ville la plus sûre d'Europe et la quatrième ville la plus sûre du monde en 2019[7]. La majorité des déplacements en ville s'effectue grâce aux quatorze lignes de tramway, aux cinq lignes de métro, à pied ou à vélo. La ville est réputée pour ses événements festivaliers (Amsterdam Music Festival, Sensation, In Qontrol et Uitmarkt), ses discothèques (Paradiso et Melkweg) et ses salles de concert (notamment le Ziggo Dome, Concertgebouw, Heineken Music Hall et Stadsschouwburg). Amsterdam est aussi connue pour son quartier rouge, ainsi que pour ses nombreux coffee shops possédant une licence leur permettant de commercialiser le cannabis, reflétant le progressisme politique des Pays-Bas[8].

Face à une forte fréquentation, la ville a participé aux réflexions sur l'avenir des villes européennes dans ce cas en direction d'un tourisme durable, comme d'autres villes confrontées au phénomène récurrent de surtourisme. Dès 2016, elle rejoint le mouvement Fab City, suivant l'appel lancé par le maire de Barcelone, Xavier Trias, à ce que toutes les villes du monde deviennent autosuffisantes pour 2054[9].

Toponymie[modifier | modifier le code]

Le toponyme du terme « Amsterdam » est seulement attesté avec sa graphie actuelle au XVe siècle. Le nom de la ville qui a connu une croissance urbaine assurée dès le XIIe siècle s'est écrit de différentes façons par le passé : Aemstelredam, Aemstelredamme, Amestelledamme (1275)[10],[11], Amestelredamme (1285), Amstelredam, et Amstelredamme[12]. Il existe une variante graphique Amsteldam attestée au XVIIe siècle et XVIIIe siècle.

Le toponyme originel signifierait la digue (dam en néerlandais) de terre (« erd » ou « ered » son persistant intermédiaire du mot) sur une rivière nommée autrefois Amstel. Il existe selon Deroy et Mullon une autre hypothèse apparemment précise formulable sur l'installation portuaire à la faveur de cette digue située au sud-ouest de l'ancien golfe du Zuidersee[13]. Elle segmente arbitrairement le toponyme en trois parts Ame/stelle/dam, interprétant la première Ame en « cours d'eau ou rivière locale à eau vive », la seconde Stelle soit « une place portuaire, formé par une levée progressive de terre formant embarcadère ou un amas de terre de remblai, en partie creusé et aménagé, permettant le premier emplacement portuaire », la troisième Dam signalant toujours la digue en arrière, protégeant les habitations. Dans ce cadre hypothétique, la ville préserverait un nom signifiant approximativement la « digue du port fluvial ».

Héraldique[modifier | modifier le code]

Armoiries d'Amsterdam
Les armoiries d'Amsterdam. Les trois mots Heldhaftig, Vastberaden et Barmhartig, devise personnelle de Feike de Boer, bourgmestre d'Amsterdam après la libération de la ville en 1945, signifient « héroïque », « déterminée », « miséricordieuse ».

Les premières armoiries se composent « de gueules au pal cousu de sable chargé de trois flanchis d'argent ». Ce sont donc des armes à enquerre. Les origines du blason ne sont pas claires, mais les historiens considèrent qu'il s'agit des armoiries de la famille Persijn, qui était propriétaire d'une grande étendue de terres situées sur l'emplacement de la ville[14],[15]. Un certain Jan Persijn est ainsi « seigneur de Amstelledamme » de 1280 à 1282 (on retrouve les mêmes couleurs et figures sur les blasons des villes d'Ouder-Amstel et Amstelveen qui furent, elles aussi, la propriété de la famille Persijn). Ces mêmes historiens estiment que la bande noire au centre du blason représente le fleuve Amstel (comme c'est le cas dans plusieurs autres villes néerlandaises, comme à Delft ou à Dordrecht, où la bande centrale stylise le cours d'eau principal de la ville)[16]. Les trois croix de saint André pourraient représenter les trois mots de la devise de la ville. Une tradition populaire voit pourtant dans ces trois croix les menaces pour la ville : eau, feu et peste.

En 1489, la petite ville commerçante acquiert le droit d'ajouter la couronne du Saint-Empire romain germanique à son blason. Il s'agit d'une faveur accordée par l'empereur Maximilien Ier pour remercier les habitants de la ville du soutien qu'ils lui apportent[16]. Cette même couronne est également visible (sous une forme stylisée plus proche de celle de Rodolphe II) au-dessus de la Westerkerk, l'une des églises les plus emblématiques de la ville[16]. Sous le Premier Empire, Amsterdam fait partie des bonnes villes et est autorisée, à ce titre, à demander des armoiries au nouveau pouvoir : elles sont modifiées par l'ajout d'un « chef de gueules chargé de trois abeilles d'or », qui est la marque présente sur les blasons des bonnes villes de l'Empire[17].

Histoire[modifier | modifier le code]

Moyen Âge[modifier | modifier le code]

Fondation[modifier | modifier le code]

La première mention du nom « Amsterdam » dans les documents historiques remonte à un acte de Florent V, comte de Hollande de 1256 à 1296. Le document, baptisé « Exemption de taxes d'Amsterdam » (Tolprivilege van Amsterdam) et daté du [18] dispense les quelques centaines d'habitants du « Barrage sur l'Amstel » du paiement des taxes sur le commerce de leurs produits à l'intérieur du comté de Hollande et sur leur pont-barrage sur l'Amstel, construit vers 1270[10],[19]. Ces habitants sont désignés en latin en tant qu'« homines manentes apud Amestelledamme (littéralement, les personnes vivant près du barrage de l'Amstel)[20]. En l'espace de quelques années, ce mot évolue sous sa forme quasi finale d'Aemsterdam, comme l'attestent des écrits de 1327[19]. À cette époque, Amsterdam n'est rien de plus qu'un village de pêcheurs rattaché à l'évêché d'Utrecht[18].

Développement[modifier | modifier le code]

Cette exemption de péage donne un avantage aux Amstellodamois pour le commerce extérieur et permettra à Amsterdam de devenir la première place commerciale de Hollande[21], et de poser les bases de sa richesse et de sa puissance futures[18].

Le bourg d'Amsterdam, qui obtient le statut de ville en 1300 ou 1306[10], probablement de l'évêque d'Utrecht, Gui d'Avesnes[22], devient une importante place commerciale au XIVe siècle, grâce à son port qui se développe sur le Damrak, en aval du barrage originel.

Le commerce d'Amsterdam a lieu principalement avec les villes de la Ligue hanséatique[10].

En 1345, un miracle présumé se produit sur la Kalverstraat et fait d'Amsterdam un important centre de pèlerinage, qui durera jusqu'à la Réforme[23].

Avant 1385, l'Amstel sépare la ville d'Amsterdam en deux parties de taille à peu près égale : la « vieille ville » (Oudezijde) où se trouve la « Vieille église » (Oude Kerk), dont la construction avait débuté vers 1300[12], et la « Nouvelle ville » (Nieuwezijde) où se trouve la « nouvelle église » (Nieuwe Kerk), bâtie au début du XVe siècle[24].

Afin de garantir sa protection, la ville se dote de canaux, complétés par une palissade (burgwal) composée d'un mur de terre surplombé par une palissade de bois. Lorsqu’après 1385, de nouveaux murs d'enceinte sont construits, le mur existant prend le nom de Voorburgwal (avant-palissade) tandis que le nouveau est baptisé Achterburgwal (arrière-palissade), et ce à la fois dans les vieille et nouvelle villes. On voit encore aujourd'hui, dans le centre historique, quatre canaux/rues portant les noms de Oudezijds Voorburgwal, Oudezijds Achterburgwal, Nieuwezijds Voorburgwal et Nieuwezijds Achterburgwal (devenu Spuistraat).

En 1421 et en 1452, la ville est ravagée par deux incendies majeurs[25], le second détruisant plus des trois quarts de la ville. L'empereur et comte de Hollande Charles Quint, décrète en 1521 que les nouvelles habitations devront être construites en pierre plutôt qu'en bois[10],[25]. Restée d'abord théorique, l'interdiction devient définitive à partir de 1669[10]. Presque toutes les habitations en bois de l'époque ont aujourd'hui disparu, à l'exception notable de la Houten Huis (« Maison de bois ») du béguinage. Paradoxalement la reconstruction des bâtiments en brique et en pierre, plus lourde, nécessite encore plus de bois: Amsterdam est reconstruite sur des pieux, dont la longueur doit être idéalement d'au moins quinze mètres pour atteindre le premier banc de sable, sous-jacent à la tourbe fangeuse sur laquelle est construite la ville; on fait donc venir de la Forêt-Noire, flottés sur le Rhin, les milliers de « mâts », car il s'agit d'une industrie concomitante à celle du bois de mâture, les milliers de pieux sur lesquels la ville sera désormais bâtie[26].

Temps modernes[modifier | modifier le code]

Amsterdam à l'époque de l'apogée d'Anvers[modifier | modifier le code]

Le commerce du Portugal et de l'Espagne avec l'Amérique, l'Afrique et les Indes orientales, fait d'Anvers la grande place commerciale et bancaire d'Europe à partir de 1500.

Amsterdam reste confinée au commerce d'Europe du Nord.

La situation change complètement à la suite des événements politiques des années 1566-1585.

L'insurrection contre le roi d'Espagne (1566-1585)[modifier | modifier le code]

Gravure représentant Amsterdam en 1544
Gravure sur bois représentant Amsterdam en 1544.

Depuis Charles Quint, le souverain des Pays-Bas, donc comte de Hollande, est aussi roi d'Espagne.

Le successeur de Charles Quint, le roi Philippe II d'Espagne[27] fait preuve d'une grande intransigeance en matière religieuse et politique, ce qui génère de fortes tensions avec la noblesse locale et avec les protestants[28]. En 1566 commence la révolte des Gueux. La politique du représentant du roi à Bruxelles, Ferdinand Alvare de Tolède, notamment l'instauration du Conseil des troubles en 1567, fait que la révolte dégénère rapidement en guerre en 1568, dite guerre de Quatre-Vingts Ans

Amsterdam se rallie à l'insurrection en 1578[29],[27],[30], après le renversement du gouvernement catholique de la ville au cours de l'épisode de l'Alteratie, qui voit les protestants prendre le pouvoir, sans effusion de sang[31].

En 1581, les provinces et villes de l'union d'Utrecht (1579) proclament la déchéance de Philippe II de ses droits sur les Pays-Bas (acte de La Haye). En 1585, la limite entre les provinces insurgées, qui forment la république des Provinces-Unies, et les Pays-Bas espagnols est fixée de fait après la reprise d'Anvers par les troupes d'Alexandre Farnèse, gouverneur au nom de Philippe II.

Le roi d'Espagne reconnaît l'indépendance en droit des Provinces-Unies en janvier 1648, par le traité de Münster.

Un refuge religieux[modifier | modifier le code]

Sous la direction du stathouder Guillaume le Taciturne, les Provinces-Unies deviennent un symbole de tolérance religieuse[21]. Dans le contexte des guerres de religion qui ravagent d'autres pays d'Europe, nombreux sont ceux qui y cherchent alors un refuge pour vivre leur foi sans risquer de condamnation. Cette situation provoque l'immigration de familles juives depuis la péninsule Ibérique, de marchands protestants venus de Flandre, des provinces wallonnes des Pays-Bas ou encore de huguenots français. En particulier, de nombreuses et prospères familles, issues d'autres provinces encore sous contrôle espagnol, rejoignent Amsterdam pour y trouver la sécurité. En 1685, le revenu par habitant est ainsi quatre fois supérieur à celui de Paris[32], écart qui se creuse d'autant plus avec la deuxième vague d'exil de huguenots fuyant la France, à la suite de la révocation de l'Édit de Nantes en 1685[33],[34]. Les réfugiés protestants fondent l'église wallonne d'Amsterdam, dont le culte en français subsiste jusqu'à aujourd'hui. Parmi les réfugiés, on compte notamment des hommes de science tels que Comenius ou encore des philosophes tels que René Descartes. Par ailleurs, l'afflux d'imprimeurs flamands, provenant notamment d'Anvers[35], et la tolérance intellectuelle qui règne à Amsterdam contribuent à donner à la ville son statut de centre européen de la liberté de la presse[36].

Le siècle d'or d'Amsterdam (1585-1702)[modifier | modifier le code]

Vue d'Amsterdam vers 1656
Vue d'Amsterdam vers 1656 de Jacob van Ruisdael.

Le XVIIe siècle est considéré comme l'âge d'or d'Amsterdam car elle devient à cette époque la ville la plus riche du monde[37]. La reprise d'Anvers par les Espagnols en 1585, qui voit les bouches de l'Escaut bloquées par les Provinces-Unies se traduit par un afflux massif de bourgeois protestants qui apportent savoir-faire et capitaux[29]. Amsterdam est alors au cœur d'un réseau mondial de commerce maritime avec les pays de la mer Baltique, l'Afrique, l'Amérique du Nord, le Brésil ou encore les Indes orientales. C'est ainsi que les marchands amstellodamois possèdent la majorité des actions de la première grande multinationale de l’Histoire[38], la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, créée en 1602, mais également de sa rivale, la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales (1621)[39]. Ces deux sociétés ont fait l'acquisition de plusieurs territoires outremer, par la suite devenus des colonies néerlandaises. Les bateaux revenant d'Indonésie chargés de précieuses épices font la richesse de la ville. Amsterdam rayonne à cette époque à travers toute l'Europe, tant au niveau artistique avec Rembrandt et Vermeer, que financier avec la création d'une « banque de change » initialement censée faciliter les échanges de monnaie, mais qui devient rapidement un pourvoyeur de fonds pour les particuliers et les entreprises[40], ainsi que de la première bourse de valeurs au monde en 1611[40],[41]. C'est également le cas en génie civil, avec la construction des célèbres canaux ou de l'hôtel de ville, achevé en 1655 sous la supervision de l'architecte Jacob van Campen, considéré par les Amstellodamois comme la huitième merveille du monde[42].

L'hôtel de ville d'Amsterdam, actuellement le palais royal, peint en 1667 par Jan van der Heyden.

Cette période faste se traduit par un accroissement important de la population dans la première moitié du XVIIe siècle, accompagné d'une expansion significative de la ville. Le nombre d'habitants passe ainsi de 50 000 à 210 000 au cours du siècle, en dépit de plusieurs épidémies de peste (de 1623 à 1625, 1635 à 1636, 1655 et surtout 1664)[43]. Les deux premières expansions majeures de la ville ont lieu à la fin du XVIe siècle, avec le « Premier Plan » (Eerste Uitleg, de 1566 à 1585) marqué par un développement en direction de l'est de la ville vers le Lastage, au-delà du Oudeschans, puis du « Deuxième Plan » (Tweede Uitleg) (1585-1593) dans la foulée[44]. Cependant, ces deux expansions ne permettent pas d'absorber la population croissante et de répondre aux besoins nouveaux créés par l'activité économique florissante de la ville. Un nouvel agrandissement significatif est ainsi approuvé par les États de Hollande et de Frise-Occidentale en 1609[45]. Cependant, étant donné les coûts significatifs que le projet implique, et la nécessité de réaménager et rehausser les nouveaux quartiers, il est finalement décidé de réaliser l'élargissement en deux étapes. Le « Troisième plan » (Derde Uitleg) est ainsi mis en place entre 1613 et 1625 et marque le développement de plusieurs quartiers situés à l'ouest de la vieille ville, comme le Haarlemmerbuurt, les Westelijke Eilanden ou encore le Jordaan[45]. Mais le principal chantier du plan est la mise en place de la première partie du Grachtengordel, entre les berges de l'IJ et l'actuel Leidsegracht, et d'un nouveau mur d'enceinte au niveau du Singelgracht. Les travaux de construction d'un nouveau port et du nouveau bastion débutent en 1611. Une fois celui-ci achevé en 1613, la destruction de l'ancienne muraille permet de commencer le creusement des canaux : le Herengracht (1613), le Prinsengracht (1614) puis le Keizersgracht (1615).

Carte et panorama d'Amsterdam en 1662

Au dehors des anciennes limites de la ville, de nouveaux quartiers émergent plus ou moins légalement. Alors qu'une partie de cette nouvelle « avant-ville » se retrouve dans l'enceinte des nouvelles fortifications, l'autre partie (correspondant au futur Jordaan) est volontairement laissée à l'extérieur, afin de réduire les coûts et de limiter le risque d'insurrection[45]. Entre 1613 et 1620, la plupart des fossés sont transformés en canaux, et les chemins en routes. L'organisation des rues devient plus régulière et de nombreux immeubles sont construits. Alors que le sol est rehaussé dans la ceinture de canaux, celui du Jordaan resté inchangé ; différence jamais réduite[45].

Le « Quatrième Plan » (Vierde Uitleg), rendu nécessaire par la pression démographique et le développement de zones illégales aux abords du mur d'enceinte, est marqué par l'achèvement du grachtengordel et l'agrandissement du port[46]. L'aménagement des Oostelijke Eilanden, entre 1652 et 1660, permet à la ville de se doter de chantiers navals et d'un port de premier plan[46]. Le projet d'élargissement des limites de la ville est approuvé en 1660 et les travaux s'étalent sur dix ans, entre 1662 et 1672[46]. Les marchands et bourgeois les plus fortunés s'installent alors sur les bords des canaux parallèles du Herengracht, du Keizersgracht et du Prinsengracht. L'architecte Daniël Stalpaert joue un rôle important dans cette expansion de la ville en 1658. Pour la réaliser, Amsterdam a naturellement besoin de renforts en main-d'œuvre. Des ouvriers, provenant à la fois du pays, mais également de l'étranger, affluent dans la ville et s'installent dans des taudis situés en périphérie des canaux, notamment dans le quartier alors marécageux du Jordaan[47]. Leur présence contraste avec la puissance financière des actionnaires de la Compagnie des Indes.

Du déclin à la modernisation (XVIIIe et XIXe siècles)[modifier | modifier le code]

Fin de l'hégémonie[modifier | modifier le code]

La foire au maïs d'Amsterdam vue durant la seconde moitié du XVIIIe siècle.
Arbre de la liberté en 1795
Installation d'un « arbre de la liberté » sur le Dam à la suite de la révolution batave, en 1795.

Après l'hégémonie du siècle d'or, le XVIIIe siècle voit le déclin de la prospérité de la ville. Les guerres contre la France (entre 1672 et 1713[Note 1]) et la guerre de Succession d'Autriche entraînent le développement d'une dette très importante, atteignant 767 millions de florins en 1795, dont 450 rien que pour la Hollande[48]. Les Néerlandais, qui étaient les principaux transporteurs des marchandises de l'Europe, voient leurs clients et leurs fournisseurs créer leurs propres flottes de commerce et passer de moins en moins par leur intermédiaire. Les Actes de navigation, votés en Angleterre à partir de 1651, interdisent l'accès aux ports et colonies britanniques pour les pavillons des autres nations. Ces dispositions visent particulièrement les Provinces-Unies[49].

Une autre cause du déclin de la puissance commerciale néerlandaise est l'obsolescence progressive de ses techniques. Le développement d'un vaste marché en Europe de l'Ouest rend nécessaire la construction de navires d'un plus fort tonnage, afin de transporter davantage de marchandises. Si les chantiers navals néerlandais lancent des navires plus importants au XVIIIe siècle qu'au XVIIe siècle, ceux-ci sont pourtant dépassés par ceux de leurs concurrents, tant pour ce qui est de la taille que du niveau technique[50]. Les retards accumulés par les Néerlandais ont également pour conséquence un ensablement des chenaux des ports de commerce, à commencer par ceux du Pampus et du Marsdiep qui permettent d'accéder à Amsterdam[50]. Dans les années 1770, quarante jours sont nécessaires pour que le navire de la Compagnie des Indes orientales De Vrijheid puisse accoster à Amsterdam[51]. La place est affectée, par ricochet, par la terrible Famine au Bengale de 1770, dans la zone conquise par les Anglais en Inde, déclenchant une grave crise financière en 1772 et provoquant une série de faillites en Europe, dont celle de la Banque Clifford d'Amsterdam et de ses alliés[52].

La Quatrième guerre anglo-néerlandaise, qui oppose les Provinces-Unies et leur allié, le royaume de France, à la Grande-Bretagne, de 1780 à 1784, permet à la puissance britannique de reprendre de nombreuses concessions coloniales dans les Indes néerlandaises. Cette défaite, couplée aux difficultés de la période franco-batave, marque la fin de l'hégémonie d'Amsterdam en Europe. Onze ans après son arrivée au pouvoir en France en 1799, Napoléon Ier parvient à étendre son empire jusqu'aux Pays-Bas, qui sont annexés durant le Premier Empire en 1810. Amsterdam acquiert ainsi le statut de troisième ville de l'empire, aux côtés de Paris et Rome[53]. Cette nouvelle annexion survient seulement quinze ans après la naissance de la République batave, issue des Provinces-Unies en 1795, puis après l'instauration du royaume de Hollande par Napoléon en 1806. Ce contexte instable porte préjudice à la ville d'Amsterdam, touchée de plein fouet par le déclin du commerce et du transport maritime, consécutif à l'ensablement des voies d'accès maritimes à la ville, à la réduction des échanges avec les colonies. En outre, le conflit entre la France et l'Angleterre anéantit la majeure partie des échanges avec le Royaume-Uni, à la suite de l'instauration du blocus continental[54],[53]. Le frère de Napoléon Ier, Louis, imposé comme souverain du royaume de Hollande de 1806 à 1810, décide de faire d'Amsterdam sa capitale lors de son arrivée à La Haye, le [53]. Le , il déménage vers la capitale et s'installe dans l'hôtel de ville dont il fait un palais royal[54],[55],[56]. Le gouvernement l'accompagne. En dehors du déplacement du Rijksmuseum depuis La Haye, le mandat de Louis Bonaparte n'est pas marqué par d'autres faits majeurs pour la ville d'Amsterdam[57].

Après l'éviction des troupes françaises par les armées russe et prussienne en 1813, le nouveau monarque de la maison d'Orange-Nassau choisit de nouveau La Haye comme lieu de résidence, et comme siège des États généraux du royaume des Pays-Bas. Amsterdam reste cependant la capitale du royaume des Pays-Bas de 1815 à 1830, aux côtés de Bruxelles. Bénéficiant de la volonté de Guillaume Ier d'en faire un centre économique de premier plan, Amsterdam se voit attribuer le monopole du commerce avec les colonies, après la révolution belge de 1830. Dans l'optique de renforcer la puissance de son port sont lancés les premiers projets majeurs de canaux, comme le canal de la Hollande-Septentrionale, inauguré en 1825[58].

Retour progressif au premier plan[modifier | modifier le code]

Villa de la fin du XIXe siècle, construite près du Rijksmuseum.
Obligation de la ville d'Amsterdam en date du .
Le béguinage d'Amsterdam à la fin du XIXe siècle.
Vue du Dam vers 1890-1900
Photochrome du Dam en 1900.

Avec l'explosion de naissances durant plusieurs décennies, liée à un renouvellement des échanges, à l'émergence d'industries nouvelles et à l'apparition de nouvelles activités comme les services financiers, la population connaît une forte croissance, passant de 202 000 habitants en 1830[59] à 520 000 en 1900[60]. La ville n'est pas préparée à une telle augmentation, et se retrouve surpeuplée. Alors que les conditions de vie des classes les plus défavorisées de la population deviennent de plus en plus difficiles, les premières initiatives philanthropiques font leur apparition, notamment pour améliorer les conditions de logement et d'hygiène des ouvriers. Le médecin Samuel Sarphati en devient l'une des principales figures ; il joue un rôle important dans la création d'un système de gestion des déchets et, en 1847, obtient l'autorisation de collecter les ordures au travers d'une nouvelle entreprise, baptisée Maatschappij ter bevordering van Landbouw en Landontginning[61]. Cette dernière a pour objectif de collecter les déchets mais pas de nettoyer les rues, que leur insalubrité rend parfois impraticables. En 1852, il crée la Vereeniging voor Volksvlijt dans le but de promouvoir le commerce, l'industrie et l'agriculture, ce qui conduit notamment à la construction du Paleis voor Volksvlijt (traduisible en français par « Palais pour la diligence populaire »). En 1855, il fonde la « Société de fabrication de farine et de pain » (Maatschappij voor Meel- en Broodfabrieken) qui propose du pain à un prix 30 % inférieur à celui des boulangeries. Toutes ces initiatives contribuent à l'amélioration des conditions de vie dans la ville, notables à partir de 1870[62]. En dépit de la dégradation des conditions de vie, la ville prospère à nouveau économiquement, et de plus en plus de gens déménagent vers la capitale pour y tenter leur chance[63].

La très forte industrialisation à partir des années 1860 marque une nouvelle période d'expansion avec la création de nombreuses constructions et infrastructures. À cette époque sont construits deux musées, d'abord un édifice entièrement nouveau pour le Rijksmuseum (1885), puis le Stedelijk Museum (1895), mais aussi la salle de concert du Concertgebouw (1888) et la gare centrale d'Amsterdam (1889)[64]. À la même période, une ligne de défense est édifiée autour d'Amsterdam, sous la forme d'un réseau unique de quarante-deux forts et de terres inondables, afin de défendre la ville contre des attaques. Pour répondre à l'arrivée massive de travailleurs, des centaines de logements ouvriers sont construits dans de nouveaux quartiers périphériques constituant le 19e-eeuwse-gordel (« ceinture du XIXe siècle »), pendant populaire du Grachtengordel. Ces quartiers, parmi lesquels figurent De Pijp, le Kinkerbuurt et le Dapperbuurt, sont principalement financés par des banquiers et des spéculateurs et constituent la première expansion majeure de la ville en dehors des frontières adoptées au XVIIe siècle. Alors qu'ils concentrent essentiellement des classes moyennes inférieures, les classes les plus pauvres s'installent dans le Jordaan et dans les Oostelijke Eilanden. L'émergence de ces quartiers populaires contribue au fort développement du socialisme dans les années 1880 et 1890, lorsque de vives tensions avec les autorités émergent à un rythme quasi hebdomadaire, notamment lors de la manifestation du Palingoproer, pendant laquelle 25 manifestants sont tués par l'armée[65]. Les années 1890 sont notamment marquées par la création de syndicats par les employés du port de la ville, désireux d'améliorer leurs conditions de travail[66].

Après plusieurs décennies difficiles, la seconde moitié du XIXe siècle est marquée par une nouvelle vie pour la ville, souvent considérée comme un second âge d'or. La construction du canal de la Mer du Nord en 1876, qui supplante le canal de la Hollande-Septentrionale contribue à faciliter les liaisons avec les grands ports et les grandes métropoles d'Europe, ouvrant de nouveaux horizons commerciaux à la ville[67],[63]. Avec le développement de la ville, les anciens ports du Damrak et des Westelijke Eilanden ne sont plus adaptés à la croissance des échanges. Un nouveau complexe portuaire, construit sur de nouvelles îles artificielles est créé et prend le nom de Oostelijk Havengebied ; les entrepôts historiques étant aujourd'hui reconvertis en logements. Celui-ci permet notamment d'accueillir les navires de marchandises desservant les Indes orientales néerlandaises, ainsi que des flux de population immigrée. À la fin du siècle, la rive nord de l'IJ est également aménagée pour accueillir des usines et des zones portuaires. Placée aux avant-postes des profonds développements économiques et sociaux de la seconde moitié du XIXe siècle, Amsterdam acquiert le statut incontesté de capitale du pays[63]. Vers 1900, près de la moitié de la population active de la ville travaille dans l'industrie[68].

Permanences, reconstruction et renouveau (XXe siècle)[modifier | modifier le code]

Fin de la Belle Époque et Grande Guerre[modifier | modifier le code]

La Scheepvaarthuis sur Prins Hendrikkade, non loin de la Montelbaanstoren, dans les années 1910.

Peu de temps avant la Première Guerre mondiale, la ville continue à s'étendre et de nouveaux espaces ruraux sont urbanisés, notamment au travers du Plan Zuid proposé par H. P. Berlage en 1915 et approuvé par la commune en 1917[69]. Même si les Pays-Bas restent neutres dans le conflit, Amsterdam subit une importante pénurie de nourriture et de combustible pour le chauffage. En 1917, les pénuries déclenchent des émeutes, connues sous le nom d'Aardappeloproer (littéralement, la « rébellion de la pomme de terre »), au cours desquelles neuf personnes sont tuées et plus de cent blessées[70]. À la suite de cette révolte, les magasins et les entrepôts sont pillés dans le but de trouver des provisions et des denrées alimentaires[71].

Entre-deux-guerres[modifier | modifier le code]

L'entre-deux-guerres est marqué par la volonté de mettre en place un nouveau plan d'agrandissement de la ville, le Plan général d'élargissement (Algemeen Uitbreidingsplan, AUP), approuvé par la municipalité en 1935[72],[73]. Ce dernier, développé par l'architecte Cornelis van Eesteren, se concentre autour de quatre axes forts : habitations, travail et loisir, avec comme dénominateur commun le réseau de transport. Les architectes et urbanistes mettent ainsi en avant des espaces qui privilégient « la lumière, l'air et l'espace », ce qui contraste fortement avec les précédents projets, dont les immeubles constituaient l'élément structurant[73]. En raison des difficultés économiques, le plan n'est finalement réalisé qu'au lendemain de la seconde guerre mondiale.

Le Paleis voor Volksvlijt, situé sur la Frederiksplein, à l'emplacement de l'actuelle Banque des Pays-Bas, est détruit par un incendie en 1929.
Le Magere Brug en 1930.

Amsterdam mérite encore son surnom de « Venise hollandaise », avec les chalands du Singel autrefois observé par le philosophe et lunetier Baruch Spinoza, son urbanisme central et régulier au long des canaux, avec son habitat caractérisé par un couloir d'eau et des portes étroites, au point qu'il faille opérer tout déménagement conséquent par les fenêtres, avec ses lieux de rencontre tardive, où la bière et la « nostalgie des îles » permettent de freiner la dérive du vague à l'âme[74].

Les quartiers d'Amsterdam développent des identités distinctes, notamment celui des Juifs (Jodenbuurt), dans lequel s'activent les tailleurs diamantaires pour les commandes de leurs patrons, allant vers le Zeedijk, ainsi que les quartiers d'affaires près de la banque Amstel ou de la bourse, où s'échangent encore sous titres financiarisés du café, du quinquina, du cocotier, du thé, du caoutchouc, du poivre, des cigares et des ananas. S'imposent aussi les alignements rectilignes des quartiers bourgeois, dont les habitats sont marqués par l'idéal puritain, affichant d'emblée la hiérarchie par la naissance des bonnes familles et les marques de désignation quasi-seigneuriale de leurs personnalités ou individualités, exigeant la netteté et la propreté, la sécurité et la tranquillité, tout en gardant l'argent et les revenus du commerce. Le pouvoir municipal participe de cette rigueur, interdisant la danse le dimanche et imposant le silence religieux au moment du bénédicité.

Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Amstellodamois sur une jeep américaine lors de la libération de la ville, le 8 mai 1945
Amstellodamois sur une jeep américaine lors de la libération de la ville, le 8 mai 1945.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne envahit et prend le contrôle des Pays-Bas le . Face à la politique de persécution et d'extermination du peuple juif menée par le régime allemand, certains citoyens d'Amsterdam tentent de résister en cachant certains d'entre eux, en dépit des risques que cela comporte. Au cours du conflit, plus de 100 000 juifs d'Amsterdam sont néanmoins déportés, réduisant presque à néant la communauté juive de la ville[75]. Ces rafles font l'objet de protestations de la part de la population, notamment la grève de février 1941, qui conduit à la paralysie de la ville. Parmi les plus célèbres Juifs déportés, on peut notamment citer la jeune Anne Frank cloîtrée pendant 25 mois avec sa famille et des amis au-dessus d'un magasin du centre d'Amsterdam, avant d'être déportée au camp de concentration de Bergen-Belsen[76]. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, toutes les communications avec le reste du pays sont coupées et la nourriture et le carburant s'épuisent dangereusement. De nombreux citoyens partent alors dans les campagnes à la recherche de nourriture. Pour rester en vie, certains habitants sont forcés de manger des chiens, des chats, des betteraves sucrières, ainsi que des bulbes de tulipes réduits en pâte. La plupart des arbres de la ville sont également coupés pour servir de combustible, de même que la plupart des meubles et des boiseries provenant des appartements des Juifs morts en déportation.

Reconstruction et après-guerre[modifier | modifier le code]

Au lendemain de la guerre, de nombreux nouveaux quartiers, tels qu'Osdorp, Slotervaart, ou Geuzenveld-Slotermeer sont construits conformément à l'AUP[77]. Ces quartiers sont conçus avec de nombreux jardins publics et de grands espaces ouverts, ce qui leur vaut le nom de « villes jardin » (tuinsteden). Les nouveaux immeubles offrent également un confort de vie accru avec des pièces plus grandes et plus claires, des balcons et des jardins. À la suite de la guerre et des autres incidents qui émaillent le XXe siècle, une grande partie de la ville a besoin d'être restaurée ou rénovée. Alors que la société connaît une évolution importante, des politiciens et d'autres personnalités influentes conçoivent des projets visant à dynamiser des parties importantes de la ville, notamment avec des immeubles commerciaux et de nouveaux axes routiers accessibles au plus grand nombre[78].

Émergence d'une ville contemporaine[modifier | modifier le code]

Le plan général d'élargissement sert de base au développement de la ville au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Après des manifestations, dégâts dans une artère d'Amsterdam, le 14 juin 1966. Au milieu de débris, un véhicule est renversé, un autre incendié.

Les années 1960 et 1970 ramènent Amsterdam au premier plan de l'actualité, non seulement pour son rayonnement économique ou commercial de métropole d'un pays qui bénéficie pleinement de l'essor des Trente Glorieuses, mais aussi à cause de la tolérance de la ville envers l'usage des drogues douces, qui en fait une ville de prédilection pour la génération hippie[79]. Amsterdam joue ainsi un rôle central dans l'émergence du mouvement contestataire Provo, initié dans les happenings de l'artiste Robert Jasper Grootveld, sur le Spui, à partir de 1964[79]. Cependant, les émeutes et les affrontements avec la police se multiplient. Le , des bombes fumigènes sont jetées au passage du cortège nuptial, juste avant le mariage à la Westerkerk de la princesse Beatrix avec le diplomate allemand Claus von Amsberg. Le et pendant plusieurs jours, consécutive à une manifestation d'ouvriers du bâtiment vite rejoints par d'autres mécontents, notamment des jeunes, une flambée de violence ravage le centre historique, ce qui conduit au limogeage du bourgmestre Gijs van Hall par le gouvernement national[80]. Selon un bilan qui aurait pu être encore plus grave, on comptabilise des dizaines de blessés, mais un seul mort, Jan Weggelaar, un ouvrier de cinquante ans décédé d'une crise cardiaque au début des troubles. Durant des années, de nombreux squatters sont expulsés par la force. En 1977, la ville est endeuillée par l'incendie de l'hôtel Polen, puis en 1980, alors que Beatrix prête serment lors de son accession au trône, des protestataires, composés en majorité de membres du « mouvement des squatteurs », affrontent la police à l'extérieur de la Nieuwe Kerk, au cours des « émeutes du couronnement »[81].

Un projet de développement d'une voie express circulant au-dessus du métro est également envisagé pour faciliter le trafic entre la gare centrale d'Amsterdam et le reste de la ville. Les travaux de rénovation débutent dans les anciens quartiers juifs. Les rues les plus petites, telles que la Jodenbreestraat sont élargies, alors que quasiment tous les immeubles qui s'y trouvent sont démolis. Les tensions liées aux démolitions atteignent leur paroxysme lors des travaux sur le Nieuwmarkt, qui donnent lieu à des émeutes (les « Nieuwmarkt rellen ») au cours desquelles les habitants expriment leur colère contre la politique de reconstruction de la ville[82],[83].

En conséquence, les travaux de démolition sont arrêtés et l'autoroute planifiée n'est finalement pas construite, contrairement au métro qui est développé selon les plans. Celui-ci est inauguré en 1977, entre le nouveau quartier de Bijlmer (situé dans l'actuel arrondissement de Zuidoost) et le centre d'Amsterdam. En définitive, seules quelques rues du quartier sont réaménagées et élargies. Le nouvel hôtel de ville est inauguré sur la Waterlooplein, place qui est quasiment intégralement démolie et reconstruite. Dans le même temps, de grandes entreprises privées, telles que la Stadsherstel Amsterdam (« Redéveloppement d'Amsterdam »), sont créées dans le but de réhabiliter et restaurer l'ensemble du centre. Les résultats positifs de ces politiques sont visibles aujourd'hui et des initiatives visant à continuer le développement du centre sont toujours menées[78]. L'ensemble de la ville bénéficie globalement de ces politiques, au point d'acquérir le statut d'aire protégée. De nombreux immeubles sont élevés au rang de monument national (Rijksmonument) et le quartier de la Grachtengordel (comprenant notamment le Herengracht, Keizersgracht et Prinsengracht) est ajouté à la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en 2010[84].

Vue du quartier de la gare d'Amsterdam-Amstel, sur la rive droite de l'Amstel, qui abrite la tour Rembrandt, inaugurée en 1994, plus haut bâtiment de la ville.

Au début du nouveau millénaire, des problèmes sociaux tels que la sécurité, la discrimination ethnique et la ségrégation entre les groupes religieux et sociaux commencent à se développer. 45 % de la population d'Amsterdam est constitué d'allochtones, issus principalement d'Europe et de pays tels que le Suriname, le Maroc, la Turquie ou les Antilles néerlandaises. Amsterdam se caractérise cependant par son apparente tolérance sociale et sa diversité. De à , le bourgmestre Job Cohen et son échevin à l'intégration Ahmed Aboutaleb mènent une politique fondée sur le dialogue social et la tolérance[85], accompagnée de nouvelles mesures sévères contre ceux qui enfreignent la loi[86].

La ville s'affirme au début du XXIe siècle comme une capitale culturelle incontournable en Europe, avec des chantiers dont la liste est longue. De nombreux musées font l'objet de travaux de rénovation importants[87]. Ainsi, le musée de la Marine néerlandaise est réinauguré avec une nouvelle scénographie en 2011, le Stedelijk se voit adjoindre un nouveau bâtiment contemporain surnommé « la baignoire » en 2012[88], le Rijksmuseum subit d'importants travaux et est réinauguré par la reine Beatrix en 2013 et visité par le président américain Barack Obama l'année suivante, tandis que le musée Van Gogh, construit en 1973, s'agrandit en 1999 et se dote d'une nouvelle entrée sur la Museumplein en 2014[89].

Le quartier résidentiel d'IJburg, construit à l'est de la ville sur des îles artificiellement créées, est un modèle de quartier durable que la ville expérimente face à la montée des eaux, ainsi qu'au besoin d'espace à proximité du centre-ville. L'Amsterdam Science Park est un autre exemple notable de nouveau quartier développé : construits à la place d'anciennes friches, les bâtiments abritent des laboratoires de recherche et une partie du campus étudiant de l'université de la ville. Dans un même temps, plusieurs voix se font entendre pour une piétonisation complète du centre-ville et des quartiers construits au XIXe siècle, ce qui pourrait être réalisé dans la fin des années 2020, notamment à la suite de la victoire historique de la Gauche verte aux élections municipales de 2018[90].

Comme de nombreuses capitales européennes Amsterdam connait un phénomène de gentrification contre lequel la municipalité peine à lutter. La pénurie de logements fait grimper tant les prix que les exigences financières des propriétaires. Les habitants les moins aisés sont progressivement contraints de quitter la ville[91].

Géographie[modifier | modifier le code]

Photo satellite d'Amsterdam, 2020

Topographie[modifier | modifier le code]

Carte topographique d'Amsterdam
Carte topographique d'Amsterdam (2012).

Située à l'ouest des Pays-Bas, Amsterdam fait partie de la province de Hollande-Septentrionale, à proximité immédiate de celles d'Utrecht et du Flevoland. Le fleuve Amstel vient se jeter dans l'IJ et est intégrée à un réseau de canaux qui parsèment la ville. Cette dernière est située à deux mètres au-dessus du niveau de la mer[92]. Les terres autour de la ville sont plates et formées de grands polders. Au sud-ouest de la ville se trouve le bois d'Amsterdam, situé pour la plupart de sa superficie dans la commune d'Amstelveen. Enfin, la ville est reliée à la mer du Nord par le long canal de la Mer du Nord qui dessert son port.

La ville d'Amsterdam a une superficie totale de 219,33 kilomètres carrés, dont 164,89 km2 de terres[93]. La densité de population absolue est donc de 3 653 habitants par km2, mais est en réalité de 4 848 hab./km2 sur la base des terres habitables, avec une offre en logements de 2 408 foyers par kilomètre carré[93]. Les parcs et les réserves naturelles forment environ 14 % de la superficie de la ville. Les espaces verts et récréatifs (parcs, jardins, terrains de sport) représentent à eux seuls 11,3 % de la surface totale, tandis que les bois et forêts en représentent 2,3 %[94].

Climat[modifier | modifier le code]

Le Herengracht en hiver.

Amsterdam possède un climat océanique (Cfb dans la classification de Köppen) fortement influencé par la proximité de la mer du Nord à l'ouest, avec des vents d'ouest dominants. Amsterdam, ainsi que la plus grande partie de la province de Hollande-Septentrionale, se trouve dans une zone de rusticité de type 8b, correspondant à une moyenne de température comprise entre -9,4 et −6,7 °C pour la température annuelle la plus basse atteinte au cours des vingt dernières années. Les gelées se produisent principalement lorsque le vent provient de l'est ou du nord-est depuis l'Europe continentale. Toutefois, du fait de sa proximité avec de grandes étendues d'eau et d'un effet significatif d'îlot de chaleur urbain, les températures nocturnes tombent rarement en dessous de −5 °C, contre −12 °C à Hilversum située à 25 kilomètres au sud-est d'Amsterdam.

Les températures estivales sont modérément chaudes, avec une moyenne de 22,1 °C au mois d'août, et quelques pointes à 30 °C qui se maintiennent rarement plus de trois jours d'affilée. Le record pour ce qui est de l'écart de température annuelle va de −24 °C à 36,8 °C[95]. Les précipitations à Amsterdam sont fréquentes avec en moyenne 187 jours de pluie par an, la majorité des épisodes pluvieux se manifestant sous la forme de bruine ou de brèves averses. La moyenne annuelle de précipitations est de 915 millimètres. Le mauvais temps (nuage et pluie) est surtout fréquent dans la période froide, d'octobre à mars.

Relevé météorologique à Amsterdam-Schiphol (1981-2010)
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) 0,8 0,5 2,6 4,6 8,2 10,8 13 12,8 10,6 7,5 4,2 1,5 6,4
Température moyenne (°C) 3,4 3,5 6,1 9,1 12,9 15,4 17,6 17,5 14,7 11 7,1 4 10,2
Température maximale moyenne (°C) 5,8 6,3 9,6 13,5 17,4 19,7 22 22,1 18,8 14,5 9,7 6,4 13,8
Ensoleillement (h) 63,2 87,5 126,3 182,7 221,9 205,7 217 197 139,4 109,1 61,7 50,5 1 662
Précipitations (mm) 78,5 57,3 72,8 46,2 59,3 70,8 77,6 85,5 85,3 100,1 93,7 87,5 914,6
Source : (nl) « données climatiques », KNMI (consulté le )[PDF]
Diagramme climatique
JFMAMJJASOND
 
 
 
5,8
0,8
78,5
 
 
 
6,3
0,5
57,3
 
 
 
9,6
2,6
72,8
 
 
 
13,5
4,6
46,2
 
 
 
17,4
8,2
59,3
 
 
 
19,7
10,8
70,8
 
 
 
22
13
77,6
 
 
 
22,1
12,8
85,5
 
 
 
18,8
10,6
85,3
 
 
 
14,5
7,5
100,1
 
 
 
9,7
4,2
93,7
 
 
 
6,4
1,5
87,5
Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm

Démographie[modifier | modifier le code]

Évolution de la population[modifier | modifier le code]

D'après les chiffres publiés par la ville en 2013, Amsterdam compte 799 442 habitants, soit une hausse de 1,2 % par rapport à 2012 et de 7 % par rapport à 2008[96]. Sur la base de ces mêmes chiffres, les autochtones ne représentaient que 49,4 % de la population, ce qui signifie que 50,6 % de la population est d'origine étrangère[Note 2],[96]. Le Bureau central de la statistique avance quant à lui le chiffre de 801 200 habitants en 2013[3].

Au XVIe siècle et au XVIIe siècle, les immigrants sont principalement des huguenots, des Flamands, des Juifs séfarades ainsi que des Westphaliens[97]. Les huguenots affluèrent massivement à la suite de la révocation de l'Édit de Nantes en 1685, tandis que les protestants flamands émigrèrent à la suite de la Guerre de Quatre-Vingts Ans. Les Westphaliens émigrèrent quant à eux pour des motifs économiques dans des flux qui continuèrent au XVIIIe siècle et au XIXe siècle. Avant la Seconde Guerre mondiale, 10 % de la population d'Amsterdam étaient de confession juive[98].

Au XXe siècle, la première vague massive d'immigration arrive d'Indonésie à la suite de l'indépendance des Indes orientales néerlandaises au cours des années 1940 et 1950[99]. Au cours des années 1960, de nombreux travailleurs immigrent en provenance de Turquie, du Maroc de l'Italie et de l'Espagne. La proclamation de l'indépendance du Suriname en 1975 attire également de nombreux immigrés qui s'installent pour la plupart dans le quartier de Bijlmer[100]. D'autres immigrés, parmi lesquels des réfugiés demandeurs d'asile, mais aussi des immigrés illégaux affluent des Amériques d'Asie et d'Afrique. Au cours des années 1970 et 80, de nombreux « Amstellodamois de souche » déménagent vers des villes telles qu'Almere et Purmerend ou vers le Gooi, notamment à la suite du troisième plan d'aménagement du territoire proposé par le gouvernement. Ce dernier promeut le développement de zones suburbaines et propose de nouveaux projets dits de « centres de croissance » (groeikernen). À la suite de cette politique, de nombreux jeunes actifs déménagent vers De Pijp et le Jordaan, délaissés par les plus vieux habitants de la ville.

Évolution démographique de la commune d'Amsterdam
1300 1400 1500 1600 1675 1795 1830 1850 1879
1 000[101]3 000[102]12 000[102]60 000[102]206 000[103]217 024[104]202 364[59]224 035[105]317 000[106]
1900 1930 1960 1970 1985 1990 2000 2008 2013
523 977[60]757 386[107]864 747[108]807 095[109]675 570[110]695 221[110]731 289[110]747 290[110]799 442[110]
2018 - - - - - - - -
854 047[111]--------
Évolution récente de l'agglomération et de l'aire urbaine[111],[2]
Année Agglomération Aire urbaine
1960 889 962 959 609
1970 921 568 1 024 698
1980 944 687 1 086 833
1990 930 124 1 187 799
2000 1 002 868 1 378 873
2009 1 039 029 1 497 278
2013 1 096 920 1 557 905

Origines des habitants et diversité religieuse[modifier | modifier le code]

Geldersekade.
Le quartier chinois d'Amsterdam, situé près du Nieuwmarkt, compte de nombreux commerces asiatiques et un affichage multilingue des noms de rue.
Intérieur de la synagogue portugaise d'Amsterdam.

À l'instar des autres grandes villes néerlandaises, Amsterdam est une ville multiculturelle dont la moitié de la population est d'origine étrangère. Sur la