Mocro Maffia

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(fr) Mocro Maffia
(ber) ⵎⴰⴼⵢⴰ ⵉⵎⵖⵔⵉⴱⵉⵢⵏ
Image illustrative de l’article Mocro Maffia
Amsterdam, territoire principal de
la Mocro Maffia.

Date de fondation XXe siècle
Territoire
Ethnies présentes Marocains (en majorité)
Activités criminelles
Alliés Superkartel :
Cartel Tito et Dino[35]
Camorra[36],[37],[38],[39]
Mafia irlandaise[40],[41]

Caloh Wagoh[42]
Iran[43],[44],[45],[46]
Cartel de Medellín[réf. nécessaire]
Clan del Golfo[47],[48]
Cartel de Sinaloa[49]

Mocro Maffia (également orthographié Mocro-maffia) est l'appellation donnée aux organisations mafieuses marocaines, spécialisées dans le trafic de cocaïne et de drogue de synthèse et basées aux Pays-Bas et en Belgique. L'activité de ces réseaux remonte aux années 1990, période durant laquelle des familles telles que les Chengachi et les Azouagh se spécialisaient dans l'importation de haschich du Maroc. Avec la légalisation partielle des drogues douces aux Pays-Bas, un pivot vers le trafic de substances plus lucratives, comme la cocaïne, est observé, impliquant d'autres groupes familiaux marocains.

Ces organisations exploitent l'avantage géographique offert par la proximité des ports d'Anvers, Rotterdam, et Algésiras, facilitant ainsi les opérations d'importation en collaboration avec les cartels colombiens. Parmi les figures emblématiques de cette transition vers le marché de la cocaïne, Samir Bouyakhrichan et se distingue par son rôle prépondérant, notamment pour son implication dans l'importation de cocaïne via le port de Southampton, en alliance avec la famille Kinahan en Irlande.

Le vol en 2012 d'une cargaison importante de cocaïne au port d'Anvers par le groupe anversois des Turtles, destinée à Houssine Ait Soussan et Benaouf Adaoui aux Pays-Bas, marque le début d'une série d'affrontements violents entre factions rivales. Cette guerre interne a notamment opposé ces derniers face à l'organisation de Gwenette Martha, entraînant la mort d'au moins 100 individus, dont des fausses cibles.

Ridouan Taghi, encore discret, émerge dans les médias comme figure dominante de la Mocro Maffia à partir de 2015, contrôlant une large part du trafic de cocaïne en Europe. Ses alliances avec d'autres figures du crime organisé, telles que Naoufal Fassih (également actif en Irlande), Rico Le Chilien et Raffaele Imperiale (en) de la Camorra, sont marquées par une série d'attentats et d'assassinats. L'arrestation de Taghi à Dubaï en 2019, suivie de celle de son bras droit Saïd Razzouki à Medellín, dans un appartement du Clan del Golfo, a conduit à leur condamnation à perpétuité lors du procès Marengo, centré sur des assassinats perpétrés entre 2015 et 2017. Ce procès, particulièrement sécurisé, est marqué par l'assassinat du frère de Nabil Bakkali, témoin clé, de son avocat Derk Wiersum, et de son confident, le journaliste Peter R. de Vries.

La Mocro Maffia acquiert une notoriété médiatique en Europe à travers une série d'incidents marquants. Parmi ceux-ci figurent la décapitation tragique de Nabil Amzieb, le démantèlement du club de futsal ZVV 't Knooppunt, l'attentat contre De Telegraaf, ainsi que la découverte alarmante d'une salle de torture. En outre, cette organisation est impliquée dans des menaces et des tentatives d'enlèvement visant des personnalités publiques, telles que le journaliste John van den Heuvel, le ministre belge de la Justice Vincent Van Quickenborne, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, et la princesse héritière Catharina-Amalia des Pays-Bas.

Face à l'escalade de la violence, Geert Wilders, un politicien néerlandais d'extrême-droite, prend position en septembre 2019. Il demande officiellement à que la Mocro Maffia soit inscrite sur la liste des organisations criminelles les plus dangereuses actives sur le sol néerlandais. Cette demande s'appuie sur des actes de violence spécifiques, notamment l'assassinat du journaliste Martin Kok, de l'avocat Derk Wiersum, et du renommé journaliste Peter R. de Vries, soulignant ainsi la menace sérieuse que représente cette organisation pour la société.

Dans le cadre des enquêtes en 2023 sur la Mocro Maffia, après le décryptage de millions de messages Pretty Good Privacy des serveurs EncroChat et Sky ECC, plusieurs individus en fuite occupent le devant de la scène médiatique en raison de leur implication présumée dans des activités criminelles. Parmi eux, Bolle Jos suspect dans la disparition de Naima Jillal, une figure criminelle notoire épaulant le criminel Mustapha El Fechtali en Espagne. Othman El Ballouti est identifié comme un trafiquant de drogue d'envergure internationale et victimes de menaces de la part de Vicente Zambada (fils d'Ismael Zambada García) du Cartel de Sinaloa. Nordin El Hajjioui est quant à lui membre du groupe connu sous le nom des Turtles, impliqué dans diverses affaires criminelles. Faissal Taghi, fils de Ridouan Taghi, figure également parmi les personnes scrutées par les autorités et les médias après la découverte d'un plan d'évasion avec Youssef Taghi pour faire libérer Ridouan. La majorité de ces individus les plus recherchés sont soupçonnés de résider aux Émirats arabes unis.

Étymologie[modifier | modifier le code]

  • Mocro-maffia (« Wie praat die gaat », « Celui qui parle mourra ») : le nom par lequel les autorités néerlandaises et belges néerlandophones désignent les organisations marocaines du Benelux[50]. Le terme a été rendu public par le Néerlandais Marijn Schrijver en 2013 à la suite de la publication de son célèbre livre Mocro Maffia sorti en 2014[51],[52]. Le terme « Mocro » était déjà existant depuis la fin des années 1990 pour désigner un Marocain issu de l'immigration aux Pays-Bas ou en Belgique[53]. Cependant, le terme Mocro-maffia ne fait aucune distinction entre les différents réseaux qui s'entre-tuent, mais désigne bel et bien un réseau marocain actif dans le Benelux, bien qu'une minorité soit d'origine surinamaise ou antillaise[54].
  • Mocro-oorlog ou Mocro War (guerre marocaine)[55] : le nom par lequel les médias et journalistes désignent le conflit Mocro-maffia qui débute en 2012[56].
  • Borgerokko Maffia : le nom par lequel les politiciens, médias et journalistes désignent les réseaux marocains actifs à Anvers[57]. Le terme adopté par l'écrivain belge Raf Sauviller, est très vite apparu à la Une des journaux belges, notamment après son ouvrage, un livre sorti en 2017 avec comme nom Borgerokko maffia[58]. Le terme comprend des mots composés entre Borgerhout et Marokko. Raf Sauviller dit avoir choisi Borgerokko pour le nombre important de familles marocaines actives dans le trafic anversois dans le lieu en question[59].

Origines et contexte[modifier | modifier le code]

Historique (1960-1995)[modifier | modifier le code]

Les Marocains (principalement issus du Rif) ont émigré en groupe dans le Benelux[60]. Cette émigration compacte et assez tardive des années 1960 et 1970 ne s'est jamais arrêtée[61]. Elle provient d'une des régions les plus pauvres du Maroc, rurale, très peu urbanisée, avec pendant longtemps peu d'écoles, que ce soit en arabe ou en français[lp 1]. Cette société paysanne et montagnarde méditerranéenne est assez comparable à la Corse, la Sicile ou la Sardaigne. Elle se caractérise par des rapports communautaires très forts, un esprit d'omerta et d'autosurveillance[62]. Après la décolonisation, des dizaines de milliers de Rifains ont perdu leur emploi dans les vignes et les fermes d'Algérie, puis, à partir des années 1970, dans les mines et la sidérurgie européennes. Cette main-d'œuvre s'est reconvertie massivement dans le commerce, formel ou informel, et notamment dans la contrebande de cannabis[lp 2]. L'argent est réinvesti dans des cafés, des petits commerces, dans l'immobilier au Maroc et, pour les plus riches, dans l'économie de la Costa del Sol, en Espagne. La diaspora rifaine a ainsi essaimé son système économique dans toute l'Europe. Dans les années , la Belgique et les Pays-Bas, qui n’ont aucun passé colonial arabo-berbère, accueillent une immigration marocaine massive en provenance du Rif, pour travailler dans les mines et la sidérurgie de Wallonie, puis dans les Flandres et aux Pays-Bas en plein boom économique[63]. Le commerce de drogue suit les communautés en exil, du Maroc aux Pays-Bas, en passant par l'Espagne, la France et la Belgique[lp 3].

Dans les années 1980, les quartiers De Pijp et Bos en Lommer sont les quartiers d'Amsterdam qui abritent le plus d'immigrés marocains[64]. Des Néerlando-Marocains organisent l'exportation du haschich des montagnes de Ketama vers les Pays-Bas à bord de leurs voitures, souvent d'anciennes Mercedes Classe S. C'est à cette époque que les organisations mafieuses modernes débutent et commencent à évoluer au milieu des années 1980 avant de se structurer au fil du temps[65]. Ce trafic représente 10 à 12 milliards de dollars de chiffre d’affaires par an depuis 40 ans[66]. Les trafiquants, habitués à passer les frontières et avoir des armes, sont réputés au Maroc pour être très violents[lp 4]. L’État marocain a abandonné la région du Rif pendant de nombreuses années en refusant d’y investir dans les infrastructures, ce qui a poussé la plupart des Marocains originaires des villes comme Al Hoceïma et Nador à se consacrer entièrement à la commercialisation du haschisch[lp 5]. Dans les années 1980, la cocaïne est la drogue des hommes d'affaires et des commerçants boursiers. Ce sont également les années où l'organisation criminelle Penose (en) inspire la jeune communauté marocaine à entrer dans le business de drogue dure, rapportant énormément plus d'argent que le haschich[lp 6].

Naissance de réseaux de drogue ultra-communautaires (1995-2006)[modifier | modifier le code]

Quartier De Pijp, lieu où débute le conflit Mocro-maffia.

Dans les années 1990, les grands barons d'Amérique du Sud choisissent le Ghana et le Sénégal grâce à l'absence des contrôles douaniers dans les ports les plus importants du pays. Au fil du temps, les cartels sud-américains créent une ligne avec l'Afrique du Nord pour l'exportation vers l'Europe. Le Maroc connait une importante diaspora dans les pays les plus importants d'Europe, c'est ce qui le distingue des autres pays du continent africain[67]. Pendant qu'au Maroc, on compte plus souvent sur les montagnes du Rif et les villes portuaires comme Tanger ou Tétouan, en Europe, c'est Anvers qui devient la plaque tournante européenne avec l'Espagne. Avec Anvers et son port, c'est toute la Belgique qui devient géographiquement une plaque tournante[68]. L'importation et le trafic de drogue deviennent inséparables, et ces activités pallient les licenciements qui touchent massivement mineurs, sidérurgistes et salariés du textile[69],[lp 7]. Dans un tel contexte, les vieilles mœurs et habitudes et leurs codes traditionnels de conduite, d'honneur, de justice et de méfiance face à l'autorité se sont transplantés dans les quartiers de Bruxelles, Amsterdam et Anvers où ils ont pu croître et se multiplier[70], avec notamment l'établissement d'une relation d'amitié avec l'organisation néerlandaise Penose (en), à cette époque l'une des plus grandes organisations mafieuses en Europe[lp 8]. Injustement ou non, les autorités belges et néerlandaises caractérisent les communautés par leur « dysocialité » et par une « culture tribale plus agressive» , qui les distinguent des autres communautés immigrées[71]. Le 4 mars 1992, l'une des premières fusillades en rapport avec les premiers réseaux marocains des Pays-Bas éclate dans une discothèque d'Amsterdam opposant le gang marocain de Mohammed Chekhchar à celle du gang surinamais et antillais de Gwenette Martha. L'une des premières victimes est Giovanni Martha qui est le grand frère de ce dernier. Mohammed Chekhchar est condamné à huit ans de prison, en même temps que la libération de Willem Holleeder.

À Amsterdam, le taux de criminalité va s'accroître dans le quartier au cours des années. Dans un tel contexte, un grand nombre de Néerlandais « de souche » décident de quitter le quartier pour résider ailleurs dans la banlieue où le calme règne ou dans les campagnes en dehors de la ville[72]. En 1995, une pétition est mise en place dans certains quartiers pour loger les immigrés marocains en dehors de la ville, sans succès. La place de Diamantbuurt, quartier de De Pijp, se voit très vite avoir une réputation négative due à la criminalité[73]. Elle est rapidement surnommée The Bronx of Amsterdam ou encore South-Central Los Amsterdam[74]. Amsterdam n'est pas la seule ville concernée, Utrecht se retrouve également confrontée à une violence entre la famille Chengachi et Azouagh de Bréda sur fond de trafic de drogues. En 2000, du coté d'Amsterdam, Mohammed Chekhchar est libéré de prison. En 2003, le nom d'un certain Omar alias « le criminel » devient populaire à De Pijp pour ses vols à l'arraché et sa détention d'armes. Il forme une bande de jeunes délinquants appelé Van Wougroep, composée de 28 jeunes néerlando-marocains issus du même quartier. Gwenette Martha va intégrer ce groupe en compagnie des frères Balserang avec pour but de venger son grand frère assassiné il y a plus d'une décennie. Le 14 octobre 2003, Mohammed Chekhchar est abattu dans un coffeeshop à Amsterdam-West. Clyde Lewis, un bras-droit de Gwenette Martha aurait préparé l'assassinat. La criminalité règne pendant de longues années dans le quartier De Pijp, allant jusqu'à une intensification des règlements de compte. En , Europol estimait que les gangs marocains constituaient un milieu criminel en perpétuelle expansion en Europe[75]. Dans la même année, Omar El H. se retrouve devant la juge d'instruction pour avoir tenté de liquider plusieurs personnes du quartier voisin qui compte une importante communauté surinamaise, également impliquées dans des histoires de trafic de cocaïne. Le jeune Omar déclare à la juge : « Mon but était juste de livrer de la cocaïne aux blancs. Les Surinamais espéraient nous voler notre territoire et nos clients. Il fallait qu'ils aient des conséquences car personne ne leur a donné l'autorisation de vendre là-bas. Les anciens, c'est nous. ». Cette « mini-guerre » de quartier finit par s'établir lorsque les deux communautés cohabitent ensemble au fil du temps dans certains quartiers d'Amsterdam dont De Pijp[76].

Dans le quartier, Gwenette Martha grandit et passe son enfance sur la place Van der Helstplein[77]. Il joue régulièrement au football avec ses amis Najeb Bouhbouh, Houssine Ait Soussan, Harvey Esajas et les frères Balserang. Alors que ces trois derniers finissent par intégrer l'académie de football de l'Ajax Amsterdam, Gwenette Martha choisit avec Najeb Bouhbouh et Houssine Ait Soussan de changer d'objectifs de vie et de mener une vie de gangster, pour « gagner des millions ». Étant encore jeune adolescent, Gwenette Martha se détache du Van Wougroep pour former sa bande Groep-Martha en 2005, ayant pour but de gagner énormément d'argent en prenant contact avec des jeunes belgo-marocains issus des quartiers d'Anvers en Belgique[78]. Cependant, le kick-boxeur Badr Hari, ancien ami de Gwenette Martha, affiche fièrement son soutien au criminel le 31 décembre 2006 lors d'un tournoi de K-1 ayant lieu à Tokyo au Japon, entrant sur le ring sous un maillot où il est inscrit Gwenette For Ever[79].

L'assassinat de Paul Epskamp marque le début des violences marocaines aux Pays-Bas[80]. En janvier 2005, le trafiquant néerlandais doit se présenter à Nibbixwoud chez des trafiquants marocains pour avoir commis un vol de trois tonnes de haschisch appartenant à Hassan A. et aux frères amstellodamois Rachid et Hassan El Kaldi[81]. Le 30 décembre 2004, lors d'un premier rendez-vous près de la A4 à Schiphol, il nie avoir commis quelconque vol[82]. Lors d'un deuxième rendez-vous, il est conduit vers Rosendael en campagne. Il est déposé dans un endroit où il est accueilli par plusieurs criminels entourant la voiture munis de battes de baseball. Il est menotté et emmené dans un conteneur où il est attaché à une chaise à l'aide de cordes. Questionné sur le vol, il nie avoir des rapports avec le vol commis. Un jour plus tard, les tueurs à gages brisent les côtes de l'individu attaché et percent son genou à l'aide d'une perceuse. Paul Epskamp endure plusieurs jours de torture avant de décéder à la suite d'une crise cardiaque[83]. Son corps est jeté à Vinkeveen avant que les frères El Kaldi prennent directement la fuite au Maroc[84]. Quelques années plus tard, les enquêtes finissent par révéler que Paul Epskamp n'avait réellement rien à voir avec le vol[85]. Les auteurs ne sont jamais retrouvés[86].

Premiers règlements de compte (2007-2012)[modifier | modifier le code]

Proportion de Marocains par communes et quartiers aux Pays-Bas en 2007. Le rouge vif désigne le maximum, 24 %.

Entre 2007 et mi-2008, Samir Bouyakhrichan, le « dit » successeur de Mohammed Chekhchar quitte les Pays-Bas pour opérer son réseau à partir de l'Espagne à Marbella.

Le 24 septembre 2008, Said Amhaouch et Redouan Boutaka, bras-droit de Gwenette Martha, assassinent Hassan Aït Khouda à Amsterdam. Hassan Aït Khouda sortait de la mosquée en plein ramadan et se dirigeait au domicile de ses parents. Il est abattu devant sa maison. Hassan était le petit frère de Mohammed Aït Khouda, un membre du groupe du défunt Mohammed Chekhchar, qui avait un conflit avec Najeb Bouhbouh.

Le 5 février 2009, les Pays-Bas connaissent un tournant à la suite d'un double assassinat commis à Amsterdam. Les deux assassinés sont Yassin Chakor et Boneka Belserang, deux membres du groupe de Martha. Les auteurs sont selon Martha les hommes de mains de Mohammed Chekhchar, qui ont répliqué à l'assassinat de Hassan Aït Khouda. Les auteurs du double assassinat ne sont jamais retrouvés. Dans la même année, Redouan Boutaka commet le 4 octobre l'assassinat de Abdel El Faddil à Amsterdam.

Le 12 février 2010, le corps de Said Amhaouch est retrouvé enterré dans le parc Flevo d'Amsterdam. L'homme était l'auteur de l'assassinat de Hassan Aït Khouda en septembre 2008. Au fil des années, le Fayrouz Lounge du quartier De Pijp ouvre ses portes. Considéré par les habitants du quartier comme étant un lieu de non-droit, la cave de la chicha rassemble un nombre important de criminels marocains impliqués dans le trafic de cocaïne depuis de nombreuses années[87]. Avec le rifain ou le darija comme langue principale, les criminels passent leurs soirées à la chicha à jouer au pachisi, aux jeux de cartes ainsi qu'à regarder les matchs de football et de boxe à la télévision. La cave de la chicha devient très vite un endroit de réunion pour les trafiquants marocains. Au fil du temps, les jeunes néerlando-marocains finiront par établir un contact avec des trafiquants de drogue colombiens, mexicains et dominicains pour les importations auxquelles les trafiquants participent[88]. En 2012, Houssine Ait Soussan est à la tête du club futsal ZVV 't Knooppunt ayant comme dirigeant Souhail Laachir (surnommé De Lange), également dans le trafic[89].

Trahison à Anvers : début d'une guerre marocaine à Amsterdam (2012-2014)[modifier | modifier le code]

En février 2012, alors qu'un groupe marocain importe un chargement de cocaïne au port d'Anvers destiné à la bande du Fayrouz Lounge, d'autres trafiquants marocains issus d'Anvers, membres de l'organisation The Turtles, au courant de l'importation, volent la drogue au port d'Anvers. Gwenette Martha trahit la bande Fayrouz et enfreint les règles de la mafia, en collaborant avec The Turtles. Martha aurait également demandé un pourcentage de la cargaison. Houssine Ait Soussan et Benaouf, très vite au courant, se séparent de Martha et forment un groupe à part. À la suite de cela, Benaouf envoie son tueur à gages Rida Bennajem pour assassiner le comptable de Gwenette Martha, Redouan Boutaka, le 22 avril 2012 à Amsterdam. Rida entre dans une chicha d'Amsterdam et tire en rafale à la kalachnikov RPK. Premier coup réussi pour Benaouf, pendant que les autorités néerlandaises ignorent encore la raison de cet assassinat. Entre-temps, le double assassinat d'un couple italien est commis à Saint-Nicolas en Belgique. Le couple avait joué un énorme rôle dans le vol du port d'Anvers, en collaborant avec les Turtles. Quant à Najeb Bouhbouh, il refuse de quitter le clan de Martha et est assassiné pour cette raison par Rida Bennajem, le 12 avril 2012, à la sortie de l'hôtel Crowne Plaza à Anvers. Le Curacien, ayant perdu deux hommes forts de son organisation, riposte et envoie trois tueurs à gages (Adil Abouchdak, Anouar Benhadi et Hamza Belhadj) au bord d'une Audi RS4 volée pour abattre Benaouf à Amsterdam. La fusillade de Staatsliedenbuurt a lieu le 29 décembre 2012, causant la mort de deux personnes : Youssef Lkhorf et Saïd El Yazidi. Benaouf, présent lors de la fusillade avec Rida Bennajem, parvient à prendre la fuite en sautant dans un lac glacial. C'est désormais une guerre sans merci que se livre l'organisation de Benaouf (bras-droit : Ait Soussan) contre celle de Martha (bras-droit : Naoufal Fassih).

Dans les mois qui suivent, le 16 mars 2013, Rida Bennajem est abattu en même temps que l'arrestation du tueur à gages de Martha. La police retrouve dans les poches de Rida Bennajem du cash et un minuscule coran. Côté Martha, Adil Abouchdak est arrêté par les forces spéciales néerlandaises après une course-poursuite, finissant sur des échanges de tirs avec la police. Quant au troisième tueur à gages de Martha, Hamza Belhadj, il est arrêté quelques mois plus tard à l'aéroport de Tanger avec de faux documents. Il est condamné à 20 ans de prison au Maroc. En mai 2013, alors que Souhail Laachir, financier du club de futsal ZVV 't Knooppunt appartenant à Houssine Ait Soussan, se rend dans un musée à Amsterdam, il est assassiné de plusieurs balles au torse par le camp de Martha.

La police néerlandaise confirme en juin 2013 avoir très peu d'informations sur les organisations qui opèrent à Amsterdam à cause de l'omerta qui règne chez les gangsters, après un procès qui a lieu au tribunal en présence de Gwenette Martha et trois complices. À la suite de cela, la police néerlandaise décide d'attirer l'attention des jeunes dans le quartier Bos en Lommer à Amsterdam, en leur proposant une énorme somme d'argent en échange d'informations sur « les grands du quartier », et notamment sur le trafiquant Anouar Benhadi. Fin juin 2013, ces mêmes jeunes dévalisent une voiture appartenant à des enquêteurs néerlandais, stationnée dans une rue ayant une vue sur la chicha Fayrouz sur la Amstelveenseweg. Ils y retrouvent des photos de criminels se trouvant dans la chicha Fayrouz, comme Anass El Ajjoudi (assassiné en 2018), connu dans le circuit criminel avec le surnom Boeloeloe, ou encore Souhail Laachir dans le milieu sportif. Entre-temps, Benaouf est arrêté par les forces spéciales néerlandaises à Amsterdam en juin 2013, donnant les commandes à Houssine Ait Soussan et Omar Lkhorf, le frère de Youssef Lkhorf, décédé en 2012 dans la fusillade de Staatsliedenbuurt. Profitant de la succession, Martha frappe un grand coup et abat Tarik El Idrissi (ami de Benaouf) à Amsterdam en janvier 2014 et Alex Gilis (tueur à gages de Benaouf) à Zaandam en février 2014. Omar Lkhorf reste silencieux et discret, préférant prendre son temps.

Pendant que le bras-droit Naoufal Fassih délaisse l'organisation de Martha pour fonder son propre réseau en alliance avec la mafia irlandaise pour l'internationaliser en Espagne, Najib Himmich, son homme de confiance, prend l'organisation de Martha en main lorsque ce dernier est emprisonné. Il trahit Gwenette Martha en intégrant les rangs du milliardaire Samir Bouyakhrichan opérant dans la Costa del Sol. Le 22 mai 2014 est un jour historique aux Pays-Bas : le gangster Gwenette Martha est abattu par 84 balles de kalachnikov à Amstelveen. Deux mois plus tard, Omar Lkhorf échappe à la mort. Stefan Eggermont, une mauvaise cible, est assassiné à sa place par le camp Martha, les deux hommes roulant en Fiat Punto. Pendant que tout le monde parle d'une vengeance d'Omar Lkhorf, c'est finalement Bouyakhrichan qui est soupçonné d'être derrière l'assassinat de Martha, afin de protéger son nouveau venu Najib « Ziggy » Himmich d'une éventuelle vengeance de Martha.

Naoufal Fassih apprend très vite la nouvelle, depuis l'Irlande. Le 29 août 2014, il se rend à Benahavís en Espagne pour un rendez-vous avec Bouyakhrichan dans un bar au bord de la plage autour d'une table composée de Naoufal Fassih, Samir Bouyakhrichan, Najib Himmich et Jayjay, un jeune rappeur néerlandais également dans le milieu criminel. Lorsque Najib Himmich assène un coup de poing au visage de Bouyakhrichan, des tueurs à gages pénètrent dans le bar et abattent Samir Bouyakhrichan. L'assassinat est orchestré par Naoufal Fassih et Ridouan Taghi, un criminel encore inconnu au bataillon. Najib Himmich est soupçonné d'avoir présenté ses excuses à son ancien clan, en échange de livrer des informations sur Bouyakhrichan, mais Naoufal Fassih le trahit. Le 8 décembre 2014, les autres membres de Martha décident de frapper un grand coup à la suite de la trahison de Najib Himmich. sa femme Luana Luz Xavier est abattue devant ses enfants à Zeeburg. Quant à Najib Himmich, il est porté disparu et présumé mort.

Martha vs Benaouf : les successeurs se livrent la suite d'une guerre sans fin (2014-2017)[modifier | modifier le code]

La suite du conflit a lieu à Paramaribo en Suriname où Marchano Pocorni est abattu[90]. Il est soupçonné d'avoir été le deuxième tueur à gages aux côtés de Rida Bennajem pour l'assassinat de Najeb Bouhbouh à Anvers[91]. Le 7 novembre 2015, près d'un an et demi après l'assassinat de Gwenette Martha, Omar Lkhorf réplique dans la guerre « Benaouf vs Martha » et envoie Hicham B. pour assassiner Eaneas Lomp, un membre de l'organisation Martha[92]. Omar Lkhorf a comme but de venger son frère Youssef Lkhorf assassiné en 2012 par le camp Martha et organisé par deux frères connus sous le nom de Yakhlaf. Omar Lkhorf passe à l'acte et envoie deux tueurs à gages pour abattre les frères Chahid et Chafik Yakhlaf. Les deux victimes membres du groupe de Martha parviennent à s'enfuir. La scène est filmée par une caméra de surveillance. Le 31 décembre, lors du soir du nouvel an, il parvient quand même à abattre Chahid Yakhlaf. Les Pays-Bas voient alors Omar Lkhorf comme l'un des plus grands tueurs en série. Cependant, cela a peu d'importance pour certains politiciens qui trouvent que « tant qu'ils se tuent entre eux, cela a peu d'impact sur la société ». Noureddine A. (surnommé Hitler) est le deuxième homme qui a organisé la fusillade à Staatsliedenbuurt en 2012 dans le camp de Martha[93]. Le 3 avril 2016, Omar Lkhorf envoie Mohamed H. et Zakaria Z. pour abattre Noureddine A. à Amsterdam. À la suite de messages Pretty Good Privacy décryptés par une université canadienne, les autorités néerlandaises accusent Omar Lkhorf d'être derrière la tentative d'assassinat à la suite de son message : « Je le cherche depuis des années. Ce pédé a aussi organisé la fusillade Staatsliedenbuurt »[94] Le 15 avril 2016, Naoufal Fassih est arrêté à Dublin en Irlande, soit un jour avant l'assassinat de Pjotr R., préparé en collaboration avec Ridouan Taghi, encore inconnu dans le milieu criminel néerlandais[95]. Naoufal Fassih fait confiance à Ridouan Taghi et lui prête ses hommes. Les autorités néerlandaises accusent Naoufal Fassih d'avoir assassiné Mohammad-Reza Kolahi, un membre de l'Organisation des moudjahiddines du peuple iranien et auteur de l'attentat de Hafte Tir, le 15 décembre 2015 à Almere[96]. Les enquêtes s'avèrent vraies, et n'ayant pas été extradé vers les Pays-Bas, il est condamné à perpétuité en Irlande[97].

L'organisation de Benaouf, Houssine Ait Soussan et Omar Lkhorf ont toujours le contrôle sur le club de futsal ZVV 't Knooppunt. L'équipe évolue en D1 néerlandaise et la police enquête sans arrêt sur les staffs ainsi que les supporters régulièrement présents dans les tribunes, dont un grand nombre ont leur nom gravé dans des listes noires des bandes de Mocro-maffia à Amsterdam, dont Khalid Jaafar (assassiné en 2015 au Panama) et Isham B. (blessé en 2015 dans une fusillade)[98]. Après un événement tragique ayant causé la mort de Khalid Jaafar au Panama, Houssine dont le nom est également cité sur plusieurs listes noires, décide de prendre la fuite au Maroc pour échapper à la Mocro-oorlog[99]. Le 26 juillet 2015, Houssine Ait Soussan est arrêté par la BCIJ à Tanger. Omar Lkhorf adopte sous les ordres de Houssine Ait Soussan le bras-droit Adil El Manti, un policier bruxellois corrompu opérant à Bruxelles et Anvers[100]. Adil El Manti est derrière un réseau d'enlèvement et est affilié au grand banditisme français, pouvant diriger un commando français pour les enlèvements et évasions de prison. En Belgique, le réseau d'Adil El Manti, commandité par Houssine Ait Soussan, enlève Abdelkader Bouker (présumé mort), un proche de la mafia israélienne et Younes El Ballouti, un proche du clan The Turtles à Anvers[101]. Pendant qu'El Ballouti parvient à s'échapper d'un local de séquestration, le corps d'Abdelkader Bouker n'est jamais retrouvé[102]. Le 9 janvier 2017, la police belge arrête Abdelkader A. à Schaerbeek. Il est soupçonné d'être un membre du réseau d'enlèvement que contrôle Houssine Ait Soussan depuis sa cellule via Adil El Manti. Quant à Younes El Ballouti, il est enlevé le 15 novembre 2016 à Anvers et séquestré dans une cave à Saint-Josse-ten-Noode à Bruxelles, avant d'être transféré dans une seconde cave à Nanterre en France. Le 22 décembre 2016, Younes El Ballouti parvient à s'échapper[103]. Pendant que les frères Echargui sont assassinés à Nimègue, à Amsterdam, la tête de Nabil Amzieb est retrouvée décapitée devant la chicha Fayrouz[104]. Il s'agit d'un message fort de l'organisation de Martha pour les hommes de Benaouf. Le 9 mars 2016, le bourgmestre d'Amsterdam ferme définitivement les portes de la chicha Fayrouz[bm 1]. Entre-temps, la mafia domine les terrains et le club mafieux ZVV ’t Knooppunt est champion des Pays-Bas, parvenant à se qualifier en Ligue des champions de futsal[105]. La Fédération royale néerlandaise de football fait appel à des enquêteurs pour lancer des recherches approfondies sur les sources financières du club et des joueurs. En mai 2016, Benaouf Adaoui est condamné à douze ans de prison pour l'assassinat de Najeb Bouhbouh[bm 2]. La police découvre en fin 2016 que l'argent payé aux footballeurs était en réalité de l'argent provenant d'un réseau Mocro-maffia, notamment celui de l'organisation de Houssine Ait Soussan.

Lors de la même période, le journaliste Martin Kok est assassiné à Laren[106]. Le journaliste était à la tête d'un site relayant régulièrement des informations sur les affaires criminelles aux Pays-Bas et relayant quotidiennement le nom de Ridouan Taghi. Le journaliste est l'un des premiers à être au courant de l'organisation de Taghi qui est jusque-là inconnue aux Pays-Bas. Étant conscient que citer le nom de Taghi est tabou, le journaliste prend l'organisation à la légère, écrit beaucoup sur Taghi et dévoile plusieurs photos du criminel avant la découverte d'une bombe placée en dessous de son véhicule. Lorsqu'il est interviewé par les médias sur le lieu du crime, le journaliste se moque de Taghi et menace d'écrire beaucoup plus sur son site web. Martin Kok échappe à deux tentatives d'assassinats avant d'être abattu, dans un attentat à la voiture piégée.

Le 5 juillet 2017, Omar Lkhorf, recherché par Interpol, est arrêté à Bruxelles[107]. Il est condamné à perpétuité et tente de s'évader de prison en janvier 2020 via le réseau d'enlèvement que possède Houssine Ait Soussan[108]. Le camp Benaouf et Martha finissent par trouver un accord pour établir un wapenstilstand (cessez-le-feu). Malgré l'assassinat d'Anass El Ajjoudi (membre de Benaouf) le 17 janvier 2018 à Amsterdam, il n'y aura aucune suite dans le conflit.

Cessez-le-feu du conflit Martha-Benaouf et apparition de Ridouan Taghi (2017-2019)[modifier | modifier le code]

« Tous ceux qui parlent, mourront »

Taghi dans une lettre envoyé aux autorités néerlandaises en 2018[109].

Grâce au cessez-le-feu du conflit Martha vs Benaouf, l'étoile montante du milieu criminel Ridouan Taghi en profite pour monter son propre réseau criminel issu d'Utrecht, afin de mettre fin à un cycle et marquer son territoire dans le trafic international basé aux Pays-Bas[110]. Naoufal Fassih, bon ami de Ridouan Taghi, se met d'accord avec Taghi pour l'assassinat de Mustapha El Fechtali, patron du café La Crème à Marrakech, un bras-droit du criminel assassiné Samir Bouyakhrichan, ennemi juré de Taghi. Le 2 novembre 2017, Taghi envoie deux tueurs à gages à Marrakech pour abattre Mustapha « Mous » El Fechtali. Les deux tueurs à gages abattent la mauvaise cible. Contrairement aux criminels de la Mocro-maffia précédents, Ridouan Taghi possède l'organisation Mocro-maffia la mieux structurée, ayant des tueurs à gages dans les quatre coins du monde. Ayant joué un rôle avec Naoufal Fassih dans l'assassinat de Mohammad-Reza Kolahi à Almere, il s'offre une coopération avec les services secrets iraniens pour rester sous les radars d'Interpol[111]. Côté Amsterdam, la KNVB décide d'exclure définitivement le club de la Mocro-maffia ZVV 't Knooppunt des championnats professionnels[112].

Nabil Bakkali est un tueur à gages d'Utrecht engagé par Ridouan Taghi dans le coffeeshop Sahara à Utrecht en 2010. Lorsque Taghi l'emmène en Espagne pour faire connaissance avec Saïd Razzouki, son bras-droit, le feeling passe et le jeune criminel commet deux assassinats en juin et décembre 2016. Lorsque Taghi donne le feu vert à Nabil Bakkali pour assassiner le journaliste Martin Kok, ce dernier abat par accident Hakim Changachi, un ancien ami à lui qui conduisait le même véhicule que le journaliste Martin Kok, ce qui a entraîné la colère de Taghi, opérant son réseau à partir d'un appartement à Bruxelles en Belgique. Nabil Bakkali préfère prendre ses distances du réseau de Taghi et se rend de lui-même à la police en janvier 2017. Bakkali propose un deal aux autorités néerlandaises : il promet de parler sur l'organisation de Taghi, en échange d'une peine d'emprisonnement réduite. Bakkali décide de se repentir et d'aller présenter ses condoléances à la famille Changachi[113]. Taghi, au courant de l'information qui est relayée par la presse néerlandaise, envoie deux tueurs à gages à Amsterdam qui abattent Reduan Bakkali, son frère, en mars 2018[114].

Lorsque les médias relayent les informations sur Taghi, révélés par Nabil Bakkali, le siège social de Panorama est pris d'un attentat à la lance-roquette. Cinq jours plus tard, le siège social de De Telegraaf est la cible d'un attentat à la voiture bélier. Lorsque le journaliste John van den Heuvel donne son avis sur les incidents qu'eut lieu au micro du journal De Telegraaf en évoquant le nom de Ridouan Taghi, quelques jours plus tard, des individus tirent avec une Kalachnikov en direction de son domicile pour passer un message de menace. Il reçoit également une lettre de la part de Ridouan Taghi, lui prévenant qu'il figure sur une liste noire, ayant une énorme prime d'argent placée sur sa tête. Un mois plus tard, Jamal M., un membre de la bande Bouyakhrichan est assassiné par Taghi à Barcelone. Le 27 octobre 2018, l'Utrechtois Hamza Ziani, ayant opéré avec Bouyakhrichan est assassiné à son tour à Marbella[115]. Ridouan Taghi devient le criminel le plus recherché d'Europe avec une récompense de 100 000  promise par les autorités néerlandaises aux personnes qui seront prêtes à livrer des informations qui pourraient aider à l'arrestation du gangster. En décembre 2018, une bombe est placée sous la voiture de la sœur du Belge Samir El Bartali liquidé en 2017[116].

« Tu reçois minimum 70 000 euros et Taghi te livre les voitures et les armes pour passer à l'acte. »

— Déclaration de Tony de G., un témoin clé dans le documentaire saison 2 de De Jacht op de Mocro-Maffia sur Videoland.

Cependant, Taghi est soupçonné de se trouver à Kich en Iran, protégé par le gouvernement iranien[117]. Une chose est sûre, Taghi a déjà quitté Bruxelles depuis longtemps. Le 5 mai 2019, Ridouan Taghi assassine Dennis G., un ami de Mustapha F. à Paramaribo en Suriname. Quelques jours plus tard, les trois tueurs à gages de Taghi opérants en Suriname sont arrêtés par les forces spéciales dans la capitale surinamaise. Le 18 septembre 2019, l'avocat de Nabil Bakkali, Derk Wiersum est abattu devant son domicile à Amsterdam par Ridouan Taghi[118]. Cet assassinat a nécessité l'angoisse de plusieurs politiciens néerlandais dont Geert Wilders et le premier ministre Mark Rutte qui n'ont pas hésité à organiser une conférence au parlement national des Pays-Bas dans la chambre basse. Un mois plus tard, l'organisation de Taghi enlève Naima Jillal, la compagne de Mustapha F. à Amsterdam. Ridouan Taghi termine son année en assassinant Rachid Kotar, le comptable du baron Samir Bouyakhrichan, le 12 décembre 2019 à Amstelveen devant les yeux de son fils âgé de quatre ans[note 1].

Arrestations : Taghi à Dubaï, son bras-droit Razzouki à Medellín (2019-2020)[modifier | modifier le code]

Le 16 décembre 2019, Ridouan Taghi est arrêté à Dubaï par les forces spéciales émiraties[119]. Il est extradé aux Pays-Bas en jet privé et est en détention dans le centre fermé de Vught en attente du procès Marengo[120]. Selon des sources belges, le criminel contrôlait l'entièreté du trafic de cocaïne aux Émirats arabes unis[121]. Un mois plus tard, le 18 janvier 2020, Papkind, membre de l'organisation de Gwenette Martha et Naoufal Fassih, est arrêté à Dubaï et extradé vers les Pays-Bas[122].

Le 19 janvier 2020, une tentative d'évasion de prison a lieu à Zutphen[123]. Il s'agit du criminel Omar Lkhorf qui a fait appel à un commando franco-néerlandais pour commettre un attentat contre la prison[124]. Une attaque à la voiture bélier a lieu à l'entrée de la prison[125]. La porte en métal n'a pas pu s'ouvrir. À la suite de cette évasion ratée, les auteurs prennent la fuite et Omar Lkhorf est transféré dans le centre fermé de Vught[126]. Omar Lkhorf avait pour but de reprendre l'organisation en main afin de reprendre le contrôle, géré jusqu'à maintenant par l'organisation de Taghi[127]. Les quatre complices français : Alberic G., Bilal L., Foulet N. et Hatime O. sont condamnés à quatre ans et demi de prison[128].

Le 7 février 2020, le bras-droit de Ridouan Taghi, Saïd Razzouki, est arrêté à Medellín en Colombie par le FBI et l'armée colombienne dans un appartement appartenant au Clan del Golfo[129]. La presse colombienne souligne que Razzouki collaborait régulièrement avec le Cartel de Sinaloa[130]. Razzouki est actuellement incarcéré dans la prison de Bogota, en attente d'une extradition vers les Pays-Bas[131]. À la suite des arrestations de Taghi et Razzouki, les autorités néerlandaises estiment que l'organisation aurait à l'heure actuelle déjà un successeur[132].

« Pour localiser Razzouki, nous avons eu besoin des techniques utilisées il y a 30 ans pour traquer Pablo Escobar car Razzouki appliquait les mêmes mécanismes afin de rester sous les radars et échapper à chaque contrôle des autorités colombiennes. Razzouki n'a pas utilisé ni de technologies, ni de réseaux sociaux depuis huit ans, à tel point qu'il n'a plus donné de nouvelle à sa famille aux Pays-Bas. Nos enquêteurs ont enquêté sur ses traces à l'aide des avions de renseignement qui ont régulièrement survolé la ville de Medellín, avec pour but de le localiser. La dernière fois que l'Unité de l'élite de la police colombienne était intervenue pour une telle affaire, c'était lors de l'opération menée le 2 décembre 1993 pour traquer et abattre Pablo Escobar. Razzouki est suspecté de trafic, fabrication et possession de drogue, d'homicides et de terrorisme. Il avait changé son apparence physique à l'aide d'une chirurgie esthétique pour paraître plus vieux. Razzouki appartenait à l'organisation criminelle européenne Mocro-maffia et était à la tête d'un groupe de trafiquants du Clan del Golfo dans l'exportation de cocaïne à l'international, mais surtout vers l'Espagne et le Portugal[133]. »

— Jorge Ramírez, directeur général de la police colombienne, le 10 février 2020 à Bogota, après l'arrestation de Saïd Razzouki.


Le 31 mai 2020, l'avocat Khalid Kasem est accusé d'avoir livré des informations précises au baron Ridouan Taghi[134]. C'est ce qu'interceptent des informaticiens canadiens dans des messages PGP déchiffrés provenant de Ridouan Taghi, présageant une affaire de corruption[135]. À la suite de cela, Peter R. de Vries, travaillant dans le cabinet d'avocats de Khalid, se retire et se lance en tant qu'homme de confiance pour le témoin-clé Nabil Bakkali, jusque-là, sans avocats depuis l'assassinat de son ex-avocat Derk Wiersum[136]. Peter R. de Vries voit sa demande refusée par les autorités néerlandaises pour cause de risque d'attentat ou d'assassinat[137]. Quelques jours plus tard, Peter Schouten est nommé nouvel avocat de Nabil Bakkali[138].

Le 3 juin 2020, le comptable de l'organisation Taghi Amir Faten Mekki est arrêté à Dubaï[139]. Le jeune homme opérait une organisation violente en Suède ainsi que dans la Costa del Sol, causant en Espagne la mort de Flamur Beqiri de la mafia albanaise, David Avila ainsi que Sofian Mohammed alias « Zocato »[140].

Le 18 juin 2020, Interpol capture en coopération avec l'ambassadeur des Émirats arabes unis un baron de la drogue des Turtles, Nordin El Hajjioui (alias Dikke Nordin van Den Dam) à Dubaï[141]. Nordin serait derrière les nombreuses fusillades et explosions qui ont fait trembler Anvers entre 2017 et 2020[142]. Entre ces années, des grenades explosives sont retrouvées devant le domicile de sa mère, le véhicule de sa mère est incendié et son frère est victime d'une tentative d'assassinat à la kalachnikov[143]. Il est le plus dangereux criminel belge de l'histoire à être arrêté à Dubaï[144]. Quelques jours plus tard, il est relâché en échange d'une caution colossale.

Dans le week-end du 22 au 24 août 2020, quatre bombes explosent chacune à leur tour à Anvers devant quatre domiciles[145]. Aucun blessé n'est à déplorer. Les autorités belges soupçonnent les auteurs de faire passer un message de menace sur fond de trafics de drogue. Un des quatre domiciles appartient à la famille El Bartali. Samir El Bartali fuit la Belgique après que des hommes cagoulés aient tenté de l'abattre devant son domicile. Il est assassiné le 27 décembre 2017 à Rotterdam. Quelques semaines après son assassinat, le véhicule de la sœur de Samir explose à Deurne. Selon le bourgmestre d'Anvers, la famille serait toujours active dans le trafic international de cocaïne.

En octobre 2020, huit Néerlando-Marocains sont arrêtés en Espagne dans le cadre de l'opération Cetil[146],[147]. Les huit hommes font selon Europol partie du réseau de cocaïne le plus actif d'Europe, reliant une collaboration criminelle entre la Galice et les Pays-Bas. La police espagnole met la main sur 188 kilos de cocaïne en Espagne ainsi que 6 tonnes de cocaïne dans les ports de Marín, de Valence, de Rotterdam et du Panama[148]. Grâce à une collaboration avec la DEA, la police espagnole est parvenue à avoir les hommes dans leur radar grâce au démantèlement d'un réseau international d'armes dans la province de Pontevedra et de la découverte d'un narco-sous-marin. Le chef du réseau reste toujours en fuite et se trouve selon les autorités espagnoles à Dubaï[149]. Les deux bras-droits du chef Mohamed « Gordo » Maadouri et Faysal El Ouardani ont quant à eux été arrêtés. Fouad Hammoudi, Mohamed « Mo » Yasin, Brain « Colombiano » et Johnny de Keijzer sont les autres hommes incuplés.

Attaques contre la liberté de presse (2020-2022)[modifier | modifier le code]

Le 3 mai 2020, Omar Essalih, âgé de 23 ans et surnommé Soesie dans le milieu criminel en rapport avec ses origines au Maroc, est abattu de plusieurs balles dans la tête à Amsterdam-Oost[150]. Le criminel, ayant opéré pour Najeb Bouhbouh (assassiné en 2012) est soupçonné d'avoir joué un rôle dans l'assassinat d'Anass El Ajjoudi en 2018[151]. Omar Essalih avait auparavant échappé à deux tentatives d'assassinats[152].

Le 22 juin 2020, la police néerlandaise découvre grâce au craquage d'un serveur EncroChat en collaboration avec la police française, une prison souterraine et une salle de torture à Wouwse Plantage, situé à quelques kilomètres de Rosendael entre les Pays-Bas et la Belgique[153]. Le constructeur est Robin van O., arrêté en juin 2020 à La Haye dans un penthouse[154]. Le Néerlandais de 40 ans faisait partie de l'organisation de Mustapha El Fechtali (emprisonné au Maroc), principal rival de Ridouan Taghi[155],[156]. Robin van O. engageait des ravisseurs pour torturer les hommes travaillant pour Ridouan Taghi sur le sol néerlandais et belge[157],[158]. L'un des membres de l'organisation El Fechtali est Hamza Ziani (assassiné en 2018 à Marbella)[159]. La police néerlandaise, au courant des messages envoyés entre criminels, a rapidement averti les cibles principales menacées d'être assassinées ou enlevées[160]. Quant à Robin van O., il figurait sur la liste noire de Ridouan Taghi avant son arrestation en décembre 2019[161]. Ridouan Taghi avait engagé deux tueurs à gages membres des Caloh Wagoh pour abattre Robin van O. Dans cette même enquête, la police espagnole arrête deux autres truands dans la province de Malaga[162].

Le 24 août 2020, le Néerlando-Marocain Jamal Bouaouiouich, en compagnie de sa femme et de ses cinq enfants, est arrêté au volant de sa Mercedes Mansory et kidnappé par un commando français de huit hommes vêtus d'uniforme de la police nationale. Les kidnappeurs ne laissent aucune trace de Jamal Bouaouiouich derrière eux. La police découvre en dessous de la Mercedes Mansory une balise de tracking[163].

Le 11 novembre 2020, une importante collaboration entre les autorités néerlandaises et la Guardia Civil espagnole a lieu en Espagne, en Belgique et aux Pays-Bas, permettant d'arrêter quatre ravisseurs marocains à Fuengirola ainsi que Nora Ouaali, une tueuse à gages de 20 ans, soupçonnée d'être derrière l'assassinat de Omar Essalih[164]. La jeune femme est soupçonnée de faire partie de la bande de Houssine Ait Soussan et Benaouf Adaoui. Le groupe opérant en Espagne est derrière l'enlèvement d'un Belgo-Marocain et d'un Néerlando-Marocain. Les deux hommes, faisant partie de la même bande, ont été séquéstrés, torturés, brûlés et mutilés[165].

Le 12 novembre 2020, la police belge fait une saisie de 367 millions d'euros à Bruxelles. Dans le dossier, le parquet fédéral renvoie vingt suspects en procès devant le tribunal correctionnel, dont neuf femmes, pour participation à l'organisation criminelle Mocro-maffia[166].

Le 11 janvier 2021, une importante livraison de kalachnikovs est retrouvée dans une forêt à Utrecht. Elle serait destinée à une organisation de la Mocro-maffia[167]. Dans la même semaine, à la suite du refus de coopérer avec la justice, le téléphone du témoin-clé Nabil Bakkali est envoyé aux autorités néerlandaises pour déchiffrer les messages PGP dans les universités canadiennes[168].

Le 30 avril 2021, l'Unité spéciale de la police belge (FAST-team) capture le tueur à gages Youssef Ben Hamou à Anderlecht en Belgique. L'homme de 26 ans est derrière l'assassinat de Ray Tensaini le 21 décembre 2019 à Almere aux Pays-Bas. Son co-tueur à gages Younes El M. est arrêté quelques jours après l'assassinat. Younes Ben Hamou est aussi derrière la tentative d'assasinat de Hensley B. en 2017[169].

Le 16 mai 2021, une femme de 27 ans est abattue à 19h45 au bord d'une Mercedes-AMG dans le quartier de Slotervaart à Amsterdam[170]. Le lieu compte quatorze impacts de balles. Une voiture en feu est retrouvée à quelques rues du quartier. La fuite des auteurs est filmée en direct à l'aide du smartphone d'un témoin. Le passager Anis B. est la principale cible de cette fusillade[171]. Une semaine plus tard, deux attentats ont lieu dans le domicile des suspects arrêtés par la police[172]. Aucun mort n'est déploré. Il s'agit du réseau de Piet Costa qui a envoyé deux tueurs à gages pour venger l'assassinat du Marocain Ibrahim Azaim le 10 mai 2020 à Rotterdam. Ce dernier était un pilier de l'organisation Piet Costa, le successeur de Samir Bouyakhrichan (assassiné en 2014) et Mustapha El Fechtali (arrêté en 2017). Anis B. est un membre d'un nouveau réseau amstellodamois dirigé par Ali B.. Côté Piet Costa (arrêté en juin 2020), Hassan M. (arrêté en octobre 2020) et Bilal « Baardje » reprennent l'organisation en main après l'arrestation du dirigeant du réseau.

Le 22 juin 2021, à l'occasion d'un passage au tribunal du criminel condamné à perpétuité Iliass K. (33 ans), il livre plusieurs informations sur ses motivations sous l'organisation de Gwenette Martha. Il avoue avoir assassiné trois personnes ainsi que d'avoir joué un rôle dans l'assassinat de Derkaoui « Pirki » van der Meijden, assassiné en 2014[173].

Le 6 juillet 2021, à la sortie d'une émission de télé sur la chaîne RTL Nederland, le journaliste Peter R. de Vries est abattu de plusieurs balles dont une à la tête[174]. La presse et les autorités néerlandaises soupçonnent l'organisation de Ridouan Taghi d'être derrière cet assassinat[175]. Peter R. de Vries est l'homme de confiance du témoin-clé de la justice néerlandaise, l'ancien tueur à gages Nabil Bakkali[176]. Peter R. de Vries décède neuf jours plus tard à l'hôpital[177].

Dans la soirée du 16 juillet 2021, Jeffrey S., un des tueurs à gages de Benaouf/Hoes est arrêté par la Garde civile à Torremolinos en Espagne[178].

« La Mocro Maffia est passée d'une organisation de rue à une compagnie financière holding, à cause du système néerlandais qui est pour eux un paradis pour l'argent narco (...) Aujourd'hui, tout le monde cherche à travailler avec la Mocro Maffia. Ils ont le contrôle du port de Rotterdam. On parle désormais d'une mafia qui a su corrompre le président Desi Bouterse et qui assassine des journalistes[179]. »

— Roberto Saviano, écrivain du roman Gomorra, en juillet 2021 dans une interview avec NRC, après l'assassinat de Peter R. de Vries.

Le 27 septembre 2021, le premier ministre des Pays-Bas Mark Rutte est placé sous haute protection après que des spotters de la Mocro Maffia aient été aperçus autour de son domicile[180]. Le Parquet national, à la tête de l’enquête, garde lui le silence sur les mesures mises en place afin d’assurer la protection du politicien[181]. L’unité d’élite du Service de protection royale et diplomatique lui a été confiée, confirmant que les menaces sont prises très au sérieux[182]. Le coordinateur de la politique antiterroriste s’est abstenu de tout commentaire[183].

Le 8 octobre 2021, Youssef Taghi, cousin de Ridouan Taghi exerçant le métier d'avocat et devenu quatrième avocat de Ridouan Taghi en mars 2021, est arrêté par les forces spéciales à l'Extra Beveiligde Inrichting de Vught, lors d'une visite chez son cousin. Plus tard, il est condamné à cinq ans et demi de prison pour participation à son organisation criminelle, ayant planifié des plans d'évasions[184].

Le 15 janvier 2022, le grand baron néerlando-marocain Ebrahim Buzhu est abattu à Cadix en Espagne. L'homme avait porté plainte contre Ridouan Taghi en 2015 avant de prendre la fuite à l'étranger en raison des multiples menaces de mort[185].

Le 23 mars 2022, Akram El Idrissi est abattu dans le quartier de Rivierenbuurt à Amsterdam[186]. Le jeune homme de 21 ans était un grand supporter de l'ancien club de futsal ZVV 't Knooppunt[187]. Les auteurs n'ont pas été identifiés[188].

Montée en puissance d'Othman El Ballouti et le retour du clan Bouyakhrichan (depuis 2022)[modifier | modifier le code]

Le 9 janvier 2023, Firdaous E.J., âgée de onze ans et nièce d'Othman El Ballouti, décède lors d'une fusillade qui éclate à Merksem en Belgique dans le domicile familial du criminel, lui, en fuite aux Emirats arabes unis[189].

En juillet 2023, une vidéo circulant dans le monde criminel tourne sur les réseaux sociaux et affiche Vicente Zambada (fils d'Ismael Zambada García, bras droit de Joaquín Guzmán) du Cartel de Sinaloa, proférer des paroles menaçantes envers Othman El Ballouti, concernant un conflit sur une cargaison de plusieurs tonnes de cocaïne vers l'Europe[190].

Face au démantèlement du groupe de Ridouan Taghi (condamné à perpétuité le 27 février 2024 dans le cadre du procès Marengo), le journaliste John van den Heuvel se spécialise dans l'étude des successeurs de l'organisation de Samir Bouyakhrichan (assassiné en 2014), dont son frère reprend les rênes à partir de l'Espagne, du Maroc, des Émirats arabes unis et de République dominicaine[191]. Cette organisation est la principale rivale du cartel de Ridouan Taghi


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