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Grèves en Iran : les protestations entrent dans leur sixième semaine

Une manifestation devant le consulat d'Iran à Istanbul.

Des Iraniennes ont manifesté en signe de protestation à la suite de la mort de la jeune Mahsa Amini.

Photo : AP / Emrah Gurel

Agence France-Presse

Des commerçants et des ouvriers dans plusieurs villes d'Iran ont organisé des grèves samedi sur fond de protestations déclenchées il y a plus d'un mois par la mort de la jeune Kurde iranienne Mahsa Amini après son arrestation, selon des organisations non gouvernementales (ONG).

Mahsa Amini, 22 ans, est décédée trois jours après son arrestation à Téhéran par la police des mœurs, qui lui reprochait d'avoir enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique, où le voile est obligatoire pour toutes les femmes dans l'espace public.

La répression des protestations, les plus importantes en Iran depuis celles de 2019 contre la hausse du prix de l'essence, a fait au moins 122 morts, y compris des enfants, selon l'organisation Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo.

Les Iraniennes, beaucoup tête nue, ont été à l'avant-garde du mouvement de contestation, chantant des slogans contre le pouvoir et affrontant les forces de sécurité.

De nouvelles manifestations ont eu lieu samedi mais il est difficile d'en évaluer l'ampleur en raison des restrictions d'accès à Internet imposées par les autorités. Ces manifestations ont été accompagnées de grèves.

Des manifestants dans la capitale allemande samedi.

À Berlin, une foule de manifestants s'est rassemblée pour protester contre la mort de Mahsa Amini en Iran.

Photo : Reuters / CHRISTIAN MANG

Le média en ligne 1500tasvir a fait état de grèves [...] organisées dans des villes, dont Sanandaj, Bukan et Saqez. Cette dernière est la ville natale de Masha Amini.

Le groupe de défense des droits Hengaw, basé en Norvège, a lui aussi parlé de commerçants en grève dans ces mêmes villes ainsi qu'à Marivan.

À Tabriz, capitale de la province de l'Azerbaïdjan oriental, des dizaines de travailleurs se sont rassemblés devant une chocolaterie, d'après d'autres vidéos qui n'ont pas pu être vérifiées dans l'immédiat par l'AFP.

Des étudiants ont protesté dans plusieurs universités du pays, a indiqué 1500tasvir, citant la Faculté des arts et d'architecture de Yazd, l'Université de Téhéran, l'Université Allameh Tabatabai, dans l'est de la capitale, l'Université Razi à Kermanshah ainsi que celles de Hamedan, d'Ahvaz et de Yasouj.

Des dizaines d'étudiants ont applaudi et chanté lors d'une manifestation à l'Université Shahid Beheshti de Téhéran, selon une vidéo tweetée samedi par 1500tasvir.

Une manifestation à Londres.

À Londres, des personnes ont protesté contre la mort de Mahsa Amini en Iran.

Photo : Reuters / KEVIN COOMBS

Un syndicat d'enseignants a appelé à une grève nationale dans le pays dimanche et lundi pour dénoncer la répression qui, selon Amnistie internationale, a coûté la vie à au moins 23 enfants.

Dans un communiqué, le Conseil de coordination des syndicats d'enseignants a déclaré que ce sit-in serait une riposte à l'oppression systématique menée par les forces de sécurité dans les écoles. Il a nommé quatre adolescents tués selon lui dans la répression – Nika Shahkarami et Sarina Esmailzadeh, Abolfazl Adinezadeh et Asra Panahi – et a fait état de l'arrestation d'un grand nombre d'enseignants.

Des militants ont pour leur part accusé les autorités iraniennes de mener une campagne d'arrestations massives et d'interdictions de voyager, la liste incluant des athlètes, des journalistes, des avocats et des célébrités.

Les autorités, qui voient des émeutes dans la plupart des manifestations, minimisent leur portée et les imputent aux ennemis de la République islamique comme les États-Unis.

Samedi, le vice-ministre de l'Intérieur, Majid Mirahmadi, a admis l'existence de rassemblements dans des universités mais avec de moins en moins de gens. Les émeutes connaissent leurs derniers jours, a-t-il assuré, cité par l'agence officielle IRNA.

L'affaire du bandana d'Elnaz Rekabi

Vendredi, l'athlète iranienne Elnaz Rekabi, qui, selon les chaînes BBC Persian et Iran International, basées à Londres, a été assignée à résidence à son retour de Corée du Sud, a remercié ses soutiens sur Instagram.

Elnaz Rekabi parle au micro.

L'athlète Elnaz Rekabi à son arrivée mercredi à l'aéroport de Téhéran. Selon les chaînes BBC Persian et Iran International, basées à Londres, elle a été assignée à résidence vendredi.

Photo : AP / IRNA

La sportive de 33 ans avait été accueillie mercredi à l'aéroport de Téhéran par une foule de partisans. Elle avait participé à Séoul à une compétition d'escalade avec seulement un bandana sur la tête, ce qui avait été interprété comme un geste de solidarité avec les manifestants en Iran.

Des organisations de défense des droits de la personne basées à l'étranger ont exprimé des inquiétudes pour le sort de la jeune femme, qui a affirmé que son foulard avait glissé par erreur et qui a présenté des excuses.

À l'étranger, les rassemblements de solidarité avec les protestataires en Iran se sont aussi poursuivis avec des manifestations à Tokyo et à Berlin, où des milliers de personnes ont manifesté.

La communauté internationale a condamné la répression et plusieurs pays ainsi que l'Union européenne ont imposé des sanctions à des organisations et à des dirigeants iraniens.

Samedi, le chef de la diplomatie iranienne, Hossein Amir-Abdollahian, a accusé Washington d'instrumentaliser les manifestations pour obtenir des concessions dans les négociations lancées il y a plus d'un an pour raviver l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien.

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