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57 - Un chantier en Moselle: la maison d'Emilie

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LA MAISON D�EMILIE

Cette ancienne maison de charpentier, �difi�e en 1717, est l�une des derni�res maisons en pans de bois de Moselle ; partiellement reconstruite en pierre dans le courant des ann�es 1840, elle a �t� achet�e par l�association � Maisons Paysannes de Moselle � en1992. Son nom vient de sa derni�re occupante : Emilie Dobrot.

Ce type d�architecture, qui se rattache � la grande famille du pan de bois germanique, �tait autrefois commun dans 72 communes de la frange orientale du d�partement. Il ne reste plus que quelques dizaines de ces maisons.

L�architecture � colombage mosellane se caract�rise par :

- une p�riode pr�cise de notre histoire : les plus anciennes maisons � colombage aujourd�hui connues datent des derni�res ann�es du XVIIe si�cle (RENING, 1696), les plus r�centes ne d�passant pas 1840 (BISPING). Elles t�moignent du renouvellement quasi complet de l�habitat lorrain apr�s les destructions massives de la guerre de Trente Ans (1618-1648) ;

- une zone g�ographique bien d�limit�e : l�architecture � ossature occupait originellement une vaste zone � peu d�limit�e � l�ouest par la fronti�re linguistique qui passe par Faulquemont, Albestroff et Sarrebourg ;

au sud, elle p�n�tre dans la zone de parler roman (Bisping et Guermange) et s��tend tr�s ponctuellement � l�est en Alsace Bossue et le pays de Bitche.

Sur le plan g�ologique, elle correspond � l��tendue des formations argilo marneuses du Keuper.

UNE MAISON MODESTE, A LA FORTE PERSONNALITE

    Historique. Cette maison dat�e de 1717 sur un de ses potelets, a certainement �t� construite par un charpentier pour son propre usage. La profession de cet artisan �tait illustr�e sur une enseigne sculpt�e sous l'all�ge de la fen�tre du premier �tage. D'importants travaux de reconstruction ont eu lieu vers le milieu du XIXe si�cle, autour de 1847, comme l'indique une date piqu�e au clou, sur la face interne du potelet central du pan de bois arri�re de l'�tage. Cette reconstruction a consist� dans la substitution du pan de bois par des ma�onneries de pierres, sur les rez-de-chauss�e des deux fa�ades et sur les deux niveaux inf�rieurs du pignon ouest.

    Une autre modification, plus l�g�re, au d�but du XXe si�cle, a consist� dans la modification du plan du rez-de-chauss�e avec la suppression du couloir entre la pi�ce avant du logis, � gauche, et l��curie, � droite, et la cr�ation d'un sas d'entr�e desservant cette pi�ce avant, prenant jour sur la rue, comme l'�curie.

    Typologie de la maison. Dans les grands villages comme Insming, jusqu'au quart de la population n'�tait plus strictement agricole mais gardait un train de culture modeste; le charpentier lui-m�me exploitait un lopin de terre comme les autres artisans du village, ce qui explique la pr�sence du grenier � foin au-dessus de l'�table. Son volet est construit avec des tenons de bois pivotant dans un trou cylindrique perc� dans le linteau, les planches �tant chevill�es sur les bras.

    La maison d�Emilie a �t� con�ue � deux trav�es � un logis, un corps d�exploitation sans grange � pour les besoins d�une famille qui ne pratiquait qu�une agriculture vivri�re.

    Le plan. En gros, son plan repr�sente un carr� de 8 m de c�t�, ce qui donne une surface approximative de 64 m� par niveau, avec un total de 160 m� sur deux niveaux et demi.

 Au rez-de-chauss�e, le logis et l�exploitation poss�dent leurs acc�s propres mais tous deux sont accessibles par le couloir. Ce couloir traversant conduisait au logis, par la cuisine, et celle-ci communiquait sur l�avant avec le po�le. En face, sur la droite, le couloir m�ne, � partir de deux portes contigu�s, sur l�avant, � l��table, et sur l�arri�re, � une pi�ce sans affectation pr�cise, par l�avant de celle-ci.

    A gauche, la cuisine et la stube sont en communication directe. On entrait autrefois seulement par la cuisine.

    A l��tage, l�escalier de sa cuisine monte au fumoir, au-dessus du grand trou de fum�e. A l�avant, sur le po�le, se trouve une chambre. De l�autre c�t� de la ferme cloisonn�e de pan de bois qui s�pare le plan en deux parties �gales, le couloir, l��curie et la pi�ce derri�re celle-ci, sont recouverts par le fenil, sous combles. Celui-ci est �clair� par une fen�tre � l�arri�re et une gerbi�re � l�avant. Il est accessible depuis le palier arri�re, qui ouvre �galement sur le fumoir. Du fumoir, une autre �chelle de meunier conduit au grenier. Celui-ci occupe toute la surface du logis, de la fa�ade avant � la fa�ade arri�re.

    La nature constructive de la maison.

    On peut imaginer qu�� l�origine, en 1717, la maison �tait enti�rement construite en pan de bois, suivant le principe des cadres d��tage superpos�s entra�nant la pr�sence d�une sabli�re interm�diaire en deux �l�ments, encore observable sur la fa�ade arri�re.

    Aujourd�hui, le rez-de-chauss�e est constitu� d�une enceinte de pierre sur les quatre c�t�s, le pignon est se trouvant mitoyen et le pignon ouest se trouvant libre. Cette ma�onnerie est faite d�un refend int�rieur, entre l��curie et la pi�ce qui lui fait suite. Le long de l��curie, le couloir n�est plus cloisonn�, il l�a �t� par du pan de bois. Il reste cloisonn� de pan de bois � l�arri�re. A l�avant, une grosse poutre reliait les deux pignons, en servant de sommier aux solivages de l��curie et du po�le. Elle a disparu dans celui-ci et ne subsiste plus que dans l��curie. Le couloir est encadr� par deux sabli�re, d�une seule longueur, encastr�es dans la ma�onnerie de pierre, sur l�avant, reposant sur la sabli�re, sur l�arri�re.

    Dans la cuisine, le linteau de chemin�e est constitu� d�une poutre �paisse, reposant � l�avant, sur la sabli�re de la cloison entre le po�le et la cuisine, encastr� � l�arri�re par tenon et mortaise dans la sabli�re de la fa�ade � l�arri�re.

    Les solives sont parall�les au pignon, elles �taient fix�es, sur l�arri�re, entre les deux �l�ments de la sabli�re � l�aide d�un embout en queue d�aronde. Le po�le comptait six solives ; la cuisine cinq, plus le linteau de chemin�e, l��curie, quatre dont la sabli�re du couloir, et la pi�ce arri�re, cinq, dont la sabli�re du couloir. Le couloir en comptait une.

    Le style du pan de bois

    La composition de fa�ade de la maison est classique: les d�charges sont plus proches en partie sup�rieure des poteaux de liaison et d'angle; les ouvertures sont comprises entre deux poteaux interm�diaires.

    Les pans de bois de la fa�ade avant et de la fa�ade arri�re ont la m�me composition. Chacun d�eux ne compte qu�une entretoise, reli�es aux potelets par tenons et mortaise, et crois�e � mi-bois avec les d�charges obliques. Celles-ci sont au nombre de quatre, les deux extr�mes penchent vers l�ext�rieur, en direction des poteaux corniers ; les plus centrales penchent vers l�int�rieur, de part et d�autre du poteau central.

    Le pignon ouest a �t� construit sur le mod�le de la ferme centrale, � deux niveaux de pan de bois. Le niveau sup�rieur est constitu� de deux potelets centraux, pouvant servir de pi�droits, encadr�s par deux d�charges orient�es vers l�ext�rieur, puis deux potelets � fourche portant les pannes interm�diaires.

    La partie basse du pan de bois pr�sente une configuration asym�trique, en raison du l�ger report sur l�arri�re du poteau central, � l�aplomb de la s�paration entre l��curie et la pi�ce arri�re, le po�le et la cuisine. Sur la gauche, correspondant � la partie avant, le pan de bois reprend la figure de la partie haute : deux potelets pouvant servir d�encadrement de fen�tre, et deux d�charges port�es vers l�ext�rieur. A droite, sur la partie arri�re, le pan de bois se pr�sente en figure en trident : un potelet encadr� par deux d�charges orient�es vers l�ext�rieur.

    Il n'y a pas de fen�tre sur ce pignon, bien qu'il ne soit pas mitoyen.

    La charpente

   Elle compte trois fermes, dont une � demi-croupe. Ce sont des fermes � reprises de force verticale, constitu�es d�un entrait et d�un entrait-retrouss�.

    Cette charpente compte onze chevrons dont deux de rive. Les chevrons sont encastr�s dans la sabli�re par des mortaises et prolong�s par un coyau.

    Il n�y a qu�une seule panne interm�diaire, ni arbal�triers, ni panne fa�ti�re. Les chevrons sont enfourch�s en leur sommet et encastr�s, par tenon et mortaise, dans la sur-sabli�re des fa�ades.

    La toiture

    La toiture comporte deux pans, reli�s par une demi croupe ; orient�e � l�ouest, celle-ci servait de d�flecteur � disposition classique en Lorraine.

    Cette couverture fut sans doute faite en chaume, remplac� par la tuile plate �caille, probablement entre le milieu du XVIIIe si�cle et celui du XIXe.

UN CHANTIER DE RESTAURATION TEMOIN

    D�importants d�sordres

    En 1992, les d�sordres observables sur cette toiture �taient importants. On observait une rupture de la fa�ti�re � partir de la ferme centrale, un versement l�ger mais sensible de la partie droite de la charpente, en raison de l'affaissement de la croupe et du pignon droit. Les quatre chevrons de la partie droite avaient de ce fait rip� vers l'avant, en se d�gageant de leurs mortaises.

    Les �tapes de la restauration.

    Les travaux sur le pignon ont commenc� en 1994 avec l�arasement du mur pignon, jusqu�au niveau du rez-de-chauss�e. Le nouveau pignon, en pan de bois neuf, ainsi que la moiti� droite de la charpente, ont �t� construits en 1995 par l�entreprise de Jean Junker, avec du bois neuf. Les chevrons sont toutefois �t� remploy�s, mais leur d�gradation, au fa�tage, a conduit � supprimer les enfourchements et � mettre en place une panne fa�ti�re, qui  n�existait pas � l�origine.

    La couverture a �t� refaite, sur une sous couche de feutre bitum�, entre 1997 et 2001. La calcination, � la suite d�un incendie, ou d�une fuite dans le conduit de chemin�e, a conduit � les renforcer entre la panne interm�diaire et le fa�tage. Toutes les anciennes tuiles �cailles, d�pos�es avant les travaux, ont �t� recycl�es ; il a fallu prendre d�autres tuiles dans le village et � Freybouse, sur des b�timents en d�molition. Seules, les tuiles bien sonnantes, non d�grad�es par la mousse, pouvaient �tre r�utilis�es.

    La partie droite du mur arri�re a �t� enti�rement reconstruite entre 1998 et 2000.

    Les enduits des ma�onneries de pierre des deux fa�ades et du pignon ont �t� commenc�es � partir de 2003, en trois couches : gobetis, corps d�enduit, la finition restant �  faire, avec un mortier de chaux a�rienne Tradical et des sables de rivi�re et de carri�re.

    Sur le pan de bois du pignon, un clayonnage exp�rimental a �t� pos�, � l�aide de chutes de d�lignage et de lattes fendues sur des planches, entre 2003 et en 2004.

    Ce pan de bois a �t� rempli en 2004 de torchis pr�t � l�emploi, provenant d�une briqueterie de l�Oise. En 2005, ce torchis a �t� recouvert d�un enduit, � base de chaux a�rienne et hydraulique naturelle, de sable et de balles de lin.

    En 2006, des poutres de r�cup�rations en ch�ne, moulur�es, ont �t� pos�es au rez-de-chauss�e, dans l�ancien Po�le, la pi�ce avant du logis.

                                                        voir les photos 

    Les travaux � venir

    Dans les prochains mois, nous finirons les enduits ext�rieurs, sur les deux fa�ades et le pignon et entreprendrons les premiers travaux de restauration � l�int�rieur, avec la mise en place des r�seaux, la pose de plafonds et de planchers, la r�alisation d�enduits.

    Ces chantiers sont conduits, tous les ans, au cours de trois journ�es de sensibilisation et de formation : aux environs de P�ques, le troisi�me dimanche de juin, lors de la � journ�e du Patrimoine de pays �, et le troisi�me samedi de septembre, � l�occasion des � journ�es du patrimoine �.

    Ces stages sont gratuits. Il est demand� aux participants d��tre � jour de leur cotisation � notre association et d�avoir une assurance Individuelle Accident.

    Pour tous renseignements : � Maisons Paysannes de Moselle �, 13, square du Pontiffroy, 57000 METZ ; Tel. 03 87 63 89 38