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PROSTITUTIONLes Jeux olympiques, médaille d’or de la passe tarifée cet été ?

JO de Paris 2024 : Les Jeux vont-ils doper la prostitution cet été ?

PROSTITUTIONFaut-il craindre une recrudescence de la prostitution pendant les JO ? Si les autorités s’en inquiètent, elles peinent à évaluer le phénomène
Les autorités peinent à estimer l'ampleur de la prostitution pendant les Jeux olympiques (image d'illustration)
Les autorités peinent à estimer l'ampleur de la prostitution pendant les Jeux olympiques (image d'illustration) - SERGE POUZET/Sipa / SIPA
Caroline Politi

Caroline Politi

L'essentiel

  • Avec l’arrivée de près de 15 millions de touristes pendant la quinzaine des JO, les autorités s’inquiètent d’une recrudescence de la prostitution, sans toutefois pouvoir l’estimer.
  • En France, le recours à la prostitution est illégal et passible d’une amende de 1.500 euros mais pas le fait de se prostituer.
  • Certaines associations dénoncent d’ores et déjà une répression autour des travailleuses du sexe.

Comment anticiper ce qu’on peine à évaluer ? C’est la délicate équation sur laquelle planche le gouvernement en matière de sécurité pendant les Jeux olympiques. Et la question de la prostitution n’échappe pas à la règle. Avec l’arrivée de près de 15 millions de touristes pendant la quinzaine des JO, les autorités s’inquiètent d’une explosion du commerce sexuel, sans toutefois pouvoir l’estimer. « C’est un phénomène qui est très difficile à évaluer car il dépend beaucoup du pays d’accueil, de la législation locale en matière de prostitution et de l’événement concerné », précise une source policière spécialisée.

Certains grands événements sportifs, à l’instar de la Coupe du monde de football en Allemagne en 2006, ont entraîné une hausse massive de la prostitution. Même constat au Brésil qui a accueilli le Mondial, en 2014. Les prostituées elles-mêmes avaient fait état d’une hausse de près de 30 % de leur clientèle pendant l’événement. Cette recrudescence n’est toutefois pas uniforme. Dans ces deux pays, la prostitution est légale. Outre-Rhin, les maisons closes ont pignon sur rue. A l’inverse, en Afrique du Sud, où la vente et l’achat de services sexuels sont punis par la loi, la même compétition n’a pas été suivie des mêmes effets. « Il n’y a pas eu de hausse significative du nombre de clients par prostituée durant la période de la Coupe du monde », assurait dans un rapport le Fonds des Nations unies.

Le test de la Coupe du monde de rugby

En France – où le recours à la prostitution est illégal (mais pas le fait de se prostituer) – la Coupe du monde de rugby, organisée à l’automne 2023, a été considérée comme un galop d’essai. « Le volume de population brassée n’a évidemment rien à voir et le public est un peu différent – même s’il reste moins éloigné que celui d’une Coupe du monde de football – mais c’est tout de même un indicateur important », précise une autre source policière. Or, sur ce front : calme plat. Selon nos informations, l’étude pendant la compétition des principaux sites de petites annonces – qui sert aux autorités d’indicateur – n’a pas permis de détecter d’augmentation « significative » de l’offre prostitutionnelle dans les différentes villes hôtes.

Pourtant, selon plusieurs ONG qui œuvrent auprès des travailleuses du sexe, en coulisses, les autorités commencent déjà à s’activer. A la mi-mars, dix-sept organisations ont publié un rapport dans lequel elles disent « partager le constat d’une répression accrue » : augmentation des contrôles de police qui débouchent parfois sur des obligations de quitter le territoire (OQTF), multiplication des patrouilles notamment dans les bois de Boulogne ou de Vincennes. « Certains policiers prétendent qu’elles ne pourraient plus travailler lors des JOP, pourtant aucune base légale ne permet de l’attester. Des policiers en civil y font également des contrôles ciblant particulièrement les cabanes et camionnettes pour essayer de trouver des clients », peut-on lire. Les auteurs notent que cette volonté de les faire disparaître de l’espace public n’est pas une pratique nouvelle : ainsi, lors des JO de Londres en 2012, 80 hôtels de passe avaient été fermés par la police dans l’arrondissement de Newham, qui accueillait l’essentiel du parc olympique.

Campagne de communication

La préfecture de police de Paris a d’ores et déjà annoncé que la brigade en charge des établissements de nuit serait renforcée pendant la période des JO. Une attention toute particulièrement sera également portée sur les logements locatifs. De même, l’Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH) prévoit d’augmenter de manière conséquente les contrôles dans les villes hôtes et de renforcer la veille sur Internet. « La hausse des prix des transports et des hébergements, les restrictions de circulation ou encore le renforcement de la présence des forces de l’ordre sur la voie publique sont des facteurs qui conduisent à penser que les réseaux devront se réorganiser », insiste cette source spécialisée. En clair : les autorités craignent un déplacement encore plus massif vers Internet. Une prostitution moins visible dans laquelle la prise de contact se fait en ligne.

« Les Jeux olympiques et Paralympiques sont à la fois un risque sur la question de la traite humaine et de la prostitution et, je l’espère, un levier qui va nous permettre d’alerter spécifiquement sur cette question-là », a déclaré, fin mars, devant la délégation aux droits des femmes du Sénat, la ministre de l’Egalité entre femmes et hommes, Aurore Bergé. Elle doit présenter courant avril un vaste plan sur la prostitution, dont un des aspects portera précisément sur les JO. L’objectif est notamment de « sensibiliser » tant au niveau des professionnels que des touristes sur « ce que dit notre loi et sur ce qu’ils risquent en France si jamais ils ont recours à la prostitution ». En l’occurrence, 1.500 euros d’amende, voire 3.750 euros en cas de récidive. De quoi dissuader les éventuels clients ?

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