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FOOTBALLJean Louchet, le retour à la lumière du gardien de VA avant le choc face à l’OL

OL-Valenciennes : « C’était ma dernière chance », confie Jean Louchet, gardien de VA après une période de chômage

FOOTBALLPour la première fois dans sa tortueuse carrière, le gardien de 27 ans fait son trou dans le monde professionnel avec Valenciennes. Héros du quart de finale de la Coupe de France à Rouen, il va défier ce mardi (20h45) l’OL en demi-finale
Jean Louchet célèbre la qualification valenciennoise dans le dernier carré de la Coupe de France, à Rouen le 28 février.
Jean Louchet célèbre la qualification valenciennoise dans le dernier carré de la Coupe de France, à Rouen le 28 février. - VAFC / VAFC
Jérémy Laugier

Propos recueillis par Jérémy Laugier

L'essentiel

  • Dernier de Ligue 2 et quasiment condamné à la relégation en National, Valenciennes est l’invité surprise des demi-finales de la Coupe de France.
  • Avant de défier l’Olympique Lyonnais, ce mardi (20h45) au Parc OL, le gardien de but de VA Jean Louchet s’est longuement confié à 20 Minutes.
  • Le joueur de 27 ans, qui a vécu une partie de sa formation au PSG, raconte son parcours tortueux, à l’image de ce contrat professionnel obtenu avec Valenciennes l’été dernier, après s’être fait repérer avec l’équipe de l’UNFP.

Depuis la qualification de Valenciennes pour le dernier carré de la Coupe de France, le 28 février à Rouen (1-1, 2-4 aux tirs au but), la vie de Jean Louchet a changé. Héros de cette qualif, synonyme de demi-finale contre l’OL, ce mardi (20h45) à Lyon-Décines, le gardien de but de VA a répondu à une dizaine de sollicitations médiatiques avant ce rendez-vous. « Ce n’est pas non plus comme si j’avais un emploi du temps de ministre », sourit celui qui vient réellement de faire décoller sa carrière professionnelle à 27 ans, avec 23 matchs de Ligue 2 disputés cette saison.

Un destin étonnant pour ce joueur formé durant deux années au PSG (de 2014 à 2016), qui s’était retrouvé sans club l’été dernier, à la fin de son premier contrat professionnel avec Niort. Pour 20 Minutes, Jean Louchet revient sur son parcours tortueux, sur ce match disputé en juillet 2023 contre Valenciennes avec l’équipe de l’Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP), ainsi que sur cette paradoxale saison dans le Nord, entre galère en Ligue 2 (20e et quasiment condamné au National, avec 2 succès en 30 journées) et parenthèse dorée en Coupe de France.

C’est rare, en 2024, d’échanger avec un footballeur professionnel n’ayant pas le moindre compte sur Instagram, Facebook ou X…

Oui, je ne suis pas du tout fan des réseaux sociaux. Moins je passe de temps dessus et plus je suis content. Ce n’est pas forcément utile, donc ça me va bien de ne pas avoir cette distraction-là. Je vis vraiment bien sans les réseaux sociaux (sourire).

Le tournant de votre carrière a-t-il eu lieu le 15 juillet 2023, avec ce match UNFP-Valenciennes (1-2), alors que vous vous trouviez au chômage ?

Oui, maintenant on peut dire ça. Je ne sais pas du tout comment ça aurait pu évoluer pour moi sans ce match. J’avais bien des contacts avec des clubs de National, mais sans véritable offre sur la table. Faire ce match-là, ça tombait à pic, l’entraîneur des gardiens de VA Damien Perquis a pu me voir en live. Je suis ravi que ça se soit passé ainsi, le destin est bien fait.

Ressent-on une pression particulière avant de disputer un tel match, aux allures d’entretien d’embauche ?

La première chose importante quand on arrive à l’UNFP, c’est de mettre son ego de côté. C’est un très bon point : on réalise qu’on vit tous la même situation, celle d’un joueur qui se retrouve sans club. Mais après, ça reste un match de foot, avec une pression comparable à un match classique. Sur le papier, c’est une rencontre amicale, mais pour nous joueurs, c’est super important parce qu’on joue notre carrière là-dessus.

On était quatre gardiens à l’UNFP l’été dernier. Il y avait des rotations, et c’est tombé sur moi pour la deuxième période ce jour-là. Puis j’ai pu partir en stage avec VA aux Pays-Bas et disputer deux matchs avec le club en Belgique. C’était une très bonne opportunité, et j’ai ensuite signé un contrat pro de deux ans. Ça devait juste s’écrire comme ça.

En vous retrouvant ainsi au chômage, commenciez-vous à vous faire à l’idée de ne plus être footballeur professionnel ?

Non, si je suis allé à l’UNFP, c’est que j’avais cette envie de rester pro. Je pensais que ça pouvait s’ouvrir pour moi à un moment. Même avant cette période sans club, ça n’a jamais été hyper simple pour moi. Mais oui, je n’excluais pas l’éventualité de me retrouver à nouveau dans le monde amateur. Je voyais un peu cette période comme ma dernière chance.

Jean Louchet est sous contrat avec Valenciennes jusqu'en juin 2025.
Jean Louchet est sous contrat avec Valenciennes jusqu'en juin 2025. - Doriane Michalak / VAFC

Quels souvenirs gardez-vous de vos premiers pas dans le football, durant votre enfance dans l’Oise ?

A la base, je faisais du tennis, alors que mon père et mon grand frère jouaient au foot. Et puis un jour, mon père a acheté un but qu’il a mis dans notre jardin. Mon frère tirait, je me suis retrouvé dans les buts et j’ai adoré ça. Ça s’est fait comme ça, et ensuite mon père a été mon entraîneur dans le petit club de Sainte-Geneviève.

Après Sainte-Geneviève, Beauvais, le pôle espoirs de Liévin et Amiens, vous intégrez à 17 ans le centre de formation du PSG en tant que stagiaire. Vous avez alors le sentiment de changer de monde ?

C’était incroyable, on se rend compte que tout va beaucoup plus vite. Notre niveau progresse forcément quand on participe à des séances d’entraînement aux côtés de Sirigu, Trapp et Douchez, mais aussi face à Zlatan ou Cavani. On n’a pas le temps de tergiverser dans ce contexte et on grandit à vitesse grand V. Le problème, c’est que j’ai commencé par une année blanche (en 2014-2015), avec une blessure à l’épaule.

En 2016, vous n’êtes pas conservé par le PSG, et vous arrivez à Reims, alors en Ligue 2, mais sans contrat pro…

A Reims, je n’ai pas eu la moindre chance pour jouer en Ligue 2 et je n’ai peut-être pas tout fait pour en avoir une. Je ne sais pas si j’étais prêt. Ça a été un gros coup dur car derrière, j’ai dû retourner dans le monde amateur. Il m’a presque fallu repartir de zéro.

Justement, en rejoignant les Herbiers (National) en 2017, envisagiez-vous alors autre chose que le football sur le plan professionnel ?

La première année, celle où le club va en finale de la Coupe de France contre le PSG (0-2), je faisais le banc en championnat mais pas en Coupe, où j’étais le numéro trois. Je me suis imposé à partir de la deuxième année en N2. Au tout début, j’étais à 100 % sur le football, puis très vite je me suis formé dans l’immobilier. Pendant la période du Covid-19, je ne me voyais pas rester à rien faire donc je suis devenu agent immobilier. J’étais pas trop mal, j’ai vendu deux maisons en six mois (rires).

Vous est-il arrivé de vous dire que votre carrière ne parviendrait jamais à décoller, malgré un premier contrat pro à 24 ans à Niort (Ligue 2) ?

J’ai toujours cru que ça allait tourner en ma faveur, peut-être naïvement parfois. A Niort (de 2021 à 2023), je manquais de temps de jeu, donc j’allais en équipe réserve en N3, et j’ai fini par disputer cinq matchs de L2. J’ai fait preuve de pas mal de résilience et là, ça s’est ouvert avec VA. J’ai 27 ans donc je ne pense pas encore être vieux, et j’espère que c’est le début de quelque chose pour moi, enfin.

Comment expliquez-vous cette saison paradoxale de VA, avec cette 20e place en Ligue 2, mais aussi cette belle aventure en Coupe de France ?

C’est une bonne question, et c’est compliqué d’y répondre. En Coupe, ça s’est souvent joué à pas grand-chose, comme à Mulhouse et à Rouen, où on passe aux tirs au but. Mais ça nous a souri. On a peut-être pris les matchs différemment en Coupe, ce qui explique notre réussite. Mais on ne triche pas en championnat, nous sommes tous impliqués. C’est juste qu’on n’arrive pas à faire en sorte que ça aille dans notre sens. Après, on a affronté une seule Ligue 2, et aucune Ligue 1 jusque-là en Coupe de France, donc il faut reconnaître que le tirage avait été assez clément pour nous.

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Vous avez personnellement crevé l’écran lors du quart de finale à Rouen (1-1, 3-5). Alors que le football français parle souvent de « loterie », à quel point aviez-vous préparé cet exercice des tirs au but dans lequel vous avez été décisif ?

On connaît les habitudes des tireurs de penaltys contre toutes les équipes, en Coupe de France, mais pas que. L’analyste vidéo et l’entraîneur des gardiens nous font un récapitulatif sur la gestuelle de tous les joueurs, sur où ils aiment tirer… Ce n’est pas notre secret, tous les clubs font ça. Suivant les tireurs, l’historique peut être important, donc ça donne des indications. On a des petits codes à Valenciennes, et on voit que le gardien de Rouen Léonard Aggoune avait lui des notes inscrites sur sa bouteille.

Justement, vous voir balancer sa fameuse bouteille en pleine séance de tirs au but a été l’image insolite forte du dénouement de ce Rouen-VA…

Il faut savoir qu’on s’adore avec Léonard, on a fait deux ans ensemble au PSG. Mais il y avait une demi-finale de Coupe au bout. Et puis la bouteille est revenue deux fois à lui, grâce à un ramasseur de balles et à des supporteurs. Comme quoi je n’ai pas été bon sur ce coup (sourire). C’était peut-être drôle mais au final, ça n’a même pas servi.

Ça vous fait quoi de savoir que l’entraîneur de l’OL Pierre Sage trouve que Lyon a eu droit au « pire tirage au sort » ? Il aurait vraiment préféré affronter le PSG au Parc des Princes en demie, selon vous ?

L’OL aura plus de pression que nous, et beaucoup plus à perdre, c’est indéniable. D’autant plus qu’au vu de leur saison, si les Lyonnais veulent faire l’Europe, je pense que ça passera par la Coupe de France. Mais de là à parler de pire tirage possible… Je n’y crois pas du tout, c’est de la com. C’est un très bon tirage pour eux, et que ce soit le PSG ou Rennes, tout le monde aurait aimé tomber sur nous, surtout à domicile.

Avez-vous plus de chances de vous maintenir en Ligue 2, avec vos 18 points de retard sur le premier non relégable, ou de soulever la Coupe de France 2024 ?

Les probabilités sont très faibles sur les deux tableaux mais on est des compétiteurs. Si on pense que c’est mort, autant ne pas aller sur le terrain.

Finalement, que ressentez-vous au moment de prendre part au match le plus prestigieux de votre carrière, le premier contre une équipe de Ligue 1 ?

Vous avez raison, je ne m’étais pas encore rendu compte que je n’avais jamais affronté une Ligue 1 en match officiel. Ce n’est que du kif de jouer dans un tel stade, annoncé à guichets fermés (environ 57.000 spectateurs). On fait du sport de haut niveau pour jouer ce genre de match à pression. Maintenant qu’on y est, c’est surtout une putain de chance. A nous d’en profiter au maximum, en essayant de passer. Et tant mieux qu’il y ait cette parenthèse en Coupe de France pour apporter un peu de bonheur et de réconfort à nos supporteurs qui le méritent.

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