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Energie

16 ou 45 milliards d'euros? Combien va réellement coûter le bouclier énergétique en 2023

Bruno Le Maire le 14 septembre 2022

Bruno Le Maire le 14 septembre 2022 - BFMTV

Grâce au mécanisme de marché en place en France, l'Etat va récupérer une partie des colossaux bénéfices des producteurs d'électricité pour financer une importante partie de son bouclier énergétique en 2023.

Des chèques énergies de 100 ou 200 euros pour les foyers modestes, une hausse de l'énergie limitée à 15% au lieu de 120%, des aides pour les collectivités et les petites entreprises... Le gouvernement a dévoilé ce mercredi son nouveau "bouclier énergétique" pour l'année 2023.

Si cette nouvelle version sera allégée par rapport à l'actuelle qui est en place depuis le début de l'année, elle ne sera pour autant pas indolore pour les finances publiques. Du côte de Bercy, on a fait les calculs et le coût total des aides devrait avoisiner les 45 milliards d'euros sur une année complète, 34 milliards pour l'électricité et 11 milliards pour le gaz.

Pourtant, ce n'est pas le montant avancé aujourd'hui par le ministre de l'économie. Bruno Le Maire a estimé que cette mesure coûterait 16 milliards d’euros en 2023 aux finances publiques, 11 milliards d'euros pour l'aide au gaz, 5 milliards pour l’électricité.

Une "taxe sur les superprofits électriques"

Pourquoi une telle différence? Car d'un côté il y a les coûts bruts, à savoir ce qui va sortir des caisses de l'Etat et dont le montant sera bien de 45 milliards d'euros et de l'autre le coût net, c'est à dire le coût total des aides, auquel il faut retirer ce que l'Etat va récupérer auprès des sociétés d'électricité.

"S'agissant du gaz, on va compenser aux fournisseurs, il n'y aura pas de recettes nouvelles, en revanche sur l'électricité nous avons 28 milliards d'euros qui vont nous revenir", a rappelé le ministre de l'Economie.

Ces recettes supplémentaires sont liées à ce qu'on appelle le mécanisme de marché que la France souhaite voir étendu au niveau européen.

Actuellement, les prix de gros de l'électricté en Europe relèvent d'un calcul assez complexe sur un marché. Or sur ce marché, les prix ont explosé ces derniers mois jusqu'à dépasser les 1000 euros le mégawattheure en août dernier. Un prix d'échange mais qui ne correspond pas au coût réel de production, notamment en France, qui est bien plus bas que ce prix de marché.

La France a donc décidé de récupérer la différence, ce qui s'apparente donc à une taxe sur les "superprofits" des producteurs d'électricité.

"Quand les prix du marché sont en dessus de ceux de la production, on comprend bien qu'il est souhaitable que les Etats puissent récupérer les marges qui sont faites", a tenu à justifier Elisabeth Borne ce mercredi.

Ce montant s'élève selon les calculs de Bercy à 19 milliards d'euros pour l'ensemble de l'année 2023.

Les "renouvelables" rapportent 9 milliards d'euros

A cela s'ajoute, une baisse des dépenses publiques de soutien aux énergies renouvelables ainsi qu'un "intéressement" de l'Etat aux bénéfices réalisés dans le secteur. La flambée des prix de l'énergie est telle que, pour la première fois, les charges de service public à compenser auprès des opérateurs d'énergies renouvelables seront négatives en 2023, ce qui signifie des recettes pour l'État, a indiqué lundi le gendarme français de l'énergie.

L'Etat rémunère les opérateurs quand le prix du marché est inférieur au prix garanti (ce qui est habituellement le cas pour dans les énergies renouvelables). A contrario, ces derniers reversent des recettes à l'État lorsque le prix du marché dépasse le prix garanti. La recette s'élève cette fois à 9 milliards d'euros.

"Vous ajoutez également 1 milliard d'euros qui vient des recettes de la Compagnie nationale du Rhône puisque nous voulons étendre l'ensemble de ce dispositif au renouvelable solaire, à l'éolien et également à l'hydroélectrique, a expliqué Bruno Le Maire. Vous arrivez bien au total à 5 milliards d'euros pour l'électricité, 11 milliards pour le gaz, 16 milliards d'euros en coût net."

Le ministre de l'Economie se félicite que ce dispositif soit en place, ce "qui évite que les électriciens profitent d'une rente."

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco