"On est livrés à nous-mêmes": à Nouméa, des habitants tiennent des barricades pour se protéger

La situation reste tendue en Nouvelle-Calédonie. Alors qu'une semaine d'émeutes a déjà fait six morts en une semaine dans cet archipel français du Pacifique sud, aucune issue à la grave crise ne se dessine en ce lundi 20 mai. Le territoire est toujours en proie aux blocages et des habitants continuent de tenir leurs propres barricades.

BFMTV est allé à la rencontre de certains de ces habitants, postés chaque soir depuis près d'une semaine au niveau d'un rond-point situé sur l'axe principal menant à un quartier résidentiel sud de Nouméa.

Palettes, pneus et porte

Chaque soir, au moment du couvre-feu à 18h, instituteurs, retraités et chefs d'entreprise s'organisent pour protéger leurs maisons. Ils installent un barrage constitué de palettes, de pneus voire d'une porte blindée dégondée.

"Ça fait quatre nuits que l'on fait ça", lance l'un d'entre eux depuis ce qui constitue un avant-poste.

À l'aide d'un téléphone, ces habitants sont en contact avec "un poste de vigi, plus haut, qui regarde toute la nuit".

"Quand il y a des trucs un peu bizarres, ils nous préviennent", assure l'un des hommes, encapuchonné et vêtu d'un foulard remonté sur le nez. Tous sont masqués par peur des représailles.

"On est un peu livrés à nous-mêmes"

Une autre personne explique être un "sniper lumineux". Son rôle? "Avertir les gens" et dire combien de personnes s'approchent. Chaque véhicule est contrôlé jusqu'à ceux des policiers. Il y a deux jours, les habitants tenant ce barrage ont dû appeler la police en renfort.

Pourquoi TikTok est-il bloqué en Nouvelle-Calédonie?

3:12

"À 2h du matin, une personne alcoolisée, seule, avec dix pneus dans la voiture et une bonbonne de gaz... Par les temps qui courent, ce n'est pas normal", déclare l'un d'eux.

Quand un autre ajoute: "comme ça, on peut se dire que les gars sont en train de s'imaginer un film, non, on ne s'imagine pas un film avec tous les commerces qui ont brûlé pendant deux nuits."

Il affirme que leur système de défense "n'a rien à voir avec de la milice".

"Pendant deux jours, quand vous voyez des dizaines et des dizaines de gros commerces qui crament tous les soirs. On se dit qu'on est un peu livrés à nous-mêmes, donc on s'organise", souligne ce dernier.