Quel regard portez-vous sur le débat suscité par le projet de loi sur le mariage homosexuel ?
Sur cette question, la France me fait penser aux irréductibles Gaulois : au nord, les Pays-Bas et la Belgique ont autorisé le mariage gay depuis longtemps – en Belgique, c’était en 2003 ! Au sud, l’Espagne et le Portugal, pays pourtant très catholiques, ont fait de même. Et au milieu, tel le village d’Astérix, la France, pays des Lumières, du progrès, de la modernité, résiste et s’arc-boute. Chez nous, le Premier ministre, Elio Di Rupo, est ouvertement homosexuel, et ça ne pose de problème à personne. La France, qui donne l’impression de tout faire mieux que les autres, ne semble pas mûre pour élire un chef de l’Etat homosexuel.

Associer dans un seul projet le mariage gay et l’adoption rend les débats plus aigus, non ?
Cela rend certes l’accouchement plus douloureux – en Belgique, les deux sujets ont été dissociés. Mais cela permettra d’avoir un seul débat plutôt que deux, ce qui n’est pas une mauvaise chose ; vous avez tellement le goût du débat que, sur des sujets comme celui-là, les médias donnent la parole à des points de vue extrêmes pour faire monter la mayonnaise – comme ceux de Mgr Barbarin ou de Christine Boutin affirmant que le mariage homosexuel était la porte ouverte aux unions à trois ou quatre, ou à l’inceste l Je trouve cela effarant.

La société française vous apparaît donc bloquée, voire arriérée ?
Arriérée non, mais une majorité de Français semble très frileuse sur les sujets sociaux. En Belgique, nous avons légalisé le mariage gay et l’euthanasie, mais aussi le vote des étrangers non européens aux élections locales. Ce conservatisme me semble plutôt hypocrite : à l’UMP, où l’on se prononce plutôt contre le mariage gay, la majorité des cadres y est personnellement favorable, mais le parti s’y oppose pour des raisons électoralistes.