+++ to secure your transactions use the Bitcoin Mixer Service +++

 

Le président américain, Joe Biden, le 2 mai 2024 à Washington.
Le président américain, Joe Biden, le 2 mai 2024 à Washington. NATHAN HOWARD/REUTERS

Gaza. Washington se dit prêt à livrer pour un milliard de dollars d’armes à Israël

L’exécutif américain a notifié, mardi, le Congrès qu’il allait procéder à une livraison d’armes à l’État hébreu, une semaine après que Joe Biden a menacé de limiter l’aide militaire à son allié à propos de Rafah. Pour la presse américaine, cette décision souligne la réticence du démocrate à s’aliéner les donateurs pro-israéliens de son parti.

L’administration Biden ne semble finalement “pas prête à creuser davantage le fossé qui la sépare du Premier ministre [israélien] Benyamin Nétanyahou au sujet de l’opération à Rafah”, analyse le Wall Street Journal. Le quotidien financier a révélé, mardi 14 mai, que l’exécutif américain avait notifié le Congrès qu’il allait procéder à une livraison d’armes à Israël pour environ un milliard de dollars.

D’après le journal qui cite des sources gouvernementales et parlementaires, cette livraison inclut 700 millions de dollars de munitions pour tank et 500 millions pour des véhicules militaires tactiques. Cette décision qui doit encore être approuvée par les parlementaires américains intervient une semaine après que Joe Biden a menacé de limiter l’aide militaire américaine à son allié à propos de Rafah, un avertissement inédit de la part de Washington.

Pour le Washington Post, “cette décision souligne la réticence de l’administration [américaine] à défier les donateurs pro-israéliens du Parti démocrate qui ont critiqué la décision de Biden” de suspendre la livraison d’une cargaison d’armes à l’État hébreu comprenant notamment des bombes “ayant fait de nombreuses victimes par le passé à Gaza”.

Un “chemin étroit” pour l’administration Biden

Pour le New York Times, ce “transfert potentiel d’armes illustre le chemin étroit sur lequel est engagée l’administration Biden avec Israël”. La Maison-Blanche tente d’un côté “d’empêcher une attaque contre Rafah et de limiter les pertes civiles à Gaza” et de l’autre de “continuer à fournir un allié de longue date qui, selon le président, a le droit de se défendre”, souligne le quotidien américain.

Une source parlementaire a affirmé au journal que le Congrès était au courant depuis des mois de l’accord sur les armes. Elle a laissé entendre que l’administration avait simplement attendu que les parlementaires américains approuvent la gigantesque enveloppe de 95 milliards de dollars destinée à l’aide étrangère (adoptée fin avril pour l’Ukraine, Israël et Taïwan) avant “d’aller de l’avant avec le processus de notification requis au Congrès”.

L’arrivée en Israël des armes évoquées mardi n’est toutefois pas “imminente”, précise CNN. Cette décision doit “encore être officiellement notifiée au Congrès et recevoir son approbation, ce qui pourrait être un long processus” qui risque d’être “prolongé par les objections” de certains élus.

L’écrivaine canadienne Alice Munro à Dublin le 25 juin 2009.
L’écrivaine canadienne Alice Munro à Dublin le 25 juin 2009. PETER MUHLY/AFP

Pendant que vous dormiez. Alice Munro, fourgon attaqué dans l’Eure, Royaume-Uni, Allemagne : les informations de la nuit

L’autrice canadienne Alice Munro, Nobel de littérature en 2013, est décédée. L’écrivaine de 92 ans s’est éteinte lundi soir dans la province de l’Ontario, a fait savoir mardi son éditrice. Qualifiée par l’Académie suédoise de “maîtresse de la nouvelle contemporaine”, elle avait élevé cette forme littéraire au rang d’art. Nombre de ces écrits, des histoires violentes et belles, ont été publiés dans des magazines prestigieux, dont The New Yorker ou The Atlantic Monthly. “Elle savait en quelques pages bâtir un univers qui contenait à la fois l’infiniment petit et l’infiniment grand, la banalité du quotidien et les césures dramatiques du destin ; des nouvelles comme un monde en soi”, écrit le quotidien canadien Le Devoir.

Attaque mortelle d’un fourgon pénitentiaire : le détenu évadé était “très connu de la justice”. Mohamed Amra, qui s’est échappé lors d’un assaut à l’arme lourde visant à le libérer, mardi au péage d’Incarville (Eure), a fait l’objet de plusieurs condamnations et mises en cause dans des dossiers de délinquance organisée, selon la procureure de Paris, Laure Beccuau. Deux agents pénitentiaires ont été tués et trois autres blessés, avec un pronostic vital encore engagé pour l’un d’entre eux, au cours de l’attaque par plusieurs malfaiteurs armés. “Fait embarrassant pour le gouvernement” français : “Amra avait essayé de scier les barreaux de sa cellule deux jours plus tôt, selon une source policière citée par Le Parisien”, remarque le Daily Telegraph. En signe de “soutien” aux fonctionnaires tués, l’ensemble des organisations syndicales de l’administration pénitentiaire ont appelé à une “journée ‘prisons mortes’” mercredi, éventuellement reconductible.

Le Royaume-Uni interdit l’exportation d’animaux d’élevage vivants. La Chambre des lords a adopté, mardi, un projet de loi sur le bien-être du bétail qui met fin à l’exportation de milliers de bovins, de porcs, de chèvres, de moutons, de sangliers et de chevaux destinés à l’abattage ou à l’engraissement depuis ou par l’Angleterre, le pays de Galles et l’Écosse. Les camions transportant des animaux “faisaient régulièrement face à des manifestants” en faveur de la cause animale “qui se rassemblaient à Douvres et à Ramsgate à chaque départ”, rappelle le site d’information régional Kent Online. Déjà approuvée par la Chambre des communes, cette décision pionnière pour le Royaume-Uni se démarque de l’Union européenne (UE), où l’exportation de bétail vivant est toujours en vigueur. Cette proposition avait été formulée une première fois en 2017 par les conservateurs britanniques et présentée comme un “avantage du Brexit”, les règles commerciales de l’UE empêchant les États membres d’interdire les exportations d’animaux vivants vers d’autres pays de l’Union.

Allemagne : le dirigeant d’extrême droite Björn Höcke condamné pour un slogan nazi. Cette figure radicale du parti Alternative pour l’Allemagne (AfD) a écopé, mardi, d’une amende de 13 000 euros pour avoir repris la devise “Alles für Deutschland” (“Tout pour l’Allemagne”) lors d’un meeting électoral en 2021. Le parquet avait requis six mois de prison avec sursis contre l’ex-professeur d’histoire, qui a affirmé ignorer l’origine de cette phrase. En Allemagne, la loi interdit l’utilisation de slogans nazis ou l’exhibition de symboles du IIIe Reich. Actuellement leader de l’AfD en Thuringe, dans l’est du pays, Björn Höcke rêve d’accéder au pouvoir après les élections prévues pour septembre dans cet État régional d’ex-RDA. Sa condamnation à une amende ne met toutefois pas en danger ses projets politiques : c’est seulement s’il avait été condamné à une peine de prison d’au moins six mois que le tribunal aurait pu le déclarer inéligible. Avec ce verdict, “l’état de droit montre qu’il ne se laisse pas aveugler par des excuses hypocrites”, estime la Süddeutsche Zeitung. “Pour Höcke, les mots ne sont qu’un premier pas. Ils font partie de la stratégie de la Nouvelle Droite et de ses leaders d’opinion […] visant à repousser les limites”, conclut le quotidien bavarois.

Des habitants originaires du village de Volchansk et des villages alentours évacués vers un abri à Kharkiv, en Ukraine, le 12 mai 2024.
Des habitants originaires du village de Volchansk et des villages alentours évacués vers un abri à Kharkiv, en Ukraine, le 12 mai 2024. Photo EMILE DUCKE/THE NEW YORK TIMES

Reportage. À Kharkiv, les soldats ukrainiens face à l’offensive russe : “Tout était calme, puis l’enfer a commencé”

Une bataille acharnée est en cours pour la deuxième ville d’Ukraine alors que Moscou lance la plus grande attaque terrestre contre la région depuis deux ans. Des soldats du front racontent leur histoire à l’hebdomadaire britannique “The Sunday Times”.

Les soldats avaient passé près de quinze jours à creuser des tranchées jour et nuit pour dissuader les forces russes de franchir la frontière au nord de Kharkiv. Mais, vers 2 heures du matin, vendredi 10 mai, l’ennemi a débarqué à grand fracas. La nouvelle offensive russe contre la deuxième ville d’Ukraine avait commencé.

Tout était calme, puis l’enfer a commencé, témoignait quelques heures plus tard un commandant de section, Nikita, qui s’exprimait du domicile de sa mère à Kharkiv. On a tenu nos positions d’artillerie. Voilà. On était aux premières loges.”

Les douze heures suivantes, lui et sa section ont tout fait pour repousser les attaques russes, qui venaient de plusieurs directions sous la forme de drones, d’artillerie, de chars et de soldats d’infanterie.

Les six premières heures de la bataille ont été les plus éprouvantes, pendant que les forces ennemies traversaient une frontière restée intacte pendant plus d’un an. “On les a stoppés, on les a repoussés en bloc, ils ont pris très cher, affirme Nikita. On n’a eu ni blessé ni tué.”

“Les Russes sont entrés dans les tranchées”

Leo, un soldat de la même brigade qui est stationné à un autre endroit, a vu les Russes infiltrer les positions ukrainiennes. Sa section a été visée à 11 h 30, vendredi, dans des combats qui ont duré une petite vingtaine de minutes. Il précise que tout le monde s’en est sorti vivant. “Mais j’ai vu d’autres soldats qui étaient morts, ajoute-t-il. Les Russes sont entrés dans les tranchées.”

Le reste de la journée est passé à toute vitesse, les Ukrainiens faisant tout pour empêcher les soldats ennemis d’occuper les villages proches de la frontière. Pendant l’évacuation de civils, Leo a croisé le regard d’une femme âgée qui semblait terrorisée et désespérée. “Je me suis senti triste pour elle”, confie-t-il.

La Russie a déclaré le 11 mai que ses forces avaient pris cinq villages – Pletenivka, Ohirtsev, Borysivka, Pylna et

La suite est réservée aux abonnés...
Dessin de Martirena
  • Accédez à tous les contenus abonnés
  • Soutenez une rédaction indépendante
  • Recevez le Réveil Courrier chaque matin
Lawrence Wong succédera le 15 mai 2024 à Lee Hsien Loong au poste de Premier ministre. Photographié ici le 16 avril 2024 après l’annonce de la démission de son prédécesseur.
Lawrence Wong succédera le 15 mai 2024 à Lee Hsien Loong au poste de Premier ministre. Photographié ici le 16 avril 2024 après l’annonce de la démission de son prédécesseur. photo GAVIN FOO/SPH Media/AFP

Analyse. Singapour doit s’ouvrir politiquement s’il veut continuer à prospérer

Mercredi 15 mai, Singapour aura un nouveau chef de gouvernement en la personne de Lawrence Wong. Il succède à Lee Hsien Loong, resté vingt ans au pouvoir. Pour “The Economist”, les défis, voire les dangers, qui l’attendent sont nombreux.

Singapour suscite une grande admiration dans le monde entier. Les politiciens occidentaux envient son excellente qualité de vie et l’efficacité de sa fonction publique. Dans le monde émergent, cette cité-État insulaire de 6 millions d’habitants fait figure de modèle pour échapper à la pauvreté. Elle se trouve néanmoins confrontée aujourd’hui à trois des plus grands défis mondiaux : les tensions entre l’Occident et la Chine, le vieillissement de la population et le changement climatique. Certes, Singapour est un si petit pays que ses politiques ne peuvent pas toujours être facilement reproduites ailleurs. Mais la façon dont elle gère ses problèmes mérite qu’on l’étudie. Une partie de la réponse réside dans une plus grande ouverture politique.

Le destin de Singapour est entre les mains d’un nouveau dirigeant, Lawrence Wong. Le 15 mai, il deviendra Premier ministre, à la suite de la démission de Lee Hsien Loong. Sa nomination met fin à cinquante-neuf ans de règne de la famille Lee (Goh Chok Tong a dirigé le pays pendant quatorze ans, mais, même pendant cet intervalle, un Lee attendait son heure dans les coulisses et un autre était senior minister [ministre émérite]).

Le père de M. Lee, Lee Kuan Yew, a transformé un comptoir colonial aux politiques racistes débridées en une métropole brillant de mille feux. La recette qu’il a choisie pour y parvenir comprenait l’ouverture au commerce, la neutralité géopolitique et un gouvernement de technocrates. Le PIB par habitant a atteint la somme fabuleuse de 88 000 dollars [soit 81 500 euros ; à titre de comparaison, celui de la France s’élève à 47 000 dollars, soit 43 500 euros]. Son entreprise avait cependant un côté obscur : il a tout fait pour mettre les opposants hors d’état de nuire et museler la liberté d’expression.

Une Vienne des années 2020

Beaucoup de réussites de Singapour restent néanmoins évidentes aujourd’hui encore. Relativement peu de ses citoyens sont morts pendant la pandémie. Ses charmes en tant que plateforme financière ont été renforcés par la répression exercée par les autorités chinoises à Hong Kong. La cité-État veut rester un terrain neutre dans la nouvelle guerre froide [entre les États-Unis et la Chine], une Vienne des années 2020. Elle accueille les navires

La suite est réservée aux abonnés...
Dessin de Martirena
  • Accédez à tous les contenus abonnés
  • Soutenez une rédaction indépendante
  • Recevez le Réveil Courrier chaque matin
Cette année, le jury d’Un certain regard est présidé par Xavier Dolan (ici photographié lors de l’édition 2023 du festival). Le Québécois fait partie des réalisateurs qui ont été révélés grâce à cette sélection parallèle du Festival de Cannes.
Cette année, le jury d’Un certain regard est présidé par Xavier Dolan (ici photographié lors de l’édition 2023 du festival). Le Québécois fait partie des réalisateurs qui ont été révélés grâce à cette sélection parallèle du Festival de Cannes. Photo LOIC VENANCE/AFP

Festival de Cannes 2024. La sélection Un certain regard, qu’est-ce que c’est ?

“Moi aussi”, le court-métrage de Judith Godrèche sur les violences sexuelles, doit être projeté ce 15 mai, en prélude au film d’ouverture de la section Un certain regard. L’occasion de braquer les projecteurs sur cette sélection parallèle. Créée en 1978, elle a révélé plusieurs grands cinéastes.

Ce 15 mai, au lendemain de la cérémonie d’inauguration du Festival de Cannes, la compétition entre dans le vif du sujet. Diamant brut, de la Française Agathe Riedinger, et La Jeune Femme à l’aiguille, du Suédois Magnus von Horn, doivent être projetés en sélection officielle.

Mais beaucoup d’yeux seront tournés vers une des sections parallèles, Un certain regard. La présentation de son film d’ouverture, When the Light Breaks, de l’Islandais Runar Runarsson, sera précédée de celle, très attendue, du court-métrage Moi aussi, de Judith Godrèche, qui met en scène les témoignages de victimes d’agressions sexuelles.

Une sélection créée en 1978

Faut-il y voir un message de la part des organisateurs du festival ? En tout cas, comme le rappelait The New York Times ce week-end, Un certain regard est une fenêtre ouverte sur “l’avenir du cinéma”.

“Si la sélection officielle du Festival de Cannes attire le gros de l’attention médiatique, c’est Un certain regard qui offre l’aperçu le plus fiable de la direction que prend le cinéma.”

Comme le rappelle le quotidien américain, cette section a été créée en 1978 par Gilles Jacob, alors délégué général du Festival de Cannes, pour mettre en avant “les films de cinéastes débutants ou émergents”.

Interrogé par le journal new-yorkais, Peter Bradshaw, critique cinéma du quotidien britannique The Guardian, souligne que cette nouvelle sélection a d’emblée “changé la donne” – ne serait-ce que parce qu’elle permettait à Cannes d’étoffer son offre et d’ajouter à sa programmation des films qui étaient auparavant laissés à la concurrence de la Mostra ou de la Berlinale.

Dans les pas de Bong Joon-ho et Ruben Östlund

“Un certain regard a peu à peu affirmé sa fiabilité comme rampe de lancement du meilleur du cinéma mondial, au point que certains jugent désormais que la section est devenue plus intéressante et vitale que la sélection officielle”, poursuit le New York Times. Toujours cité par le quotidien américain, Peter Bradshaw juge que cette réputation a désormais des allures de “cliché” parmi les critiques. “Certaines années, cela se vérifie. Et d’autres, non”, dit-il.

“Au cours de la dernière décennie, la plupart des cinéastes qui ont figuré au palmarès du Festival de Cannes avaient débuté dans Un certain regard”, constate le New York Times. Ainsi du Coréen Bong Joon-ho, révélé avec Mother (2009), dix ans avant sa Palme d’or pour Parasite. Ou du Suédois Ruben Östlund, primé par le jury d’Un certain regard pour Force Majeure (2014) avant de recevoir deux fois la récompense suprême, pour The Square (2017) puis Sans filtre (2022).

Autre exemple ? Le jury d’Un certain regard, cette année, est présidé par Xavier Dolan. Le Québécois avait concouru deux fois dans cette section, avec Les Amours imaginaires (2010) et Laurence Anyways (2012), avant d’avoir les honneurs de la sélection officielle pour Mommy (2014) et Juste la fin du monde (2016).

Judith Godrèche et #MeToo en préambule

C’est donc en ouverture de cette sélection que Judith Godrèche, 52 ans, a été invitée à venir présenter Moi aussi. En début d’année, l’actrice-réalisatrice a déposé deux plaintes : l’une pour “viols avec violences sur mineur de moins de 15 ans” contre le réalisateur Benoît Jacquot, et l’autre pour “violences sexuelles” contre Jacques Doillon (tous deux réfutent les accusations), rappelle Deadline, un site spécialisé américain.

“Les actes de l’actrice et cinéaste ont lancé en France une nouvelle vague #MeToo, incitant d’autres victimes de harcèlement et d’abus sexuels à prendre la parole.”

Après ses déclarations, Judith Godrèche a reçu “plus de 6 000 témoignages de victimes” de violences sexuelles, précise Deadline. “Plus d’un millier d’entre elles” a répondu à l’appel de la Française à venir participer, le 23 mars, à Paris, au tournage d’une “sorte de film choral, constitué de fragments de récits personnels”.

Moi aussi doit par ailleurs être projeté gratuitement, ce 15 mai, au cinéma de la Plage de Cannes, en prélude à Silex and the City.

Photo
Dessin de Cost paru dans Le Soir, Bruxelles.

Adaptation. Des couloirs végétaux : la recette gagnante de Medellín pour endiguer la hausse des températures

C’est une transformation totale de la deuxième ville de Colombie. Composés de centaines de milliers d’arbres et de plantes, 30 corridors verts ont été créés en quelques années. Et Medellín est devenue plus fraîche.

En ce milieu d’après-midi, l’Avenida Oriental, un axe routier fréquenté qui traverse le cœur de Medellín, la seconde ville de Colombie, est très animée. Mais sur le terre-plein central, Nicolas Pineda reste indifférent aux voitures qui filent de part et d’autre. Accroupi, machette à la main, il désherbe cette bande de végétation dense qui pousse à l’ombre des arbres. Il sectionne un buisson jaunissant et arrache l’arbuste rebelle qui poussait en zigzag à son pied.

“Es bien bonita*”, sourit cet homme âgé de 54 ans, visiblement ravi de son ouvrage. “C’est bien propre. Voilà ce que j’aime : une ville propre et verte.” Nicolas Pineda participe à la mise en place et à l’entretien de plusieurs centaines de milliers d’arbres et de plantes dans tout Medellín, dans le cadre d’un projet citoyen visant à lutter contre la chaleur extrême grâce à un réseau de corridors verts qui sillonnent la ville.

Lutter contre l’effet d’îlot de chaleur

Alors que la planète se réchauffe rapidement, la “Ville de l’éternel printemps” – un surnom lié à son climat tempéré tout au long de l’année – a trouvé le moyen de garder la tête froide. Medellín a connu des années d’expansion urbaine rapide à l’origine d’un puissant phénomène d’îlot de chaleur – caractérisé par une forte élévation des températures en ville, en comparaison aux zones périurbaines et rurales. En cause, le bitume des routes et les constructions bétonnées qui captent et emmagasinent davantage la chaleur du soleil que les espaces végétalisés.

Le développement de Medellín s’est fait au détriment des espaces verts et de la végétation, constate Pilar Vargas, ingénieure forestière pour la mairie. On a construit encore et encore, sans vraiment tenir compte des répercussions sur le climat. Et puis on s’est rendu compte qu’il fallait que ça change.” Le changement s’est amorcé en 2016, sous l’impulsion du maire de l’époque, Federico Gutiérrez (après un premier mandat achevé en 2019, il a été élu de nouveau en 2023). La ville s’est engagée dans une nouvelle stratégie de développement urbain.

Au total, 16,3 millions de dollars [15 millions d’euros] ont été consacrés à la création de trente couloirs verts le long des rues et des cours d’eau de la ville. Plus de 70 hectares d’espaces verts ont ainsi été aménagés ou réaménagés, dont 20 kilomètres d’itinéraires ombragés réservés aux cyclistes et aux piétons.

Ces espaces luxuriants – qui relient les nombreuses poches de verdure comme les

La suite est réservée aux abonnés...
Dessin de Martirena
  • Accédez à tous les contenus abonnés
  • Soutenez une rédaction indépendante
  • Recevez le Réveil Courrier chaque matin