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Guerre Israël-Hamas

Ce que l'on sait des tirs israéliens sur un convoi d'aide à Gaza et la bousculade mortelle

Des tirs israéliens sur une foule affamée et une vaste bousculade pendant une distribution d'aide, jeudi, dans le nord de Gaza, ont fait plus de 110 morts selon le ministère de la Santé du Hamas, soulevant au sein de la communauté internationale indignation et appels à ouvrir une enquête pour établir les responsabilités. Mais les versions israélienne et palestinienne divergent.

Une femme est assise à l'hôpital Al-Shifa de Gaza, parmi des blessés de la bousculade meurtrière lors d'une distribution alimentaire, le 29 février 2024.
Une femme est assise à l'hôpital Al-Shifa de Gaza, parmi des blessés de la bousculade meurtrière lors d'une distribution alimentaire, le 29 février 2024. © AFP
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Une distribution d'aide alimentaire a tourné au cauchemar, jeudi 29 février à Gaza. Selon le ministère de la Santé du Hamas, plus de 110 personnes ont perdu la vie lors de ce rassemblement, théâtre de scènes de piétinement et de tirs à balles réelles de l'armée israélienne sur la foule. 

Des milliers de personnes se sont agglutinées dans la rue Al-Rashid, près du "rond-point de Naplouse", dans l'ouest de Gaza, principale ville du nord de la bande de Gaza, où des Palestiniens ont raconté avoir été forcés, ces derniers jours, à manger du fourrage animal ou à abattre des animaux de trait pour se nourrir. Selon des témoins et les services de santé de Gaza, les militaires israéliens, postés à proximité pour protéger le convoi d'aide, ont ouvert le feu sur cette foule qui se précipitait sur les camions, une trentaine selon l'armée israélienne, à leur arrivée sur place.

Depuis, ce drame a suscité une vive émotion au sein de la communauté internationale qui réclame des éclaircissements. La France a notamment demandé une "enquête indépendante", tout comme l'Allemagne. Pour l'heure, l'armée israélienne et le Hamas se rejettent la responsabilité. 

  • Israël évoque des "tirs limités" et une "bousculade"

Tout en reconnaissant des "tirs limités" par des soldats israéliens se sentant "menacés", un responsable de l'armée a fait état auprès de l'AFP "d'une bousculade durant laquelle des dizaines d'habitants ont été tués et blessés, certains renversés par les camions d'aide".  

Une partie du convoi a continué sa route, poursuivi par "des dizaines de civils" qui se sont approchés des chars et des forces israéliennes, selon ce responsable. "Les soldats ont tiré des coups de semonce en l'air, puis ont tiré sur ceux qui représentaient une menace", a-t-il ajouté, soulignant qu'ils avait eu "une réponse limitée, des tirs limités".

Ce responsable militaire n'a pas précisé à quelle organisation était liée ces camions d'aide. Le chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, a indiqué sur X "qu'aucune agence de l'ONU n'était impliquée dans cette distribution".   

En soirée, le porte-parole de l'armée israélienne, le contre-amiral Daniel Hagari, est revenu sur ce drame dans une vidéo publiée sur X. "Des milliers de Gazaouis sont montés sur les camions. Certains ont commencé à pousser violemment et même à piétiner d'autres Gazaouis jusqu'à leur mort, pillant les provisions humanitaires. L'incident malheureux a abouti à des dizaines de Gazaouis tués ou blessés", a-t-il dit. 

Daniel Hagari a insisté sur le fait que les chars étaient là "pour sécuriser le couloir humanitaire" afin que le convoi puisse atteindre sa destination. Il a également nié toute frappe aérienne sur le convoi.

S'appuyant sur une courte vidéo qui semble montrer un char roulant parallèlement à la foule, à plusieurs mètres, il a ajouté que "comme vous pouvez le voir dans cette vidéo, les chars qui étaient là pour sécuriser le convoi - vous pouvez voir les Gazaouis piétinés - essaient prudemment de disperser la foule avec quelques coups d'avertissement dans les airs".

Lorsque la foule a commencé à grossir et que "les choses sont devenues incontrôlables", le char s’est retiré "avec précaution" pour éviter de blesser les habitants de Gaza, a-t-il ajouté. 

  • Des témoins palestiniens parlent de "tirs sur la foule"

Des témoins palestiniens contredisent cette version. Une personne ayant requis l'anonymat auprès de l'AFP a expliqué que "des camions d'aide se sont approchés trop près de certains chars de l'armée qui se trouvaient dans la zone et la foule, des milliers de personnes, a pris d'assaut les camions". Les soldats ont alors "tiré sur la foule car les gens s'approchaient trop près des chars."

Un autre habitant de Gaza, Kamel Abu Nahel, cité par l'agence Reuters, qui était soigné pour une blessure par balle à l'hôpital al-Chifa, a déclaré que lui et d'autres s'étaient rendus au point de distribution au milieu de la nuit parce qu'ils avaient appris qu'il y aurait une livraison de nourriture. "Cela fait deux mois que nous mangeons de la nourriture pour animaux", a-t-il déclaré. Il a raconté que les troupes israéliennes avaient ouvert le feu sur la foule alors que les gens retiraient de la farine et des conserves des camions, provoquant la dispersion des Palestiniens. Certains se sont cachés sous les voitures. Après l'arrêt des tirs, les gens sont retournés aux camions. Les soldats ont alors de nouveau ouvert le feu. Il a reçu une balle dans la jambe et est tombé, puis un camion lui a écrasé la jambe alors qu'il partait à toute vitesse.

Un médecin de l'hôpital al-Chifa a également affirmé que des soldats israéliens avaient tiré sur "des milliers de citoyens" qui se précipitaient vers ces camions d'aide à Gaza-ville. L'Autorité palestinienne, au pouvoir en Cisjordanie occupée, a pour sa part "condamné un massacre odieux commis par les forces d'occupation".

  • Un tollé international 

Ce drame a suscité de vives réactions un peu partout dans le monde. Le président français, Emmanuel Macron, a réagi dans un message publié sur son compte X. "Profonde indignation face aux images qui nous parviennent de Gaza où des civils ont été pris pour cible par des soldats israéliens", a-t-il écrit dans la nuit de jeudi à vendredi. "J'exprime ma plus ferme réprobation envers ces tirs et demande la vérité, la justice et le respect du droit international", a-t-il ajouté.

Évoquant une situation "dramatique" dans la bande de Gaza, le président français a rappelé que "toutes les populations civiles doivent être protégées". "Un cessez-le-feu doit être mis en place immédiatement pour permettre à l'aide humanitaire d'être distribuée".

Le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a aussi appelé, vendredi, à une enquête indépendante sur ce carnage. "Je veux être très clair aujourd'hui, nous demanderons des explications et il faudra une enquête indépendante pour déterminer ce qu'il s'est passé", a-t-il déclaré sur l'antenne de France Inter.

Du côté de Washington, le président américain, Joe Biden, a reconnu que ce drame allait compliquer les pourparlers en vue d'une trêve dans cette guerre déclenchée après les attaques meurtrières du Hamas le 7 octobre dans le sud d'Israël. 

Fidèle allié d'Israël, les États-Unis ont exigé des "réponses" du gouvernement de Benjamin Netanyahu, appelant à une "enquête approfondie". "Le meilleur moyen d'alléger les souffrances du peuple palestinien est de parvenir à un accord sur un cessez-le-feu temporaire (...)", a affirmé le département d'État jeudi, en parlant d'une situation "incroyablement désespérée" à Gaza.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s'est dite quant à elle "profondément troublée par les images" de la distribution. "Tous les efforts doivent être faits pour enquêter sur ce qui s'est passé en assurant la transparence. L'aide humanitaire est une bouée de sauvetage pour ceux qui en ont besoin, son accès doit être garanti", a-t-elle indiqué sur X. Le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell, a lui dénoncé un "nouveau carnage" et des morts "totalement inacceptables".

L'Italie et l'Espagne ont aussi condamné le drame de Gaza, jugeant "urgent" un cessez-le-feu. La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a aussi appelé, vendredi, les autorités militaires israéliennes à "mener une enquête complète sur la manière dont sont survenus le mouvement de panique et les tirs", appelant une nouvelle fois à une "trêve humanitaire".

La Chine a appelé à un "cessez-le-feu" et à garantir l'entrée des aides humanitaires dans le territoire, soumises au feu vert d'Israël. Poids lourd du monde arabe, l'Arabie saoudite a condamné "la prise pour cible de civils sans défense par les forces d'occupation". La Ligue arabe a, de son côté, condamné "dans les termes les plus forts un acte barbare et brutal qui méprise totalement la vie humaine". Le Qatar, l'un des principaux médiateurs dans la guerre, a appelé à une "action internationale pour mettre fin immédiatement à l'agression (israélienne)". 

Enfin, le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni en urgence et à huis clos, après que le chef des Nations unies, Antonio Guterres, s'est dit "choqué" par le drame de jeudi et a plaidé pour "une enquête indépendante efficace".

À savoir : le nombre des victimes est fourni par le ministère de la Santé de Gaza dirigé par le Hamas

Le ministère recueille les informations fournies par les hôpitaux de l'enclave et par le Croissant-Rouge palestinien.

Le ministère de la Santé à Gaza n'indique pas comment les Palestiniens ont été tués, que ce soit par des frappes aériennes et/ou des tirs de barrage israéliens ou des tirs de roquettes palestiniens ratés. Il décrit toutes les victimes comme des victimes de "l'agression israélienne" et ne fait pas non plus de distinction entre les civils et les combattants.

Au cours des quatre guerres et des nombreux accrochages entre Israël et le Hamas, les agences des Nations Unies ont régulièrement cité les chiffres du ministère de la Santé dans leurs rapports. Le Comité international de la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge palestinien utilisent également ces chiffres.

Au lendemain des précédents épisodes de guerre, l'Office humanitaire des Nations Unies a publié des chiffres des victimes sur la base de ses propres recherches dans les dossiers médicaux. Les chiffres de l'ONU concordent largement avec ceux du ministère de la Santé de Gaza, à quelques différences près.

Pour en savoir plus sur les bilans du ministère de la Santé de Gaza, cliquez ici ou ici.

France 24 avec AP

Avec AFP et Reuters

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