Vidéo "Pakistan, notre meilleur ennemi" : portrait d'un pays dont le rôle dans l'expansion du terrorisme interroge

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Durée de la vidéo : 4 min
Un documentaire diffusé dimanche soir sur France 5 revient sur l'histoire de ce pays complexe, qui occupe une place déterminante dans le destin de l'Occident.
Le témoignage d'un ancien jihadiste français Un documentaire diffusé dimanche soir sur France 5 revient sur l'histoire de ce pays complexe, qui occupe une place déterminante dans le destin de l'Occident. (FRANCE 5)
Article rédigé par Isabelle Malin
France Télévisions
Un documentaire diffusé dimanche soir sur France 5 revient sur l'histoire de ce pays complexe, qui occupe une place déterminante dans le destin de l'Occident.

Difficile de cerner le Pakistan et d'identifier son rôle sur la scène internationale, tant son histoire est trouble, sa politique instable et ses motivations, obscures. Cette jeune nation, née en 1947 après la partition des Indes, qui compte 232 millions d'habitants dont une majorité de musulmans, a pourtant acquis au fil du temps une influence majeure sur le terrain géopolitique mondial. "C'est un pays qui compte. Il possède des armes nucléaires. Il a une grande capacité à faire le bien et le mal", explique Robert Grenier, chef de station de la CIA au Pakistan de 1999 à 2002, dans un documentaire intitulé Pakistan, notre meilleur ennemi, réalisé par Jean-Pierre Canet et diffusé dimanche 19 novembre à 21h05 sur France 5.

Le film retrace notamment l'histoire politique tumultueuse, secouée par d'inlassables luttes intestines entre groupes ethniques, revient sur le conflit qui l'oppose à l'Inde mais également sur l'instrumentalisation de l'Islam par son armée. Il décrypte ainsi ses liens privilégiés avec les Etats-Unis, qui utilisent le Pakistan comme rempart contre le communisme à grands coups de dollars et de matériel militaire. Des moyens qui serviront dans un premier temps à financer les talibans afghans dans leur lutte contre les Soviétiques dans les années 1980, mais qui permettront également le développement d'autres groupes terroristes. Le Pakistan est devenu au fil du temps le centre névralgique du terrorisme international avec l'aval de ses dirigeants. Un pays où des combattants du monde viendront se former au jihad, comme l'explique avec précision le documentaire.

Le berceau du jihad international

L'un de ces combattants, aujourd'hui repenti, témoigne à visage découvert. David Vallat a été le premier Français à avoir été formé au jihad par Al-Qaïda, l'organisation terroriste fondée par Ben Laden. Après une adolescence émaillée de divers larcins au début des années 1980, il s'intéresse à la religion et se convertit à l'islam à l'âge de 15 ans. A l'époque, une colère gronde dans de nombreuses banlieues françaises "qui rêvent de justice sociale" .

"Ce à quoi nous aspirions, c'était le droit à l'indifférence et nous voulions accéder à la dignité et aux responsabilités que confère la citoyenneté. (...) On nous a relégués à une catégorie : 'les beurs'. (...) C'est là que se sont engouffrés les Frères musulmans, les salafistes qui ont senti qu'il y avait quelque chose à récupérer de cette colère."

David Vallat, ancien jihadiste

dans le documentaire "Pakistan, notre meilleur ennemi"

David Vallat décide de partir en 1994 au Pakistan pour se former au jihad. Tout est fait pour accueillir ces futurs combattants à Peshawar, une ville au cœur de l'endoctrinement islamiste. "Il y a la maison des martyrs, qui se destinent à l'international, décrit David Vallat. Les candidats de tout pays peuvent venir, et il y a la maison des Algériens (...) Vous laissez votre passeport, on vous envoie vous entraîner en Afghanistan, vous revenez dans ces maisons et vous rentrez dans votre pays". 

Le double jeu du Pakistan

David Vallat restera neuf mois dans ces camps d'entraînement militaire créés par Ben Laden. Il assiste à l'époque à la multiplication, au Pakistan, d'écoles coraniques appelées madrasas. Une exploitation de la religion dont l'objectif est de façonner les terroristes de demain. Toujours au nom de l'islam, le Pakistan et ses puissants services secrets appelés ISI continuent de protéger les talibans, laissent proliférer des groupes paramilitaires et apportent des soutiens logistiques à de nombreux groupes terroristes radicaux, dont le Lashkar-e-Taiba, derrière lesquels les autorités se cachent afin de combattre l'armée indienne. Mais ces jihadistes vont également commencer à commettre des attentats contre des civils, comme à Bombay en novembre 2008

Le Pakistan principal soutien du terrorisme

Ces jihadistes de plus en plus radicalisés décident de frapper au-delà des frontières de l'Inde. Ils décident de cibler l'Occident sous la férule de Ben Laden, soutenu par les talibans. "En 1993, il y a eu une tentative d'attentat (au World Trade Center) mené par Ramzi Youssef, rappelle David Vallat. (...) Les Twin Towers étaient déjà un objectif. On nous faisait un retour d'analyse sur les raisons pour lesquelles son attentat avait échoué". David Vallat rencontre alors des ingénieurs et techniciens, qui vont travailler avec précision afin de mettre au point un attentat particulièrement dévastateur. Ils atteindront leur but le 11 septembre 2001. 

Les Etats-Unis, sous la présidence de George W. Bush, décident d'attaquer les camps d'Al-Qaïda en Afghanistan, avec le soutien du Pakistan. "Lorsqu'on attaque l'Afghanistan après le 11-Septembre, on choisit le mauvais ennemi. L'ennemi n'était ni l'Afghanistan, ni les talibans. Le véritable ennemi était le Pakistan. Mais ce n'était pas possible de bombarder le Pakistan", affirme dans le documentaire le journaliste pakistanais en exil Arif Amal, spécialiste des groupes radicaux pakistanais. Le 2 mai 2011, l'armée américaine lancera un raid afin d'éliminer Ben Laden qui avait élu domicile à Abbottabad, une ville dans le nord du Pakistan. 

Le documentaire Pakistan, notre meilleur ennemi, réalisé par Jean-Pierre Canet, est diffusé dimanche 19 novembre à 21h05 sur France 5 et disponible sur la plateforme francetv.fr.

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