Ily a bientôt 13 ans, Foxconn - géant taïwanais de l'électronique - a posé sesvalises et ses machines dans une grande usine, au bord de l'Elbe en République tchèque, à 96 kilomètres de Prague, dans une ville moyenne de 90 000 habitants, nommée Pardubice. C'est ici que 3.500 personnes travaillent nuit et jour pourfabriquer notamment des ordinateurs pour HP, ceux que vous trouverez peut-êtreau pied du sapin à Noël.Le sous-traitant d'Apple, Sony, Microsoft, Dell...Rappelonsque Foxconn emploie près d'un million et demi de personnes dans le monde. Ungroupe très puissant, qui a la culture du secret. C'est le sous-traitantprincipal d'Apple, Sony, Microsoft, Dell, Hewlett Packard. Foxconn fabrique tousles objets électroniques du quotidien : tablette numérique, téléphone portable,ordinateur, écrans plats. A Pardubice, Foxconn produit essentiellement desordinateurs pour HP et des "all-in-one" ("tout-en-un", écran tactile intégrantles composants de l'ordinateur).C'est le premier employeur privé du secteur,l'entreprise pèse lourd sur le tissu économique local. Foxconn a même reçu letrophée du meilleur employeur de la région en 2012. Pour Tomas Formanek, dusyndicat des salariés de Foxconn, cette entreprise représente "une certainesécurité pour les ouvriers car le salaire est toujours payé en temps et enheure ".Laréputation de Foxconn a été entachée par plusieurs scandales en Chine, où legroupe possède de véritables villes-usines, comme Shenzen : suicides d'ouvriers,conditions de travail dénoncées régulièrement par l'ONG "China Labor Watch" etpuis à l'automne dernier ce fait divers : des étudiants chinois, des futursingénieurs, en stage chez Foxconn, contraints de travailler sur les lignes demontage de la PlayStation 4.Des journées de travail de 12h Bref, Foxconn ne fait pas toujours rêver et toutela question était de savoir si ce géant de l'industrie, tellement puissant, avaitimporté ses méthodes en République tchèque, au cœur de l'UnionEuropéenne.Pourles salariés de Foxconn à Pardubice, une journée de travail dure 12 heures. Avec30 minutes de pause déjeuner et deux pauses de 15 minutes dans la journée, pourun salaire de 400 à 500 euros par mois en moyenne, quand on est affecté à lachaîne d'assemblage. Le code du travail tchèque est respectée mais il estrepoussé dans ses dernières limites.Depuis 2011, Foxconn en République Tchèqueet ses sous-traitants ont subi 25 contrôles de l'inspection du travail, quin'ont rien donné selon Bill Campbell, le vice-président de Foxconn-Europe qui aaccepté de nous recevoir.Un rythme de contrôle toutefois anormalement élevé quitraduit selon les autorités tchèques une "ambiance négative " sur les chainesd'assemblage. En 2010, Foxconn a également écopé d'une lourde amende pour ne pasavoir respecté la législation sur les heures supplémentaires envers huitsalariés.Ilfaut savoir que Foxconn à Pardubice travaille avec plusieurs sous-traitants, desagences qui recrutent en Mongolie, au Vietnam, en Slovaquie, en Roumanie, enPologne ou en Bulgarie. Ces sous-traitants logent leurs salariés dans deshôtels-dortoirs en périphérie de la ville. Certaines vivent à 3 ou 4 dans deschambres de 16 mètres carrés.D'autres doivent se partager une cuisine et unedizaine de douches pour tout un étage, soit une centaine de personnes. Sur laplace, la plupart des ouvriers refusent de parler, craignant d'être licenciés.Pour Darek, 52 ans, ancien salarié d'un sous-traitant de Foxconn à Pardubice : "il faut dire aux managers, aux responsables de Foxconn, qu'avant la norme il ya des hommes. Je ne souhaiterai pas à mon pire ennemi de travailler pourFoxconn. Je n'avais jamais vu ça, un tel manque de respect ".