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Inauguration du parc "Rocher Mistral" : Vianney d'Alençon, l'homme derrière le Puy du Fou provençal

A La Barben, un Puy du Fou version Provence a été inauguré cette semaine. Les ambitions du jeune entrepreneur qui l'a conçu, Vianney d'Alençon, séduisent autant qu'elles agacent.

Guylaine Idoux , Mis à jour le
Château de La Barben.
Château de La Barben. © Guillaume Piolle / Wikicommons

De mémoire de Provençal, on n'a jamais vu ça : "C'était une cérémonie, heu… comment dire?" Même le placide maire de Saint-Cannat (ex-PS), Jacky Gérard, venu en voisin, peine à trouver les mots. Pour l'inauguration mercredi de son "Rocher Mistral", il est vrai que Vianney d'Alençon a vu grand. Après la restauration (réussie) de la forteresse de Saint-Vidal, en Haute-Loire, l'entrepreneur autodidacte de 35 ans, qui aime rappeler qu'il a quitté l'école à 17 ans, ouvre son deuxième château.

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A La Barben, fièrement dressé depuis le XIIIe siècle sur son rocher, il veut créer "un parc provençal à la fois naturel, historique et patrimonial" et attirer 300.000 visiteurs par an, en montrant "la Provence comme vous ne l'avez jamais vue".

Un spectacle vivant à la manière du Puy du Fou

Pari réussi, en tout cas, pour la fête inaugurale. Les cigales étaient là, le soleil aussi, et puis un funambule, 300 bénévoles costumés faisant farandole au son des tambourins, au milieu des ânes, des moutons et des chevaux de Camargue avec leurs gardians, un duplex avec Jean-Pierre Foucault (annoncé comme maître de cérémonie mais "retenu à Tahiti pour Miss France"), et même huit Alphajet de la Patrouille de France, vrombissant tricolore au-dessus de l'impressionnant parterre d'invités – beaucoup d'élus et au moins autant de militaires, des parlementaires et même Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat au Tourisme, venu assurer que "le gouvernement salue et encourage ce projet". Assis entre le secrétaire d'État et le président de Région (LR) Renaud Muselier, qui lui a réservé sa première sortie officielle depuis sa réélection, le maître des lieux rayonnait.

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Son projet? Créer un spectacle vivant à la manière du Puy du Fou, "avec notre propre ADN, une centaine de comédiens et 700 bénévoles célébrant notre belle histoire de Provence". Mais le Covid est passé par là, les délais administratifs aussi. Cet été, Rocher Mistral n'aura pas le grand spectacle promis. Le site a ouvert tout de même, avec l'autre partie du projet : dans le château restauré et les jardins à la française, des "spectacles immersifs" gonflés aux effets spéciaux, musiques héroïques et textes aux accents patriotiques écrits par Vianney d'Alençon lui-même. Mais on est loin du "grand pôle culturel" annoncé.

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30 millions d'euros de budget

"Une phase de transition", balaie l'entrepreneur aux puissants soutiens, dont le financier Benoît Habert (un neveu de la famille Dassault) et Vincent Montagne, le PDG du groupe Média-Participations, l'un des géants de l'édition. Le budget de Rocher Mistral est à l'avenant, "30 millions d'euros, dont six de subventions du département et de la Région". Soit, pour prendre un exemple, le budget du nouveau musée de la Tapisserie de Bayeux, qui doit ouvrir en 2026.

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Je ne fais pas d'idéologie dans mes spectacles

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Quand d'autres mettent une vie à rénover leur château ("60 pièces, 12 terrasses, 2.000 mètres carrés de toitures"), Vianney d'Alençon le fait en dix mois. Un tour de force patrimonial qu'il décrit volontiers. Mais il s'agace d'autres questions. La Patrouille de France pour une fête privée? "Ils sont venus en voisins." Le prix d'entrée à 25 euros? "Faites un audit, vous verrez qu'on n'est pas chers" [le château de Versailles est à 18 euros]. Ses sources pour écrire? "Giono, Pagnol, Mistral, Daudet… Et une vingtaine de livres sur l'histoire de la Provence." La présence, lors de l'inauguration, de l'évêque de Fréjus-Toulon, réputé pour son traditionalisme? "C'est un ami, s'impatiente le jeune chef d'entreprise. Je ne fais pas d'idéologie dans mes spectacles."

Tensions avec le voisinage 

Son directeur adjoint, Frédéric de Lanouvelle, tempère : "Vianney n'en peut plus d'être cornérisé par une certaine presse." Héros du patrimoine pour les uns, militant d'une vision partiale de l'Histoire pour d'autres, Vianney d'Alençon séduit autant qu'il irrite. A tous les niveaux. A La Barben, certains habitants sont ravis de travailler pour lui, d'autres s'inquiètent pour leur tranquillité, voire leur sécurité, à commencer par ceux dont les maisons bordent la jolie petite D22A qui mène du village au château, une carte postale provençale avec ses pins et ses oliviers. "Il va se passer quoi si le projet prend de l'ampleur?", interroge René, 84 ans, qui voit déjà d'un mauvais oeil les 19-tonnes du chantier l'emprunter.

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En France, les réglementations sont lourdes mais elles sont justifiées

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Entrepreneur, Vianney d'Alençon en oublie parfois d'être diplomate. "Vous n'aviez qu'à acheter le château vous-même", rétorque-t-il un jour à une riveraine qui l'interpelle. En mairie, la petite équipe – en partie bénévole – grince sur la charge de travail inhérente au projet et la pression de l'équipe du château, plus rivée à ses objectifs qu'à la diplomatie de voisinage. "Je travaille pour mon village, pas pour M. d'Alençon, dit Michel Goulria, élu chargé du patrimoine à La Barben. Nous avons d'autres administrés dont nous devons nous occuper!"

 Infrastructures, accessibilité, risques d'incendie… La complexité du millefeuille administratif n'est pas pour apaiser les tensions. Le maire de Saint-Cannat, Jacky Gérard, tempère : "En France, les réglementations sont lourdes mais elles sont justifiées. Ça n'empêche pas les projets, ça les ralentit." Avis aux jeunes hommes pressés.

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