Chaque mercredi, Le Monde Afrique vous présente trois nouveautés musicales issues ou inspirées du continent. Cette semaine, direction le Maroc, où de plus en plus de jeunes femmes concurrencent leurs homologues masculins sur la scène en plein boom des musiques dites « urbaines ».
« Call me », de Manal
Ce n’est pas à proprement parler une rappeuse, même si son morceau féministe Taj, en 2018, n’avait rien à envier aux stars (masculines) du genre. « Je suis une fille qui fait de la musique, c’est tout. J’ai essayé le rap, mais je peux chanter de tout », avait confié Manal au Monde il y a un an. Paru fin mai, son premier album, 360 – dans lequel elle affirme, dans la plus pure tradition de l’egotrip, avoir « plié le game en un rien de temps » –, est donc plutôt à classer dans la catégorie « pop urbaine ». Mais c’est bien au monde rural que la chanteuse née en 1993 à Casablanca – et qui vit aujourd’hui à Marrakech – rend hommage, avec humour, dans le clip de Call me, paru le 18 juillet.
« Ghademmo », de Tendresse
Figurant parmi les pionnières du rap féminin au Maroc, Hanane Lafif alias « Tendresse » opte, elle, pour un hip-hop pur et dur, comme en témoigne son single Ghaddemo, sorti le 17 juillet et dont l’ambiance rappelle le boom-bap new-yorkais des années 1990, même si d’autres de ses morceaux flirtent avec la drill de Chicago. « C’était soit le rap, soit mourir », a-t-elle déclaré au quotidien L’Opinion lors de la sortie de son EP Lagertah, en 2020. Née en 1987 à Casablanca, elle raconte avoir été battue par ses frères lorsqu’ils ont appris qu’elle rappait. « Rien n’est facile pour une femme quand le milieu est machiste, dit-elle. Il faut avoir du cran. » Assurément, elle en a.
« Bizarre », de Khtek
Enfin, avec seulement six singles en à peine deux ans, Houda Abouz alias « Khtek » s’est fait une place de choix dans le « rap game » du royaume chérifien. Elle compte 165 000 abonnés sur YouTube, a collaboré avec les poids lourds Tagne et ElGrandeToto, a été classée par la BBC parmi les 100 femmes actrices du changement à travers le monde en 2020… Née en 1995 à Khemisset, l’artiste a dévoilé fin mai le clip de Bizarre, où elle évoque le regard des autres sur tout ce qui sort de la norme. « La société marocaine accepte qu’un rappeur emploie des mots crus mais estime qu’une rappeuse perd de sa féminité si elle fait pareil », déplorait-elle en 2020 auprès du site Yabiladi.
Retrouvez tous les coups de cœur musicaux de la rédaction dans la playlist YouTube du Monde Afrique.
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