L’ancien président argentin Carlos Menem (1989-1999) a été condamné, mardi 1er décembre, à quatre ans et demi de prison pour des versements illégaux à des hauts fonctionnaires provenant de fonds réservés de l’Etat. M. Menem, 85 ans, est cependant protégé par son immunité parlementaire, car il est sénateur. Dans la même affaire, deux de ses anciens ministres, ceux de l’économie, Domingo Cavallo, et de la justice, Raul Granillo Ocampo, ont chacun été condamnés à trois ans et trois mois d’emprisonnement.
C’est sa seconde condamnation pour des faits qui lui sont reprochés durant ses mandats. En 2013, le péroniste Carlos Menem, dont le gouvernement ultralibéral avait été secoué par de nombreux scandales de corruption, avait été le premier ancien président de l’histoire argentine, élu démocratiquement, condamné par la justice : sept ans de prison dans un dossier de trafic d’armes à destination de la Croatie et de l’Equateur. Mais il avait fallu plus de dix ans pour arriver à ce jugement.
En 2001, la Cour suprême avait levé une assignation à résidence, qui n’avait duré que cinq mois. Acquitté dix ans plus tard, il avait de nouveau été poursuivi après l’arrivée au pouvoir, en 2003, d’un autre péroniste, Nestor Kirchner, devenu un ennemi de M. Menem. Actuellement, M. Menem est également jugé pour entrave à l’enquête sur l’attentat contre le siège de la mutuelle juive AMIA à Buenos Aires, qui avait fait 85 morts et 300 blessés, en 1994.
Aucune immunité pour Cristina Kirchner
La veuve de Nestor Kirchner, Cristina, la présidente sortante (2007-2015), a, elle aussi, été mise en cause pour entrave à la justice dans ce dossier par le procureur Alberto Nisman. Ce dernier avait été retrouvé mort, le 18 janvier, avec une balle dans la tête, alors qu’il s’apprêtait à présenter des preuves de ses accusations au Congrès. La mort du procureur Nisman n’a toujours pas été élucidée. Le 26 mars, la justice a considéré qu’il n’y avait pas lieu de poursuivre la présidente à partir des allégations du magistrat décédé, jugées inconsistantes.
L’alternance, le 10 décembre, avec la prise de fonctions du nouveau président Mauricio Macri (centre droit), pourrait inciter la justice à rouvrir plusieurs dossiers de corruption qui ont ébranlé les deux mandats présidentiels de Cristina Kirchner. Ces affaires impliquent la famille Kirchner, dont l’enrichissement est spectaculaire, et ses collaborateurs, dont le vice-président Amado Boudou. Contrairement à M. Menem, la présidente sortante ne bénéficiera d’aucune immunité. La présidente sortante est impliquée encore dans une possible affaire de blanchiment d’argent à travers une chaîne d’hôtels de luxe appartenant à la famille Kirchner, dans leur fief de la Patagonie. L’impunité figure parmi les principales préoccupations des Argentins.