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Un lynchage vieux de trois siècles

Par J. FÉLIX-FAURE.

Publié le 21 août 1972 à 00h00, modifié le 21 août 1972 à 00h00

Temps de Lecture 2 min.

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La Haye. - Les Pays-Bas étaient, il y a trois siècles, le théâtre d'une effroyable tragédie qui devait marquer leur histoire. Le 20 août 1672, en effet, l'un des plus grands hommes d'État de ce pays, sinon le plus grand, était tué avec son frère dans des conditions dont l'horreur fut rarement atteinte.

Ce jour-là, Johan de Witt, le grand pensionnaire, était venu rendre visite à son frère Cornelis à la Gevangenpoort, à La Haye. Cornelis avait été condamné à la déportation pour complot contre la vie du jeune prince d'Orange, le futur Guillaume III, ce qu'il avait d'ailleurs nié jusqu'au bout même sous la torture. Lorsque le grand pensionnaire voulut sortir de la prison, il en fut empêché par la foule qui s'était amassée et par la milice bourgeoise qui voyait en lui un traître et l'ennemi juré du jeune prince d'Orange, dont le père avait fait emprisonner le sien.

Un témoin a raconté dans une lettre à un parent la scène atroce. Johann et Cornelis furent traînés dans la rue, tués à coups de mousquets et de hallebardes, on les attacha à un mât la tête en bas, la populace mutila les cadavres, leur arracha le cœur, et leurs membres, fraîchement coupés, furent vendus aux enchères, tandis que la foule se lavait les mains dans le sang répandu. On trouva difficilement, dans la nuit, un menuisier qui accepta de faire une bière pour enfermer leurs restes. Ainsi se terminait la lutte sons merci que se livraient la famille d'Orange et les Witt.

Johann et son frère furent rendus responsables de tous les malheurs du pays. On oublia le courage de Cornelis, qui avait participé à la grande bataille de la Tamise contre les Anglais. On oublia aussi, et certains les contestent encore, les mérites de ce grand serviteur de l'État que fut Johann de Witt.

La reconnaissance ne devait venir que beaucoup plus tard. Depuis une cinquantaine d'années, Johann de Witt, grand pensionnaire de Hollande et de la Frise occidentale, a sa statue au cœur de La Haye près de cette Gevangenpoort, où s'était terminée si affreusement son existence. Sur le socle, on peut lire cet hommage posthume : " Chef et serviteur de la République, créateur de sa flotte la plus puissante, défenseur des finances du pays, mathématicien. "

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