Guéret. - Les représentants des journalistes, animateurs, techniciens, régisseurs et hôtesses de Radio-la-Creuse engagés dans un mouvement de grève depuis le lundi 6 juin, pratiquent un humour sinon désespéré du moins porteur d'une lassitude profonde. Ils ne " revendiquent rien " parce que, à leurs yeux, c'est tout qui doit être changé.
La courte histoire de Radio-la-Creuse (elle a été créée le 5 septembre 1982) témoigne d'un fonctionnement chaotique. La liste des difficultés est édifiante : pour commencer, le départ au bout de deux mois du premier directeur, M. Martin Even, nommé par Mme Michèle Cotta. Cet épisode précède une valse de responsables très mal ressentie, notamment par la rédaction composée de jeunes journalistes enthousiasmés par cette opération de décentralisation. Ils voient passer en un mois et demi trois chargés de l'information.
Le processus conflictuel s'emballe le 14 décembre lorsque les journalistes déposent un préavis de grève, car ils " n'ont toujours pas de rédaction en chef permanente et compétente ". La base de la station s'inquiète déjà de " l'absence de projet cohérent " qui restera un des vecteurs de l'agitation. Nouvel accès de fièvre le 7 février lorsque les responsables de R.L.C. décident d'organiser en vue des municipales une série de débats à travers le département, autour des maires sortants mais sans la participation officielle de leurs opposants.
Le secteur de l'animation connaît aussi ses soubresauts, avec le 15 mars le non-renouvellement de contrat de Mme Irène Omelianenko dont l'émission semble pourtant captiver un auditoire fidèle. Elle est réintégrée sous la pression des syndicats et des auditeurs. Puis, selon l'intersyndicale, le directeur des programmes, M. Jean Couturier, est " forcé à démissionner ". Enfin le directeur de la station coupe l'antenne en direct à un invité qui offre la particularité d'assurer des émissions dans une radio libre homologuée.
Depuis lundi, l'atmosphère est tendue au 4, de la rue de Stalingrad, où sont installés les locaux coquets de la station. Le service d'information minimum imposé par la loi est assuré, et quelques rares émissions d'animation viennent interrompre le filet musical. M. André Morelle, rédacteur en chef, rejette les accusations portées quant à un "manque d'objectivité" sur les conflits sociaux et le tout nouveau directeur des programmes, M. André du Maurier, contesté pour avoir imposé une nouvelle grille, estime que l'ancienne était usée et qu'on doit faire de la radio "pour communiquer et non pour s'exprimer ".
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