En révélant aujourd'hui qu'il a déposé un recours au Conseil d'État contre la sixième chaîne (le Monde du 26 mars), le groupe UGC tente sa chance dans la course aux télévisions. Le moment est bien choisi : candidat malheureux à la chaîne musicale avant les élections, UGC prend date vis-à-vis du nouveau gouvernement et cherche sans doute à faire pression sur les propriétaires de TV 6 en brandissant le spectre d'une annulation de la concession. Avec 600 millions de francs de chiffre d'affaires, le groupe cinématographique n'a pas la taille des géants multimédias qui se disputent le marché de l'audiovisuel, mais il a réussi, depuis six ans, une diversification prudente et dispose d'atouts non négligeables.
À l'origine, c'est une vingtaine de salles de cinéma confisquées par les Allemands pendant la guerre, nationalisées à la Libération puis vendues en 1971 à une nébuleuse de petits exploitants de la région parisienne qui, sous la houlette de M. Jean-Charles Edeline, constituent un réseau de programmation. À la fin des années 70, quatre familles d'exploitants prennent le contrôle du groupement, se séparent de M. Edeline, qui rejoint le concurrent Pathé, et jettent les bases d'une politique industrielle.
Fort de ses trois cents salles, UGC commence sa diversification. Il développe Circuit A, la régie publicitaire crée en 1973, qui gère 35 % du parc de salles français. Il investit dans la distribution, plus timidement dans la production, mais rassemble peu à peu un joli portefeuille de films en rachetant les grands catalogues des producteurs français. Puis c'est l'édition vidéo en association avec les américains CBS et Fox, la radio avec Hit FM et son réseau dans une dizaine de villes, l'accord de distribution avec Cannon, le plus gros producteur indépendant américain.
En six ans, pas d'erreurs, pas de gros échecs à l'exception des risques inévitables de la production de films. Parallèlement, UGC s'implante avec succès en Belgique, qui avec ses réseaux câblés, sa multiplicité de chaînes, constitue pour le groupe un véritable laboratoire des transformations de l'audiovisuel.
Cette expérience infléchit de manière déterminante la stratégie du groupe : la seule valeur sûre dans ce paysage en pleine mutation, c'est le film, matière première convoitée par tous les nouveaux réseaux en raison de la pénurie de programmes. Encore faut-il opérer sur un marché élargi aux dimensions de l'Europe, chaque marché national étant incapable d'amortir suffisamment la production de plus en plus coûteuse. " Acquérir les droits de diffusion des films pour toute l'Europe, explique M. Guy Verrechia, président d'UGC, est la seule façon de tenir tête à la formidable puissance des grandes compagnies américaines. "
Il vous reste 31.03% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.