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Après le massacre qui a fait 66 morts et près de 200 blessés dans la capitale bosniaque L'OTAN et les Douze étudient les moyens de mettre un terme au siège de Sarajevo

Le tir d'un obus qui a fait 66 morts et près de 200 blessés, samedi 5 février, sur un marché de Sarajevo a relancé le débat sur la politique menée par les Occidentaux en Bosnie. MM. Juppé et Léotard ont appelé dimanche les partenaires de la France à lancer un ultimatum, assorti de la menace de frappes aériennes, aux Serbes de Bosnie pour la levée du siège de Sarajevo. Les ministres des affaires étrangères des Douze devaient arrêter leur position ce lundi à Bruxelles, et une réunion de l'OTAN est imminente. Les négociations de Genève doivent reprendre le 10 février. Le chef des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, s'est dit prêt à y négocier une démilitarisation de Sarajevo.

Le Monde

Publié le 08 février 1994 à 00h00, modifié le 08 février 1994 à 00h00

Temps de Lecture 10 min.

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SARAJEVO de notre envoyé spécial

Le marché central d'une capitale européenne a été transformé, samedi 5 février entre 12 heures et 12 h 30, en une véritable boucherie. Soixante-six morts, près de deux cents blessés en une fraction de seconde : celui qui a tiré l'obus de mortier de 120 mm sur le marché de Sarajevo ne pouvait trouver meilleur endroit ni meilleur moment pour commettre un massacre. Avec un seul obus, l'artilleur a battu tous les records de ses prédécesseurs dans l'histoire du siège de la capitale bosniaque _ en mai 1992, 22 personnes, qui faisaient la queue devant une boulangerie du centre, avaient été fauchées d'un coup.

Samedi, c'est habituellement par centaines que les gens de Sarajevo se pressent entre les tables étroites qui forment étals.

Les habitants sont à la recherche des maigres denrées encore disponibles dans la capitale assiégée depuis vingt-deux mois. A proximité de la présidence, le long de l'une des artères les plus fréquentées de Sarajevo, le marché attire d'autant plus que la journée est " calme ", ce qui était le cas samedi matin ; bien que la veille encore, trois obus serbes eussent fait dix morts parmi la population de Dobrinja, quartier périphérique de la capitale. A quelques centaines de mètres du marché, deux cent cinquante personnes, évacuées sous les auspices du centre juif de Sarajevo, faisaient leurs adieux à leurs proches et prenaient la route de la côte adriatique.

Et ce fut l'horreur. L'obus, tombé près d'un mur au fond du marché, a littéralement haché les personnes présentes. Très vite, voitures particulières et ambulances ont sillonné Sarajevo pour évacuer corps mutilés et survivants ensanglantés vers les hôpitaux de la capitale. A quelques mètres de la place, traversée de longues rigoles de sang, une femme appuyée à un pylône, le visage dans les mains, était secouée de sanglots une heure encore après le drame. Et, dès la tuerie connue, les hôpitaux devinrent le théâtre de va-et-vient dramatiques. Devant la porte des urgences du principal établissement hospitalier de Sarajevo, l'hôpital Kosevo, la douleur était partout : sur les visages défaits, dans les yeux rougis, dans les mains qui se tordent, dans les jambes qui se dérobent, dans les corps qui se cassent. Soudain, une femme apparaît et hèle deux hommes qui se pressaient contre la porte d'entrée, difficilement défendue par quelques policiers ; un geste, et les deux hommes traversent la cour sans plus rien voir autour d'eux, se jettent dans les bras de la femme et l'enlacent longuement.

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