Affichage public, messages radio-télévisés, rondes effrénées des chefs de partis politiques, rien n'y fait. Les efforts de Saatchi and Saatchi, la société de conseil en communication britannique, sont vains. La perspective d'élire leurs conseillers municipaux n'excite pas les Sud-Africains.
Leur dernière expérience en la matière date de dix-huit mois. Une autre histoire ! Il s'agissait des premières élections multiraciales organisées dans le pays. Scrutin qui, le 27 avril 1994, portait le coup de grâce à l'apartheid, installait Nelson Mandela à la tête de l'Etat et propulsait le Congrès national africain (ANC) au pouvoir, locomotive d'un gouvernement d'unité nationale.
Les Sud-Africains célébraient l'avènement de la démocratie dans l'exaltation. Après l'investiture de M. Mandela, le 11 mai 1994, les nouveaux élus prenaient possession de l'Assemblée nationale, du Sénat, et des Assemblées provinciales. Mais la Constitution intérimaire spécifiait bien qu'il restait à élire de nouvelles autorités locales pour parachever la transition. Le moment d'apporter la dernière touche au processus démocratique est arrivé, mais l'enthousiasme populaire n'est pas au rendez-vous. L'enjeu est pourtant d'importance : les villes blanches sont maintenant indissociablement liées aux ghettos noirs, métis ou indiens, qui les entourent.
Aux extrêmes du spectre social, les Blancs sont inquiets, les Noirs impatients. Les premiers se cramponnent à leurs privilèges, les seconds veulent voir leur sort s'améliorer. Tous savent que le nivellement se fera par le bas. Il n'empêche, en dépit de toutes les explications, seulement 76 % des électeurs potentiels se sont inscrits sur les listes, pour un scrutin qui concerne 700 communes dans huit des neuf provinces du pays. Le Kwazulu-Natal et la ville du Cap ne voteront qu'en mars 1996.
Aujourd'hui, pas de commission électorale indépendante. Ces élections reposent sur les conseils municipaux encore en place, dont la plupart n'ont jamais eu à organiser de consultations d'une telle ampleur. « C'est la quadrature du cercle, reconnaît un député de l'ANC, les problèmes sont complexes : il a fallu faire un nouveau découpage communal, établir les listes des candidats et celles des électeurs. »
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