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La Commission européenne publie la liste des espèces invasives à combattre

Le règlement interdit aux Etats membres l’importation, la culture, la reproduction, la vente ou la remise dans le milieu naturel de trente-sept végétaux et animaux qui menacent la diversité.

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Publié le 13 juillet 2016 à 13h06, modifié le 14 juillet 2016 à 07h48

Temps de Lecture 3 min.

Le raton laveur fait partie de la liste des 37 « espèces exotiques envahissantes » contre lesquelles les Etats membres vont devoir agir.

La grenouille taureau et le ragondin, l’ibis sacré et le raton laveur, les deux « jussies », la jacinthe d’eau ou encore le myriophylle du Brésil… Après des mois d’attente, la Commission européenne a publié, mercredi 13 juillet, la liste des trente-sept « espèces exotiques envahissantes » contre lesquelles les Etats membres vont devoir agir.

D’ici à vingt jours, les Vingt-Sept vont devoir commencer à appliquer le règlement européen, officiellement entré en vigueur le 1er janvier 2015, mais qui restait lettre morte faute de cibles établies, qui prévoit d’interdire l’importation, la vente, la reproduction, la culture ou l’élevage de ces animaux et végétaux qui menacent la biodiversité.

Lire notre enquête : Article réservé à nos abonnés Espèces invasives : la guerre est déclarée

La Commission l’a en effet souligné. Il ne s’agit pas de déclarer la guerre aux quelque 12 000 plantes, animaux, champignons ou micro-organismes installés sur le territoire européen sans en être originaires. La plupart d’entre elles ne menacent aucunement la biodiversité – tomates, pommes de terre, vaches ou moutons ne manifestent aucun caractère expansif.

Coût de 12 milliards d’euros par an

Mais environ 15 % entrent en compétition avec les espèces allogènes et privent celles-ci de leurs ressources naturelles (nourriture, oxygène, lumière…), quand elles ne leur transmettent pas des maladies mortelles. Pour peu qu’elles disposent d’une forte capacité d’adaptation et d’une reproduction performante, elles peuvent constituer un réel danger.

La première menace à la biodiversité demeure la destruction que l’homme fait subir aux espèces sauvages, rappelle l’Union internationale pour la conservation de la nature, suivie par leur surexploitation (chasse, pêche). Mais les invasions biologiques occupent la troisième place dans ce triste palmarès.

En outre, « certaines espèces de plantes et d’animaux peuvent endommager les propriétés, les récoltes et les moyens de subsistance, donc elles doivent être tenues à l’écart lorsque c’est possible, ou à défaut contrôlées, a déclaré le commissaire à l’environnement, Karmenu Vella. Cela doit être réalisé à l’échelon européen, car ces espèces invasives ne s’arrêtent pas aux frontières. Et nous ne pouvons ignorer un phénomène qui nous coûte 12 milliards d’euros par an. »

Une facture particulièrement élevée, qui inclut à la fois les manques à gagner et les mesures d’ores et déjà entreprises par les Etats membres. La Commission, qui considère que huit nouvelles espèces menaçantes s’installent chaque année sur le continent, estime que d’ici à quatre ans les économies réalisées grâce au nouveau règlement dépasseront le coût des mesures à entreprendre.

Longues tractations sur le choix des espèces

Quatorze espèces végétales, quatre d’écureuils et cinq d’écrevisses… La liste des trente-sept – dont vingt-deux installées en France – est longue. Elle couvre tous les milieux : l’eau, le ciel et la terre.

Elle n’a pourtant pas fait l’unanimité. En décembre 2015, le Parlement européen avait ainsi officiellement dénoncé la timidité de la Commission et lui avait demandé de revoir sa copie. Bruxelles a refusé. Il faut dire que son choix avait fait l’objet de longues tractations, chaque Etat souhaitant défendre ses intérêts propres.

Le Danemark est parvenu à écarter le vison américain du catalogue : certes, il menace le vison européen, mais il constitue un élément central de la prospère filière de la fourrure dans ce pays. De même, la Hongrie ne voulait pas voir inscrit le robinier faux-acacia, aussi important pour sa sylviculture que pour ses producteurs de miel. Elle a obtenu gain de cause.

La renouée du Japon a elle aussi été épargnée : plusieurs Etats membres ont fait observer que la plante était déjà si largement implantée qu’il était inutile de se fixer des objectifs ruineux, voire impossibles.

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Les Etats membres ont aussi choisi de se limiter aux espèces menaçantes pour la biodiversité. Le moustique tigre – vecteur de la dengue, du chikungunya et de Zika – ou l’ambroisie à feuilles d’armoise, responsable de terribles allergies, ne figurent pas sur la liste.

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Aussi envahissants soient-ils, ils ne semblent pour l’heure pas mettre en péril d’autres espèces animales ou végétales. « Cette première liste sera amendée, a précisé le commissaire européen à l’environnement, et des travaux ont déjà commencé afin de prendre en compte certains cas épineux. » Le règlement prévoit en effet une mise à jour dans six ans.

Des programmes de détection précoce dans les ports et les aéroports vont donc devoir être rapidement mis en place. Les animaleries et les magasins de plantes seront surveillés, mais aussi les zoos et autres cirques qui présentent au public certains des animaux visés.

Des opérations d’éradication seront lancées, lorsque c’est possible ; à défaut, de gestion et de contrôle. Ce qui pourrait se révéler parfois délicat. Si personne n’ira manifester pour défendre le frelon asiatique, l’élimination de l’adorable raton laveur ou de certains écureuils qui gambadent dans les parcs européens risque, elle, de ne pas passer inaperçue.

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