Avec son port ouvert sur le bassin méditerranéen, Aix-Marseille Université (AMU) est un point de passage entre l’Europe et l’Afrique. Sa géographie a dessiné sa communauté étudiante qui compte chaque année davantage d’internationaux. Ils étaient plus de 10 000 en 2019 et 12 700 en 2023 sur 81 000 individus (près de 16 %).
« Le bon accueil de ces étudiants fait partie des missions des universités, avance Eric Berton, président de l’AMU. Et 45 % d’entre eux sont d’origine africaine et souvent dépourvus de moyens. » Au niveau national, la France accueille 24 % d’internationaux d’origine subsaharienne, soit une hausse de 40 % entre 2016 et 2021. Plus généralement, 64 % de tous les étudiants étrangers arrivent dans les universités.
L’AMU a d’ailleurs reçu de Campus France, l’agence nationale chargée de la promotion de l’enseignement supérieur français à l’étranger, en mars, une troisième étoile du label Bienvenue en France, qui récompense les moyens mis en œuvre à l’accueil des étudiants internationaux. Mais, sur le terrain, de nombreux étudiants étrangers ont appris un mot français pour décrire leurs premiers pas en Provence : « galère ». Pour se loger, pour se soigner, pour subvenir à ses besoins primaires, c’est « la galère ».
« Beaucoup d’étudiants à la rue »
La première quête de ces étudiants, qui n’ont pour la plupart ni famille ni amis dans la région, est de se trouver un toit. Dans une enquête publiée par l’AMU sur les conditions de vie étudiante en 2022-2023, plus de 61 % des étrangers déclarent avoir rencontré des difficultés pour trouver un logement contre 41 % parmi les Français. Et 1 % de la communauté étudiante (toutes nationalités confondues) n’a pas de logement fixe, soit plus de 800 personnes. « La demande de logement étudiant est supérieure à l’offre », reconnaît Jean-François Marchi, vice-président et assesseur aux relations internationales de l’AMU.
« Beaucoup d’étudiants sont à la rue parce qu’ils n’ont juste pas les moyens de se loger », confirme Clémence Jolimet, 23 ans, en master d’urbanisme et présidente de la Fédération Aix-Marseille interasso, qui regroupe les associations étudiantes des différents campus de l’université. Amine (qui n’a pas souhaité donner son nom), 23 ans, Tunisien, en troisième année de licence de musicologie, a mis deux mois avant de trouver une résidence privée à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) qui veuille bien lui louer un studio pour 634 euros par mois. « Parce qu’ils viennent de pays où la monnaie est faible par rapport à l’euro, la plupart des bailleurs locaux se méfient des étudiants maghrébins et africains », analyse Alexandra Bracciano, 22 ans, en master de langues étrangères appliquées (LEA) et vice-présidente d’Erasmus Student Network, un réseau axé sur l’accueil des étudiants.
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