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Affaires Gérard Depardieu : les dates-clés des plaintes, des témoignages et du futur procès

Le monstre sacré du cinéma français, déjà mis en examen pour viol, sera jugé en octobre prochain à Paris pour agressions sexuelles sur deux femmes lors d’un tournage en 2021. Au total, vingt et une femmes ont témoigné dans la presse ou devant la justice.

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Publié le 03 mai 2024 à 14h19, modifié le 03 mai 2024 à 15h19

Temps de Lecture 1 min.

Gérard Depardieu avait 69 ans lorsque la première plainte pour viol et agressions sexuelles a été déposée contre lui, en 2018, par l’actrice Charlotte Arnould. Depuis, vingt et une femmes ont raconté, anonymement ou à visage découvert, dans les médias ou devant la justice, les propos sexistes ou les violences sexuelles que l’acteur leur a infligées. Six plaintes ont été déposées, dont une seule jusqu’ici a été classée sans suite, pour prescription des faits.

La plupart du temps, les faits incriminés, qui remontent jusqu’aux années 1990, ont eu lieu sur des tournages, souvent au vu et au su d’une partie des équipes présentes. Un comportement décrit, selon les différents témoignages, comme accepté, toléré ou simplement ignoré. Et toujours selon un même « mode opératoire », allant de propos sexistes et graveleux jusqu’à des agressions sexuelles et au viol, en passant par des attouchements répétés.

Pendant les six années qui ont suivi, l’« affaire » Depardieu a eu le temps de déborder des salles d’audience pour percuter le monde du cinéma français, accusé au mieux de cécité, au pire de connivence, et devenir un sujet politique sur lequel même le chef de l’Etat a tenu à se positionner.

Gérard Depardieu, qui dit n’être « ni un violeur ni un prédateur », conteste les faits qui lui sont reprochés et reste présumé innocent. Lorsque son procès pour agressions sexuelles s’ouvrira en octobre, sous les yeux non seulement de la société française, mais aussi des médias du monde entier, il aura 75 ans.

Lire l’enquête (2023) : Article réservé à nos abonnés Gérard Depardieu, le crépuscule d’un monstre sacré du cinéma rattrapé par ses dérives

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  • 27 août 2018 27 août 2018

    Une première plainte déposée pour deux viols et agressions sexuelles

    PLAINTE ENQUÊTE

    Gérard Depardieu, le 25 juin 2018 à Bruxelles.

    Une femme décrite dans la presse comme une « jeune comédienne et danseuse d’une vingtaine d’années » se rend à la gendarmerie de Lambesc, dans les Bouches-du-Rhône, et porte plainte contre Gérard Depardieu. Elle l’accuse de deux viols et agressions sexuelles dans son hôtel particulier du 6e arrondissement, les 7 et 13 août 2018. Le parquet d’Aix-en-Provence se dessaisit au profit de celui de Paris, qui ouvre immédiatement une enquête préliminaire pour « viols et agressions sexuelles ». Lorsque la plainte est révélée dans les médias, l’avocat de l’acteur conteste formellement ces accusations.

  • 4 juin 2019 4 juin 2019

    Neuf mois d’enquête qui n’aboutissent à rien

    CLASSEMENT SANS SUITE

    Après neuf mois d’enquête, le parquet de Paris classe la plainte sans suite, déclarant que « les nombreuses investigations réalisées dans le cadre de cette procédure n’ont pas permis de caractériser les infractions dénoncées dans tous leurs éléments constitutifs ».

  • 28 oct. 2020 28 octobre 2020

    Les investigations relancées

    PLAINTE

    La jeune femme se constitue partie civile contre le classement sans suite. Un tel recours permet la désignation, presque automatique, d’un juge d’instruction qui reprend alors les investigations. « Ma cliente renouvelle sa confiance en la justice et espère aborder prochainement les différentes étapes de l’instruction dans le calme et le respect », dit Me Elodie Tuaillon-Hibon, avocate de la plaignante.

  • 23 févr. 2021 23 février 2021

    Gérard Depardieu est poursuivi pour « viols » et « agressions sexuelles »

    MISE EN EXAMEN

    Gérard Depardieu en Egypte, le 24 octobre 2020.

    L’annonce de la mise en examen de Gérard Depardieu pour « viols » et « agressions sexuelles » est rendue publique dans la presse. Elle a été décidée, le 11 décembre 2020, par le juge d’instruction qui estime disposer d’assez d’éléments graves ou concordants contre l’acteur pour la justifier. La décision a notamment été prise après une confrontation entre le comédien et la jeune femme, toujours anonyme pour que son « intimité et [sa] vie privée soient préservées », justifie Me Elodie Tuaillon-Hibon.
     
    Gérard Depardieu « conteste totalement les faits qui lui sont reprochés » et doit « être considéré comme présumé innocent », répète son avocat. Il déplore que « cette information soit rendue publique ».

  • 24 févr. 24 février

    « Il n’existe aucune preuve, il n’y a rien contre moi »

    MÉDIAS

    Au lendemain de sa mise en examen, le journal italien La Repubblica interroge l’acteur entre deux prises du tournage du Maigret de Patrice Leconte, à Paris. Depardieu se défend au téléphone, selon la traduction faite par Le Figaro : « Il n’existe aucune preuve, il n’y a rien contre moi, donc je suis plus que serein », avant d’ajouter : « Pour moi, l’enquête était classée, je suis innocent et je n’ai rien à craindre. Si je me suis toujours montré très calme, c’est parce que les accusations portées à mon encontre sont totalement infondées. »

  • 10 mars 2022 10 mars 2022

    Une requête des avocats de Depardieu rejetée par la cour d’appel de Paris

    MISE EN EXAMEN

    La mise en examen de l’acteur pour « viols » et « agressions sexuelles » est maintenue par la cour d’appel de Paris. En mai 2021, l’acteur avait adressé une requête pour que la nullité de la procédure soit prononcée. La plaignante, Charlotte Arnould, qui avait révélé son identité quelques mois auparavant sur les réseaux sociaux, est présente à la cour d’appel au moment du délibéré.

  • 11 avr. 2023 11 avril 2023

    Treize femmes témoignent sur Mediapart et accusent l'acteur de violences et d'agressions sexuelles

    ACCUSATION

    Mediapart publie les témoignages de treize femmes – comédiennes, maquilleuses ou technicienne – « affirmant avoir subi des gestes ou [des] propos sexuels inappropriés » de Gérard Depardieu « de gravité différente, sur le tournage de onze films ou séries sortis entre 2004 et 2022 ou dans des lieux extérieurs ». Cela va de propos sexuels et de grognements insistants jusqu’à des mains dans leur culotte, à leurs fesses ou sur leur poitrine. Face à ce « mode opératoire » répétée, selon la formule de plusieurs femmes, la même réponse quand certaines se plaignent : « Oh, ça va, c’est Gérard ! »

    Trois des femmes, dont certaines ont par la suite parlé à visage découvert, ont apporté leur témoignage à la justice, comme dit l’une d’entre elles, « pour aider Charlotte Arnould », mais aucune n’a porté plainte, ayant « le sentiment que leur parole pèserait peu face au monument du cinéma français ».

  • 10 juill. 10 juillet

    De nouveaux témoignages publiés par France Inter : « Il a baissé son pantalon et m’a montré son sexe »

    ACCUSATION

    Dans la foulée des révélations de Mediapart, la radio donne la parole à Léa et à Anna, deux femmes anonymes ayants subi les mêmes violences sexistes et sexuelles. La première raconte l’ambiance délétère sur le tournage d’un téléfilm en 2015, entre « mains baladeuses » et « propositions de plus en plus appuyées de rapports sexuels » jusqu’au jour où, seule avec l’acteur, « il a baissé son pantalon et [lui] a montré son sexe » avant de la « rattrap[er] dans le couloir et [de la] bloqu[er] contre le mur ». La seconde se rappelle lorsqu’elle a « compris qu[’elle] étai[t] dans sa ligne de mire ». Lors d’une prise, elle a « senti sa grosse main [lui] choper l’entrejambe avec volonté, en laissant échapper un gros rire graveleux ». Et d’ajouter : « J’étais liquéfiée, pétrifiée. » Ni l’une, ni l’autre n’ont envisagé de porter plainte : « impensable », tant l’acteur paraît « intouchable ».

  • 23 mai 23 mai

    Charlotte Arnould : « Cela fait cinq ans que je vis en enfer »

    ACCUSATION

    La première femme à avoir porté plainte contre Gérard Depardieu raconte, sur BFM-TV, les cinq dernières années de sa vie, qui « ne ressemble plus à rien ». « Cela fait cinq ans que je vis en enfer », dit-elle, énumérant « des symptômes qui découlent d’un stress post-traumatique » comme l’anorexie ou la boulimie, elle qui pesait 37 kilos au moment des faits. Elle est anéantie à l’idée de voir l’acteur toujours à l’affiche de films ou de pièces de théâtre alors que sa carrière professionnelle est inexistante, mais dit ressentir « un grand soulagement lors de la publication des témoignages [auprès] de Mediapart. Officiellement, je ne suis plus seule ».

  • 10 sept. 10 septembre

    La comédienne Hélène Darras porte plainte pour « agression sexuelle », la seconde contre Depardieu

    PLAINTE CLASSEMENT SANS SUITE

    « J’ai mis un an à passer du témoignage à la plainte. Passer la porte du commissariat, dire à un policier qu’on vous a touché les parties intimes, ce n’est pas évident, ça prend du temps, d’y réfléchir », explique celle qui avait déjà parlé devant la justice et à Mediapart. Elle accuse l’acteur de l’avoir « pelotée » à plusieurs reprises en 2007 sur le tournage du film Disco, dans lequel elle était figurante. Après cinq mois d’enquête, sa plainte sera classée sans suite « en raison de la prescription des faits », dit le parquet de Paris.

  • 1er oct. 1er octobre

    Gérard Depardieu : « Au tribunal médiatique, je n’ai que ma parole à opposer »

    MÉDIAS

    L’acteur publie une lettre ouverte dans Le Figaro pour « enfin [n]ous dire [s]a vérité » et répéter qu’il n’est « ni un violeur ni un prédateur ». « Jamais au grand jamais je n’ai abusé d’une femme, déclare-t-il. Au tribunal médiatique, au lynchage qui m’a été réservé, je n’ai que ma parole à opposer ». « Il n’y a jamais eu entre nous ni contrainte, ni violence, ni protestation », écrit-il à propos de cette « femme venue chez moi une première fois » et qui « y est revenue une seconde fois », sans jamais la nommer.

  • 11 oct. 11 octobre

    Anouk Grinberg : « Il a passé toutes les limites. C’est abject ce qu’il écrit »

    MÉDIAS

    L’actrice est l’une des très rares figures du cinéma français à prendre la parole après la lettre ouverte de l’acteur, et à défendre les femmes qui l’accusent, notamment Charlotte Arnould, qu’elle connaît bien. « Tous ceux qui ont travaillé avec Depardieu dans le cinéma savent qu’il agresse les femmes (…) le silence de ce milieu est assourdissant », dénonce dans Elle celle qui a longtemps côtoyé le comédien sur les tournages, notamment ceux de Bertrand Blier, son ancien compagnon.

  • 7 déc. 7 décembre

    « Gérard Depardieu : la chute de l’ogre », un « Complément d’enquête » accablant qui fait réagir

    MÉDIAS

    Gérard Depardieu à Pyongyang, en septembre 2018.

    Le magazine d’investigation de France 2 révèle des images inédites de Gérard Depardieu, enchaînant les propos sexuels et misogynes et sexualisant une petite fille lors d’un voyage en Corée du Nord en 2018. Les scènes ont été tournées par Yann Moix pour un documentaire qui ne sera jamais diffusé. « Complément d’enquête » diffuse également les témoignages de quatre femmes, ceux de Charlotte Arnould, Hélène Darras et Sarah Brooks (qui avaient déjà témoigné auprès de Mediapart), et un dernier, inédit, de Marylène Andrin, une régisseuse qui relate son « traumatisme » à la suite d’un tournage avec l’acteur en 2009.

    Quelques jours plus tard, Emmanuel Macron prend publiquement la défense de Gérard Depardieu, un « immense acteur », présumé innocent et victime d’une « chasse à l’homme ». Une courte séquence sur France 5 qui a creusé un peu plus le fossé entre l’Elysée et les collectifs engagés dans la défense des droits des femmes.

  • 19 déc. 19 décembre

    Une troisième plainte, cette fois pour viol, déposée par une journaliste espagnole

    PLAINTE

    Ruth Baza, journaliste et écrivaine espagnole, dépose plainte auprès de la police espagnole pour un « viol » qui aurait eu lieu lors d’une interview de Gérard Depardieu, le 12 octobre 1995 à Paris, dans les locaux de la société de production Roissy Films. Agée de 23 ans à l’époque, Ruth Baza dit avoir « complètement » oublié l’événement jusqu’à la publication de témoignages par Mediapart qui ont provoqué « un déclic intérieur » et des « éclairs » de mémoire. Sur le plan juridique, cette plainte a peu de chances d’aboutir, les faits étant a priori prescrits en France.

  • 25 déc. 25 décembre

    Tribune de soutien et « contre-tribunes »

    MÉDIAS

    Une cinquantaine de personnalités du monde de la culture, dont Bertrand Blier, Nathalie Baye, Carole Bouquet, Jacques Weber, Pierre Richard, Carla Bruni, Arielle Dombasle ou Jacques Dutronc, défendent Gérard Depardieu, « probablement le plus grand des acteurs », contre « le lynchage qui s’abat sur lui », dans une tribune publiée par Le Figaro. Certains retireront leur signature après avoir découvert les origines louches de cette tribune.

    Cinq jours plus tard, une « contre-tribune » signée par 600 artistes, dont la chanteuse Pomme, l’actrice Judith Chemla ou la militante Rokhaya Diallo, qualifient la tribune « et la défense de Macron » comme « autant de crachats à la figure des victimes de Gérard Depardieu mais aussi de toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles ». Une dernière tribune de 150 artistes, publiée par Libération le 1er janvier, martèle enfin que « l’art n’est pas un totem d’impunité ».

  • 15 févr. 2024 15 février 2024

    Une quatrième plainte déposée pour des faits remontant à 2014

    PLAINTE ENQUÊTE

    Une ancienne assistante de tournage, qui veut rester anonyme, dépose plainte à Paris contre Gérard Depardieu pour « agression sexuelle », « harcèlement sexuel » et « outrages sexistes ». Les faits se seraient déroulés en 2014, sur le tournage du film Le Magicien et les Siamois à Doué-en-Anjou (Maine-et-Loire). La plaignante, alors âgée de 24 ans, accuse l’acteur de lui avoir fait des propositions sexuelles à répétition et de l’avoir touché sans son consentement. « J’ai éteint l’affaire car, évidemment, c’est la honte de se faire toucher comme ça », confie-t-elle au Courrier de l’Ouest, dix ans après. Cette plainte, toujours en cours, est susceptible d’être frappée de prescription.

  • 5 mars 5 mars

    Une enquête ouverte après une cinquième plainte pour « agression sexuelle »

    PLAINTE ENQUÊTE

    La plainte pour « agression sexuelle », « harcèlement sexuel » et « outrages sexistes », la cinquième contre Gérard Depardieu, a été déposée, le 23 février. La plaignante, une décoratrice de 53 ans qui veut rester anonyme, accuse l’acteur de l’avoir agressée sexuellement lors du tournage du film Les Volets verts, le 10 septembre 2021. Selon le témoignage d’Amélie, révélé par Mediapart, l’acteur l’aurait « attrapée avec brutalité » et « bloquée en refermant ses jambes sur [elle] comme un crabe », puis il lui aurait « pétri la taille, le ventre, en remontant jusqu’à [ses] seins ».

  • 21 mars 21 mars

    Une sixième plainte, encore liée au tournage du film Les Volets verts

    PLAINTE

    Cette nouvelle plainte pour « agression sexuelle » a été déposée, révèle encore Mediapart, par une femme de 33 ans, présentée sous le nom de Sarah, qui était assistante mise en scène sur le tournage. Les faits se seraient déroulés le 31 août 2021. L’acteur est accusé de lui avoir touché les fesses et la poitrine à plusieurs reprises.

  • 25 déc. 25 décembre

    Gérard Depardieu placé en garde à vue après les plaintes sur le tournage des Volets verts

    GARDE À VUE

    L’acteur passe une bonne partie du lundi 29 avril dans les locaux de la police judiciaire parisienne. Il en ressort avec une convocation à comparaître devant le tribunal correctionnel en octobre 2024. « Il sera jugé (…) pour des agressions sexuelles susceptibles d’avoir été commises en septembre 2021 au préjudice de deux victimes, sur le tournage du film Les Volets verts », précise le parquet de Paris. Les victimes en question sont Amélie et Sarah.

  • 1er oct. 1er octobre

    Début prévu du procès de Gérard Depardieu

    PROCÈS

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