Dans la foulée du One Planet Summit organisé par la France, le gouverneur de Californie Edmund G. Brown – mieux connu sous le nom de Jerry Brown – a été fait, mercredi 13 décembre, docteur honoris causa de l’Ecole normale supérieure. L’institution de la rue d’Ulm saluait ainsi l’un des responsables politiques américains les plus emblématiques de la lutte contre le changement climatique et qui, depuis quarante ans, a mis la préservation de l’environnement au cœur de son action et de sa réflexion. A l’occasion de son passage à Paris, il a répondu aux questions du Monde.
Que retenez-vous du One Planet Summit, organisé le 12 décembre par la France, pour les deux ans de l’accord de Paris ?
Ce qui m’a le plus frappé, c’est la prise de parole du président Macron et des autres chefs d’Etat sur le danger existentiel que représente le réchauffement. Je viens des Etats-Unis, je n’ai pas l’habitude d’entendre cela de la part du président Trump.
J’étais récemment à un forum à Vladivostok en Russie, où se sont exprimés le président Poutine, le président sud-coréen [Moon Jae-in], le premier ministre japonais [Shinzo Abe] et le président de Mongolie [Khaltmaagiyn Battulga]. Tous ont parlé des activités économiques de leurs pays sans dire un mot du changement climatique ou des émissions de CO2. Au sommet de Paris, au moins, j’ai entendu des dirigeants concernés par le sujet, même si cette prise de conscience est insuffisante face à la réalité du danger décrit par les scientifiques.
Au Sommet de la Terre, à Rio de Janeiro en 1992, des propos forts avaient été tenus, les grands traités environnementaux ont été adoptés, mais rien n’a jusqu’à présent entravé le réchauffement. Croyez-vous dans l’efficacité de la gouvernance climatique ?
J’étais à Rio, j’ai assisté à ces discours. Mais depuis, les preuves scientifiques se sont accumulées sur les effets du dérèglement climatique : l’acidification des océans, l’élévation des températures, la sécheresse, les feux de forêts… Au moment où je vous parle, la Californie est en proie à des incendies. La compréhension des mécanismes du changement climatique s’est largement répandue, mais les responsables politiques, les patrons d’entreprises sont-ils à la hauteur pour répondre à cette urgence ? Non.
Les acteurs non étatiques mènent des politiques climatiques souvent volontaristes. Est-ce eux qui vont « sauver la planète », laissant les gouvernements à la traîne ?
« Le monde politique est totalement contaminé par le court terme et l’émotion
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