Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?
Offrir Le Monde

« Azur noir », d’Alain Blottière : le démon de Rimbaud

De nos jours dans un Paris caniculaire, le jeune Léo se trouve possédé par le poète. Un roman d’un charme profond et d’une menace effrayante.

Par  (Collaboratrice du "Monde des livres")

Publié le 23 janvier 2020 à 20h00

Temps de Lecture 2 min.

Article réservé aux abonnés

Jour de canicule à Montmartre.

« Azur noir », d’Alain Blottière, Gallimard, 158 p., 16 €.

Après un reportage sur les traces d’Arthur Rimbaud en Ethiopie, à Djibouti et au Yémen, Alain Blottière avait situé son premier roman, Saad (Gallimard, 1980), dans un temps et dans des lieux où ses personnages auraient pu rencontrer le poète devenu négociant. Quarante ans plus tard, le fantôme de Rimbaud revient dans Azur noir, un court roman intense et foudroyant : le jeune Léo, 17 ans, hanté par le « diable des Ardennes », revit, à Paris, la saison où celui-ci, au même âge, venait en 1871 présenter aux poètes parnassiens son Bateauivre.

Comme dans Le Tombeau de Tommy ou Rêveurs (Gallimard, 2009 et 2012), le héros du roman est un adolescent en proie à des émotions extrêmes. D’emblée, tout est en place pour l’obsession. Un été caniculaire. Seul dans Paris désert, tandis que sa mère est partie découvrir les confins boréaux, Léo se sent entouré de disparus, au 14, rue Nicolet. Car Léo et sa mère viennent d’emménager, par une « extraordinaire coïncidence », dans l’immeuble appartenant naguère aux beaux-parents de Verlaine, où arrivait Rimbaud, le « petit démon sans père ». Dans cette rue de Montmartre où, aujourd’hui encore, son portrait crayonné sur une façade, cheveux ébouriffés, expression butée, est entouré de mosaïques, tel un talisman sacré.

Lire aussi, sur « Intérieur bleu » (1990) : Article réservé à nos abonnés Les couleurs d'Alain Blottière

Or Léo perd, ou croit perdre la vue, ­tandis que tous ses sens sont à l’affût d’une présence secrète. Consulté, l’ophtalmologue, qui ne décèle rien d’organique, évoque une « cécité hystérique » dont il cherche les motifs. « Je n’ai jamais autant voulu voir », répond Léo, évoquant des « Illuminations », des « rêves sans dormir ». Et son voisin centenaire, Prinz, lui raconte l’histoire du devin Tirésias – le voyant aveugle : selon lui, Léo veut en réalité « voir mieux, au-delà du temps, au-delà de l’espace », les lieux qui abritèrent « l’alchimie passionnée » de Rimbaud et Verlaine.

Susciter le désir

Jeune lion rimbaldien ou « ange » pasolinien, Léo suscite le désir des êtres qui l’entourent, et la sollicitude du vieux Prinz, qui lui fait écouter le Requiem de Fauré. « A ce Rimbaud ouvert à tous les vents de toutes les mers, à tous les détours, aux dérèglements comme autant d’initiations et d’aventures, prêt à toutes les amours et cultivant les haines, Léo voulait encore ressembler bien qu’il n’ait personne à haïr (…). Quelle métamorphose s’était opérée en lui qui semblait désormais le rendre irrésistible, magnétique comme un aimant même à distance (…) ? Il se dit qu’il devait ce nouveau magnétisme à cette infusion du poète en lui. »

Il vous reste 29.53% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.