Le film Illusions perdues faisait office de favori pour la 47e cérémonie des Césars, avec ses quinze nominations, et il l’a été. Cette adaptation du grand roman d’Honoré de Balzac, réalisé par Xavier Giannoli, a remporté sept récompenses, vendredi 25 février, dont celle de la catégorie reine du meilleur film.
Le réalisateur de 49 ans ne s’est pas déplacé à l’Olympia pour recevoir son prix. « Xavier, je m’adresse à toi. Tu respires, tu transpires le cinéma. C’est exaltant de travailler avec toi. Vraiment, tu mérites ce César », lui a lancé l’un de ses producteurs, Olivier Delbosc, venu accepter pour lui la statuette.
Cette fresque acide sur la presse et ses dérives, succès populaire avec plus de 870 000 spectateurs en France, a également valu le César du meilleur espoir masculin à Benjamin Voisin et celui du meilleur acteur dans un second rôle à Vincent Lacoste.
Anamaria Vartolomei a par ailleurs été sacrée meilleur espoir féminin pour son rôle dans L’Evénement, d’Audrey Diwan, film coup de poing sur l’avortement, adapté d’Annie Ernaux, qui a obtenu le Lion d’or à Venise. Valérie Lemercier a remporté le César de la meilleure actrice pour son film Aline, qui totalisait dix nominations, mais ne repart qu’avec une seule statuette, tandis que Benoît Magimel a reçu le prix du meilleur acteur dans De son vivant, d’Emmanuelle Bercot. Pour la meilleure réalisation, c’est Leos Carax qui remporte la statuette pour son opéra rock Annette, qui totalise cinq récompenses au terme de la cérémonie.
Parmi les déçus, BAC Nord, de Cédric Jimenez, qui comptait sept nominations et repart sans aucune récompense.
Hommage à Gaspard Ulliel
La 47e cérémonie des Césars s’était ouverte sur la promesse de « ne pas donner de leçons » dans un monde plongé dans la crise ukrainienne. « On va rire, on va être émus, l’essence de notre métier c’est continuer quoi qu’il arrive, même si le monde s’effondre », a déclaré le maître de cérémonie, Antoine de Caunes, en arrivant sur la scène de l’Olympia. « Ce soir, nous pensons aux Ukrainiens. Soyons à la hauteur de la chance qu’ils n’ont pas », a-t-il lancé.
La cérémonie a par ailleurs été « dédiée » à la mémoire de Gaspard Ulliel, mort il y a un mois, à 37 ans, dans un accident de ski. Xavier Dolan, réalisateur de Juste la fin du monde, le film qui avait valu le César du meilleur acteur à Gaspard Ulliel en 2017, lui a rendu un vibrant hommage sur la scène de l’Olympia.
Le réalisateur Arthur Harari, récompensé avec son coscénariste Vincent Poymiro d’un César du meilleur scénario original pour Onoda, 10 000 nuits dans la jungle, a offert une des rares tribunes de la soirée, en prenant la défense de la salle de cinéma, menacée, selon lui, par des plates-formes qui veulent « prendre toute la place ». Face à elle, il a appelé les « décideurs » à avoir « plus de courage », pour « permettre aux producteurs d’en avoir encore plus ».
Cérémonie sans éclat ou incident
Marqués par les scandales et les flops les années précédentes, les Césars étaient attendus au tournant. La cérémonie s’est déroulée sans éclat ou incident majeur (mise à part une brève incursion de l’humoriste Marie s’infiltre, qui a levé sa jupe et lancé « Bonsoir, voici mon cul ! Joyeux hommage à la cul-ture »), mais sans jamais vraiment décoller. Les audiences, samedi, diront si la formule a convaincu.
Il faut dire que le cœur n’était pas vraiment à la fête, alors que la guerre était dans toutes les têtes, comme l’ont rappelé nombre de stars montées sur scène, dont l’Australienne Cate Blanchett, qui a reçu une longue ovation et un César d’honneur : « Difficile de penser à autre chose qu’à l’Ukraine », a-t-elle reconnu.
C’est finalement une non-professionnelle qui a apporté une touche de fraîcheur à la soirée, lorsque Aïssatou Diallo Sagna, sage-femme dans le civil, a reçu son César du meilleur second rôle pour La Fracture, un film sur les hôpitaux et la France des « gilets jaunes », où elle joue son propre rôle. « Ce César, il est à nous, les soignants ! C’est notre récompense », a-t-elle déclaré, rayonnante, à la presse. « Je suis open pour tourner d’autres films. Je suis une wonder woman ! Je peux continuer mon métier et tourner aussi. Ce n’est pas incompatible. J’ai trois enfants à la maison et des factures à payer. Je dois continuer à travailler », a-t-elle poursuivi, confiant qu’elle serait de retour à son poste à l’hôpital, mardi. Le temps de savourer son trophée.
Le palmarès complet des Césars 2022 :
Meilleur film : Illusions perdues, réalisé par Xavier Giannoli
Meilleure réalisation : Leos Carax pour Annette
Meilleure actrice : Valérie Lemercier pour son rôle dans Aline
Meilleur acteur : Benoît Magimel pour son rôle dans De son vivant
Meilleur acteur dans un second rôle : Vincent Lacoste dans Illusions perdues
Meilleure actrice dans un second rôle : Aïssatou Diallo Sagna pour La Fracture
Meilleur film étranger : The Father, réalisé par Florian Zeller
Meilleur premier film : Les Magnétiques, réalisé par Vincent Maël Cardona
Meilleur scénario original : Arthur Harari et Vincent Poymiro pour Onoda, 10 000 nuits dans la jungle
Meilleurs décors : Riton Dupire-Clément pour Illusions perdues
Meilleurs costumes : Pierre-Jean Larroque pour Illusions perdues
Meilleur espoir féminin : Anamaria Vartolomei pour son rôle dans L’Evénement
Meilleur espoir masculin : Benjamin Voisin pour son rôle dans Illusions perdues
Meilleur court-métrage d’animation : Folie douce, folie dure, réalisé par Marine Laclotte
Meilleur court-métrage documentaire : Maalbeek, réalisé par Ismaël Joffroy Chandoutis
Meilleur long-métrage d’animation : Patrick Imbert pour Le Sommet des dieux
Meilleur documentaire : La Panthère des neiges, réalisé par Marie Amiguet et Vincent Munier
Meilleur film de court-métrage : Les Mauvais Garçons, réalisé par Elie Girard
Meilleur son : Erwan Kerzanet, Katia Boutin, Maxence Dussère, Paul Heymans et Thomas Gauder pour Annette
Meilleure adaptation : Xavier Giannoli et Jacques Fieschi pour Illusions perdues
Meilleur montage : Nelly Quettier pour Annette
Meilleure photographie : Christophe Beaucarne pour Illusions perdues
Meilleure musique originale : Ron Mael et Russell Mael pour le groupe Sparks pour Annette
Meilleurs effets visuels : Guillaume Pondard pour Annette
César d’honneur : Cate Blanchett
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