Cannes 2024, revivez la cérémonie d’ouverture, où Camille Cottin a imaginé l’adoption d’une loi #metoo

C’est la fin de ce live, merci de l’avoir suivi !

Projeté hors compétition, Le Deuxième Acte, de Quentin Dupieux, est le film d’ouverture du Festival de Cannes.

« La belle Binoche », sourit Meryl Streep après la fin du discours de Juliette Binoche. « Quand j’ai appris que c’était toi qui allais me remettre cette Palme, je suis devenue comme folle, assure-t-elle. Ce prix est unique dans le monde du cinéma, je me sens très honorée de le recevoir. » Juliette Binoche et Meryl Streep déclarent le 77ᵉ Festival de Cannes ouvert.

Très émue, Juliette Binoche remet la Palme d’honneur à l’actrice américaine Meryl Streep : « Tu as changé notre façon de voir les femmes dans le monde du cinéma. Tu as changé la façon dont nous nous regardons dans le cinéma. Et pourtant tu ne te prends pas au sérieux. Je vois une telle joie en toi. »

La musicienne française chante Modern Love de David Bowie.

Greta Gerwig, présidente du jury du 77^e Festival de Cannes : « Le cinéma est sacré pour moi. L’art, les films sont sacrés pour moi. J’ai de la peine à croire que j’ai l’occasion de passer dix jours dans cet endroit qui est un lieu sacré. (…) J’ai hâte de partager tous ces films avec vous. »

« Les rendez-vous professionnels nocturnes dans les chambres d’hôtels des messieurs tout-puissants ne font plus partie des us et coutumes du vortex cannois, à la suite de l’adoption de la loi #metoo, et on s’en félicite », imagine en chanson la maîtresse de cérémonie, Camille Cottin, dans une référence aux affaires Harvey Weinstein.

« Qui nous écoute vraiment ? » : sept ans après le lancement du mouvement #Metoo, plus d’une centaine de personnalités, dont de nombreuses actrices, appellent, dans une tribune publiée dans le Monde le jour de l’ouverture du festival de Cannes, à une « loi intégrale » contre les violences sexuelles.

« Nous sommes 100, mais en réalité, nous sommes des centaines de milliers », écrivent les 147 signataires du texte assorti d’une pétition initiée par La Fondation des femmes, #Metoomédia et l’actrice Anna Mouglalis.

Parmi les signataires, figurent les actrices Isabelle Adjani, Charlotte Arnould, Emmanuelle Béart, Juliette Binoche, Emma de Caunes, Judith Godrèche, Isild Le Besco, Muriel Robin, les autrices Leïla Slimani, Christine Angot, Vanessa Springora ou encore le comédien Philippe Torreton.

L’acteur Omar Sy, membre du jury, a également salué la présence « de plus en plus de femmes qui ont le courage de dire les choses ». « Il y a quelques années, la parole a été ouverte et depuis elle continue, donc c’est bon signe, la conversation se poursuit », a-t-il estimé.

« C’est en train de se passer et ça se passe visiblement de plus en plus », s’est-il félicité, estimant que ça ne concernait pas seulement le cinéma mais que c’était « bien réparti dans toutes les couches de la société ».

« C’est une bonne chose donc il faut continuer à suivre ce progrès-là », a-t-il appelé de ses vœux, rejetant toute idée de retard en France sur ces questions.

Figurent également dans le jury les actrices Eva Green et Lily Gladstone, l’acteur Pierfrancesco Favino, les réalisateurs Hirokazu Kore-Eda, Juan Antonio Bayona, Nadine Labaki et la scénariste Ebru Ceylan.

Greta Gerwig, présidente du jury du 77^e Festival de Cannes, a assuré « qu’il y a 15 ans », elle n’aurait « pas pu imaginer » autant de femmes représentées dans le cinéma, saluant aussi « beaucoup de changements concrets » grâce au mouvement #metoo.

« Ça évolue en permanence », a ajouté lors de la conférence de presse du jury celle qui attribuera avec ses huit jurés la Palme d’or à l’un des 22 films en compétition. « Les choses ne sont pas arrêtées, nous allons continuer de discuter et de chercher comment nous voulons que notre industrie et que le cinéma soient. »

Elle a souligné que « des changements très concrets » avaient eu lieu dans le cinéma américain ces dernières années, en particulier avec le recours à des coordinateurs d’intimité sur les plateaux pour aider à gérer les scènes de sexe entre acteurs.

« Je vois cela exactement de la même manière que les coordinateurs de cascade ou de combat », a-t-elle ajouté, estimant que ça faisait « partie de la construction d’un environnement sûr comme dans le cas d’un combat avec des sabres – on ne se dirait pas qu’on va voir comment ça se passe, ça serait terrifiant ! »

Messi, le chien du film Anatomie d’une chute, a foulé le tapis cannois avant la cérémonie d’ouverture. Des photographes criaient « Messi ! Messi » tandis que le border collie déambulait et montait les escaliers jusqu’au Palais des festivals. Là, il s’est assis et a levé ses pattes avant en l’air, comme une star de cinéma saluant la foule.

Il faut dire que ce chien particulièrement intelligent est devenu un argument de promotion du film policier de Justine Triet. Anatomie d’une chute a été présenté l’année dernière à Cannes où il a remporté la Palme d’Or. Messi – Snoop dans le film – a remporté la « Palm Dog », un prix créé par un journaliste pour récompenser le meilleur chien du festival.

Messi est devenu le nouveau chien préféré d’Hollywood et a été mis en avant par la production du film pour la campagne des Oscars. Il a assisté au déjeuner des nominés à l’Académie et à la cérémonie des Oscars. Anatomie d’une chute a remporté le prix du meilleur scénario original.

Merci de l’avoir suivi. Place au tapis rouge.

Bonjour Vieil abonné,

Une projection ultraselect a en effet eu lieu pour les professionnels du secteur le matin du 28 mars à Los Angeles. L’un des enjeux était de trouver un partenaire de distribution pour le diffuser sur le territoire américain, mais il semble que le film a beaucoup décontenancé, et cet accord n’a pas eu lieu. La société Le Pacte s’est déjà positionnée pour la France et l’international.

Mais l’Amérique reste le territoire qui donne le « la ». La difficulté ne vient pas de la qualité du film mais du fait de vendre un film à gros budget qui soit en même temps un film personnel, un film d’auteur. Certains avis très élogieux de critiques triés sur le volet ont aussi émané de cette projection. A ce stade, il est surtout impossible de savoir quoi que ce soit. On peut se reporter à la bande-annonce sortie aujourd’hui, et sinon rendez-vous jeudi 16 mai après sa projection officielle !

Bonjour Denis,

Judith Godrèche a dénoncé l’emprise et les violences qu’elle a subies au cours de sa relation avec Benoît Jacquot alors qu’elle était mineure. Elle a délivré, lors de la soirée des Césars, le vendredi 23 février, un discours fort qui interrogeait le silence pesant de la profession. L’actrice-réalisatrice présente en effet un court-métrage, Moi aussi, qui sera montré en ouverture de la section Un certain regard. Il se fonde sur les témoignages de 5 000 victimes encouragées par sa démarche à se confier sur son compte Instagram.

Elle a déclaré en amont : « Vous allez voir un film qui ne m’appartient pas et c’est ça qui est important : ne pas posséder. Nous sommes une foule. Une foule faite de visages, de prénoms, d’histoires, de blessures et de courage. Le cinéma parfois s’empare de nos sourires, de nos vies et le cinéma parfois s’empare des petites filles et des petits garçons. Le cinéma parfois oublie de considérer l’autre. Mais le cinéma donne aussi une seconde chance. »

Bonjour GroundControl,

Il plane dans l’air une certaine tension, et l’on a senti monter aux abords du Festival certaines bouffées paranoïaques. Le Festival de Cannes s’est longtemps vécu comme une grande bulle de champagne qui, pendant une quinzaine de jours parvenait à vivre en dehors de l’actualité. Après les révélations qui ont dernièrement secoué le milieu du cinéma en France, il semble que ce soit de moins en moins possible, et tout le monde pressent que la bulle va devoir laisser entrer un peu de réel.

Des perturbations ont été annoncées par les travailleurs précaires des festivals (le collectif baptisé « Sous les écrans la dèche »), qui réclament de rejoindre le régime de l’intermittence et dénoncent la réforme de l’assurance-chômage. Parfois le réel rattrape le Festival : on se souvient de l’édition de mai 1968, interrompue par les artistes en soutien aux manifestations étudiantes et ouvrières !

Bonjour Curious,

Puisque vous voulez tout savoir – saine curiosité ! –, le journaliste ciné à Cannes passe sa journée à courir entre projections, conférences de presse, entretiens avec les personnalités. Première projection à 8 h 30, dernière vers 22 heures, voire minuit pour la fameuse séance de minuit. Une réunion d’équipe s’insère au milieu de tout cela pour concocter les pages du lendemain. Et puis, le soir, on rentre dans nos pénates pour passer au fil de la plume tout ce qu’on a recueilli dans la journée. Au risque de casser le mythe du mondain fêtard, le critique André Bazin parlait du Festival de Cannes comme d’un « ordre » quasi monacal !

Bonjour Jean-Luc,

C’est une bonne question… Mais se demander pourquoi à Cannes un film se retrouve ici ou là s’avère souvent une discussion à couper les cheveux en quatre ! On est évidemment très curieux de découvrir le dernier geste artistique de Jean-Luc Godard concocté à la veille de son départ volontaire : l’important est qu’il soit présenté, même sous le label d’un « classique » instantané. Le programme est en deux parties : le court-métrage en question qui fait dix-huit minutes, plus un autre enregistrement de trente-quatre minutes où, documents à l’appui, on voit le cinéaste exposer son projet. Peut-être est-ce cet aspect d’atelier, comme le caractère posthume de sa présentation, qui ont finalement décidé de sa sélection à Cannes Classics – passionnante section au demeurant où l’on découvre par ailleurs de splendides restaurations !

Bonjour Wolfgang,

Comme je l’esquissais dans le post précédent, le réalisateur iranien Mohammad Rasoulof est au centre d’une double actualité. L’on a d’abord appris qu’il venait de se voir infliger une condamnation de cinq ans de prison et de coups de fouets pour « atteinte à la sécurité nationale ». Ce n’est pas la première des persécutions que l’artiste subit de la part du régime islamique. Le lundi 13 mai, dans la foulée, on apprenait par communiqué qu’il avait choisi l’exil et venait de quitter le territoire national dans des conditions qui restent à éclaircir. On ne sait pas encore exactement s’il sera en mesure de venir soutenir son film à Cannes, mais la présentation de son long-métrage sera, à n’en pas douter, un moment fort.

Bonjour Cinéman,

Il y a un film qui écrase la concurrence au niveau de l’attente, c’est évidemment le Megalopolis de Francis Ford Coppola. Un projet né dans la foulée d’Apocalypse Now et que l’auteur du Parrain nourrit en lui depuis près de quarante ans. On peut dire que le cinéaste américain de 85 ans mise gros sur ce projet, puisqu’il a vendu une partie de ses vignobles réputés de manière à rassembler un budget considérable de 120 millions de dollars. Voilà ce qu’on appelle un artiste indépendant, qui n’a aucun compte à rendre à des studios ou à des financeurs ! D’autres films de la compétition sont également très attendus, comme Les Linceuls, du Canadien David Cronenberg, Oh, Canada !, de Paul Schrader, l’un des derniers vétérans du Nouvel Hollywood, ou encore The Seed of the Sacred Fig, de l’Iranien Mohammad Rasoulof, dont on vient d’apprendre que, sous le coup d’une peine d’emprisonnement, il venait de s’échapper de son pays.

Bonjour Re4Qube,

Non, nous n’attribuerons pas de notes, nos fameux « carrés », aux films chroniqués pendant le Festival de Cannes. La raison est simple : nous préférons attendre la sortie d’un film en salle pour en proposer une évaluation à nos lecteurs – qu’elle puisse justement être discutée comme il se doit. Evidemment, une exception qui confirme la règle : si un film présenté à Cannes sort en même temps, comme c’est le cas pour Le Deuxième Acte, de Quentin Dupieux, Marcello Mio, de Christophe Honoré ou Mad Max : Furiosa, de George Miller, alors il sera bien évidemment accompagné de sa note !