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Mort d'André Verchuren, le roi du bal musette

"Verchu", le plus fameux des accordéonistes français, est mort, mercredi 10 juillet, à Chantilly dans l'Oise, son département d'origine, victime d'un arrêt cardiaque dans une pizzeria.

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Publié le 11 juillet 2013 à 11h11, modifié le 11 juillet 2013 à 14h06

Temps de Lecture 3 min.

Le roi du bal musette "Verchu" est mort, mercredi 10 juillet, à Chantilly dans l'Oise, son département d'origine, victime d'un arrêt cardiaque dans une pizzeria. Une mort simple, point d'orgue d'une longue vie (92 ans), passée à effeuiller les partitions des Fiancés d'Auvergne, Le Chouchou de mon cœur ou Quiche Lorraine.

Né de parents belges le 28 décembre 1920 à Neuilly-sous-Clermont, André Verchuren était le plus fameux des accordéonistes français, le plus populaire et le plus décrié aussi par les amateurs. En ligne de mire, son côté "commercial", qui occultait les qualités musicales d'un des plus doués de la bande de créateurs du piano à bretelles made in France : Gus Viseur, Tony Murena, Jo Privat, Marcel Azzola, d'un côté, et de l'autre Aimable et Yvette Horner, son pendant féminin.

CHAMPION DES CHIFFRES DE VENTE

André Verchuren était un champion des chiffres de ventes (plus de 70 millions de disques vendus, 777 albums enregistrés, tous supports confondus. Il avouait en 1992 "7 millions de kilomètres parcourus en voiture, un million en avion. Et surtout, j'ai fait danser 17 millions de couples à travers le monde."

André Verchuren pratiquait une spécialité tricolore née de la rencontre à la toute fin du XIXe siècle dans le quartier de la Bastille des Auvergnats joueurs de musette (la cabrette) et des Italiens immigrés virtuoses du diatonique. Il en incarnait la déclinaison nordiste : de la Picardie à la Wallonie, l'accordéon et le "bal des familles" inondèrent le quotidien des gens du Nord, créant des circuits économiques, des écoles, des prix (le prix des Lampistes, créé par la SNCF, Grand Prix de popularité des Juke-Boxes – Verchu les avait tous gagnés, en plus du Charles-Cros).

RÉSISTANT ET DÉPORTÉ

C'est d'une tradition populaire très vive, passant par les bals, la radio, le Tour de France, que Verchu tirait sa force. A 4 ans, le petit André se met à l'accordéon avec son père, Raymond Verschueren, qui avait appris avec son père, mineur, et monté une école d'accordéon. A 6 ans, André gagne son premier cachet. En 1935, il commence "les bals parquets", papa à l'accordéon, maman à la batterie. Il est embauché dans une usine de tréfilerie, devient garçon de café, jardinier. Entre-temps, il a composé Perles de rosée et gagné le Championnat du monde de l'accordéon (en 1936) en jouant l'ouverture des Saltimbanques debout, contre les codes du moment.

Entré dans la Résistance pendant la seconde guerre mondiale, André Verchuren aide des parachutistes alliés à se cacher. Dénoncé et arrêté par la Gestapo en juin 1944, il est torturé et envoyé au camp de Dachau, où il passera treize mois, dont une période où il est affecté au Sonderkommando, la section chargée des fours crématoires. A son retour, il faudra quelques années pour que ses doigts retrouvent toute leur agilité.

À LA RENCONTRE DES AUDITEURS

A la Libération, le son de l'accordéon change, parce qu'il faut animer des bals sur les grandes places, les fêtes nationales ou le Tour de France. "Il fallait animer, lancer les farandoles, faire reprendre les refrains du moment et couvrir le bruit de la foule avec un orchestre étoffé de cuivres et le registre 'à vibration'. C'est le son de l'accordéon populaire d'après-guerre, qui sombra progressivement dans la vulgarité", écrit Frank Bergerot dans le livret de l'album Valse musette 2 (Frémeaux & Associés).

A partir de 1950, Verchuren va donc donner le la, lancé par sa participation à la populaire émission de Radio Luxembourg "Swing contre musette", où son collègue Tony Murena l'avait inscrit. Sélectionné pour un match organisé sur la scène du Moulin-Rouge, auquel assistent en direct 10 millions d'auditeurs, il emporte les suffrages, entre chez Decca, sa première maison de disques, avant d'intégrer la maison Festival. En 1956, il est le premier accordéoniste à se produire à l'Olympia à Paris pendant trois semaines.

Le succès populaire est immédiat. Parallèlement à ses émissions à la radio (dix-sept ans sur RTL, puis treize sur Europe 1), André Verchuren va à la rencontre de ses auditeurs. Il sillonne la France entière, donnant 150 galas par an. "Les bals, la musique, la route : autant de drogues pour moi", disait-il.

Pour mesurer les talents de "Verchu", il fallait le voir en scène. André Verchuren avait compris que le public voulait du son et lumière. Il a inventé la formule du "bal music-hall". Amateur de vélo et de cinéma, André Verchuren était veuf et père de deux fils, également accordéonistes.

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