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Embellie confirmée pour l'économie allemand, mais ce renouveau peut-il durer ?

L'office fédéral des statistiques a confirmé, mardi 27 mai, son estimation d'une croissance du produit intérieur brut (PIB) allemand de 1,5 % au premier trimestre 2008, soit 6 % en rythme annuel. Du jamais vu depuis douze ans.

Par Marie de Vergès

Publié le 27 mai 2008 à 09h33, modifié le 27 mai 2008 à 12h31

Temps de Lecture 3 min.

L'économie allemande tient tête. A la crise financière, à l'euro fort, au pétrole cher. Non seulement elle résiste, mais elle distance les autres pays européens. Mardi 27 mai, l'office fédéral des statistiques (Destatis) a confirmé son estimation d'une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 1,5 % au premier trimestre 2008, soit 6 % en rythme annuel. Du jamais vu depuis douze ans.

Les analystes l'ont déjà souligné, cette croissance presque "chinoise" a été soutenue par des facteurs exceptionnels : le secteur du bâtiment a profité d'une météo clémente pour tourner à plein régime. "Mais cela ne suffit pas à expliquer l'embellie. Le premier trimestre a surtout confirmé la dynamique des investissements engagée en 2007", affirme Volker Treier, chef économiste à la Fédération des chambres de commerce et de l'industrie (DIHK). "L'industrie est bel et bien le moteur de la croissance, avec une production qui ne cesse de grimper", résume-t-il.

Le détail du PIB au premier trimestre atteste que la demande intérieure (investissements et, dans une moindre mesure, consommation) prend le relais du commerce extérieur. Celui-ci n'a pas contribué à la croissance entre janvier et mars. Pourtant, même à un rythme plus lent, les exportations continuent de grimper. D'une certaine manière, les records du brut ont profité aux exportateurs allemands : en pleine croissance et disposant de fortes réserves de change, les pays producteurs de pétrole ont investi dans des biens d'équipement "made in Germany".

Surtout, plus que jamais, les entreprises profitent d'un décrochage de compétitivité avec le reste de la zone euro. Elles engrangent les fruits d'années de restructurations et de modération salariale. "L'Allemagne était l'homme malade de l'Europe. Nous avons été obligés de nous réformer et nous en goûtons les fruits", se réjouit M. Treier. Les carnets de commandes restent pleins et poussent à l'optimisme les milieux industriels. A la surprise générale, le baromètre du climat des affaires établi par l'institut IFO est même reparti à la hausse en mai.

L'Allemagne serait-elle immunisée contre les turbulences qui agitent le front économique mondial ? "Le modèle économique allemand est très peu exposé aux risques immobiliers, donc moins sensible aux effets de la crise financière", explique Matthias Rubisch, économiste à la Commerzbank. Le secteur bancaire a certes payé son tribut à la débâcle des subprimes, les crédits américains hypothécaires à risque. Mais jusqu'ici, l'économie réelle n'en a pas subi les répercussions.

"Les entreprises allemandes dépendent peu des banques pour leur financement, fait remarquer Udo Ludwig, de l'Institut de recherche en économie de Halle (IWH). Grâce à leurs bons rendements, près de 70 % d'entre elles peuvent couvrir elles-mêmes leurs besoins financiers."

Les entreprises investissent, produisent, exportent. Et embauchent. Même moins rapide, la décrue du chômage devrait se poursuivre en 2008 et le nombre de sans-emplois passer sous la barre des 3 millions en 2009.

"ATTERRISSAGE EN DOUCEUR"

A l'unisson, les experts parient toutefois sur un ralentissement de la conjoncture. Et ce, dès le deuxième trimestre 2008. "Les taux trimestriels sont très volatils et les chiffres du deuxième trimestre seront, sans aucun doute, beaucoup moins bons", prédit M. Rubisch.

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Déjà, l'Allemagne ne peut tabler sur le traditionnel rebond printanier dans le secteur du bâtiment. En outre, le renchérissement de l'euro et le ralentissement global de la croissance n'épargneront pas éternellement le champion mondial des exportations. "Nous sommes étonnés de voir comme notre secteur a bien résisté jusque ici à la force de l'euro, admet Olaf Wortmann, expert à la Fédération allemande des machines-outils (VDMA), un pilier des exportations allemandes. Mais au premier trimestre, nous avons observé un ralentissement dans le rythme des commandes."

Quant à la consommation des ménages, traditionnellement faible outre-Rhin, elle ne devrait progresser que légèrement, handicapée par la hausse des prix à la consommation. Les économistes prévoient une forte inflation pour l'ensemble de l'année 2008.

Et pourtant, le PIB du premier trimestre a soulevé une vague d'optimisme. Les experts parlent désormais d'un "atterrissage en douceur" de la conjoncture. La plupart ont révisé leurs pronostics de croissance pour 2008 à la hausse, à 2 % voire plus, après 2,5 % en 2007. Berlin table sur1,7 %

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