Le Moulin-Rouge fête ses 120 ans dans des décors somptueux, au rythme du french cancan. Mais derrière les strass et les paillettes se cache une véritable entreprise. Cette PME dynamique de 450 employés qui en fait travailler indirectement 1 500 autres est une véritable "success story". Son chiffre d'affaires atteint 45 millions d'euros et il affiche un taux de remplissage record de 97 % (850 places). 600 000 spectateurs assistent chaque année à une des deux représentations données chaque soir 365 jours par an et au cours desquelles ils consomment 240 000 bouteilles de champagne.
Pourtant le cabaret de la place Blanche, propriété de la famille Clérico depuis 1955, revient de loin. En 1997, il dépose le bilan. La gestion est remise à plat, une nouvelle politique commerciale mise en place avec de nouveaux objectifs. "Maintenant on va chercher le client. C'est un vrai travail de fourmi", concède Jean-Jacques Clérico, président du directoire. En 2001, le film Moulin Rouge avec Nicole Kidman arrive à point nommé.
De plus, aujourd'hui, l'envers du décor est aussi dévoilé. En témoigne la publication de livres dont Moulin Rouge ! 120 ans en images du plus célèbre cabaret du monde (Albin Michel), sort ce mois-ci ; des reportages télévisés diffusés dans le monde entier. A cette volonté d'ouverture s'ajoute une politique de proximité illustrée par sa participation cette année pour la première fois à la Journée du patrimoine.
Ces opérations de marketing et de relations publiques ont bouleversé la structure de la clientèle. Elle est désormais plus jeune (en moyenne entre 35 et 40 ans). Alors qu'il y a quinze ans les étrangers représentaient 80 % du public, ils ne sont plus que 50 %. Les Chinois ont remplacé les Japonais devant les Américains, les Russes, les Espagnols et les Anglais.
L'établissement s'interdit de voir une nationalité dépasser les 10 %. Ces quotas sont autant d'assurances tous risques qui l'ont protégé de toutes les crises, y compris celle du 11-Septembre. Internet lui a permis de diversifier davantage sa clientèle. "Aujourd'hui un client peut même réserver de Tombouctou. Avec 7 % des réservations, Internet est notre premier client", dit Olivier Villalon, directeur général.
Cette diversification est devenue indispensable tant les enjeux financiers sont importants. L'actuelle revue, Féerie, représente un investissement de 12 millions d'euros dont 4 millions pour les 1 000 costumes et les 400 paires de chaussures, toutes sur mesure. Une seule paire de cuissardes en strass coûte 3 000 euros ! Sans compter la musique : signée Pierre Porte, elle a mobilisé 80 musiciens et 60 chanteurs pour un coût de 2 millions d'euros. Ce montant est justifié par le fait qu'on estime que 50 % de la pérennité d'un spectacle vient d'elle.
Des superproductions
De telles superproductions ont des durées de vie supérieures à dix ans. Formidable, la revue du centenaire, a été vue par 4,5 millions de personnes en onze ans et Féeries, qui se joue depuis 1999, s'arrêtera en novembre 2012. Le compte à rebours de la suivante a déjà commencé. Son nom, qui commencera par un F comme toutes depuis 1962, a été choisi mais reste secret. La musique est même enregistrée.
Fort de sa belle santé, le Moulin- Rouge a racheté deux de ses fournisseurs : la maison Clairoy, spécialiste de la chaussure sur mesure, il y a deux ans et demi. Depuis un mois, elle a relancé une gamme sur mesure pour hommes qui sera suivie par une collection pour femmes. La seconde acquisition est celle de la maison Février, le dernier plumassier de France.
La famille Clérico après avoir acheté la marque Moulin-Rouge en 2005, en a acquis les murs le 30 juin 2009 et détient aussi la Loco. Déjà, elle envisage de racheter le fonds de cette discothèque pour développer son offre en direction des entreprises.
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