C'est ce qu'on appelle mettre le couvercle sur la marmite. Engagés depuis quelques jours dans une bataille pour la tête de Vivendi, Jean-René Fourtou, président du conseil de surveillance du groupe, et Vincent Bolloré, son premier actionnaire (il détient 5 % du capital), ont décidé d'enterrer la hache de guerre.
A l'issue d'un conseil de surveillance exceptionnel, qui s'est tenu mercredi 11 septembre, Vivendi a annoncé que M. Bolloré était nommé vice-président du conseil et que les deux hommes allaient désormais travailler ensemble pour élaborer la stratégie du groupe.
"C'est un grand honneur et une grande joie d'avoir été choisi par Jean-René Fourtou, déclare au Monde Vincent Bolloré. C'est quelqu'un que je connais depuis trente ans et pour lequel j'ai beaucoup d'amitié. Nous allons désormais travailler main dans la main. Cela clarifie les inquiétudes des uns et des autres."
Selon nos informations, aucune échéance n'aurait été fixée pour le départ de M. Fourtou du conseil de surveillance, dont le mandat court jusqu'en 2016. C'était pourtant une revendication de l'homme d'affaires breton. De même, Jean-François Dubos, l'actuel président du directoire, présenté depuis juin 2012 comme intérimaire, restera pour le moment à son poste. "Je suis pour que les équipes restent indéfiniment à leur poste. Cela donne de la sérénité à tout le monde", indique M. Bolloré, qui ajoute qu'il sera désormais associé à toute décision de recrutement.
"J'étais depuis un an autour de la table du conseil de surveillance à regarder ce qui se passait chez Vivendi, note M. Bolloré. Je vais désormais m'y impliquer avec Jean-René Fourtou. C'est mon président et je lui serai d'un soutien total."
Preuve de cette nouvelle idylle, M. Fourtou aurait demandé à M. Bolloré de répondre à sa place aux questions de la presse à l'issue du conseil, lui-même devant partir aux Etats-Unis.
CLARIFICATION
Cette nomination de M. Bolloré à la vice-présidence du conseil de surveillance va s'accompagner d'une clarification de la stratégie du groupe.
"Le conseil de surveillance de Vivendi, après avoir annoncé deux opérations de cession majeures en juillet [Maroc Telecom et Activision Blizzard], a décidé à l'unanimité de mettre à l'étude une scission du groupe en deux sociétés distinctes", a indiqué le groupe dans un communiqué publié mercredi après-midi.
Concrètement, Universal Music, GVT et Canal+ seraient regroupés au sein d'une nouvelle société pour créer un "groupe de médias international basé en France".
La société SFR devrait, elle, prendre son indépendance à l'occasion d'une introduction en Bourse, qui ne devrait néanmoins pas intervenir avant l'automne 2014. "La décision définitive de cette scission pourrait être prise en début d'année prochaine et soumise à l'assemblée générale 2014", indique le groupe.
"Le projet de scission devrait créer une valeur importante pour les actionnaires en leur donnant l'opportunité d'être investis dans deux véhicules bien différenciés, évalués selon les normes propres à leur métier", explique la direction de Vivendi, espérant ainsi mettre fin à la fameuse "décote de holding" (une holding est toujours moins valorisée en Bourse que la somme des entreprises qui la composent, la décote tourne généralement autour des 30 %) qui plombe le cours de Bourse du groupe.
Voir les contributions
Réutiliser ce contenu