Le foisonnement d’initiatives est tel qu’il faudrait remonter à l’époque des radios libres, au début des années 1980, pour avoir une idée de l’effervescence actuelle. Les émissions ont pour nom « Les Couilles sur la table », « Bouffons », « Commencer », « Hasta dente ! »… elles traitent de féminisme, de gastronomie, de création d’entreprises ou réinventent la fiction. Alors qu’on a crié à l’hégémonie de l’écran et de l’écrit, la voix est bel et bien de retour, grâce aux podcasts dit « natifs », qui ne sont plus simplement des réécoutes d’émissions diffusées sur les antennes mais des productions à part entière, disponibles à tout moment sur les smartphones et les enceintes connectées, connues également sous le nom d’assistants vocaux.
Ces nouveaux acteurs, que ce soient de petites structures de type start-up ou des initiatives en provenance de la radio publique, proposent des reportages au long cours, des émissions thématiques, des séries de fictions, voire une matinale sur mesure. Elles ont émergé dans le sillage de plus anciens, comme Arte Radio. « Nous sommes à un moment où la radio se réinvente », constate Florent Latrive, délégué aux nouveaux médias de France Culture. Joël Ronez, ancien responsable des nouveaux médias de Radio France et créateur de Binge Audio, un éditeur de podcasts, parle, lui d’un « bouillonnement créatif ».
Comme souvent, le modèle américain inspire beaucoup d’entre eux. Outre-Atlantique, le marché est suffisamment appétissant et rentable pour que des médias traditionnels, comme le New York Times, s’y soient lancés. C’est avec l’espoir que la France suive cette voie que deux anciennes journalistes de la version française du site américain Slate, Charlotte Pudlowski et Mélissa Bounoua, ont créé Louie Media. On les retrouve dans un studio de musique, installé en sous-sol d’un immeuble parisien, où elles ont mis la dernière touche à leur série lancée le 7 mars, « Entre », où une préadolescente, Justine, raconte sa découverte de la classe de 6e.
« Journalisme narratif »
Elles ont été sponsorisées par Audible, filiale d’Amazon. C’est le cas aussi de « Transfert », le podcast qu’elles produisent pour Slate, lancé en juin 2016 (300 000 écoutes par mois). Ces deux digital girls écoutent beaucoup de podcasts américains, parlent de « journalisme narratif ». Pour Charlotte Pudlowski, « le podcast est un terrain d’exploration comme l’ont été les pure players il y a dix ans ». Louie Media prévoit de récolter entre 20 000 et 30 000 euros grâce au financement participatif.
Il vous reste 59.49% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.