« Ce n'est pas parce qu'on sait passer brillamment des examens et des concours très difficiles que l'on a les qualités d'un innovateur, d'un inventeur », estime Mathias Fink. Physicien réputé et professeur à l'Ecole de physique chimie de la Ville de Paris (Espci-ParisTech), M. Fink est lui-même inventeur de technologies de pointe et créateur d'entreprises.
Pas créatif, l'ingénieur à la française ? « Celui qui mène une thèse, à l'université ou, de plus en plus, dans les écoles d'ingénieurs, démontre des qualités d'autonomie, de débrouillardise, de ténacité et de passion qui en font un inventeur potentiel », dit M. Fink.
C'est dans cet esprit, sans craindre de bousculer les habitudes françaises, qu'il crée l'Institut de technologie et d'innovation (ITI). ITI fait partie de Paris sciences et lettres (PSL), la nouvelle université regroupant vingt établissements prestigieux (Normale-Sup, Dauphine ou l'Institut Curie), dont trois écoles d'ingénieurs de ParisTech (ESPCI, Chimie, Mines). L'idée : inventer un ingénieur créatif en associant recherche, pluridisplinarité et apprentissage de la valorisation. « Les écoles d'ingénieurs mènent encore trop peu d'étudiants à la thèse, alors qu'il y a une très forte corrélation entre le nombre de doctorants et celui de créateurs d'entreprises de technologies de pointe », poursuit M. Fink.
Seule l'ESPCI montre l'exemple : 70 % d'étudiants qui poursuivent en thèse, et record de France de la création de jeunes pousses par ses diplômés.
PLURIDISCIPLINARITÉ
Mais la critique de M. Fink s'adresse aussi à l'université ou à l'Ecole normale supérieure, dont la recherche, pourtant reconnue internationalement, n'est à son avis pas assez à l'écoute du monde industriel.
L'autre clé de l'innovation est la pluridisciplinarité, puisqu'une invention dans un champ disciplinaire peut trouver des applications dans d'autres. « Les écoles d'ingénieurs, coupées des facs de médecine, ne se sont par exemple pas assez intéressées à ce domaine, pourtant grand demandeur de nouvelles technologies », note M. Fink.
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